Le Lien Du Sang - Amy Blankenship 8 стр.


Ren l'observa avec attention, prêt à répondre à la moindre de ses questions, puis posa de nouveau les yeux sur Zachary. Pour une raison qui lui échappait, l'autre homme semblait développer une fascination toute particulière pour les boutons de sa chemise. Ren entama mentalement un décompte à partir de cinq, avant que l’inévitable explosion n'éclate enfin.

— ARGH ! fit Zachary. Je ne supporte pas ça.

Ren éclata de rire, et Angelica et Zachary tournèrent vers lui un regard surpris. Ce rire ne dura pas longtemps, et Ren se passa une main dans les cheveux avant de s'adresser aux deux autres.

— Allez explorer le château, il y a de nombreuses chambres, dit-il, une fois toute trace d'humour envolée de son visage.

Angelica acquiesça.

— Je vais chercher ma valise. »

Une fois partie, Ren regarda Zachary et se retrouva tout à coup face à face avec l'autre personnalité du pyromane.

« Je suis curieux… quels pouvoirs possèdes-tu ?

— Les tiens, répondit Ren avec un petit sourire arrogant, et ceux d'Angelica… et ceux de quiconque pénètre dans mon radar de succube.

Zachary leva une main paume vers le ciel et l'ouvrit, apparemment satisfait de constater que ses pouvoirs étaient toujours là.

— Je n'ai pas dit que j'avais pris tes pouvoirs, souligna Ren avec un haussement d'épaules, refusant de recourir à des tours de passe-passe pour prouver ses dires. Il soutint le regard de Zach et aperçut l'homme instable caché derrière le masque. En t'approchant de moi, tu me transmets le même pouvoir que toi, précisa-t-il.

— Je protège Angelica pendant son séjour ici, annonça Zach, tout à coup hors de propos.

— Je ne suis pas baby-sitter et tu peux protéger tous ceux qui se pointent ici, souligna Ren, qui voulait mettre les points sur les « i ». Ce n'est pas mon boulot.

Zach hocha la tête comme s'il venait de gagner une guerre stratégique.

— Je sais que Storm réunit une armée.

Ren acquiesça.

— Ouais.

— Il va en avoir besoin, ajouta Zach en essuyant ses mains sur son pantalon avant de se relever. Qui d'autre a-t-il appelé pour cette mission ?

— Presque tout le monde, d'après ce que j'en sais, répondit Ren. Mais il y en reste certains qu'il n'a pu localiser.

— Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour y remédier ? s'enquit Zach.

Ren désigna l'ordinateur du menton.

— Trouve ceux que Storm ne parvient pas à contacter. Il a listé tous ceux qui manquent à l'appel.

Zach afficha un large sourire et s'approcha de l'appareil.

— Voyons voir qui est le sacro-saint absent. »

Ren l'observa, totalement fasciné par ce revirement complet d'attitude. Il ne savait pas quel facette il préférait... mais il connaissait celle en laquelle il se fiait le plus.

Chapitre 4

Angelica était étendue sur le lit avec deux ou trois oreillers amassés contre la tête de lit derrière elle, et tentait de ne pas s'abandonner au sommeil… son nouveau passe-temps favori. Dès qu'elle était revenue avec sa valise, elle avait compris que Zachary avait manifesté son petit changement de personnalité devant Ren pendant que l'autre homme était assis sur le sofa à le regarder. Zachary lui avait dit d'aller trouver une chambre et de prendre un peu de repos, ce qu'elle avait heureusement affecté de faire.

Elle avait longé les longs couloirs pendant quelques instants avant de choisir une porte au hasard et de l'ouvrir. En découvrant l'intérieur de la chambre, elle avait souri et posé sa valise sur le lit. La chambre était décorée dans des nuances de violet, avec des touches de doré et de lavande.

Le lit était grand, probablement de format royal, avec un beau baldaquin orné d'oreillers et d'un édredon dorés et violets. Les draps et taies étaient couleur lavande, et elle faillit glousser d'excitation à la vue des petits glands dorés pendant à chaque coin.

Une large armoire se dressait à l'opposé de la pièce. Quand elle l'ouvrit, elle s'attendit presque à y trouver des robes de bal anciennes. À sa grande déception, elle était vide. Sur le mur face au lit trônait une antique coiffeuse dotée d'un grand miroir.

Près du lit se trouvait un écritoire avec papier et stylos agrémenté d'un mot lui indiquant que le port de données pour son ordinateur portable était sur le mur en-dessous. Angelica faillit éclater de rire en le lisant et se pencha en avant pour regarder. Effectivement, elle repéra le point d'accès et sortit immédiatement son ordinateur qu'elle installa.

De sa position paresseuse sur le lit et à travers les portes-fenêtres du balcon, elle avait une vue parfaite sur le clair de lune qui brillait sur l'océan. Elle sourit parce qu'il s'agissait en l’occurrence d'un vrai balcon.

