— Eh bien, fit Mme de Sommières, on peut dire que vous étiez pressé !
— Très, très pressé !
— Mais ce n’était pas la première fois que vous veniez en Europe ?
— Une fois en Angleterre… il y a longtemps, mais c’est tout ! Il faut comprendre ! Toujours beaucoup de labeur ! Mais j’aime ! Surtout au ranch ! Le pétrole sent mauvais ! Pas les chevaux, ni même les vaches et surtout pas l’immense campagne ! J’aime tant galoper dedans !
À cette évocation, ses yeux se mirent à briller d’une joie quasi enfantine qui laissa ses auditeurs pantois.
— Mais alors, émit Adalbert, comment en êtes-vous venu à courir d’un bateau à divers trains sans prendre le temps de souffler ?
Avec cette simplicité ingénue qui faisait son charme, Cornélius ne vit aucun inconvénient à le renseigner.
— L’amour ! Je suis devenu épris d’une femme tellement merveilleuse. Elle veut quelque chose, alors je cherche le quelque chose ! C’est tout simple !
— Oui, c’est tout simple, soupira son hôtesse avec un rien d’admiration. Mais nous direz-vous comment vous l’avez rencontrée ? Une grande artiste, une célèbre cantatrice ne fréquente pas, habituellement, les plaines sans fin de votre Texas ? Cela ne va guère ensemble, non ?
— Pas encore mais, si je réussis, cela ira peut-être un jour !
— Ça, ça m’étonnerait ! chuchota Marie-Angéline pour le seul bénéfice d’Adalbert.
Puis, plus haut :
— Vous allez nous raconter comment vous avez fait sa connaissance ?
Wishbone lui adressa un sourire rayonnant :
— Un si beau jour !… J’étais allé à New York pour des achats, des contrats et voir des amis. Je n’ai pas de famille sauf un neveu qui est avocat, mais beaucoup d’amis… Le plus cher, c’est Charles Foster. Il y a deux mois, en disant qu’il fallait que je vive autrement que comme un sauvage, il m’a emmené au Metropolitan Opéra entendre
— Mais vous vous gardez vertueusement de me les lire ! Pourquoi ? reprocha-t-elle d’une voix plaintive.
— Parce que ce n’est pas digne de nous ! Passe encore en ce qui me concerne mais…
— Digne de nous ! Digne de nous ! Cela signifie quoi ? J’aime autant qu’une autre un cadavre réussi agrémenté d’une histoire passionnante autour ! D’ailleurs vous le savez pertinemment puisqu’il n’est pas rare que je me fasse lire sir Arthur Conan Doyle et son génial Sherlock Holmes ! Et vous oubliez que nous avons rencontré Agatha Christie en Égypte