Le Réveil Du Vaillant - Морган Райс 4 стр.


« J'aimerais t'accompagner, aussi », déclara Anvin, sa voix lourde de culpabilité. « L'idée de ta traversée d'Escalon ne me plaît pas. » Il soupira. « Mais ton père a besoin de moi plus que jamais. Il m'a demandé de le rejoindre dans le sud. »

« Et moi », ajouta Arthfael. « Je voudrais me joindre à toi, aussi mais j'ai été assigné à joindre les hommes au sud. »

« Et je reste derrière pour garder Volis en son absence », ajouta Vidar.

Kyra fut touchée par leur soutien.

« Ne vous inquiétez pas », répondit-elle. « Je n'ai que trois jours de voyage devant moi. Je n'aurai pas de problème. »

« Tout ira bien », intervint Baylor, se rapprochant. « Et ton nouveau cheval va rendre cela possible. »

Avec cela, Baylor ouvrit toute grande la porte des écuries et ils le suivirent tous dans le bâtiment bas en pierres, l'odeur des chevaux lourde dans l'air.

Les yeux de Kyra s’ajustèrent lentement à la pénombre, comme elle le suivait, les écuries humides et fraîches, remplies du bruit des chevaux excités. Elle parcouru des yeux les stalles et vit devant elle des rangs des plus beaux chevaux qu'elle ait jamais vus, grands, forts, de superbes chevaux, noirs et bruns, chacun d'entre eux, un champion. C'était un coffre aux trésors.

« Les hommes du Seigneur réservaient le meilleur pour eux-mêmes », expliqua Baylor comme il descendait l'allée d’un air fanfaron, dans son élément. Il touchait un cheval ici et tapotait l'autre là et les animaux semblait prendre vie en sa présence.

Kyra marchait lentement, observant tout cela. Chaque cheval était comme une œuvre d'art, plus grand que la plupart des chevaux qu'elle avait vus, remplis de beauté et de puissance.

« Grâce à toi et à ton dragon, ces chevaux sont les nôtres maintenant », déclara Baylor. « Il est tout à fait approprié que tu fasses ton choix en premier. Ton père m'a ordonné de te laisser le premier choix, même avant lui. »

Kyra était bouleversée. Comme elle étudiait l'écurie, elle sentit un grand fardeau de responsabilité, sachant que c'était un choix qui ne lui serait offert qu'une fois dans sa vie.

Elle marcha lentement, faisant courir sa main le long de leurs crinières, sentant à quel point ils étaient doux et lisses, puissants, et elle n'avait aucune idée lequel choisir.

« Comment puis-je choisir? » demanda-t-elle à Baylor.

Il sourit et secoua la tête.

« J'ai dressé des chevaux toute ma vie », répondit-il, « j'en ai élevés, aussi. Et s'il y a une chose que je sais, c'est qu'il n'y a pas deux chevaux qui sont pareils. Certains sont élevés pour la vitesse, d'autres pour l'endurance; certains sont faits pour la force, tandis que d'autres sont faits pour transporter une charge. Certains sont trop fiers pour transporter quelque chose. Et d'autres, eh bien, d'autres sont faits pour la bataille. Certaines prospèrent dans des joutes en solo, d'autres veulent juste se battre, et d'autres encore sont créés pour le marathon de la guerre. Certains seront ton meilleur ami, d'autres vont se retourner contre toi. Ta relation avec un cheval est une chose magique. Ils doivent t'appeler à eux, et tu dois les appeler à toi. Choisis bien, et ton cheval sera toujours à ton côté, au moment de la bataille et en temps de guerre. Aucun bon guerrier n’est complet sans un bon cheval. »

Kyra marcha lentement, le cœur battant d'émotion, passant cheval après cheval, certains la regardant, certains regardant au loin, certains hennissant et piétinant avec impatience, d'autres encore se tenant immobiles. Elle attendait une connexion, et pourtant elle n'en sentait pas une. Elle était frustrée.

Puis, soudain, Kyra sentit un frisson lui parcourir l'échine, comme un éclair la traversant. Cela vint sous forme d'un son aigu retentissant dans les écuries, un son qui lui disait que cela était son cheval. Le son ne ressemblait pas à celui fait par un cheval – mais à celui émit par quelque chose de beaucoup plus sombre, plus puissant. Il coupa à travers le bruit et s'éleva au-dessus de tous les autres sons, comme un lion sauvage essayant de se libérer de sa cage. Le son la terrifiait – et l'attirait en même.

