Il ressentit un éclair de jalousie fuser à travers lui mais il tenta d'en faire abstraction, sachant que c'était une cause perdue.
Kamui s'approcha aussi pour entendre la réponse. Toya écarquilla les yeux et le duvet sur sa nuque se dressa, le poussant à reculer face à eux, l'air coupable.
Heu, il ne s'est rien passé, Il croisa les bras et les fixa du regard, les mettant au défi de prouver qu'il mentait. Suki attrapa le bras de Kyoko et la traîna bien loin des garçons, cette fois.
Ok, balance tout. J'ai raté quoi ? Demanda-t-elle la lèvre tremblante d'une excitation à peine dissimulée.
Depuis qu'elle connaissait Kyoko, Suki avait l'impression de la connaître depuis toujours. Elle l'aimait comme une sœur, et là tout de suite, elle était sûre qu'il se tramait quelque chose.
Kyoko n'osait pas soutenir le regard de Suki et son visage était encore très coloré.
Kyoko, balance, plaida Suki.
Kyoko leva les yeux vers sa meilleure amie qui faisait au moins quelques centimètres de plus qu'elle et rentra la tête dans les épaules.
Ok, j'ai enfin été embrassée, c'est tout, elle leva les yeux au ciel comme pour signifier que ce n'était vraiment pas grand chose. Suki regarda Toya.
Alors comme ça, il a fini par t'embrasser, c'est ça ?
Se retournant vers Kyoko, elle sourit d'un air entendu jusqu'à ce qu'elle voit Kyoko secouer la tête. Suki fronça les sourcils.
C'est bien Toya qui t'as embrassée ? N'est-ce pas, Kyoko ?
Elle leva un sourcil, perplexe. Kyoko grogna.
C'est une longue histoire, alors je vais la faire courte. Trois mecs différents m'ont embrassée à ce jour et tout ça est arrivé pendant votre courte absence. Et non, je n'avais demandé à aucun d'entre eux de m'embrasser. Donc, je le répète, c'est Pas Grand Chose !
Elle insista sur ces trois derniers mots. Suki entrouvrit les lèvres en dévisageant son amie. Pendant ce temps, Toya s'était tendu quand il avait entendu Kyoko dire que c'était pas grand chose.
Et bien, maintenant je sais ce qu'elle pense. Se dit Toya en se renfrognant alors qu'il se tournait à nouveau vers son frère et qu'il se concentrait sur son récit concernant ce qu'il savait de la zone de la forêt orientale.
Suki finit par retrouver la parole mais parla à voix basse,
Kyoko, qui t'as embrassée ?
Voyant les lèvres de Kyoko serrées l'une contre l'autre, Suki soupira.
Ok, je veux savoir qui t'as embrassée le premier.
Kyoko serra les paupières très fort.
Kyou fut le premier.
Kyou ! s'écria Suki avant de plaquer la main sur sa bouche, horrifiée.
Toya serra la poing dans sa tentative de conserver le contrôle sur sa colère. Il se tourna et lança un regard mauvais en direction de Kyoko avant de se rapprocher rapidement car il n'aimait pas la tournure que prenait la conversation.
Nous n'avons pas le temps pour ces conneries ! Balança-t-il, en lançant un regard de colère aux filles.
Nous avons besoin de trouver les talismans avant que l'ennemi ne mette la main sur chacun d'entre eux.
Kamui acquiesça,
Ouais, Kotaro est venu au campement et a dit qu'il se dirigeait vers la même zone juste avant d'embrasser Kyoko sur la joue et de partir.
Toya frappa Kamui à l'arrière de la tête en grondant.
Aïe, pourquoi t'as fait ça ? J'ai rien fait de mal !
Kamui frotta la bosse qui venait d'émerger sur son crâne, ses grands yeux étoilés remplis de larmes. Il faisait semblant, visiblement car il riait intérieurement à se déplacer les cotes à cause de l'expression sur le visage de Toya. Suki fit les yeux ronds.
Kotaro aussi !
Elle fit un mouvement de tête vers Kyoko en se demandant ce qui pouvait bien être en train de se passer. Shinbe se glissa vers Toya.