La plupart des personnes qui la connaissaient auraient pensé qu'elle n'était pas sensible aux trucs de fille… mais toutes les petites filles rêvaient d'être princesse dans un château et elle n'était guère différente. Elle avait même eu la manie de s'imaginer en Cendrillon ou en Belle au Bois Dormant, attendant que son prince vienne la chercher pour l'enlever.

Il était bien dommage qu'elle ne croit plus à la théorie du chevalier en armure étincelante qui venait au secours de sa belle aux prises avec les grands méchants démons cernant le château.

Avec un soupir, Angelica reposa les yeux sur son esquisse et croqua quelques traits de plus avant de reposer le crayon sur la table de nuit voisine. La laissant reposer sur son genou, elle étudia la paume de sa main, là où le symbole s'était imprimé. Ce n'était pas une brûlure ni un tatouage d'aucun genre… c'était juste apparu là.

En ramassant le papier, elle jet un coup d’œil au portrait qu'elle avait fait de Syn et ajouta le symbole dans le coin inférieur gauche de la page. Elle cligna des yeux quand l'image devint floue et posa le dessin sur son genou, fermant les yeux juste un moment pour qu'ils cessent de la brûler.

Syn apparut à côté du lit d'Angelica dès qu'elle s'endormit. Il s'était promené en silence à travers le château et la ville en touchant les esprits de quiconque avait interagi avec elle. Il avait besoin d'en apprendre sur sa vie pour savoir exactement ce qu'il aurait à affronter. Jusqu'ici, ce qu'il avait appris de plus intéressant provenait de l'esprit de Zachary.

Le blond était aussi tranchant qu'un couteau mais cachait cet aspect de lui sous bon nombre de couches. Il possédait aussi un don à part entière, comme un hybride. Zachary avait été assigné comme son protecteur et il avait pris cette mission au sérieux. Syn comprit que Zachary devait rapidement se défaire de son béguin pour Angelica… elle n'était pas destinée à un hybride.

Zachary avait lu son dossier, archivé par l'EEP, de sa naissance jusqu'à ce jour. Les détails étaient très précis et en puisant cette information dans l'esprit de Zachary, Syn avait appris qu'il y avait plusieurs personnes dans son passé, son enfance plus précisément, qui rencontreraient plus tard un destin très désagréable.

Syn promit en silence qu'il les effacerait de l'existence sans qu'elle le sache. Elle ne connaîtrait plus jamais la souffrance causée par le rejet, ni aucune forme de violation.

Syn promit en silence qu'il les effacerait de l'existence sans qu'elle le sache. Elle ne connaîtrait plus jamais la souffrance causée par le rejet, ni aucune forme de violation.

Syn avait contemplé à travers l’œil de Zachary les souvenirs d'Angelica combattant les monstres de ce monde, et il sut que c'était une chance qu'elle soit encore vivante. Il était sûr qu'elle le savait aussi, bien que dans son intéressante vision du monde elle ne l'ait jamais reconnu. Son regard glissa sur ses lèvres, connaissant la véritable raison qui l'avait poussé à la chercher ce soir.

Se penchant sur elle, Syn posa doucement ses mains sur l'oreiller, de chaque côté de la tête d'Angelica, et laissa ses lèvres planer dangereusement au-dessus des siennes. Quand elle respira profondément dans son sommeil, il entrouvrit les lèvres et souffla doucement. Il observa les volutes argentées s'échapper de ses lèvres pour franchir celles de la jeune femme. C'était sa promesse... le don d'un dieu du soleil, un souffle de vie à son âme sœur, pour sa protection. À partir de maintenant, toute blessure qu'elle recevrait guérirait aussi vite qu'elle lui serait infligée… et elle ne vieillirait plus.

Il se releva et abaissa un regard empli de tendresse sur elle. Ses cheveux brun foncé étaient éparpillés sur les oreillers, luisant dans la douce lumière de la pièce. Le riche brocard des oreillers lui rappela comment elle était la dernière fois, alors qu'il la regardait dormir dans leur lit, et dans leur monde.

La paume de sa main droite était tournée vers le ciel, révélant ainsi la marque qu'il y avait laissé. Elle commençait à agir, réveillant ses pouvoirs, et bientôt son désir pour lui suivrait.

Il tenta encore une fois de lire dans ses pensées mais sa capacité à le bloquer était tout aussi forte dans cette vie que par le passé. Il se retrouva fou de jalousie en sachant que Zachary pouvait lire dans son esprit et que lui en était incapable. Il s’interrogea là-dessus, mais en conclut que cela avait à voir avec la confiance. Elle faisait assez confiance à Zachary pour baisser sa garde quand il était là… il avait bien l'intention de gagner lui aussi toute cette confiance.

Si elle lui avait jamais appris quelque chose, c'était bien de se montrer très patient, ce qui lui fit alors réaliser qu'il avait un peu mûri. En ce moment, les champs de son esprit étaient escarpés, mais il attendait avec impatience de les franchir et la convaincre de le laisser y revenir. Maintenant qu'elle était protégée par son pouvoir, il aurait tout le temps nécessaire.

