Suki avait l'air de vouloir prendre la défense de Kyoko.
- Toya, est-ce que tu peux être civilisé rien qu'une minute ? Elle n'est là que depuis quelques heures, et avant que tu la fasses fuir, j'aimerais la convaincre de rester.
Elle avait presque l'air triste à l'idée de perdre Kyoko si vite. Toya sourcilla d'un air agacé en jetant un coup dâÅil à Suki.
- Eh bien, elle n'a même pas répondu à ma question. Tu penses qu'elle peut le supporter ?
Il tourna à nouveau son regard furieux vers Kyoko.
- Je peux supporter tout ce que tu comptes m'envoyer à la figure, petit con, l'informa Kyoko, ses mots commençant à se glacer.
Suki et Shinbe se jetèrent un coup dâÅil mutuellement. Ils n'avaient jamais entendu qui que ce soit, à part eux-mêmes et le propriétaire de l'université, tenir tête à Toya comme cela, peut-être à l'exception de Kotaro. Puis, ils sourirent tous les deux en coin, sachant qu'ils allaient vraiment aimer cette fille nommée Kyoko.
Un serveur vint à leur table avec un plateau-repas, et Kyoko porta son attention sur lui. L'individu fixait Kyoko un peu trop longtemps, et ses sens commencèrent à picoter, l'avertissant qu'il se passait quelque chose. Elle regarda ses yeux noirs qui ne semblaient pas aller avec le visage juvénile du jeune homme.
Quelque chose en lui attirait Kyoko... même si elle ne savait pas si elle aimait vraiment ce sentiment. Certes, il était mignon à regarder, mais quelque chose en lui la rendait légèrement inquiète. Elle cligna des yeux en cherchant à se débarrasser du sort que le jeune homme semblait émettre sans même essayer. En fin de compte, l'ambiance se brisa lorsqu'elle entendit un faible grognement derrière elle.
Toya sentit la froideur ramper dans sa peau et grogna sur l'individu, cherchant à le sortir de son état d'hébétude. Alors que les yeux du garçon se focalisèrent à nouveau sur ceux de Toya, ils avaient l'air de chatoyer du noir de jais au bleu argenté tandis qu'il se tournait et quittait la table.
Kyoko regarda Suki d'un air confus, mais celle-ci l'ignora en prenant une bouchée de sa propre nourriture. à côté d'elle, Shinbe toussa dans sa main en essayant de cacher son étrange sens de l'humour alors qu'il observait l'individu foncer à travers la pièce. Kyoko ressentait des ondes vraiment bizarres avec ce type nommé Toya, et elle n'allait pas avoir l'esprit tranquille avant de comprendre son problème. Elle se pencha en arrière sur sa chaise et l'étudia un instant.
Ses longs cheveux étaient de couleur bleu nuit, le plus étrange des bleu nuit, des reflets argentés et épais parcouraient sa chevelure d'une manière extravagante, et ses yeux étaient beaux... IL était beau. - Note à moi-même, gifle-toi plus tard pour avoir pensé ça.
Ses yeux étaient de la poudre d'or flamboyante, aucun doute là -dessus. Il aurait pu être mignon s'il ne la regardait pas d'une telle façon à ce moment-là .
Suki soupira. Elle devait parler à Kyoko concernant le fait de mettre Toya trop en colère. Il avait ses limites et ce n'était pas une bonne chose de les dépasser. Ce n'était pas juste pour Kyoko car elle ne savait pas qu'elle était en train d'énerver un gardien.
- J'ai découvert que si l'on jouait avec le feu... on finissait par se brûler, informa Shinbe autour de la table silencieuse, et il fut récompensé par un regard vif et furieux de l'assemblée avant de se faire ignorer.
Toya jeta un autre coup dâÅil à Kyoko. Alors c'est elle qu'il était censé surveiller ? Kyou devait se moquer de lui. Kyou lui avait parlé d'elle rien que ce matin, l'avertissant qu'il devait la surveiller et la garder en sécurité à tout moment.
