Au Cœur Du Temps - Amy Blankenship 7 стр.


Puis, elle ajouta dans sa tête :

- Il ne m'aime même pas.

Kyou soupira avec réticence.

- Toya n'a pas changé dans cette vie, il est toujours le même jeune homme odieux et têtu qu'avant. Mais oui, il te protégeait avec une ardeur redoublée et aurait donné sa vie pour toi si besoin.

Kyoko fronça les sourcils.

- Il ne se souvient pas ?

Elle sentait qu'il lui disait la vérité, et cela avait du sens, sachant qu'il y avait un trou dans sa propre mémoire. Ses yeux cherchaient à croiser les siens, voulant récupérer ce savoir.

Kyou secoua légèrement la tête.

- Je suis le seul à ne pas être revenu avec toi. Par conséquent, je suis le seul à me souvenir de ce qu'il s'est passé. Toya ne se souvient même qu'il est mon frère.

Kyoko inspira face à un tel aveu. Elle devait savoir.

- Frères ? Comment se fait-il que vous soyez le seul à vous souvenir ?

- Tu as abandonné tous tes souvenirs durant la bataille pour pouvoir détruire le mal de notre monde et sauver le Cristal du Cœur du Gardien. À cet instant, tu as adressé un vœu au cristal, celui de revoir tout le monde. Tu ne voulais pas les perdre. Lorsque tu as disparu d'un coup, tout le monde t'a suivie... dont l'ennemi.Tu les as involontairement amenés ici... avec toi.

Il soupira avec regret.

- J'avais lancé un sort sur moi pour me protéger de tels vœux.

Son regard devint distant comme s'il revivait les souvenirs.

- Tu as pris tout le monde avec toi, et tu ne le savais même pas. Ils se sont tous réincarnés ici, à ton époque, me laissant seul dans le passé.

Ses yeux fixèrent les siens.

- Donc, j'ai survécu et je t'ai attendue. Une fois le moment venu, j'ai réuni tous ceux qui m'avaient quitté. Maintenant, tu as ramené le cristal avec toi, et la malveillance qui le désire...

Sa voix devint plus grave.

- … Le mal a déjà commencé à te chercher et je ne le permettrai pas.

Kyoko hocha la tête en essayant de comprendre.

- Donc, tous ceux qui sont arrivés de la même manière que moi, je peux leur faire confiance ?

Il hocha la tête et Kyoko poursuivit :

- Est-ce qu'ils sont au courant ?

Kyou secoua la tête.

- Ils sentiront un lien et il se renforcera, mais à part ça, je ne connais pas le futur, seulement le passé. Ils te protégeront comme avant. C'est la raison pour laquelle ils sont nés... leur raison de vivre.

Il détourna rapidement le regard de ses grands yeux, sachant que la vérité de ses mots le concernait aussi.

- On a encore un peu de temps, mais pour l'instant, je veux que tu arrêtes de cacher tes pouvoirs de prêtresse et que tu prennes conscience de ton environnement. Je te surveillerai, et j'ai demandé à Toya d'en faire de même.

Kyoko le regarda avec attention, essayant de se souvenir de quoi que ce soit le concernant. Il semblait la connaître si bien. En le fixant droit dans les yeux, elle demanda avec curiosité :

- À quel point étions-nous proches ?

Un brin d'affection cachée traversa ses orbes dorés avant que Kyou se raidît et s'écartât d'elle. Son apparence calme se remettant en place, il grogna en regardant la porte, puis la regarda rapidement. - Ne répète pas ce que je t'ai dit car ils s'en souviendront d'eux-mêmes.

Kyoko sursauta lorsque quelqu'un frappa à la porte avec force, puis l'ouvrit sans permission.

Toya avait commencé à s'inquiéter pour la sécurité de la fille et s'était dit qu'il allait les interrompre, rien que pour la sauver de la froideur dont il savait que Kyou était capable. Son regard fut instantanément attiré vers elle en entrant.

- Eh bien, je vois qu'elle a survécu à la discussion.

Ses iris apparaissaient argentés, sentant toujours que quelque chose n'allait pas.

- Si tu en as fini avec Kyoko, Suki l'attend.

Toya leva ses yeux dorés vers Kyou sans être conscient des pointes de gris qui avaient commencé à apparaître dans ses orbes.

Kyou jeta un coup d’œil à Toya sans aucune expression comme à l'accoutumée, puis hocha la tête silencieusement.

Kyoko regarda Toya chaleureusement, car maintenant qu'elle utilisait ses sens, elle pouvait voir qu'il s'était inquiété pour elle, même s'il n'en avait pas l'air.

« Aurait donné sa vie pour toi. » Les paroles de Kyou revenaient la hanter.

Kyou remarquait combien elle était à l'aise avec Toya, et sentait un désir distant mais familier. Cela lui donnait un air maussade. Il se souvenait bien de cette sensation, et ses yeux se plissèrent en direction du gardien argenté. Garderait-elle toujours un lien spécial avec son frère qu'elle ne partageait pas avec les autres ?

