*****
Shinbe était encore une fois en train de faire un rêve érotique de Kyoko frémissant sous lui, criant son nom encore et encore, hurlant tandis qu'il la martelait de l'intérieur, fixant son visage et lui faisant oublier Toya.
Il se réveilla brusquement... son corps était en sueur. Respirant fortement, il pouvait toujours la sentir en dessous de lui, le laissant l'aimer, et elle l'avait aimé en retour. Ses cris résonnaient toujours dans ses oreilles. Son cÅur battait toujours rapidement, claquant contre ses côtes comme il claquait en elle.
Shinbe s'assit. Joignant ses mains, il les leva pour couvrir son visage. Incapable d'empêcher son cri de s'échapper, il hurla dans le silence, un hurlement plein de douleur et de rage cachées face à l'injustice de tout cela. Tout ce qu'il voulait, c'était l'aimer, et cela le dévorait lentement.
Entendant une brindille se casser, Shinbe baissa rapidement ses mains. Son regard d'améthyste analysa la zone et se posa sur les traits choqués de Kyoko. Son esprit semblait ralentir instantanément.
Non, ce n'est pas possible... pas maintenant, pas ici.
Les yeux de Kyoko étaient grands ouverts face à son cri, et sa main couvrait sa bouche.
Non... Va-t'en s'il te plaît, supplia-t-il mentalement. Tu ne peux pas être là , pas maintenant, c'est trop dangereux... Je suis trop dangereux.
Kyoko observait tandis qu'elle baissait sa main de ses lèvres, un air inquiet traversant son visage. Puis, il la vit chanceler tandis qu'elle s'avançait vers lui. Il se demandait si elle était réelle ou s'il rêvait toujours.
Kyoko essayait toujours de s'assurer qu'elle allait dans la bonne direction pour rejoindre la cabane lorsqu'elle entendit un cri presque inhumain surgir d'un endroit proche d'elle. Elle se concentra en essayant de trouver la source de ce bruit. Son cÅur s'emballait toujours à cause de la peur que ce cri avait provoqué en elle. Puis, elle remarqua Shinbe allongé sur une couverture posée sur l'herbe, tout seul. Le cri hanté devait venir de lui.
Elle voulait savoir ce qui n'allait pas. Quelqu'un avait-il été tué ? Cela devait être le cas pour qu'un tel son sorte de la bouche du gardien toujours calme, tranquille et amical. Elle essayait de rester droite tandis qu'elle s'avançait vers lui.
Shinbe grogna en observant Kyoko faire la chose la plus stupide qu'elle avait pu faire selon lui. Elle marcha droit vers lui et s'agenouilla, tendant la main pour toucher la sienne.
Shinbe, qu'est-ce que tu as ? Quelqu'un est-il blessé ?
Il pouvait entendre la peur dans sa voix. Elle pensait que quelque chose n'allait pas. Il rit presque face à la vérité de cette question, mais se ravisa. Elle ne connaissait pas son secret. Il était toujours en sécurité, il pouvait toujours lui cacher son cÅur.
Une autre vague de vertige prit Kyoko par surprise, et elle perdit l'équilibre en étant accroupie à côté de lui. Elle se pencha trop en avant, par accident, et tomba sur ses genoux. Ãtouffant un petit rire, elle se rappela que quelque chose n'allait pas avec lui et ouvrit de nouveau ses yeux en essayant de se concentrer. Tout avait l'air d'être un rêve.
Kyoko remarqua soudainement que Shinbe était torse nu. Ses muscles étaient contractés, roulés, et tendus sous ses paumes. Elle ne l'avait jamais vu torse nu avant et était impressionnée. Elle rougit, sachant qu'elle ne devait pas penser à lui de cette façon. Il était son gardien et son ami.