Il plissa ses yeux en se posant à présent des questions sur le garçon qui se tenait debout près de leur table. La façon dont il fixait Kyoko l'avait énervé. La prêtresse était-elle vraiment en danger ? Pourquoi Kyou avait-il tant intérêt à protéger une simple humaine ? Kyou n'avait jamais traité qui que ce soit avec respect, alors qu'est-ce qui rendait ce petit bout de fillette si différent ?
Parfois, Toya détestait le fait d'avoir Kyou comme gardien désigné, mais il devait admettre qu'il lui était redevable de l'avoir recueilli. Il savait également que quand Kyou faisait quelque chose, c'était toujours pour une bonne raison, et cela était suffisant pour s'interroger sur cette fille nommée Kyoko.
Remarquant que la tension autour de la table pouvait être coupée avec un couteau, Shinbe jeta un coup dâÅil à Suki avec les plus gros yeux de chien battu. Sachant qu'il pouvait refaire sourire Kyoko avec ses singeries, il commença à en rajouter une couche.
- Alors Suki, tu viens toujours en boîte avec moi ce soir ? C'est samedi soir et ça m'embêterait de manquer une occasion de danser avec toi en dansant avec une douzaine de parfaites inconnues.
Shinbe prit un air hagard comme s'il rêvait qu'il dansait avec un tas d'autres femmes juste pour montrer ce qu'il voulait dire.
Suki lui lança un regard soutenu en se demandant si elle devait lui ôter son air stupide en le giflant, puis se tourna vers Kyoko.
- Kyoko, j'ai besoin d'un chaperon, sourit-elle. Tu viendras avec moi, n'est-ce pas ? C'est trop dangereux de n'y aller qu'avec... lui.
Elle regarda Kyoko d'un air implorant. Les coins des lèvres de Kyoko se contractèrent en voyant Shinbe laisser de côté son air hagard et lui faire un clin dâÅil.
- Suki, j'aimerais beaucoup venir avec vous. Comme ça, on pourra faire équipe contre Shinbe s'il perd le contrôle.
Elles regardèrent toutes les deux Shinbe avec un regard appuyé et celui-ci ronchonna. Encore une fois, Kyoko ne pouvait pas s'empêcher d'éclater de rire. Elle aimait vraiment ces deux-là .
Toya observa Kyoko du coin de lâÅil. Mince, elle était jolie quand elle riait comme cela. Il grogna intérieurement. Bon sang, d'où est-ce que ça sortait ? Il s'écroula sur sa chaise, agacé par l'enchaînement de ses pensées. Zut ! Il devait maintenant aller en boîte ce soir rien que pour la surveiller. Elle souriait toujours à Shinbe et Suki lorsqu'elle se retourna.
Alors qu'elle lui lançait un regard, son pouls manqua un battement et la température de son sang monta de quelques degrés. Toya réalisa qu'elle avait plus de pouvoir en elle en étant heureuse qu'il y a un instant, lorsqu'il l'avait énervée. Il se sentait inquiet pour la première fois depuis longtemps.
Lorsque le rire de Kyoko s'atténua, elle se tourna vers Suki.
- Eh, je ne sais même pas quels cours j'aurai lundi ou où aller pour me renseigner. Est-ce que tu sais où je dois aller ?
Avant que Suki ait pu répondre, Toya répondit à la question en la regardant avec attention : - Tous les étudiants boursiers suivent le même enseignement. Donc Suki, Shinbe et toi, ainsi que tous les autres, vous aurez les mêmes cours. Il n'y a qu'un cours où vous serez séparés, celui avec le propriétaire.
Sa voix était nonchalante alors qu'il se penchait à nouveau sur sa chaise. Kyoko fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que le propriétaire enseigne ?
Cette fois, Shinbe répondit, ses yeux d'améthyste s'animant avec intrigue :
- C'est différent pour chacun d'entre nous. C'est pourquoi il nous fait cours séparément. Il nous aide avec nos capacités spéciales.
