Javais été submergée dembarras pour cette faiblesse, avec mon ennemi juré en plus.
À la gêne sétait ajoutée la colère et la rancœur envers ma mère qui mavait encore une fois abandonnée pour aller à lopéra avec Mitchell, me laissant seule avec Easton, et la crainte de ce quil avait trafiqué avec mon téléphone disparu depuis des heures. La culpabilité avait suivi, la sensation dêtre incapable daffronter la situation seule, surtout les comportements dEaston, de ne pas être comprise, davoir commis une erreur en laissant mon père et Book
Oui, javais pleuré. Jaurais préféré menfouir sous terre que de pleurnicher devant mon demi-frère mais il mavait enlacée et consolée.
Je lui serais toujours reconnaissante de sa gentillesse. Je ne métais même pas fâchée pour ses blagues quelques heures avant, même si je pensais toujours que le choix le plus sage à lavenir serait de garder mes distances avec lui.
Mais je lai embrassé ce matin ! Tu parles de prendre des distances !
Je voulais juste me venger pour le piment qui me brûlait les lèvres !
Je naurais jamais avoué quen fait, je voulais encore lembrasser. Encore et encore.
Javais vraiment aimé ça. Trop pour ladmettre.
Mais cétait décidé : à partir du lendemain, quand on serait à luniversité, notre étrange relation sarrêterait définitivement.
À quoi tu penses ? me demanda Easton, me faisant sortir de mes pensées. Je le regardais pendant quil se séchait au bord de la piscine.
Quand mes yeux croisèrent les siens, puis descendirent sur sa bouche, le souvenir incessant de la veille matteignit comme une masse.
À rien.
Tu es toute rouge.
Cest la chaleur. Il fait trop chaud pour un mois de septembre je mentis.
Menteuse ! Avoue que tu pensais à hier soir et au fait que ça ta excitée.
Sa manie de me provoquer et de ménerver fonctionnait à merveille.
Vraiment, je me demandais si ton quotient intellectuel était assez élevé pour en engagement aussi lourd que luniversité. Plus je te regarde, et plus jai des doutes. Tu es sûr davoir un diplôme ? Un vrai je veux dire.
Cette fois, je ne me laissai pas avoir par son regard froid. Je savais que son calme apparent n'était quune fine couche de glace, prête à se briser en mille morceaux au premier faux pas.
Et cétait un énième faux pas.
Sans attendre sa réaction, je tournai les talons et courus vers ma chambre pour my enfermer, bien que je naie pas la clé.
Tu penses vraiment que tu peux méchapper ? hurla Easton derrière moi en me suivant.
Je ne me laissai pas distraire et continuai à courir mais à un pas de létage, je sentis ses bras mattraper et me bloquer.
Je magrippai à la rampe des escaliers mais il prit mon poignet et me détacha.
Allez, tu nas quand pas mal pris ce que je tai dit ? Étant donné que je ne pouvais pas le chasser, je tentai de le raisonner. Je blaguais.
Tes plaisanteries ont le don de réveiller mes envies de meurtre.
Parce que tu ne sais pas te contrôler un minimum. Peut-être que le problème nest pas ton quotient intellectuel mais ton incapacité à gérer, allai-je répliquer. Mais il commença à me mordre dans le cou jusquà me faire mal et je me mis à rire et à hurler en même temps.
Quest-ce que vais faire de toi ? me demanda-t-il sérieux, me tournant vers lui pour mentraver dun regard glacial.
Aucune idée mais je sais déjà ce que moi je ferai. Je demanderai une ordonnance restrictive à ton encontre si tu nôtes pas tes tentacules de là.
Je pourrais te tuer avant.
Et finir en prison pour le restant de tes jours ? Mmh, laisse tomber. Ça nen vaut pas la peine, homme de Neandertal.
Tu crois ? Jen tirerais une satisfaction sans bornes.
Jéclatai de rire. Cétait incroyable que tous nos échanges verbaux finissent toujours en menaces et insultes diverses.