Essayant de dessoûler, Kyoko secoua la tête, ce qui ne l'aida pas vraiment. Elle leva lentement les yeux vers les siens. Il n'avait pas bougé d'un centimètre et ne lui avait toujours pas dit ce qui n'allait pas. Maintenant, elle aurait voulu que ce soit le cas, car l'expression de son visage commençait à l'alarmer.
Le corps de Shinbe tremblait tandis qu'il s'empêchait de la toucher. Quelque chose ayant plus de pouvoir que lui semblait le pousser, lui exigeant de tendre la main et de prendre ce qu'il voulait plus que la vie. Il allait bien, mais maintenant, elle était là , sur ses genoux, fixant ses yeux. Des yeux qui devaient être pleins de douleur, et elle voulait savoir ce qui n'allait pas.
Quelque chose n'allait vraiment pas chez lui, et il ne pouvait pas arrêter ce qui semblait échapper à son contrôle.
Je ne peux plus le supporter.
Sa voix était déchirée par la force de ses émotions si puissantes. Avec ces mots, il essayait de l'avertir, de lui dire de partir, de retourner de l'autre côté du portail temporel, là où elle serait en sécurité. De ne pas revenir avant qu'il ait pu contrôler son secret, le cacher une nouvelle fois. Tous ses sens criaient en disant que quelque chose n'allait pas, mais son esprit ne pouvait pas lutter contre cette faim intense.
Kyoko haleta, entendant ses mots mélangés à tant de douleur, et cela l'attristait. Tout le monde comptait sur lui pour avoir la tête haute, la colle qui soudait le groupe. Même elle se tournait vers lui et aimait sa présence, ressentir son calme, son humour, et son inquiétude. Mais maintenant, c'était à son tour. Il était celui qui avait besoin de réconfort.
C'était probablement à cause de la lutte contre les démons... Hyakuhei... sa malédiction. Oh mon Dieu, sa malédiction... le vide dimensionnel qui le tuerait plus tôt que prévu. Le pouvoir ultime que Hyakuhei lui avait donné, sachant qu'un jour, cela le détruirait. Elle n'avait pas oublié. Elle essayait juste de ne pas y penser, mais elle savait ce qui se passerait s'ils n'arrêtaient pas Hyakuhei.
Kyoko tendit la main vers lui, essayant d'arranger les choses et d'apaiser son esprit.
Ãa va aller, Shinbe, je suis là .
Dès l'instant où sa main toucha son visage, il reprit vie.
Il n'y avait plus aucune logique et le contrôle en béton de Shinbe se brisa. Il attrapa ses épaules et roula jusqu'à ce qu'elle ait été clouée au sol, en dessous de lui. Penché sur son corps, il avait tout ce qu'il avait toujours voulu... Kyoko. Sans aucune pensée cohérente, ses lèvres s'effondrèrent rapidement, revendiquant les siennes de manière possessive, réprimant tout le reste dans son esprit. Il avait maîtrisé ce sentiment bien trop longtemps.
Shinbe reconnaissait qu'il avait peut-être perdu le contrôle de la situation à quelques arrêts de cela. Quelque part dans son esprit, il se disait qu'elle avait le goût de l'alcool, et qu'elle en avait aussi l'odeur. Se contrôlant assez pour se relever de quelques centimètres, il la fixa, essayant de voir si c'était vrai. Analysant son visage, ses yeux, et ses joues rouges, il se demandait jalousement qui l'avait soûlée.
Kyoko savait que ce n'était pas réel. Elle ne pouvait pas être en train de fixer les yeux d'améthyste du très beau Shinbe. Il ne pouvait pas la fixer comme s'il la désirait. Kyoko se raisonnait en se disant qu'elle était probablement allongée sur l'herbe avec sa tête toujours posée contre la statue de la jeune fille. Quelque part dans ce rêve, elle pouvait même entendre Hyakuhei se moquer d'elle.
Elle aurait pu juré se souvenir d'avoir glissé de la statue de la jeune fille et de s'être endormie. Elle était probablement évanouie en faisant en rêve, et son esprit ivre avait choisi Shinbe pour la rejoindre, au lieu de Toya.
