Tess, Le Réveil - Andres Mann 11 стр.


Elle jeta sa serviette et vint se placer au-dessus de Jake. Il n'offrit aucune résistance.

Tess commença à l'embrasser doucement, puis avec de plus en plus d'intensité. Jake fit de même mais cette fois, elle insista pour mener la danse. Tess lui intima de rester parfaitement immobile, puis se mit à couvrir son pénis en érection de baisers. Elle en aspira tendrement la tête et en lécha la hampe comme s'il agissait d'une friandise. « Roger, mon ex, était très prude et manquait d'imagination. Il ne me permettait pas de faire ça », expliqua Tess entre deux baisers. « Le tien est magnifique, un vrai chef-d’œuvre. J'aime connaître intimement toute chose que je laisse entrer dans mon corps... Délicieux. »

« Merci, mon amour, mais vas-y doucement. Je suis sûr que tu as remarqué, je ne suis pas circoncis. » Jake essaya de bouger mais elle l'en empêcha.

Elle se laissa tomber sur lui, petit à petit, s'émerveillant de cette douce invasion de son corps. Jake tenta une nouvelle fois de bouger mais elle continua de l'immobiliser en l'embrassant. Jake trouva ses préférences de plus en plus difficile à accommoder. Elle poursuivit ses baisers, bougeant à son propre rythme jusqu'à un frémissement soudain, signe de son orgasme bouleversant.

Elle resta allongée sur lui puis commença lentement à se détendre. Jake la renversa sur le dos et s'introduisit en douceur dans le corps de Tess. Il lui imprima de lentes et profondes poussées qui augmentèrent en intensité. Bientôt, Tess répondit de même.

Elle se sentait complètement possédée par son amant et haletait de plaisir. Jake se répandit en elle. Ils restèrent enlacés jusqu'à ce que le sommeil les engloutisse.

Le lendemain matin, Jake et Tess prirent un petit-déjeuner puis se rendirent à pied à la Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III, la bibliothèque principale de Naples. La bibliothèque, occupant l'aile est du Palazzo Reale construit au XVIIIème siècle, était un chef-d’œuvre d'art et d'architecture royale.

Jake expliqua. « En termes purement quantitatifs, c'est la troisième plus grande bibliothèque d'Italie après les bibliothèques nationales de Rome et de Florence. Elle compte 1.480.747 volumes imprimés, 319.187 brochures, 18.415 manuscrits, plus de 8.000 journaux, 4.500 incunables et les 1.800 papyrus d'Herculanum. »

Tess réalisa alors que le goût de Jake pour les faits, chiffres et une incroyable connaissance de l'histoire relevait plus que du simple enthousiasme.

« Je me demande si je devrais être impressionnée ou inquiète. Ou peut-être que tu plaisantes. »

Jake sourit. « Désolé. J'ai une mémoire eidétique, et je me souviens de tout.

— Tout ? S'exclama Tess. Jake haussa les épaules : La moindre petite pépite d'information : expériences, impressions, visages, faits, chiffres.

— J'espère que c'est une bonne chose. »

Ils étaient à la bibliothèque pour effectuer des recherches sur la ville d'Istanbul. Le larbin du général en Irak leur avait fourni une adresse. En supposant que l'information était fiable, ils devaient localiser l'endroit et se faire une idée des environs. Ils avaient aussi besoin de développer une stratégie. Ils recherchèrent donc toute information pouvant être utile : données, chiffres, cartes. Jake n'eut pas besoin de photocopies. Il mémorisa tout.

Puis il présenta brièvement la situation. « Supposons qu'on retrouve Amir, il ne va pas nous donner la fille de Kejal sans rechigner. L'autre complication réside dans le fait que, en Turquie, Amir n'a enfreint aucune loi, ça ne sera donc pas utile de se rendre à la police. Au contraire, cela risque de soulever beaucoup de questions de la part des autorités locales. »

Jake se connecta à la base de données de la CIA qui contenait les profils des Irakiens les plus importants et y trouva le dossier d'Amir Alkan al-Saadi. Le dossier révéla qu'ils avaient affaire à un adversaire redoutable.

Amir avait fréquenté la British Royal Military Sandhurst Academy, s'étant ainsi préparé à devenir un officier de l'armée ; il reçut son diplôme avec les honneurs. Il poursuivit ses études à l'Université de Cambridge, où il reçut son diplôme également avec les honneurs.

Son ascension au sein de l'armée irakienne fut fulgurante. Il fut décoré pour avoir dirigé une brigade dans le conflit irako-iranien, l'un des plus sanglants du siècle.

En termes de tactiques utilisées, cette guerre avait été comparable à la première guerre mondiale. Les deux fronts avaient eu recours à de longues guerres de tranchées, avec barbelés, postes de mitrailleurs, charges à la baïonnette et vagues d'attaques de soldats entre les deux fronts.