Je métais toujours considérée comme une personne épineuse et difficile mais gentille et prête à faire des compromis. Mais avec Easton javais toujours envie de lui faire courber léchine et lui prouver que je nétais pas une pauvre imbécile, victime de ses caprices. Mon côté combattif et moins diplomate ressortait toujours.
Ok, tu mas convaincue. Je promets que je ne tembêterai plus si tu fais pareil avec moi. Je cherchais un terrain dentente mais au fond de moi, jaurais voulu que cette dispute ne finisse jamais. Ces altercations étaient amusantes et stimulantes.
On ne sest pas compris. Je veux que tu me promettes darrêter même si moi je te cherche.
Oublie ! Je ne vais pas me soumettre à un type au cerveau plus sous-développé que celui dun hamster narcoleptique, je répondis dun ton sans réplique. Quand arrêteras-tu de jouer les dominateurs ?
Avec toi ? Jamais, tant que tu narrêteras pas de minsulter et de me provoquer !
Cest toujours toi qui commences !
Et tu me suis. Au fond, peut-être que toutes ces attentions te plaisent ? murmura-t-il mielleux à mon oreille. Ses mains parcouraient mon corps comme dans le jacuzzi et sa bouche glissait dans mon cou.
Je me débarrassai de lui fâchée. Tu ramènes toujours tout au sexe. Cest insupportable.
Ce que tu ne supportes pas je pense, cest labstinence. Dis-moi, depuis combien de temps tu nas plus couché avec quelquun ?
Ça ne te regarde pas, je balbutiai. Je me demandais à quel point Easton pensait que jétais experte dans ce domaine. Sil apprenait la vérité, il se moquerait de moi et la prochaine fois quil membrasserait, il comprendrait quil suffisait daller au-delà de mes réticences initiales pour memmener dans son lit et me faire vivre une expérience dont je rêvais depuis des années. Depuis que ma camarade de classe en secondaire mavait avoué quelle nétait plus vierge.
Quand tu veux, ma porte est toujours ouverte.
Je préfère encore entrer au couvent.
Tu ny resterais pas un mois me dit-il, mais je fis mine de ne pas lentendre et allai dans ma chambre.
Javais un besoin urgent de rester seule. Je ne contrôlais plus le trouble provoqué par Easton.
Alice, calme-toi. Demain, tu pars pour luniversité et tout sera terminé !
6
ALICE
Le moment du départ était enfin arrivé !
Jétais au septième ciel. Lanxiété mavait empêché de fermer lœil de la nuit.
Javais contrôlé ma valise, la liste des choses qui me seraient utiles à luniversité jusquà lépuisement. Tout en fait.
Et sans être dérangée par Easton qui était parti samuser avec ses amis.
Au matin, jétais heureuse et émue, avant de me retrouver prise dans une dispute entre Easton et son père.
Je ne viens pas en voiture avec vous ! Je peux très bien y aller avec la mienne, continuait à répéter mon demi-frère, furieux.
Cest une question de bon goût, et nous sommes une famille maintenant. Il me semble que nous devons arriver à luniversité tous ensemble, dans mon SUV, et aller saluer mon frère qui a été très gentil daccepter Alice après la clôture des inscriptions, tenta de lui expliquer Mitchell.
Cest une question de bon goût, et nous sommes une famille maintenant. Il me semble que nous devons arriver à luniversité tous ensemble, dans mon SUV, et aller saluer mon frère qui a été très gentil daccepter Alice après la clôture des inscriptions, tenta de lui expliquer Mitchell.
Je men fous ! Je ne vais pas me ridiculiser en arrivant avec mon père et ma sœur à ma suite.
Easton a raison. Ce nest pas nécessaire, jajoutai. Mais personne nécoutait.
On fera comme je dis ou je prendrai des mesures. Souviens-toi que tu as été admis parce que tu es le neveu du doyen, et non grâce à tes notes au lycée, qui étaient mauvaises. Bien que tu sois doué selon tes anciens professeurs.
La dispute dégénéra davantage et personne ne réussit à temporiser, ni ma mère ni moi.
Easton fut finalement obligé de nous accompagner, assis à larrière avec moi.