Kyoko se leva en hochant la tête pour dire au revoir à Kyou et lui fit un petit sourire que Toya ne pouvait pas voir, puis elle se tourna vers Toya et lui accorda l'un de ses sourires les plus doux. - Allons-y, ne faisons pas attendre Suki.

Elle sortit par la porte, laissant Toya se tenir là avec une sensation de chaleur. Une sensation que seul son sourire pouvait provoquer.

Il secoua la tête en essayant de se débarrasser de cette chaleur, puis regarda Kyou de travers, remarquant qu'il le fixait intensément.

- Quoi ? Demanda Toya d'une voix sévère, sachant qu'il n'aurait aucune réponse.

Décidant que cela n'en valait pas la peine, il ressortit par la porte et la claquant derrière lui et se dépêcha pour rattraper Kyoko.

Toya observait le dos de Kyoko tandis qu'elle se précipitait dans le couloir. Elle devait être pressée de s'éloigner de Kyou. Il sourit tout seul d'un air narquois, accélérant pour la rattraper, ce qui n'était pas un problème étant donné qu'il était un gardien. Ses pensées s'assombrissaient légèrement en se demandant si elle savait qui il était. Il ne pensait pas, elle ne lui aurait pas souri d'une telle manière si c'était le cas.

En haut des marches, Kyoko savait que Toya l'avait rattrapée car elle pouvait le sentir derrière elle. Oui, elle pouvait sentir son aura puissante, mais c'était une sensation légèrement différente par rapport à celle de Kyou. Elle ferma les yeux rien qu'une seconde. Kyoko décida de chercher l'aura, peu importe à quel point il agissait méchamment. En réalité, son aura était très chaude et lui donnait l'impression... parmi beaucoup d'autres choses... d'être protégée.

Elle comprenait que Toya était censé être plus jeune que Kyou, mais elle pouvait également sentir le pouvoir caché en lui. Un pouvoir qui, s'il était mis à profit, pourrait lui permettre de surpasser son frère en un clin d’œil... même si pour elle, aucun d'entre eux n'en était conscient. Kyoko appréciait le fait d'utiliser ses sens maintenant qu'elle les avait fait revenir. Elle se tourna vers lui.

- Alors... Où sont Suki et Shinbe ?

Toya plissa les yeux en la regardant maintenant qu'il avait été pris au dépourvu avec son mensonge. Comment diable devait-il savoir où Suki et Shinbe se trouvaient ? Il était revenu vers elle uniquement pour l'éloigner de Kyou.

- Je ne sais pas, répondit-il d'une voix traînante et désinvolte.

Kyoko le regarda en fronçant les sourcils.

- Mais tu as dit...

Toya l'interrompit.

- Tu devrais me remercier de t'avoir sauvée, l'informa-t-il en se penchant plus près comme s'il voulait l'intimider.

- Me sauver de quoi ?

Kyoko lui grogna à la figure, elle n'aimait pas son attitude. Mon Dieu, parfois, il donnait vraiment l'impression d'être un crétin.

- De Kyou, grogna Toya à son tour, serrant son poing.

Elle pouvait vraiment l'agacer avec sa jolie bouche. « Jolie bouche ? » D'où est-ce que cela sortait ? Étonné, il fit un pas en ailleurs dans la confusion.

Déconcertée, Kyoko le fixa simplement d'un air absent pendant une minute. Puis, doucement au début mais de plus en plus fort par la suite, elle commença à se moquer de lui.

- Vraiment ? Demanda-t-elle, essayant de respirer entre deux gloussements. Pourquoi ferais-tu...

Sa voix devint inaudible, cessant peu à peu de rire, et finalement, elle se contenta d'un large sourire même si ses yeux avaient toujours une pointe de malice.

- C'était très gentil de ta part. Je ne savais pas que tu t'en souciais.

Elle lui fit la grimace en essayant de garder son sérieux.

Toya la regarda furieusement en ayant l'impression d'être le dindon de la farce.

- Alors, t'as décidé de rester au final, « prêtresse » ?

Il cracha le dernier mot comme s'il lui avait laissé un mauvais goût dans la bouche.

Kyoko perdit son sourire et avança son visage à quelques centimètres du sien, fixant ses yeux dorés.

- Oui, « gardien ».

Elle sourcilla puis se retourna et descendit les escaliers en courant et en riant.

- OUI ! s'exclama Kyoko silencieusement, puis rajouta dans sa tête un point pour elle sur son tableau noir. Kyoko, un... Toya, rien.

Les yeux de Toya s'élargirent un instant avant de réaliser que le petit bout de femme l'avait bien eu.

- Mince ! souffla-t-il avant de la poursuivre.

Kyoko était presque en bas des marches lorsqu'elle sentit ses sens de prêtresse s'emballer. Sentant un autre gardien à l'exception de Toya, elle regarda autour d'elle. La seule personne assez proche pour provoquer une telle sensation était un étudiant se tenant en bas des escaliers, l'observant avec intérêt.

En regardant de plus près, elle était déconcertée par les reflets violacés parcourant ses cheveux indomptés, et par les plus beaux yeux. Alors qu'elle observait ces yeux, elle aurait pu jurer... pouvoir voir des éclats de toutes les couleurs dans ses iris.