Les combattants firent également usage d'armes chimiques comme le gaz moutarde, utilisé par les Irakiens contre les troupes iraniennes. Les Iraniens répliquèrent de même.

Un autre fait d'armes fit état d'Amir, alors colonel, commandant une brigade de chars de la Garde Républicaine pendant la guerre du Golfe. Il était l'un des rares survivants après que son unité fut anéantie par les Américains.

Considéré comme un haut-gradé important de l'armée irakienne, Amir sut se tenir à l'écart de Saddam Hussein en ne rejoignant pas son premier cercle.

Jake se gratta la tête. « C’est un type coriace, rusé, compétent et expérimenté, pour ne pas mentionner impitoyable. Je ne vois pas comment le convaincre de relâcher cette enfant si elle est encore en vie. »

Tess, revivant les quelques heures passées avec Amir, sembla perdre confiance. « Toutes les chances sont de son côté. Il doit y avoir un moyen pourtant. »

Jake poursuivit sa lecture. « Il semble qu'il n'ait aucune intention de rentrer de sitôt en Irak. Il attendra probablement que la guerre soit finie et que les choses se soient calmées.

— Je pense qu'il peut se le permettre. Je lis ici que la fortune familiale est ancienne, qu'il possède plusieurs maisons en Europe et qu'il a sûrement des contacts un peu partout. Il m'a également dit que des membres de sa famille avait tenu des postes diplomatiques importants depuis l'époque de l'Empire Ottoman. »

Jake repoussa sa chaise et croisa les mains. « En supposant qu'on le retrouve, nous pourrons peut-être le persuader d'une façon ou d'une autre en lui offrant une carotte en échange de la fillette. » Tess se détourna un instant de l'ordinateur. « Qu'entends-tu par carotte ?

— Je suis certain que les alliés et le nouveau gouvernement irakien voudront arrêter les hommes de Saddam pour qu'ils répondent de leurs atrocités envers leur propre peuple. Je peux peut-être mettre au point une promesse d'immunité s'il coopère.

— Si tes contacts peuvent nous faire ça, en effet cela pourrait marcher, observa Tess, mais je me souviens qu'il avait bien fait attention de se tenir à l'écart des actes par trop répréhensibles du camp de Saddam. Il se peut qu'il ne se sente pas menacé puisqu'il n'a rien fait de mal.

— As-tu mentionné qu'il avait été impliqué dans le gazage des Kurdes ? Jake demanda. Ça peut servir de levier. »

Tess fut prise d'une vague de tristesse à la pensée de Kejal qui s'était sacrifiée pour l'aider à retrouver la liberté. « La mère de cette petite fille est morte ; et tout dépend de notre capacité à prouver sa participation à ce massacre, et si même il s'en sent coupable.

— Beaucoup de 'si", observa Jake, mais c'est le seul atout dont on dispose. »

Tess se leva. « Allons à Istanbul et, de là, on avisera. »

Jake se déconnecta de l'ordinateur et remarqua qu'il leur fallait un plan plus solide. « Quel genre de plan ? Je n'en ai aucune idée. » Ils quittèrent la bibliothèque en silence.

Sur le chemin du retour vers l'hôtel, Jake demanda : « As-tu pensé à ce qui adviendrait de cette enfant si on parvient à la libérer ? » Tess s'arrêta. « Non. Je n'ai pas encore réfléchi à ça. »

Le Général Amir Alkan al-Saadi sortit d'un majestueux édifice. Il venait de rendre visite à un ami qui était également ministre du gouvernement turc. Ils avaient discuté de l'invasion de l'Irak et des possibles conséquences du conflit dans la région.

Amir n'éprouvait que du mépris pour la naïveté des Américains, pour leur croyance absurde que la soi-disant démocratie serait souhaitable pour le Moyen-Orient. Les Arabes n'avaient jamais eu de démocratie. Tout au long de leur histoire, c'est le culte de l'homme fort qui leur avait été imposé. Pour ces sociétés tribales aux coutumes et attitudes bien éloignées du monde occidental, il ne pouvait voir comment toute autre modèle politique puisse être souhaitable ni même acceptable.

L'histoire de l'Irak exemplifiait la turbulence et l'interférence des forces occidentales. En 1920, l'Irak fur placé sous autorité britannique par un mandat de la Société des Nations. Les Britanniques installèrent Fayçal Ier d'Irak, roi hachémite, qui avait été forcé de quitter la Syrie à la fin de son "entente politique" avec les Français. Les autorités britanniques placèrent plusieurs élites arabes d'obédience sunnite à certains postes ministériels et gouvernementaux.

Puis la Grande-Bretagne accorda l'indépendance à l'Irak en 1932. Quelques rois éphémères se succédèrent jusqu'en 1941, lorsqu'un coup d’état mit fin au gouvernement. Pendant le conflit anglo-irakien qui suivit, les Britanniques - qui y avaient conservé des bases aériennes - envahirent l'Irak de crainte que le nouveau gouvernement, aligné aux Forces de l'Axe, n'interrompe la fourniture de pétrole aux nations occidentales.

