Les Infortunes De La Vertu - de Sade Marquis Alphonse Francois 7 стр.


Dans aucune circonstance de ma vie les sentiments de religion ne m’avaient abandonnée; méprisant les vains sophismes des esprits forts, les croyant tous émanés du libertinage bien plus que d’une feutre persuasion, je leur opposais ma conscience et mon cœur, et trouvais au moyen de l’une et de l’autre tout ce qu’il fallait pour y répondre. Forcée quelquefois par mes malheurs de négliger mes devoirs de piété, je réparais ces torts aussitôt que j’en trouvais l’occasion. Je venais de partir d’Auxerre le 7 de juin, je n’en oublierai jamais l’époque, j’avais fait environ deux lieues et la chaleur commençant à me gagner, je résolus de monter sur une petite éminence couverte d’un bouquet de bois, un peu éloignée du chemin vers la gauche, à dessein de m’y rafraîchir et d’y sommeiller une couple d’heures, à moins de frais que dans une auberge et plus de sûreté que sur le grand chemin. Je monte et m’établis au pied d’un chêne, où après un déjeuner frugal composé d’un peu de pain et d’eau, je me livre aux douceurs du sommeil; j’en jouis plus de deux heures avec tranquillité.

En me réveillant, je me plus à contempler le paysage qui s’offrait à moi, toujours sur la gauche du chemin; du milieu d’une forêt qui s’étendait à perte de vue, je crus voir à plus de trois lieues de moi, un petit clocher s’élever modestement dans l’air.

– Douce solitude, me dis-je, que ton séjour me fait envie! ce doit être là l’asile de quelques religieuses ou de quelques saints solitaires, uniquement occupés de leurs devoirs, entièrement consacrés à la religion, éloignés de cette société pernicieuse où le crime luttant sans cesse contre l’innocence, vient toujours à bout d’en triompher; je suis sûre que toutes les vertus doivent habiter là.

J’étais occupée de ces réflexions, lorsqu’une jeune fille de mon âge, gardant quelques moutons sur ce plateau, s’offrit tout à coup à ma vue; je l’interrogeai sur cette habitation, elle me dit que ce que je voyais était un couvent de récollets, occupé par quatre solitaires, dont rien n’égalait la religion, la continence et la sobriété.

– On y va, me dit cette fille, une fois par an, en pèlerinage pour une vierge miraculeuse dont les gens pieux obtiennent tout ce qu’ils veulent.

Émue du désir d’aller aussitôt implorer quelques secours aux pieds de cette sainte mère de Dieu, je demandai à cette fille si elle voulait venir avec moi; elle me dit que cela lui était impossible, que sa mère l’attendait incessamment chez elle, mais que la route était facile, elle me l’indiqua et me dit que le père gardien, le plus respectable et le plus saint des hommes, non seulement me recevrait à merveille, mais m’offrirait même des secours, si j’étais dans le cas d’en avoir besoin.

– On le nomme le révérend père Raphaël, continua cette fille, il est Italien, mais il a passé sa vie en France, il se plaît dans cette solitude et il a refusé du pape dont il est parent plusieurs excellents bénéfices; c’est un homme d’une grande famille, doux, serviable, plein de zèle et de piété, âgé d’environ cinquante ans et que tout le monde regarde comme un saint dans le pays.

Le récit de cette bergère m’ayant enflammée davantage encore, il me devint impossible de résister au désir que j’avais d’aller en pèlerinage à ce couvent et d’y réparer par le plus d’actes pieux que je pourrais toutes les négligences dont j’étais coupable. Quelque besoin que j’aie moi-même de charités, j’en fais à cette fille, et me voilà dans la route de Sainte Made-des-Bois, c’était le nom du couvent où je me dirigeais.