Toya se tenait maintenant derrière Kyoko. En voyant son arrêt soudain, il remarqua qu'elle était en train de fixer Kamui.

- Alors maintenant elle peut détecter les immortels, se dit Toya.

Il l'attrapa par le bras en descendant.

- Viens, je vais te le présenter.

Toya avait un faible pour Kamui depuis qu'il l'avait rencontré. Tout ce qu'il savait de lui, c'est qu'il n'avait pas de parents et qu'il avait grandi dans une famille d'accueil jusqu'à ce que Kyou lui ait proposé de rester ici.

Kyoko se laissa à moitié faire et tirée par Toya vers l'inconnu. Elle pouvait voir qu'il était aussi immortel, mais elle pouvait également ressentir une extrême gentillesse. Elle laissa ses sens explorer son aura, et elle y trouva de la chaleur et... une innocence cachée ne pouvant appartenir qu'à un enfant.

- Salut Toya, qui est-ce ?

Les yeux brillants de Kamui l'observaient avec fascination. Il avait l'impression qu'il l'attendait depuis longtemps... même s'il ne savait pas qui elle était. C'était comme si elle lui avait terriblement manqué. Il sentait que soudainement, il pouvait de nouveau respirer, et il inspirait profondément rien que pour le prouver. En faisant cela, il sentit l'odeur de la jeune fille et la trouva vraiment familière.

Il demanda en regardant Toya :

- Qu'est-ce que tu as fait... tu t'es capturé une petite amie ?

Kamui sourit d'un air narquois tandis que ses yeux brillaient de malice.

- Oh que non, grogna Toya. Elle n'est pas du tout mon genre.

- Comment pourrais-tu le savoir ? Tu n'as jamais eu de petite amie.

Kamui rit de sa propre blague.

Kyoko essayait de s'empêcher de glousser, mais le fait de voir l'hilarité dans les yeux de Kamui ajouté au regard noir de Toya rendait la tâche impossible.

- Je te présente Kyoko.

Toya se tourna vers elle, relâchant son bras comme s'il venait de se rappeler qu'il la touchait. - Kyoko, voici Kamui. Il a aussi une bourse, et il aura les mêmes cours que toi.

- Ouais, je fais partie des resquilleurs ici, dit Kamui en gardant son sérieux, ce qui fit éclater de rire Kyoko, un rire qu'elle arrivait à peine à retenir en premier lieu.

Elle se tourna vers Kamui et tendit la main. S'il avait une bourse, cela voulait dire qu'ils étaient amis par le passé. Elle garda ce secret et lui dit avec un sourire très amical :

- Bonjour Kamui, ravie de te rencontrer. Ça fait combien de temps que tu es dans cette école ?

Kamui aimait déjà cette fille amicale.

- Depuis deux ans, plus ou moins. Alors, qu'est-ce que fait la tête brûlée ? Elle te fait visiter ?

Il regarda Toya avec un sourire narquois, puis Kyoko avec un sourire plus doux. Son côté malicieux se révéla et il prit la main de Kyoko dans la sienne. S'inclinant légèrement, il amena doucement sa main à ses lèvres et déposa un doux baiser sur ses articulations.

Kamui riait presque en voyant le regard vif et furieux que Toya lui lançait. Seul un idiot ne serait pas capable de voir l'attraction évidente que l'autre homme ressentait pour la charmante Kyoko.

Kyoko rougit légèrement et gloussa en entendant « tête brûlée ». Elle sourit en voyant Toya regarder Kamui d'un air furieux.

- En fait, on essaye de trouver Shinbe et Suki. Est-ce que tu les as vus quel...

Avant de pouvoir finir sa phrase, quelqu'un attrapa son bras, l'écartant de Kamui et Toya. En jetant un coup d’œil rapide, Kyoko se retrouva face au visage inquiet de Suki.

- Ça a été, Kyoko ? Tu vas rester, n'est-ce pas ?

Suki avait presque l'air de l'implorer.

Kyoko hocha la tête en se rappelant soudainement de la voix de Kyou lui chuchotant de ne pas partir.

- Je ne vais nulle part.

Elle hocha la tête vers Shinbe par-dessus l'épaule de Suki en voyant qu'il avait l'air tout aussi heureux que Suki face à cette réponse.

À ces mots, Toya sourcilla. Il se demandait ce que Kyou lui avait dit pour la rendre si déterminée à rester. Elle agissait maintenant d'une manière si différente, elle avait presque l'air d'être heureuse. D'habitude, lorsque quelqu'un parlait seul à seul avec Kyou... il s'en allait en étant troublé pendant des heures. Le type arrivait même à lui donner la chair de poule de temps à autre.

Kyoko prit le bras de Suki et commença à monter les marches.

- Tu dois m'aider à trouver une tenue pour ce soir si on va danser.

Les deux filles se blottirent l'une contre l'autre et marchèrent en discutant. Elles agissaient comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Shinbe, Kamui et Toya regardèrent les deux filles disparaître dans les escaliers. Shinbe demanda à Toya d'une voix inquiète :

- Est-ce qu'elle sait ce qu'il se passe vraiment ici ?

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