- C'est différent pour chacun d'entre nous. C'est pourquoi il nous fait cours séparément. Il nous aide avec nos capacités spéciales.
Il se pencha en arrière, pensif, puis ajouta avec un sourire narquois :
- Je suppose que toi, il t'aidera à renforcer tes pouvoirs de prêtresse.
La colère de Kyoko monta à nouveau en flèche en se demandant comment diable le propriétaire avait su qu'elle était une prêtresse. La bourse n'avait rien dit à propos de cela. Elle était partie ces deux dernières années afin d'essayer d'enterrer ces mêmes pouvoirs pour lesquels le propriétaire lui avait donné une bourse. Elle voulait élucider cette histoire le plus tôt possible.
Regardant son assiette, Kyoko dit d'une voix tendue :
- Peut-être que c'est une erreur. Y a-t-il un moyen de parler tout de suite au propriétaire de l'école ?
Toya plissa les yeux. Kyou lui avait dit qu'elle pourrait demander à le voir, et même si Kyou ne voulait jamais voir personne en dehors des cours, il lui avait demandé de l'amener à lui directement si elle avait des questions.
- Qu'est-ce qui ne va pas, tu as peur ?
Il la nargua et fut récompensé lorsque ses yeux houleux fixèrent les siens avec une colère agacée. Donc, cette fille pensait pouvoir le gérer. Eh bien, cela pourrait être amusant de la voir essayer de lancer ce regard à Kyou. Il avait vu la peur que Kyou pouvait provoquer instantanément chez quelqu'un sans avoir à dire quoi que ce soit.
- Bien, je vais t'emmener le voir dès que tu seras prête, la défia Toya en se demandant si elle accepterait le défi.
La colère de Kyoko s'atténua en entendant cela. Repoussant son assiette sur le côté, elle hocha la tête, heureuse de mettre un terme à son bluff.
- Je suis prête si tu l'es.
Elle haussa les sourcils vers lui.
- Qu'est-ce qui presse ?
Toya se leva avec un sourire narquois.
- Tu devrais contenir ta colère car il la sentira.
Il se moquait d'elle, pensant qu'elle ne savait pas du tout dans quoi elle mettait les pieds. Kyoko plissa les yeux vers lui, puis se leva, jetant à nouveau un coup dâÅil à Suki et Shinbe.
- On se verra après, si vous venez me voir. Je vous attendrai dans ma chambre et on pourra faire des projets pour ce soir.
Elle fit un clin dâÅil à Suki, puis regarda à nouveau Toya et ajouta d'une voix monotone :
- Enfin, si je décide de rester.
Il lui tourna le dos en soupirant et elle le regarda se retirer, puis le suivit en faisant un signe de la main aux autres par-dessus son épaule. Elle remarqua rapidement la manière dont les autres étudiants s'écartaient précipitamment du chemin de Toya et s'interrogea :
- C'est qui ? La brute de l'école ?
Kyoko n'allait pas lui donner la satisfaction de courir pour le rattraper, alors elle marcha en prenant son temps, restant volontairement en arrière. Ãtant toujours légèrement en colère contre lui, elle rougit presque lorsque ses yeux dévièrent vers son postérieur. Cela l'irritait encore plus de voir ses cheveux balayer l'arrière de son pantalon, lui donnant un aperçu de la ferme rondeur qu'il y avait en dessous. Exaspérant et mignon, c'était une combinaison horrible.
Secouant sa tête intérieurement, elle continua à le suivre, maudissant ses yeux errants.
- Il faudrait être complètement stupide pour penser que quelqu'un qu'on ne supporte pas... est mignon, marmonna-t-elle. Agaçant... Hostile... et peut-être Arrogant... Mais jamais mignon.
Elle sourit, se sentant déjà mieux.