Kyoko secoua à peine la tête, se sentant étourdie, et soupira les mots :
Rêves de folie.
Puis, elle fixa les yeux passionnés de Shinbe. Ses lèvres frissonnaient toujours à cause de la force du baiser rêvé.
Shinbe abaissa de nouveau ses lèvres vers les siennes. Il en avait assez entendu. Kyoko pensait qu'elle rêvait. Shinbe espérait simplement qu'elle avait raison. Mais dans tous les cas, il ne pouvait pas s'arrêter. Il ne pouvait pas s'arrêter même s'il essayait et il lécha ses lèvres. Elle les écarta avec un petit gémissement... un bruit qui le durcissait encore plus, si c'était possible.
Il se mit à transpirer en essayant de se maîtriser tandis que son sang de gardien faisait surface. Il voulait y aller lentement tandis qu'il renforçait son baiser, l'envahissant, prenant et donnant la chaleur du baiser. Il avait toujours voulu l'embrasser comme cela, depuis toujours, apparemment.
Les muscles de ses bras fléchissaient tandis qu'il se maintenait au-dessus d'elle, faisant l'amour à ses lèvres et plus. Ses mains étaient impatientes tandis qu'elles essayaient de se débarrasser des vêtements de Kyoko. En quelques petites minutes, elle était sous lui, complètement nue. Elle ne s'était pas débattue lorsqu'il lui avait enlevé ses vêtements. Pourquoi devrait-elle ? C'était un rêve... n'est-ce pas ?
Shinbe cessa de respirer tandis qu'il la fixait tout comme elle était apparue dans son rêve il y a quelques minutes. Elle était sa prêtresse... son secret... son amour. Il glissa son corps contre le sien, aimant la sensation de sa peau soyeuse, aiguisant sa douleur et son besoin de la posséder, de lui faire l'amour.
Ãa doit être un rêve, essaya-t-il de se convaincre.
Il plongea sa tête pour se blottir contre son cou, léchant et embrassant sa peau, la goûtant gentiment et énergiquement. Il lui montrait combien il l'aimait tandis qu'il descendait le long de son corps. Cela serait la seule fois où il la verrait et la goûterait entièrement. Une forte chaleur le traversa tandis qu'elle se cambrait contre lui, gémissant lorsqu'il posa sa bouche sur sa poitrine, la léchant avec sa langue, donnant vie à son corps.
Ses souhaits se réalisaient tandis que Shinbe amenait ses baisers vers le ventre ferme de Kyoko, et elle frémissait en dessous de lui. Ses muscles firent un bond lorsqu'elle le serra contre elle, essayant de se rapprocher. Shinbe ne pouvait pas être plus proche du paradis, avec son essence l'entourant. Centimètre par centimètre, il rampait de nouveau vers le haut, sur elle.
S'installant entre ses jambes, il frissonna de désir lorsque la chaleur de son ouverture réchauffa la tête palpitante de sa virilité gonflée. Il voulait qu'elle le regardât tandis qu'il la pénétrait, même si c'était un rêve. Son corps se durcissait, se serrant autour du sien.
Ouvre tes yeux, chuchota-t-il.
Sa voix était ensorcelante, une séduction délibérée, et dès qu'elle ouvrit ses merveilleux yeux émeraudes, il se poussa en avant, s'enterrant rapidement au fond de sa chaleur, voulant lui épargner la douleur de la première fois. Un cri angoissé s'échappa de sa gorge lorsqu'il sentit son sang lui céder la place.
Son étroitesse le saisissait fortement dans sa chaleur soyeuse, l'attirant encore plus profondément. Sans son sang-froid obstiné, il aurait sauté au plafond à ce moment-là . Il serra les dents pour s'efforcer de rester tranquille, respirant fortement tandis qu'il l'observait bouger sa tête de gauche à droite, ses lèvres s'écartant sans bruit. Rapidement, il revendiqua ses lèvres avant que le cri ait pu lui échapper.