C'est quoi le problème ?
Toya se contenta de le regarder méchamment comme pour le mettre au défi de prononcer une parole de plus. Suki se saisit du bras de Shinbe et l'éloigna de Toya avant qu'il ne finisse comme Kamui avec une bosse sur la tête. Toya tourna son regard courroucé vers Kyoko. Elle fut piquée et lui renvoya un regard mauvais.
C'est quoi ton problème ? Et ne frappe pas Kamui ! hurla-t-elle, se dressant devant le gardien comme pour le protéger.
Elle n'avait pas la moindre idée qu'à présent Kamui se tenait debout derrière elle en train de sourire malicieusement à Toya comme si il venait de lui faire un sale coups.
Suki savait qu'il y allait avoir un combat. Attrapant Kyoko par la main, elle commença à la traîner le long du chemin.
Allez, Kyoko, vient marcher avec moi un moment.
Suki ne lui laissa pas le temps de répliquer et la tira pour l'obliger à avancer.
Ne se sentant guère en sécurité d'avoir été laissé là où Toya pouvait l'atteindre, Kamui suivit les filles, laissant Toya seul à les regarder s'éloigner.
Une fois qu'elles furent suffisamment loin de Toya, Suki se tourna vers Kyoko.
A présent, veux-tu bien me dire ce qui s'est passé ? Pourquoi Kyou t'as-t-il embrassée ?
Suki avait presque crié, dévisageant son amie avec inquiétude. La pensée que Kyou puisse embrasser quiconque était tout simplement perturbante.
Kyoko haussa les épaules.
Je n'ai pas la plus vague idée de la raison pour laquelle il l'a fait. J'étais en train de nager. Il s'est laissé descendre au dessus de moi et m'a foutue une trouille bleue. Avant que je ne comprenne ce qui arrivait, il était en train de m'embrasser, et puis il est parti sans un mot.
Kamui eut la sensation qu'on venait juste de le frapper au ventre. Il se plaça prestement derrière Kyoko, plaçant une main ferme sur son épaule.
Kyoko, t'a-t-il marquée ? Demanda-t-il d'une voix qui avait peine à rester neutre.
Kyoko fronça les sourcils. Faisant volte-face, elle fixa Kamui d'un regard plein de confusion.
Toya a demandé exactement la même chose. Qu'est-ce que ça veut dire ? Marquée ? Comment ?
Kamui eut soudain les lèvres pincées.
Pour que Kyou t'embrasse comme ça sans raison, il faut qu'il soit en train d'envisager de faire de toi sa compagne pour la vie.
Quoi ?!!! hurla Kyoko en posant les mains sur ses hanches.
Tu es en train de te foutre de moi.
Je ne plaisante pas avec ce baiser, Kyou a déjà commencé à établir son droit sur toi.
Des ombres pénétrèrent le regard de Kamui produisant comme un effet photo.
A présent, il va te suivre constamment, étape par étape, jusqu'à ce qu'il te marque et te fasse sienne.
Il laissa retomber la main de son épaule.
Je suppose que tu peux comparer ça à un début de relation.
Comprenant soudain bien plus de choses qu'il n'aurait souhaité, Kamui siffla entre ses dents.
C'était donc pour ça que Toya était si bouleversé, et par dessus le marché Kotaro se pointe tout en souffle et t'embrasse sur la joue. C'est pareil. C'est comme si lui aussi sortait avec toi.
Kyoko ne savait pas quoi dire. Elle resta plantée là une minute. Puis, regardant par dessus l'épaule de Kamui, elle remarqua que Toya et Shinbe étaient en train de les suivre à la trace, occupés à planifier leur prochaine stratégie en se dirigeant vers l'Est. Suki attira à nouveau l'attention de Kyoko.
Ok, tu a dit trois, Kyoko. Ainsi, Toya t'a également embrassée, c'est ça ?
Elle opina puis secoua la tête.
Mais Toya n'avait pas vraiment l'intention de m'embrasser. C'était une sorte d'accident.
Kyoko lança à nouveau un regard par dessus son épaule, remarquant que les autres étaient en train de les rattraper.
