Henri IV (1re partie) - Уильям Шекспир 4 стр.


GADSHILL. Hé! holà, garçon!

LE GARÇON, derrière le théâtre. Prêt à la main, dit le filou.

GADSHILL. C'est comme qui dirait: Prêt à la main, dit le garçon, car tu ne diffères pas plus, d'un coupeur de bourses que celui qui dirige ne diffère de celui qui travaille. C'est toi qui arranges le complot.

LE GARÇON. Bonjour, monsieur Gadshill; c'est toujours ce que je vous ai dit hier au soir. Nous avons ici un certain franc tenancier des bruyères de Kent, qui a apporté avec lui trois cents marcs d'or. Je l'ai entendu moi-même le dire à souper à une personne de sa compagnie, à une espèce d'inspecteur qui a aussi beaucoup de bagage; Dieu sait ce que c'est. Ils sont déjà levés et demandent des oeufs et du beurre; ils vont partir tout à l'heure.

GADSHILL. Mon garçon, s'ils ne rencontrent pas les clercs de Saint-Nicolas 19, je te donne ce cou que voilà.

LE GARÇON. Non; je n'en veux point: garde-le, je t'en prie, pour le bourreau, car je sais que tu honores saint Nicolas aussi sincèrement qu'un coquin le peut faire.

GADSHILL. Que viens-tu me chanter avec ton bourreau? Si jamais je suis pendu, nous serons une grosse paire de pendus; car si on me pend, le vieux sir Jean sera pendu avec moi, et tu sais bien qu'il n'est pas étique.  Bah! il y a encore d'autres Troyens 20 qui, pour le seul plaisir de se divertir, veulent bien se prêter à faire honneur à la profession: des gens qui, si on venait à mettre le nez dans nos affaires, se chargeraient, pour leur propre réputation, de tout arranger. Ce n'est pas avec de la canaille de voleurs à pied, de ces estafiers à vous arrêter pour six sous, et ces crânes à moustaches, la trogne rougie de bière, que je suis associé; mais c'est avec de la noblesse, des gens tranquilles, des bourgmestres, de grands propriétaires, gens qui peuvent soutenir la gageure, plus prêts à frapper qu'à parler, plus prêts à parler qu'à boire, plus prêts à boire qu'à prier; et cependant je mens, car ils ne font autre chose que de prier leur sainte, qui est la bourse du public; la prier? non, c'est plutôt la piller, car ils sont toujours à lui courir sus pour en garnir leurs bottes 21. Nous volons comme dans un château, tête levée; nous savons la recette de la poudre de fougère; nous marchons invisibles 22.

LE GARÇON. Quoi! c'est la bourse du public qui garnit leurs bottes? les garantiront-elles mieux de l'eau dans les mauvais chemins?

GADSHILL. Oui, oui, car la justice s'est chargée de les cirer.

LE GARÇON. Sur ma foi, je crois que c'est plutôt à la nuit que vous êtes redevables de marcher invisibles, qu'à la poudre de fougère.

GADSHILL. Donne-moi la main; tiens, tu auras part à notre butin comme je suis un homme, vrai.

LE GARÇON. Oh! non, promettez-la-moi plutôt comme vous êtes un fourbe de voleur.

GADSHILL. Laisse donc, est-ce que homo n'est pas le vrai nom de tous les hommes. Dis au valet de faire sortir mon cheval de l'écurie; adieu, maroufle crotté.

(Ils sortent.)

SCÈNE II

Le grand chemin près de Gadshill Entrent LE PRINCE HENRI avec POINS, BARDOLPH ET PETO à quelque distance

POINS. Allons, cachez-moi, cachez-moi. Je viens d'emmener le cheval de Falstaff, et il est là de colère à crever comme un velours gommé.

HENRI. Serre-toi contre moi.

(Entre Falstaff.)

FALSTAFF. Poins! Poins! Que le diable emporte Poins!

HENRI. Paix, maudit sac à lard: quel vacarme fais-tu donc là?

FALSTAFF. Hal, où est Poins?

HENRI. Il est monté jusqu'au haut de la colline; je vais te l'aller chercher.

5

That wandering knight so fair. Paroles tirées probablement de quelque ancienne ballade sur les aventures du Chevalier du Soleil.

6

Not so much as will serve to be prologue to an egg and butter. Le nom de grâces se donne également en Angleterre au benedicite qui précède le repas et aux prières qui se disent à la fin. Shakspeare le prend ici dans le premier sens; il a fallu, pour conserver le jeu de mots, y substituer le dernier.