Jessayai de le distraire tout le voyage en lui parlant des cours que javais choisis mais il se borna à me répondre quil étudierait léconomie, et que notre seul cours en commun serait la politique américaine.
Je suis vraiment désolée, lui chuchotai-je à loreille quand je compris que je ne réussirais pas à lui faire oublier sa mauvaise humeur. Si je navais pas été là, rien de tout cela ne serait arrivé.
Tu nas rien fait, me rassura-t-il. Mais le ton de sa voix était froid et détaché.
Cela me faisait mal de le voir dans cet état et de ne pas pouvoir le réconforter, comme il lavait fait avec moi quand javais fondu en larmes.
Triste et soucieuse, je méloignai et fixai mon regard sur la vitre, sans plus rien dire jusquà la fin du voyage.
Je ne pus même pas profiter de notre arrivée car Easton recommença à se disputer avec son père. Il voulait aller voir ses amis et se rendre au dortoir où se trouvait sa chambre au lieu de rester avec nous à attendre son oncle, Donald Carson, qui vint nous accueillir personnellement.
Je respirai enfin quand ma mère et Mitchell partirent, après mavoir fait leurs dernières recommandations et demandé décrire de temps en temps.
Jallai au dortoir Sherman avec Easton et trouvai ma chambre, la 7A, à trois chambres de la sienne, la 10A, quil partagerait avec Logan.
Je le saluai timidement et il me fit un signe de la main.
Ma querelle avec Easton était terminée.
Jentrai impatiente dans la chambre, que jallais partager avec une étudiante japonaise, Kira Yoshida, de Princeton, dans le Kentucky.
Une scène embarrassante mattendait derrière la porte.
Kira était couchée sur le lit de droite, étendue sous un garçon qui lembrassait et essayait de la déshabiller.
Lucas, non ! Quelquun pourrait nous voir, gloussa-t-elle dans un rire cristallin.
Jaime le risque, la provoqua-t-il en relevant sa jupe.
Je méclaircis la gorge, et toussai avant que les choses naillent plus loin.
En un instant, deux paires dyeux me fixaient et un cri traversa la chambre.
Oh mon Dieu, quelle honte ! Tu dois être Alice Preston, cest ça ? me demanda la fille en sapprochant et en remettant sa jupe en place.
Jacquiesçai et la détaillai : traits orientaux, longs cheveux noirs soyeux et des yeux dun vert intense. Elle était aussi grande que moi, ce qui me mit à laise, mais pour la beauté il ny avait pas photo. Elle était superbe et dégageait de la pureté, de la délicatesse et de la douceur. Si Easton lavait vue, il lui aurait fait vivre un enfer pour la mettre dans son lit.
Je regardai son copain. Et le souffle me manqua.
Si elle était éthérée et candide, il dégageait au contraire une aura violente, agressive, brutale et douloureuse, comme si un démon en lui sapprêtait à déchaîner une guerre contre le monde entier.
Il avait une cicatrice au sourcil gauche.
Sa présence meffrayait et ses yeux noisette, légèrement cachés par ses cheveux châtains, me scrutaient comme sil mévaluait : menace ou autre chose.
Kira se présenta avec un sourire timide et gêné : Je suis Kira Yoshida et voici Lucas Scott, mon copain. Excuse-moi pour ce que tu viens de voir. Je te promets que ça narrivera plus.
Comment une fille aussi belle et douce peut sortir avec un garçon comme lui ?
Vous êtes ensemble depuis combien de temps ? je demandai sans parvenir à me retenir.
Jaime penser que nous sommes ensemble depuis nos neuf ans, me répondit-elle avec un grand sourire heureux tout en embrassant son fiancé qui lui sourit en retour.
Ce fut un sourire à peine esquissé mais son regard était plein damour quand il la regarda, me donnant envie dêtre regardée de cette façon moi aussi.
Wow ! je mexclamai surprise.
Ma vie est fantastique !
Mon rêve daller à luniversité devenait réalité et rien de ce que javais pu imaginer ne pouvait décrire à quel point cette expérience était merveilleuse.
Il ny avait rien à critiquer ou mépriser.
Les cours étaient intéressants et les enseignants très gentils et disponibles.