Syn s'assit sur un bord du lit et ramassa le carnet de croquis pour voir ce sur quoi elle travaillait. Un calme intense souffla sur lui quand il vit son portrait détaillé sur le papier… elle le cherchait déjà et n'en avait même pas conscience.

Angelica sentit un mouvement à côté d'elle et ouvrit les yeux en pensant voir Zachary. Il était le seul à avoir le cran de pénétrer dans sa chambre pendant qu'elle dormait.

Elle cligna des yeux stupéfaits en découvrant l'homme aux cheveux sombres qu'elle venait de dessiner assis sur le bord du lit avec en main le dessin qu'elle analysait. Angelica agit instinctivement, fondant sur lui la paume tendue dans sa direction pour l'exorciser, comme elle le ferait avec n'importe quel démon.

« Bonjour femme, lança Syn, qui la saisit par le poignet sans lever les yeux du dessin. Son examen achevé, il plongea finalement ses yeux d'un sombre améthyste dans ceux de la jeune femme.

Angelica maintint son coude immobile, en tendant les muscles de son bras. Elle haussa un élégant sourcil, décidant d'ignorer la remarque incongrue sur son prétendu statut d'épouse… les démons étaient des êtres déments.

Syn l'attira brusquement vers lui jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, si proches, mais sans pour autant se toucher. Sans baisser une seule fois les yeux, il leva la paume d'Angelica jusqu'à ses lèvres et embrassa le symbole, qui se mit soudain à briller.

Angelica retint son souffle quelques secondes… elle eut l'impression qu'il la plongeait au cœur d'un brasier avec ses mouvements simples et sensuels.

— Tu es un démon très stupide, dit-elle en essayant de repousser la sensation de ses lèvres se pressant sur la paume de sa main.

— Je ne suis pas un démon, la contredit Syn. Et ta magie ne fonctionnera jamais sur moi.

Il lâcha son poignet quand elle détendit les muscles de son bras entre ses doigts.

Angelica retira lentement sa main.

— Ce n'est pas parce que tu le dis que ce n'est pas vrai. Elle passa les doigts de son autre main autour de son poignet pour tenter d'effacer la sensation persistante de sa peau chaude sur la sienne. Qui es-tu ?

— Tu peux m'appeler Syn.

Angelica sentit des frissons remonter le long de son dos en réalisant ce qu'impliquait ce nom. Elle réfléchissait déjà sans peine à toutes les raisons pour lesquelles ce nom lui seyait.

— D'accord, Syn, pourquoi es-tu là ?

— Dans ton rêve... ou dans ton lit ? demanda Syn, un pâle sourire planant sur ses lèvres parfaites.

Ouais, elle avait raison. Il était le péché incarné. Se souvenant que ses autres rêves avaient été des cauchemars, Angelica parcourut lentement la pièce du regard avant de le reposer sur lui.

— Je ne suis pas en train de rêver… Je t'ai senti me toucher… Je… J'ai senti tes lèvres sur ma main.

— Ce n'est pas parce que tu es en train de rêver que ce n'est pas réel, répondit Syn en se moquant de façon charmante des propos qu'elle avait tenus un peu plus tôt.

Angelica plissa les yeux méfiants quand il déchira le dessin qu'elle venait de sortir de son carnet de croquis. Il le roula avec précaution au lieu de le plier, puis le rangea dans une grande poche de la doublure interne de son manteau. Elle ne put s'empêcher de regarder ses mains qui s'activaient. Elles semblaient si douces et intactes… semblables aux mains des nobles décrites par les livres d'Histoire. Finalement, elle examina de nouveau son visage puis fronça les sourcils quand elle y surprit un léger sourire.

— Pourquoi es-tu là, en réalité ? interrogea-t-elle.

— Pour tenir à distance les cauchemars pendant ton sommeil, répondit Syn en s'appuyant contre la colonne du lit derrière lui. Repose-toi cette nuit, Angelica, aucun cauchemar ou démon ne hantera ton sommeil. »

Angelica se redressa brusquement dans son lit, le soleil inondant la chambre à travers la fenêtre du balcon… c'était le matin. En baissant les yeux au pied du lit, elle se pencha en avant et sentit l'endroit où Syn s'était assis. Il n'y avait aucune trace de sa présence ici, alors Angelica respira un bon coup. Ce n'était qu'un rêve après tout.

S'asseyant sur le côté du lit, elle se leva et entendit un objet tomber au sol. Elle ramassa son carnet de croquis pour le refermer, mais se figea soudain en se rappelant du rêve.

Ouvrant de nouveau le livre, elle feuilleta les pages avant d'interrompre son geste quand elle réalisa que le dessin qu'elle avait fait la nuit dernière avait disparu. En lieu et place, un beau croquis au crayon d'elle-même, endormie dans son lit. Le dessin avait été exécuté avec un tel sens du détail, comme celui qu'elle avait fait de lui. Sur l'image, sa main reposait près de son visage et elle remarqua le symbole qui l'ornait. En guise de légende, sous le dessin, une main élégante y avait écrit « Syn ».

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