Kyra se tourna vers la source, à l'autre bout de l'écurie, et comme elle le faisait il y eut un fracas soudain de bois. Elle vit la stalle éclater en morceaux, le bois volant partout, et une commotion s'en suivit pendant que plusieurs hommes se précipitaient, en essayant de fermer la porte en bois brisée. Un cheval continuant à la briser avec ses sabots.

Kyra se précipita vers la commotion.

« Où vas-tu? » demanda Baylor. « Les beaux chevaux sont ici. »

Mais Kyra l'ignora, prenant de la vitesse, son cœur battant plus vite, comme elle s'approchait. Elle savait qu'il l'appelait.

Baylor et les autres se précipitèrent pour la rattraper alors qu'elle approchait du bout de l'allée, tourna et eut le souffle coupé à la vue devant elle. Il y avait là ce qui semblait être un cheval, mais deux fois la taille des autres, des jambes grosses comme des troncs d'arbres. Il y avait deux petites cornes acérées, à peine visibles derrière ses oreilles. Son pelage n'était pas brun ou noir comme les autres, mais d'un écarlate profond et ses yeux, contrairement aux autres, brillaient en vert. Ils la regardèrent directement, et l'intensité de son regard la frappa dans la poitrine, lui enlevant son souffle. Elle ne pouvait pas bouger.

La créature, qui la dominait, fit un bruit comme un grognement et révéla des crocs.

« Quel est ce cheval? » demanda-t-elle à Baylor, sa voix à peine plus qu'un murmure.

Il secoua la tête de désapprobation.

« Ce n'est pas un cheval », il fronça les sourcils, « mais une bête sauvage. Un monstre. Très rare. C'est un solzor. Importé des coins les plus reculés de Pandesia. Le Seigneur gouverneur doit l'avoir gardé comme un trophée à montrer. Il ne pouvait pas monter la créature – personne ne le pourrait. Les solzors sont des créatures sauvages, qui ne peuvent pas être apprivoisées. Viens – tu perds un temps précieux. Retournons aux chevaux. »

Mais Kyra se tint là, enracinée sur place, incapable de détourner le regard. Son cœur battait comme elle savait ce que cela signifiait pour elle.

« Je choisis celui-ci », dit-elle à Baylor.

Baylor et les autres en eurent le souffle coupé, tous la dévisageant comme si elle était folle. Un silence stupéfait suivi.

« Kyra », commença Anvin, « ton père ne permettrait jamais – »

« C'est mon choix, n'est-ce pas? » répondit-elle.

Il fronça les sourcils et mit les mains sur ses hanches.

« Ce n'est pas un cheval! » insista-t-il. « C'est une créature sauvage.»

« Il te tuerait plutôt », ajouta Baylor.

Kyra se tourna vers lui.

« N'était-ce pas toi qui m'a dit faire confiance à mes instincts? » demanda-t-elle. « Eh bien, c'est là où ils m'ont conduite. Cet animal et moi allons de pair. »

Le solzor leva soudainement ses immenses jambes, fracassa une autre porte en bois et envoyant des éclats partout et des hommes se recroqueviller. Kyra était émerveillée. Il était sauvage et indompté et magnifique, un animal trop grand pour ce lieu, trop grand pour la captivité, et de loin supérieur aux autres.

« Pourquoi devrait-elle l'avoir? » Brandon demanda, faisant un pas en avant et poussant les autres hors de son chemin. « Je suis plus vieux, après tout. Je le veux. »

Avant qu'elle ne puisse répondre, Brandon se précipita en avant comme pour le réclamer. Il se prépara à sauter sur son dos et le solzor résista sauvagement et le jeta par terre. Il vola à travers les écuries et s'écrasa contre le mur.

Braxton se précipita alors, comme s'il allait le revendiquer, lui aussi, et à ce moment la créature fit pivoter sa tête et trancha le bras de Brandon avec ses crocs.

Saignant, Brandon hurla et s'enfuit des écuries, serrant son bras. Braxton se remit sur ses pieds et le suivit, le solzor le manqunt juste comme il tentait de le mordre.