Quand je me retrouvai dans la plaine, je n’aperçus plus le clocher, et n’eus pour me guider que la forêt; je n’avais point demandé à mon instructrice combien il y avait de lieues de l’endroit où je l’avais trouvée jusqu’à ce couvent et je m’aperçus bientôt que l’éloignement était bien autre que l’estimation que j’en avais faite. Mais rien ne me décourage, j’arrive au bord de la forêt, et voyant qu’il me reste encore assez de jour, je me détermine à m’y enfoncer, à peu près sûre d’arriver au couvent avant la nuit… Cependant aucune trace humaine ne s’offrit à mes yeux, pas une maison, et pour tout chemin un sentier très peu battu que je suivais à tout hasard. J’avais au moins fait cinq lieues depuis la colline où j’avais cru que trois au plus devaient me rendre à ma destination, et je ne voyais encore rien s’offrir, lorsque le soleil étant prêt à m’abandonner, j’entendis enfin le son d’une cloche à moins d’une lieue de moi. Je me dirige vers le bruit, je me hâte, le sentier s’élargit un peu… et au bout d’une heure de chemin depuis l’instant où j’ai entendu la cloche, j’aperçois enfin quelques haies et bientôt après le couvent. Rien de plus agreste que cette solitude; aucune habitation ne l’avoisinait, la plus prochaine était à plus de six lieues, et de toute part il y avait au moins trois lieues de forêts; elle était située dans un fond, il m’avait fallu beaucoup descendre pour y arriver, et telle était la raison qui m’avait fait perdre le clocher de vue dès que je m’étais trouvée dans la plaine. La cabane d’un frère jardinier touchait aux murs de l’asile intérieur, et c’était là qu’on s’adressait avant que d’entrer. Je demande à ce saint ermite s’il est permis de parler au père gardien… il me demande ce que je lui veux… je lui fais entendre qu’un devoir de religion… qu’un vœu m’attire dans cette retraite pieuse et que je serai bien consolée de toutes les peines que j’ai prises pour y parvenir, si je peux me jeter un instant aux pieds de la vierge et du saint directeur dans la maison duquel habite cette miraculeuse image. Le frère, m’ayant offert de me reposer, pénètre aussitôt dans le couvent et comme il faisait déjà nuit, et que les pères étaient, disait-il, à souper, il fut quelque temps avant que de revenir. Il reparaît enfin avec un religieux:

– Voilà le père Clément, mademoiselle, me dit le frère, c’est l’économe de la maison, il vient voir si ce que vous désirez vaut la peine que l’on interrompe le père gardien.

Le père Clément était un homme de quarante-cinq ans, d’une grosseur énorme, d’une taille gigantesque, d’un regard farouche et sombre, le son de voix dur et rauque, et dont l’abord me fit frémir bien plus qu’il ne me consola… Un tremblement involontaire me saisit alors, et sans qu’il me fût possible de m’en défendre, le souvenir de tous mes malheurs passés vint s’offrir à ma mémoire.

– Que voulez-vous, me dit ce moine assez durement, est-ce là l’heure de venir dans une église? vous avez bien l’air d’une aventurière.

– Saint homme, dis-je en me prosternant, j’ai cru qu’il était toujours temps de se présenter à la maison de Dieu; j’accours de bien loin pour m’y rendre, pleine de ferveur et de dévotion, je demande à me confesser s’il est possible, et quand ma conscience vous sera connue, vous verrez si je suis digne ou non de me prosterner aux pieds de l’image miraculeuse que vous conservez dans votre sainte maison.

– Mais ce n’est pas trop l’heure de se confesser, dit le moine en se radoucissant; où passerez-vous la nuit? nous n’avons point d’endroit pour vous loger; il valait mieux venir le matin.

A cela je lui dis toutes les raisons qui m’en avaient empêchée, et sans me répondre davantage il fut rendre compte au gardien. Quelques minutes après j’entendis qu’on ouvrit l’église, et le père gardien, s’avançant lui-même à moi vers la cabane du jardinier, m’invita à entrer avec lui dans le temple.

Le père Raphaël, dont il est bon de vous donner une idée sur le-champ, était un homme de l’âge que l’on m’avait dit, mais auquel on n’aurait pas donné quarante ans; il était mince, assez grand, d’une physionomie spirituelle et douce, parlant très bien le français quoique d’une prononciation un peu italienne, maniéré et prévenant au-dehors autant que sombre et farouche à l’intérieur, comme je n’aurai que trop occasion de vous en convaincre incessamment.