La monarchie hachémite fut restaurée, suivie d'une occupation militaire. Celle-ci prit fin en 1947 bien que la Grande-Bretagne conservât ses bases militaires en Irak jusqu'en 1954. L'Irak vécut alors sous une succession de premiers ministres autocratiques.

Un autre coup d'état, en 1958, mit fin à la monarchie. Plusieurs généraux se succédèrent jusqu'à l'arrivée du Général Saddam Hussein au pouvoir en 1979. Depuis lors, l'Irak a été maintenue sous sa poigne de fer. Tout comme les Britanniques auparavant, il perpétua au sein du gouvernement une domination sunnite, et supprima la majorité de Chiites et de Kurdes. Ces trois peuples ne parvenaient pas à s’entendre. Ils avaient été contraints de coexister dans un territoire dont le tracé était totalement artificiel.

Maintenant que l'Irak avait été conquis par la Coalition alliée, le pays avait besoin d'être gouverné. Amir estimait la tâche hautement compliquée. Il avait peu d'espoir d'un successeur aussi compétent que Saddam. La situation ne présageait rien de bon.

Anticipant le pire, Amir avait fait enlever les pièces d'héritages les plus importantes de sa résidence en Irak et les dispersa entre ses résidences d’Istanbul, de Paris et de Londres. Il se préparait à faire profil bas jusqu'à ce que les choses s’éclaircissent.

En raison de son influence, il obtint l'assurance des autorités turques qu'il y serait toujours le bienvenu. Après tout, plusieurs de ses ancêtres avaient été généraux et ministres de l'Empire Ottoman ; sa famille possédait un manoir dans le Bosphore depuis deux siècles.

La voiture d'Amir arriva devant sa résidence et il congédia le chauffeur. Il traversa le jardin et parvint devant la maison ; une femme et un enfant s'y trouvaient, plongés dans la lecture d'un livre. La petite fille le vit et courut vers lui avec un cri de joie. « Oncle Amir ! »

Il la souleva dans ses bras et elle l'étreignit. « Tu m'as manqué, oncle Amir », roucoula-t-elle. « Tu restes avec nous ? »

Amir embrassa la fillette sur la joue et la fit tourner en une pirouette, provoquant une autre cascade de rires. Il l'emmena à l'intérieur de la maison et lui montra les jouets qu'il lui avait rapportés.

Elle sauta de ses bras et commença à ouvrir ses cadeaux. Maintenant qu'elle était occupée, Amir ressortit dans le jardin ; il voulait s'entretenir avec le chef de sa garde. Ils inspectèrent le terrain, et tout en marchant le long de la clôture ornementée, ils discutèrent des dispositifs de sécurité et de leur maintenance, et des affaires courantes.

Il prit son dîner seul, réfléchissant à une stratégie pour faire face à ce monde en plein chaos. Devait-il tout simplement abandonner l'Irak ou y retourner ? Et dans ce cas, quel rôle jouerait-il ? N'était-il pas mieux de prendre sa retraite et de vivre une vie de confort ?

Enfin, il réfléchit à une question importante. Qu'allait-il dire à Aara à propos de ce qui était arrivé à sa mère ?

Sur le chemin du retour vers la Pensione à Naples, Jake fit un détour vers le Consulat de Turquie et se procura deux formulaires de visa pour la Turquie.

Le lendemain, Jake et Tess prirent un taxi pour l'aéroport et s'envolèrent pour Istanbul.

À travers le hublot, Tess regardait la ville et s'émerveilla de sa taille et des monuments historiques instantanément reconnaissables.

Jake, comme à son habitude, accéda à ses connaissances encyclopédiques et rappela quelques informations essentielles sur Istanbul. « La ville a été fondée vers 600 av. J.-C. sous le nom de Byzance. Elle prit le nom de Constantinople en 330 et, durant presque seize siècles, elle fut la capitale des Empires Romain et Byzantin. Les Ottomans conquirent la ville en 1453 et en firent un bastion islamique et le siège du Califat Ottoman. »

Tess se demanda si elle pourrait supporter longtemps de vivre avec une encyclopédie vivante.

Après l'atterrissage, ils passèrent rapidement les formalités de douane et se rendirent en taxi à une maison sécurisée, grâce à l'amabilité de la CIA. Tess ne cessait d'être surprise par l'efficacité de Jake dans l'organisation de la logistique. Ils montèrent au second étage. Jake prit la clé cachée sur le rebord supérieur de la porte et fit entrer Tess dans un grand appartement élégant à deux chambres et une salle de séjour confortable. Jake dévoila que l'appartement pouvait parfois abriter jusqu'à cinq personnes. Tess se garda de s'enquérir plus sur la présence de cinq agents de la CIA à Istanbul.

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