Kyra se tint, subjuguée, et pourtant sans peur. Elle savait que, pour elle, ce serait différent. Elle sentait une connexion avec cette bête, de la même manière qu'elle avait senti une connexion avec Théos.

Kyra s'avança tout à coup, hardiment, debout juste en face de lui, à portée de ses crocs meurtriers. Elle voulait montrer au solzor qu'elle lui faisait confiance.

« Kyra! » cria Anvin, sa voix pleine d'inquiétude. « Éloigne-toi! »

Mais Kyra l'ignora. Elle se tint là, à regarder la bête dans les yeux.

La bête la regarda en retour, un faible grognement venant de sa gorge, comme si elle débattait de ce qu'il fallait faire. Kyra tremblait de peur, mais elle ne voulait pas que les autres le voient.

Elle se força à montrer son courage. Elle leva une main lentement, fit un pas en avant, et toucha sa peau écarlate. Il gronda plus fort, montrant ses crocs, et elle pouvait sentir sa colère et frustration.

« Déverrouillez ses chaînes», commanda-t-elle aux autres.

« Quoi? » s'exclama l'un d'entre eux.

« Cela n'est pas sage », s'exclama Baylor, la peur dans sa voix.

« Faites ce que je dis! » insista-t-elle, sentant une force se lever en elle, comme si la volonté de cette bête affluait à travers elle.

Derrière elle, des soldats se précipitèrent avec des clés, déverrouillant ses chaînes. Pendant tout ce temps, les yeux en colère de la bête ne l'avaient jamais quittée, grondant, comme si elle la mesurait, la mettait au défi.

Dès que les chaînes lui furent enlevées, la bête piétina, comme si elle menaçait d'attaquer.

Mais, curieusement, elle ne le fit pas. Au lieu de cela, elle fixa Kyra, fixant ses yeux sur elle, et lentement son regard de colère sembla se transformer en un de tolérance. Peut-être même de gratitude.

Imperceptiblement, la bête sembla baisser la tête; c'était un geste subtile, presque imperceptible, mais un qu'elle pouvait déchiffrer.

Kyra s'avança, tint sa crinière, et dans un mouvement rapide monta l'animal.

Un hoquet de surprise remplit la salle.

Tout d'abord, la bête frissonna et commença à ruer. Mais Kyra sentit que c'était pour la galerie. Il n'avait pas vraiment envie de la désarçonner, il voulait juste établir sa défiance, montrer qui était en contrôle, la garder sur la pointe des pieds. Il voulait lui faire savoir qu'il était une créature de la nature, une créature à être apprivoisée par personne.

Je ne veux pas t'apprivoiser, dit-elle à elle dans son esprit. Je souhaite seulement être ta partenaire dans la bataille.

Le solzor se calma, caracolant toujours, mais pas aussi follement, comme s'il l'avait entendue. Bientôt, il cessa de bouger, parfaitement immobile sous elle, grognant en direction des autres, comme pour la protéger.

Kyra, assise sur le solzor, maintenant calme, regarda les autres. Une mer de visages choqués la regardaient, bouche bée.

Kyra sourit lentement, un large sourire, ressentant un grand sentiment de triomphe.

« Ceci », dit-elle, « est mon choix. Et son nom est Andor. »

*

Kyra montait Andor durant une promenade au centre de la cour d'Argos, et tous les hommes de son père, des soldats endurcis, s'arrêtèrent et la regardèrent dans la crainte tandis qu'elle passait. De toute évidence, ils n'avaient jamais vu quelque chose comme ça.

Kyra tenait sa crinière doucement, essayant de le calmer comme il grondait doucement à tous les hommes, les fusillant du regard, comme s'il menait une vendetta pour avoir été mis en cage. Kyra ajusta son équilibre, Baylor ayant mis une nouvelle selle de cuir sur l'animal, et essaya de s'habituer à chevaucher si haut. Elle se sentait plus puissante avec cette bête sous elle qu'elle ne l'avait jamais été.