– Mon enfant, me dit gracieusement ce religieux, quoique l’heure soit absolument indue et que nous ne soyons point dans l’usage de recevoir si tard, j’entendrai cependant votre confession, et nous aviserons après aux moyens de vous faire décemment passer la nuit jusqu’à l’heure où vous pourrez demain saluer la sainte image que nous possédons.

Cela dit, le moine fit allumer quelques lampes autour du confessionnal, il me dit de m’y placer, et ayant fait retirer le frère et feutrer toutes les portes, il m’engagea à me confier à lui en toute assurance; parfaitement remise avec un homme si doux, en apparence, des frayeurs que m’avait causées le père Clément, après m’être humiliée aux pieds de mon directeur, je m’ouvris entièrement à lui, et avec ma candeur et ma confiance ordinaires je ne lui laissai rien ignorer de tout ce qui me concernait. Je lui avouai toutes mes fautes, et lui confiai tous mes malheurs, rien [ne] fut omis, pas même la marque honteuse dont m’avait flétrie l’exécrable Rodin.

Le père Raphaël m’écouta avec la plus grande attention, il me fit répéter même plusieurs détails avec l’air de la pitié et de l’intérêt… et ses principales questions portèrent à différentes reprises sur les objets suivants:

1° S’il était bien vrai que je fusse orpheline et de Paris.

2° S’il était bien sûr que je n’avais plus ni parents, ni amis, ni protection, ni personne à qui j’écrivisse.

3° Si je n’avais confié qu’à la bergère le dessein que j’avais d’aller au couvent, et si je ne lui avais point donné de rendez-vous au retour.

4° S’il était constant que je fusse vierge et que je n’eusse que vingt-deux ans.

5° S’il était bien certain que je n’eusse été suivie de personne, et que qui que ce fût ne m’eût vue entrer au couvent.

Ayant pleinement satisfait à ces questions et y ayant répondu de l’air le plus naïf:

– Eh bien, me dit le moine en se levant, et me prenant par la main, venez, mon enfant; il est trop tard pour vous faire saluer la vierge ce soir, je vous procurerai la douce satisfaction de communier demain aux pieds de son image, mais commençons par songer à vous faire ce soir et souper et coucher.

En disant cela, il me conduisit vers la sacristie.

– Eh quoi, lui dis-je alors avec une sorte d’inquiétude dont je ne me sentais pas maîtresse, eh quoi, mon père, dans l’intérieur de votre maison?

– Et où donc, charmante pèlerine, me répondit le moine, en ouvrant une des portes du cloître donnant dans la sacristie et qui m’introduisait entièrement dans la maison… Quoi, vous craignez de passer la nuit avec quatre religieux? Oh, vous verrez, mon ange, que nous ne sommes pas si bigots que nous en avons l’air et que nous savons nous amuser d’une jolie fille.

Ces paroles me firent tressaillir: ô juste ciel, me dis-je à moi-même, serais-je donc encore la victime de mes bons sentiments, et le désir que j’ai eu de m’approcher de ce que la religion a de plus respectable, va-t-il donc être encore puni comme un crime? Cependant nous avancions toujours dans l’obscurité; au bout d’un des côtés du cloître, un escalier se présente enfin, le moine me fait passer devant lui, et comme il s’aperçoit d’un peu de résistance:

– Double catin, dit-il avec colère et changeant aussitôt le patelin de son ton contre l’air le plus insolent, t’imagines-tu qu’il soit temps de reculer? Ah! ventrebleu, tu vas bientôt voir s’il ne serait peut-être pas plus heureux pour toi d’être tombée dans une retraite de voleurs qu’au milieu de quatre récollets.