7

My old lad of the castle. Expression souvent employée par les anciens auteurs, et qui s'était probablement appliquée d'abord aux satellites du seigneur châtelain: elle fait ici allusion au premier nom de Falstaff, qui du moins à ce qu'il paraît, s'était d'abord appelé Oldcastle. Sir John Oldcastle avait été mis à mort sous Henri V, comme partisan des opinions de Wycleff, et soit hasard, soit haine religieuse, son nom était devenu sur le théâtre celui d'un personnage burlesque, d'un caractère tout opposé à celui qui fait les martyrs, et très-différent en effet, à ce qu'il paraît, de celui du véritable Oldcastle; c'est sous ce travestissement, et comme associé aux désordres de Henri, que paraît sir John Oldcastle dans une vieille pièce intitulée les fameuses victoires d'Henri V, contenant la bataille d'Agincourt; et toujours est-il certain que les écrivains jésuites avaient pris texte de cette tradition théâtrale pour charger de vices la mémoire du sectateur de Wycleff. Quoi qu'il en soit, Shakspeare, à ce qu'il paraîtrait, s'empara, selon son usage, du personnage déjà en possession du théâtre, et lui conserva d'abord son premier nom, ainsi qu'il a conservé ceux de Ned et de Gadshill, autres compagnons de Henri dans la vieille pièce de la bataille d'Agincourt. Mais ensuite, soit par respect pour la mémoire d'une victime du catholicisme, soit par égard pour la famille d'Oldcastle, Elisabeth demanda un changement de nom, et le vieux camarade du prince de Galles prit alors celui de Falstaff, en conservant tous les attributs d'Oldcastle, comme le gros ventre, la gourmandise, etc.

8

Is not a buff jerkin a most sweet robe of durance. Il est difficile d'entendre le sens de cette plaisanterie, comme de toutes celles qui portent sur des usages familiers au temps où l'auteur écrivait, mais impossibles à retrouver plus tard. Durance signifie généralement durée, souffrance, et plus spécialement prison: il paraît aussi que le mot durance avait été donné à certaines étoffes; le jeu de mots est clair entre ces deux derniers sens du mot durance; mais il n'est pas aussi aisé de comprendre le rôle que joue dans la plaisanterie du prince le pourpoint de buffle, qui est cependant ce qui choque le plus Falstaff. Le pourpoint de buffle était l'habit des officiers du shérif: est-ce une manière de les désigner et de les rappeler à Falstaff, que ses méfaits exposent sans cesse à leur poursuite? C'était aussi l'habit militaire de la chevalerie. Est-ce une manière de désigner les chevaliers? sir John l'était.

9

Le Prince. For obtaining of suits? Fals. Yea, for obtaining of suits.

Jeu de mots sur le mot suits, qui signifie une requête et un vêtement complet.

10

The melancholy of moor-ditch.Moor-ditch était un fossé bourbeux qui environnait une partie des murs de Londres, et dont les exhalaisons occasionnaient, à ce qu'il paraît, une maladie appelée the melancholy of moor-ditch.

11

Paroles de l'Écriture.

12

Ned, diminutif d'Edward.

13

Thou camest not of the blood royal, if thou darest not stand for ten shillings. Jeu de mots sur royal ou reale, qui signifiait aussi une monnaie de la valeur de dix schellings.

14

Who there with angry, When I next came there Took it in snuff.

Take in snuff répond à ce que nous appelons se sentir monter la moutarde au nez. Hotspur joue ici sur l'expression, et prétend que le nez du lord qui respirait cette odeur, took it in snuff, le prenait en guise de tabac; ce qui veut dire aussi: le prenait avec colère, angry.

15

Edmond Mortimer, comte des Marches, n'était pas le beau-frère, mais le neveu d'Hotspur, par la femme de celui-ci, soeur de Roger Mortimer, père d'Edmond. Dans la première scène du troisième acte Mortimer, en parlant de lady Percy, femme d'Hotspur, l'appelle sa tante.

16

Owen Glendower, ou Glindour Dew, du lieu de sa naissance (Glindourure, sur les bords de la Dee), était fils d'un gentilhomme du pays de Galles; il avait d'abord étudié à Londres pour suivre la carrière du barreau; mais n'ayant pu obtenir justice de lord Ruthwen, qui lui retenait les terres provenant de l'héritage de son père, il résolut de se la faire par les armes, ravagea les propriétés du lord, emmena ses bestiaux, tua ses vassaux, et finit par le faire prisonnier lui-même. Il parvint à une telle puissance qu'il se fit en 1402 couronner prince de Galles. Il fut mêlé à tous les troubles qui désolèrent le règne de Henri IV; et, après des succès divers, mais qui le laissaient toujours sur pied et toujours redoutable, il fut enfin totalement défait et réduit à vivre dans les bois et dans les cavernes; il y mourut de misère en 1420. Il était regardé comme magicien.

17

Hollinshed et les autres chroniqueurs ont parlé de ce prétendu mariage.

18

To save our heads by raising of a head:

19

Saint Nicholas' clerks, les clercs ou les chevaliers de Saint-Nicolas était le nom que se donnaient les voleurs; Nicolas, ou Old Nick était, en termes d'argot, le nom du diable.

20

Troyens, Corinthiens, noms d'argot pour les libertins.

21

Make her their boots (font d'elle leur butin). Le jeu de mots roule sur boots, butin, et boots, bottes: il a fallu, pour le conserver, s'écarter un peu du sens littéral.

22

Gadshill, sur la route de Kent, était un lieu renommé pour la quantité de vols qui s'y commettaient. Shakspeare en a donné le nom à celui de ses personnages qui paraît être en possession d'exploiter le poste.

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