Nous nous sommes retrouvés confrontés à un démon et Toya a perdu ses dagues alors son sang démoniaque a pris le dessus. Il a tué le démon et je me suis précipitée vers une des dagues mais il m'a rattrapée juste au moment ou je la touchais. J'ai cru qu'il allait me tuer, mais au lieu de ça il m'a embrassée. Alors le contact avec les dagues qui lient le sort l'ont fait revenir à son état normal.
Suki regarda Toya par dessus son épaule, puis retourna son visage vers Kyoko.
Attends, tu veux dire qu'il s'est transformé pendant qu'il t'embrassait ?
Elle leva un sourcil lorsque Kyoko acquiesça.
Kamui sourit.
Je le savait ! Tu lui plais vraiment. C'est pour ça que sous son autre forme il t'a embrassée au lieu de te tuer. Il l'a fait car ça lui semblait naturel.
Kamui s'éloigna d'elles sachant qu'à présent les oreilles de Toya étaient capables de les entendre.
Bon, tenons leur compagnie.
Suki décida de suivre l'exemple de Kamui et laissa tomber la conversation, pour l'heure Dommage que Shinbe n'ai pas cette intelligence.
Shinbe se tourna vers Kyoko, en entendant la dernière remarque de Kamui.
Alors c'était pour ça qu'il était si provocateur !
Il sourit de toutes ses dents en se demandant si il devrait ajouter son propre baiser à la liste de ses prétendants avant qu'elle ne s'allonge trop. Toya se fâcha contre eux, se grattant le cou.
Vous pourriez tous arrêter de dire n'importe quoi à mon sujet, merde ?!!!
Son cou était déjà tout rouge et Kyoko rigola. Elle savait que quand le cou de Toya commençait à le démanger ainsi, c'est parce qu'il pensait que quelqu'un était en train de parler de lui dans son dos et ça l'irritait au plus haut point.
Les doigts de Toya furent pris de spasmes lorsqu'il entendit Kyoko rigoler. Ce fut comme une décharge de plaisir à travers son corps et il se prit à souhaiter qu'elle le fasse plus souvent. Il regarda aux alentours et remarque que tout le monde avait finit de discuter. Satisfait de savoir qu'il n'était plus le sujet de discussion, il lâcha son cou.
Allez. Nous n'avons pas le temps de jouer. Nous devons arrêter Hyakuhei et récupérer les talismans avant qu'il ne le fasse.
Toya s'inclina devant Kyoko.
Allez, laisses les trouver leur propre chemin et toi tu voyages avec moi. Cela ira plus vite.
Il attendit que Kyoko lui grimpe sur le dos. Au moins, de cette façon, il n'aurait pas à entendre parler de ses rivaux. Kyoko sourit et grimpa sur son dos. Puis, elle l'enlaça et le serra légèrement pour lui faire savoir qu'elle était prête. Tourné dans la direction opposée afin que nul ne puisse le voir, Toya ferma les yeux en savourant le câlin qu'il venait de recevoir. Lorsqu'il les ouvrit de nouveaux, ses iris dorés scintillaient de petites lueurs argentées et il se mit en route à une vitesse égalant presque celle de son frère des vents, Kotaro.
Chapitre 3
«Mauvais baisers»
La brise refroidissait de minutes en minutes et Toya ralentit lorsqu'il détecta une aura maléfique au loin. Le sang de Kyoko se glaça dans ses veines lorsque cette sensation surnaturelle la submergea. Toya sauta depuis les hautes branches, s'arrêtant net au sommet d'une colline.
Elle se laissa glisser au sol alors que les autres ne tardèrent pas à apparaître à leur suite, les yeux rivés vers le lointain.
Kyoko regarda un nuage de mauvais augure flotter au dessus de la zone.
Je sens un talisman.
Elle secoua la tête.
Il n'y en a pas un seul, il y en a plus, dit-elle essoufflée.
Le mal qui entoure ces fragments est étouffant.
Suki arriva derrière Kyoko, ajustant la position de son arme sur son épaule pour y avoir plus facilement accès en cas de bataille.