Tous les sujets d’effroi se multiplient si rapidement à mes yeux que je n’ai pas le temps d’être alarmée de ces paroles; elles me frappent à peine que de nouveaux sujets d’alarme viennent assaillir mes sens; la porte s’ouvre, et je vois autour d’une table trois moines et trois jeunes filles, tous six dans l’état du monde le plus indécent; deux de ces filles étaient entièrement nues, on travaillait à déshabiller la troisième et les moines à fort peu de chose près étaient dans le même état…

– Mes amis, dit Raphaël en entrant, il nous en manquait une, la voilà; permettez que je vous présente un véritable phénomène; voilà une Lucrèce qui porte à la fois sur ses épaules la marque des filles de mauvaise vie et là, continua-t-il en faisant un geste aussi significatif qu’indécent… là, mes amis, la preuve certaine d’une virginité reconnue.

Les éclats de rire se firent entendre de tous les coins de la salle à cette réception singulière et Clément, celui que j’avais vu le premier, s’écria aussitôt, déjà à moitié ivre, qu’il fallait à l’instant vérifier les faits. La nécessité où je suis de vous peindre les gens avec lesquels j’étais, m’oblige d’interrompre ici; je vous laisserai le moins possible en suspens sur ma situation.

Vous connaissez déjà suffisamment Raphaël et Clément, pour que je puisse passer aux deux autres. Antonin, le troisième des pères de ce couvent, était un petit homme de quarante ans, sec, fluet, d’un tempérament de feu, d’une figure de satyre, velu comme un ours, d’un libertinage effréné, d’une taquinerie et d’une méchanceté sans exemple. Le père Jérôme, doyen de la maison, était un vieux libertin de soixante ans, homme aussi dur et aussi brutal que Clément, encore plus ivrogne que lui, et qui, blasé sur les plaisirs ordinaires, était contraint, pour retrouver quelque lueur de volupté, d’avoir recours à des recherches aussi dépravées que dégoûtantes.

Florette était la plus jeune des femmes, elle était de Dijon, âgée d’environ quatorze ans, fille d’un gros bourgeois de cette ville et enlevée par des satellites de Raphaël qui, riche et fort en crédit dans son ordre, ne négligeait rien de tout ce qui pouvait servir ses passions; elle était bonne, de très jolis yeux et beaucoup de piquant dans les traits. Cornélie avait environ seize ans, elle était blonde, l’air très intéressant, de beaux cheveux, une peau éblouissante et la plus belle taille possible; elle était d’Auxerre, fille d’un marchand de vin et séduite par Raphaël lui-même qui l’avait secrètement entraînée dans ses pièges. Omphale était une femme de trente ans fort grande, d’une figure très douce et très agréable, toutes les fourres très prononcées, des cheveux superbes, la plus belle gorge possible, et les yeux les plus tendres qu’il fût possible de voir; elle était fille d’un vigneron de Joigny très à l’aise, et à la veille d’épouser un homme qui devait faire sa fortune, lorsque Jérôme l’enleva à sa famille par les séductions les plus extraordinaires, à l’âge de seize ans. Telle était la société avec laquelle j’allais vivre, tel était le cloaque d’impureté et de souillure, où je m’étais flattée de trouver les vertus comme dans l’asile respectable qui leur convenait.

On me fit donc entendre aussitôt que je fus au milieu de ce cercle effroyable, que ce que j’avais de mieux à faire était d’imiter la soumission de mes compagnes.