À côté d'elle, Dierdre montait une belle jument que Baylor avait choisie pour elle, et elles continuèrent à travers la neige jusqu'à ce que Kyra repère son père au loin, debout près de la porte, qui l'attendait. Il se tenait avec ses hommes, attendant tous de la voir partir, et eux aussi, la regardaient avec peur et émerveillement, stupéfaits qu'elle puisse monter cet animal. Elle vit de l'admiration dans leurs yeux, et cela l'enhardit pour le voyage à venir. Si Théos ne lui revenait pas, au moins, elle avait cette magnifique créature sous elle.

Kyra démonta lorsqu'elle a atteint son père, guidant Andor par sa crinière et voyant l'étincelle d'inquiétude dans les yeux de son père. Elle ne savait pas si c'était à cause de cette bête ou du voyage à venir. Son regard d'inquiétude la rassura, lui fit comprendre qu'elle n'était pas la seule à craindre ce qui les attendait, et qu'il se souciait d'elle après tout. Pour un bref instant, il laissa tomber sa garde et lui lança un regard qu'elle seule pouvait reconnaître: l'amour d'un père. Elle pouvait dire qu'il se débattait avec sa décision de l'envoyer sur cette quête.

Elle s'arrêta à quelques pieds, en face de lui, et tout devint silencieux comme les hommes se rassemblaient autour d'eux pour observer l'échange.

Elle lui sourit.

« Ne t'inquiète pas, Père », dit-elle. « Tu m'as élevée pour être forte. »

Il hocha la tête en réponse, faisant semblant d'être rassuré et pourtant elle pouvait voir qu'il ne l'était pas. Il était encore et surtout, un père.

Il leva les yeux, cherchant le ciel.

« Si seulement ton dragon venait te voir maintenant », dit-il. « Tu pourrais traverser Escalon en quelques minutes. Ou mieux encore, il pourrait se joindre à toi dans ton voyage et incinérer tous ceux qui se mettraient dans ton chemin. »

Kyra sourit tristement.

« Théos est parti maintenant, Père. »

Il la regarda, les yeux émerveillés

« À jamais? » demanda-t-il, la question d'un chef de guerre menant ses hommes dans la bataille, ayant besoin de savoir, mais ayant peur de poser la question.

Kyra ferma les yeux et essaya de se mettre à l'écoute, d'obtenir une réponse. Elle voulait que Théos lui réponde.

Pourtant, il y avait un silence engourdissant. Cela lui fit se demander si elle avait jamais eu une connexion avec Théos pour commencer, ou si elle l'avait imaginée.

« Je ne sais pas, mon père », répondit-elle honnêtement.

Il hocha la tête, acceptant, le regard d'un homme qui avait appris à accepter les choses comme elles étaient et à compter sur lui-même.

« Rappelle-toi ce que je – » commença son père.

« KYRA! » un cri excité coupa à travers l'air.

Kyra se retourna tandis que les hommes se séparaient et son cœur se souleva de plaisir en voyant Aidan courir à travers les portes de la ville, Léo à ses côtés, sautant d'un chariot conduit par les hommes de son père. Il courut droit vers elle, trébuchant dans la neige, Léo encore plus vite, loin devant lui, et bondissant déjà dans les bras de Kyra.

Kyra rit comme Léo la renversait, debout sur sa poitrine et léchant encore et encore son visage. Derrière elle, Andor gronda, la protégeant déjà, et Léo se leva et lui fit face, grondant en retour. Ils étaient deux créatures intrépides, voulant la protéger autant l'un que l'autre et Kyra se sentait honorée.

Elle se leva et se tint entre eux, retenant Léo.

« Ça va, Léo », dit-elle. « Andor est mon ami. Et Andor », dit-elle, se retournant, « Léo est à moi, aussi. »

Léo recula à contrecœur, tandis Andor continuait à gronder, quoique moins fort.

« Kyra! »

Kyra se retourna comme Aidan courait dans ses bras. Elle se pencha et le serra fort contre elle tandis que ses petites mains l'agrippaient. Il était si bon d'embrasser son petit frère, qu'elle, elle était certaine, ne reverrait jamais. C'était tout ce qui restait de normalité dans le tourbillon que sa vie était devenue, la seule chose qui n'avait pas changé.

« J'ai entendu dire que tu étais ici », dit-il rapidement, « et j'ai convaincu quelqu'un de m'emmener avec eux pour te voir. Je suis tellement heureux que tu sois de retour. »

Elle sourit tristement.

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