Une prise de conscience étrange grimpa le long de son dos, et ses yeux se dirigèrent droit devant elle et fixèrent des yeux noirs qui transperçaient les siens. L'individu se tenait contre un mur en haut des marches, l'observant. Il avait des cheveux d'ébène qui ondulaient le long de son dos et par-dessus ses épaules, et ses yeux bleu nuit étaient intenses. Il était très attirant mais elle se sentait... menacée. Elle détourna le regard.
- Kyoko, ressaisis-toi. Arrête d'analyser toutes les personnes que tu vois, se dit-elle sévèrement, même en tentant de le regarder à nouveau avec ses yeux émeraudes.
- Voilà la fille la plus jolie du campus.
Kyoko sentit un bras musclé se poser autour de ses épaules et se tourna pour voir, se souvenant de la voix de celui qui lui avait montré où était sa chambre plus tôt ce matin. Elle sentit à nouveau les pointes de ses propres cheveux lui chatouiller le visage tandis qu'une brise sortant de nulle part semblait lui caresser les joues.
Elle lui fit un sourire chaleureux mais en même temps, elle se pencha et fit un mouvement d'épaule pour se débarrasser de son bras.
- Kotaro, contente de te revoir. Merci pour ton aide ce matin, dit Kyoko nerveusement, ne souhaitant pas être traitée aussi familièrement.
Elle pensait qu'il était gentil et tout, mais elle n'avait jamais dit qu'il pouvait mettre son bras autour d'elle. Kotaro resta inchangé alors qu'il prit sa main dans la sienne.
- Y a-t-il un autre endroit où je pourrais t'escorter, Kyoko ?
Il regarda ses yeux émeraudes, sachant qu'il les avait déjà vus auparavant... quelque part. Il avait la vague impression de s'être noyé joyeusement dedans, autrefois.
Kyoko jeta un coup dâÅil en haut des marches et vit que Toya s'était arrêté et retourné, ayant à nouveau l'air fâché. Elle aurait pu jurer l'avoir entendu grogner contre elle ou contre Kotaro, elle ne savait pas contre qui.
Toya ne savait pas ce que Kotaro préparait, mais il n'aimait pas sa façon d'agir si amicalement avec Kyoko. Un grognement profond sortit de son thorax alors qu'il donna un avertissement :
- Je peux gérer la situation, Kotaro, sauf si tu veux l'emmener voir Kyou.
Il regarda Kotaro de travers, sachant que Kotaro ne s'approchait pas de Kyou sauf pour les cours ou lorsqu'il était convoqué.
Kotaro lâcha la main de Kyoko.
- J'espère que tout va bien, Kyoko.
Il regarda Toya d'un sale Åil puis se retourna vers elle.
- Fais attention à l'engelure juste là . S'il dérape, je m'occuperai de lui pour toi.
Kotaro regarda Toya d'un air suffisant, puis hocha la tête vers Kyoko et se tourna, redescendant les escaliers.
Kyoko entendit Toya soupirer et l'observa tandis qu'il se tournait et marchaiy le long du couloir, comme elle l'avait fait ce matin.
Cette fois, elle se dépêcha et le rattrapa juste à temps pour le voir passer les portes indiquant « NE PAS ENTRER ». Kyoko se demandait où ils allaient. Alors qu'elle suivait son dos raide, elle se disait qu'il la ramenait dans sa propre chambre. En effet, lorsqu'il s'arrêta devant sa porte, Toya se tourna vers elle et elle lui lança un regard agacé jusqu'à ce qu'il ait levé la main vers la porte juste en face de la sienne, puis toqua.
Kyoko était choquée. Le propriétaire était dans la pièce juste en face de la sienne ? Encore une fois, les paroles de son frère revinrent la hanter. « Impossible ! » Sans attendre une réponse, Toya ouvrit la porte et poussa Kyoko devant lui, à l'intérieur.
Instantanément, Kyoko se tourna vers lui.
- Je ne sais pas quel est ton problème mais pourrais-tu, s'il te plaît, ne pas me pousser, s'exclama-t-elle en le repoussant. Ou me toucher. Je ne t'ai rien fait.