– Vous imaginez aisément, me dit Raphaël, qu’il ne servirait à rien d’essayer des résistances dans la retraite inabordable où votre mauvaise étoile vous conduit. vous avez, dites-vous, éprouvé bien des malheurs, et cela est vrai d’après vos récits, mais voyez pourtant que le plus grand de tous pour une fille vertueuse manquait encore à la liste de vos infortunes. Est-il naturel d’être vierge à votre âge, et n’est-ce pas une espèce de miracle qui ne pouvait pas se prolonger plus longtemps?… voilà des compagnes qui comme vous ont fait des façons quand elles se sont vues contraintes de nous servir, et qui comme vous allez sagement faire, ont fini par se soumettre quand elles ont vu que ça ne pouvait les mener qu’à de mauvais traitements. Dans la situation où vous êtes, Sophie, comment espéreriez-vous de vous défendre? Jetez les yeux sur l’abandon dans lequel vous êtes dans le monde; de votre propre aveu il ne vous reste ni parents, ni amis; voyez votre situation dans un désert., hors de tout secours, ignorée de toute la terre, entre les mains de quatre libertins qui bien sûrement n’ont pas envie de vous épargner… à qui donc aurez-vous recours, sera-ce à ce dieu que vous veniez implorer avec tant de zèle, et qui profite de cette ferveur pour vous précipiter un peu plus sûrement dans le piège? vous voyez donc qu’il n’est aucune puissance ni humaine ni divine qui puisse parvenir à vous retirer de nos mains, qu’il n’y a ni dans la classe des choses possibles, ni dans celle des miracles, aucune sorte de moyen qui puisse réussir à vous faire conserver plus longtemps cette vertu dont vous êtes si fière, qui puisse enfin vous empêcher de devenir dans tous les sens et de toutes les manières imaginables la proie des excès impurs auxquels nous allons nous abandonner tous les quatre avec vous. Déshabillez-vous donc, Sophie, et que la résignation la plus entière puisse vous mériter des bontés de notre part, qui seront à l’instant remplacées par les traitements les plus durs et les plus ignominieux si vous ne vous soumettez pas, traitements qui ne feront que nous irriter davantage, sans vous mettre à l’abri de notre intempérance et de nos brutalités.

Je ne sentais que trop que ce terrible discours ne me laissait aucune ressource, mais n’eussé-je pas été coupable de ne point employer celle que m’indiquait mon cœur et que me laissait encore la nature? Je me jette aux pieds de Raphaël, j’emploie toutes les forces de mon âme pour le supplier de ne pas abuser de mon état, les larmes les plus amères viennent inonder ses genoux, et tout ce que mon âme peut me dicter de plus pathétique, j’ose l’essayer en pleurant, mais je ne savais pas encore que les larmes ont un attrait de plus aux yeux du crime et de la débauche, j’ignorais que tout ce que j’essayais pour émouvoir ces monstres ne devait réussir qu’à les enflammer… Raphaël se lève en fureur:

– Prenez cette gueuse, Antonin, dit-il en fronçant le sourcil, et en la mettant nue à l’instant sous nos yeux, apprenez lui que ce n’est pas chez des hommes comme nous que la compassion peut avoir des droits.

Antonin me saisit d’un bras sec et nerveux, et entremêlant ses propos et ses actions de jurements effroyables, en deux minutes il fait sauter mes vêtements et me met nue aux yeux de l’assemblée.

– Voilà une belle créature, dit Jérôme, que le couvent m’écrase si depuis trente ans j’en ai vu une plus belle.

– Un moment, dit le gardien, mettons un peu de règle à nos procédés: vous connaissez, mes amis, nos formules de réception; qu’elle les subisse toutes sans excepter aucune, que pendant ce temps-là les trois autres femmes se tiennent autour de nous pour prévenir les besoins ou pour les exciter.

Aussitôt un cercle se forme, on me place au milieu, et là pendant plus de deux heures, je suis examinée, considérée, palpée par ces quatre libertins, éprouvant tour à tour de chacun ou des éloges ou des critiques. vous me permettrez, madame, dit notre belle prisonnière en rougissant prodigieusement ici, de vous déguiser une partie des détails obscènes qui s’observèrent à cette première cérémonie; que votre imagination se représente tout ce que la débauche peut en tel cas dicter à des libertins, qu’elle les voie successivement passer de mes compagnes à moi, comparer, rapprocher, confronter, discourir, et elle n’aura vraisemblablement encore qu’une légère idée de tout ce qui s’exécuta dans ces premières orgies, bien légères pourtant en comparaison de toutes les horreurs dont je devais bientôt être encore victime.

– Allons, dit Raphaël dont les désirs prodigieusement irrités paraissaient au point de ne pouvoir plus être contenus, il est temps d’immoler la victime; que chacun de nous s’apprête à lui faire subir ses jouissances favorites.

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