Je me demande si c'est Hyakuhei que tu sens
Elle regarda Shinbe qui arrivait à leur niveau, son imperméable et sa longue chevelure bleu nuit flottant au vent qui était désormais en train de se lever.
Les yeux de Toya étaient concentrés et leur couleur était en train de virer à l'argent fondu. Sentant le danger proche d'eux, il regarda vers la gauche et balança son bras vers le sol. La lame métallique d'une dague apparut en un éclair dans sa paume.
Montre-toi salaud, je peux te sentir ! gronda Toya, se dressant devant Kyoko et les autres pour les protéger.
Le flanc de la colline et la vallée au pied baignaient dans la puanteur lourde du mal.
Une silhouette portant une tunique noire gonflée par le vent se matérialisa, comme sortie de nulle part, juste devant eux, les lèvres légèrement tordues comme dans un sourire diabolique.
Ainsi, tu as répondu à mon invitation
Kyoko frissonna d'horreur lorsque ses yeux sombres rencontrèrent les siens. Le souvenir de ce rêve qu'elle avait eu la nuit précédente lui revint comme une claque, la mettant mal à l'aise. Elle recula d'un pas, se dissimulant derrière Toya et jetant un oeil à Hyakuhei en avançant la tête à coté de son bras. Elle avait un mauvais pressentiment et était persuadée que la seule raison de sa présence était elle-même et les talismans qu'elle transportait.
Toya remarqua que l'attention d'Hyakuhei était concentrée sur Kyoko et il se sentit péter les plombs. Il gronda, agrippant la poignée de sa dague et bondissant en avant pour taillader l'ennemi. La cape noire voleta jusqu'au sol comme prévu. Il s'était douté qu'il s'agissait uniquement d'une des marionnettes d'Hyakuhei de toutes façons.
Auras-tu jamais l'audace de me faire réellement face ?! ragea Toya.
Les pouvoirs de la prêtresse mappartiendront, alors viens à moi
La voix glaciale d'Hyakuhei s'estompa lentement dans le vent.
Kyoko sentit la chair de poule lentement envahir son dos à ces mots d'Hyakuhei.
Venir à lui ? Il est barge ? murmura-t-elle se sentant la proie d'une affreuse couardise.
Toya se mit debout à ses côtés. Il savait que les gardiens étaient chargés d'empêcher le cristal de tomber dans de mauvaises mains mais il il n'aimait pas le fait que ça place Kyoko en position dangereuse. Hyakuhei avait tué tant d'innocents pour les talismans. Il mourrait avant de laisser Kyoko devenir une des victimes de cette guerre. Il la protégerait. Son besoin de protéger Kyoko était si fort que c'était devenu sa seule raison de vivre et là, tout de suite, il avait un mauvais pressentiment. Il pouvait entendre le cœur de Kyoko qui commençait à battre plus vite et sentir la peur venir d'elle comme par vagues. Toya regarda avec étonnement Kyoko se tourner vers lui avec un sourire figé.
Et bien, allons-nous aller chercher un autre talisman ?
Kyoko releva le menton avec défi en dépit de la peur qu'elle ressentait et redressa les épaules.
Toya regarda derrière elle et il pu voir que les autres aussi étaient prêts. Les autres les seuls personnes en qui il avait jamais eu confiance.
*****Hyakuhei regarda dans le miroir que son serviteur Yuuhi lui présentait. Le miroir des âmes qui lui permettait de surveiller chacun des mouvements de Kyoko. Cette fille était sa priorité pour le moment. Elle seule détenait le pouvoir de contrôler le Cristal du cœur du Gardien et il avait besoin de ce pouvoir. Mais il avait aussi besoin qu'elle l'aide à fusionner les talismans afin qu'il ne forment à nouveau plus qu'un. Pour ce faire, il devrait trouver un moyen de la faire venir à lui de son plein gré. Il la voulait pas morte mais plutôt, il la voulait à ses côtés.
Comme si il pouvait lire les pensées de son maître, Yuuhi s'exprima avec cette voix tranquille, sans émotion qui semblait être celle d'un enfant.