Lorsqu'il sentit qu'elle se calmait, il libéra ses lèvres. Donnant le premier à -coup, lent mais puissant et profond, il fut récompensé par les lèvres de Kyoko venant à la rencontre des siennes tandis que sa propre passion commençait à flamber. Il inhalait ses gémissements d'extase, les savourant comme les souvenirs précieux qu'ils deviendraient. Cédant à la sensation de son corps enveloppé autour du sien, il cessa de se contrôler. Il voulait lui faire l'amour de tout son être, en ne retenant rien.
Joignant ses doigts aux siens, il tira ses mains au-dessus de sa tête et les maintint contre la couverture douce. Shinbe se releva au-dessus d'elle pour voir ses expressions passionnés tandis qu'il prenait un rythme qui les poussait rapidement à bout. Des à -coups profonds et rapides se transformaient en des à -coups puissants et lents, avant de faire une pause pour se poser contre elle, puis il se retira rapidement et la pénétra brusquement une nouvelle fois.
Shinbe pouvait sentir les nombreuses fois où elle atteignait l'orgasme tandis que les spasmes tenaillaient son corps. Il pouvait les ressentir tandis qu'elle se resserrait encore plus autour de lui. Tout son corps brillait au clair de lune car il retenait sa propre libération. Cela le tuait, puis finalement, il ne pouvait plus le supporter, et sachant qu'elle atteignait de nouveau l'orgasme, il prit un rythme qui les ébranla tous les deux.
Les poussant tous les deux à bout, il donna un dernier à -coup, aussi profond que possible, et s'immobilisa, jetant sa tête en arrière. Le bruit qui lui était arraché n'était ni humain, ni immortel. C'était de la douleur et du plaisir, entre les deux, tandis que sa semence se déversait dans son corps... profonde, chaude, et en rythme avec ses battements de cÅur.
Une fois le monde de nouveau stable, Shinbe regarda Kyoko au moment où un sourire passionné se dessinait sur ses lèvres gonflées par le baiser, puis elle ferma lentement les yeux.
Sentant déjà son cÅur se briser à cause de ce qu'il avait fait, Shinbe approcha ses lèvres des siennes et leur chuchota la vérité :
Je t'aime.
*****
Plus tard, dans la nuit, Shinbe se réveilla et trouva Kyoko habillée mais endormie près de lui, sur la couverture posée sur l'herbe chatoyante.
Ne voulant pas déjà la réveiller et faire face à ses péchés, il porta silencieusement la prêtresse endormie, ainsi que le sac qu'elle transportait, et l'emmena dans la cabane où le reste du groupe dormait toujours.
Après l'avoir placée à son endroit habituel, entre le mur et Suki, il glissa lentement vers le mur opposé, ramenant ses genoux vers son torse, plus heureux et effrayé que jamais. S'il devait mourir dans les heures suivantes, il mourrait heureux.
Shinbe ferma les yeux en se demandant ce qui serait le pire, Kyoko se souvenant, ou Kyoko ne se souvenant pas. Il savait qu'il n'aimerait jamais personne d'autre, puisqu'il fallait avoir un cÅur pour aimer, et il n'en avait pas. Il l'avait déjà donné. Kyoko portait son cÅur depuis leur première rencontre.
S'il ne se faisait pas tuer par les dagues de Toya au petit matin, il savait qu'il resterait à sa place, l'aimant secrètement, et espérant qu'elle le remarquerait.
Chapitre 2 « Peurs du matin »
Shinbe se réveilla en sursaut en entendant le cri de Toya. Tous les muscles de son corps se recroquevillaient à l'idée de se transformer en kebab sous les dagues jumelles de Toya. Une fascination morbide lui faisait lentement ouvrir ses yeux d'améthyste pour voir ce qui se passait.
Tais-toi !