Attendre - Блейк Пирс 7 стр.


— Y a-t-il autre chose que je devrais savoir, à part la possibilité qu’il ait effrayé la victime à mort ?

— Pas grand-chose, dit Riley. Sauf qu’il est...

Elle hésita, puis trouva le mot qu’elle cherchait…

— Sadique.

Tandis qu’ils roulaient en silence, Riley se souvint du spectacle du corps débordant de la civière. Elle éprouva un regain d’horreur à l’idée que la victime ait dû subir autant d’humiliation et d’indignité même dans la mort.

Elle se demanda quel genre de monstre pouvait souhaiter ça à qui que ce soit.

Aussi proche qu’elle se soit momentanément sentie du tueur, elle savait qu’elle ne pourrait ne serait-ce que commencer à comprendre le fonctionnement malade de son esprit.

Et elle était certaine qu’elle ne le souhaitait pas.

Mais qu’est-ce qui pouvait bien l’attendre encore d’ici la fin de cette affaire ?

Et qu’adviendra-t-il, après tout ça ?

C’est à ça que ma vie va ressembler ?

CHAPITRE HUIT

Bien que Riley et Crivaro entraient dans l’immeuble J. Edgar Hoover, propre et climatisé, elle sentait encore la laideur de la scène du crime s’accrocher à elle. C’était comme si l’horreur avait pénétré jusqu’aux pores de sa peau. Comment pourrait-elle un jour s’en débarrasser, tout spécialement de l’odeur ?

Pendant le trajet en voiture un peu avant, Crivaro avait assuré à Riley que l’odeur qu’elle avait remarquée dans le champ n’était pas celle du corps. Comme Riley l’avait deviné, c’était celle des ordures laissées par le carnaval. Janet Davis n’était pas morte depuis assez longtemps pour que son cadavre ne produise une odeur pareille, et les corps des amies assassinées de Riley lorsqu’elle les avait retrouvés à Lanton non plus.

Riley n’avait jusqu’alors pas senti l’odeur d’un cadavre en décomposition.

Crivaro avait dit une chose pendant qu’il conduisait...

Vous le saurez quand vous le sentirez.

Ce n’était pas quelque chose que Riley attendait avec impatience.

A nouveau, elle se demanda...

Mais qu’est-ce que je fais là ?

Crivaro et elle prirent l’ascenseur jusqu’à un étage occupé par des dizaines de laboratoires médico-légaux. Elle suivit Crivaro dans un couloir jusqu’à arriver devant une pièce avec une pancarte qui disait « CHAMBRE NOIRE ». Un jeune homme grand et aux cheveux longs se tenait debout, adossé à côté de la porte.

Crivaro et Riley se présentèrent au jeune homme, qui hocha la tête et dit…

— Je suis Charlie Barrett, technicien légiste. Vous arrivez juste à temps. Je fais une pause après avoir analysé les négatifs de l’appareil trouvé au parc Lady Bird Johnson. J’allais juste y retourner pour en développer quelques-unes. Entrez, entrez.

Charlie conduisit Riley et Crivaro dans un petit couloir baigné d’une lumière ambrée. Puis ils franchirent une deuxième porte vers une pièce inondée de la même lumière bizarre.

La première chose qui frappa réellement Riley, c’était l’odeur âcre et piquante des produits chimiques.

Curieusement, elle ne trouva pas cette odeur désagréable.

Au contraire, elle lui semblait presque...

Purifiante, réalisa Riley.

Pour la première fois depuis qu’elle avait quitté le champ où ils avaient trouvé le corps, cette odeur aigre et persistante de déchets avait disparu.

Même le sentiment d’horreur s’était un peu estompé, et les nausées de Riley avaient disparu.

Ce fut une véritable délivrance.

Riley regarda tout autour d’elle à travers la lumière tamisée et étrange, fascinée par tout l’équipement sophistiqué.

Charlie tendit une feuille de papier ornée de rangées d’images et l’examina dans la faible lumière.

— Voici les preuves, dit-il. On dirait que c’était une sacrée photographe. C’est dommage ce qui lui est arrivé.

Tandis que Charlie étalait des négatifs sur une table, Riley réalisa qu’elle n’avait jamais mis les pieds dans une chambre noire auparavant. Elle avait toujours apporté ses propres pellicules dans des boutiques pour les faire développer. Ryan et certains de ses amis avaient récemment acheté des appareils photo numériques, qui n’utilisaient pas du tout de film.

Le mari de Janet Davis avait dit à McCune que sa femme avait l’habitude d’utiliser ces deux types d’appareils. Elle avait tendance à utiliser un appareil photo numérique pour son travail professionnel. Mais elle considérait le travail qu’elle faisait dans le parc comme de la photographie d’art, et elle préférait les appareils argentiques pour cela.

Riley pensa que Charlie semblait aussi être un artiste, un véritable expert dans ce qu’il faisait. Ce qui l’amena à se demander...

Est-ce un art mourant ?

Est-ce qu’un jour, tout ce travail minutieux avec film, papier, instruments, thermomètres, minuteries, pipettes et produits chimiques pourrait prendre le chemin de celui du forgeron ?

Si c’était le cas, cela lui sembla plutôt triste.

Charlie commença à faire les tirages un par un en agrandissant d’abord le négatif sur un morceau de papier photographique, puis en trempant lentement le papier dans un bassin de liquide de développement, suivi d’autres trempages dans ce que Charlie appelait un « bain d’arrêt » et un « bain fixateur ». Puis vint un long rinçage au-dessus d’un évier en acier sous l’eau du robinet. Finalement, Charlie accrocha les photos à l’aide d’agrafes sur un support rotatif.

C’était un processus lent et silencieux. Le silence n’était interrompu que par les bruits de ruissellement du liquide, les bruits de pas et quelques mots prononcés de temps en temps dans ce qui semblait être des chuchotements presque révérencieux. Il n’était pas de bon ton de parler fort ici.

Riley trouva le calme et la lenteur presque sinistrement apaisants après le désordre bruyant sur les lieux du crime, lorsque les policiers s’efforçaient de tenir les journalistes à distance.

Elle regarda avec ferveur les images se révéler pendant plusieurs longues minutes, d’abord fantomatiques et indistinctes, puis finalement très claires et contrastées lorsqu’elles s’égouttaient, suspendue à leur support.

Les photographies en noir et blanc révélèrent une soirée tranquille et paisible dans le parc. L’une d’elles montrait une passerelle de bois s’étendant au-dessus d’un étroit passage d’eau. Une autre semblait tout d’abord représenter un groupe de mouettes qui s’envolaient, mais lorsque l’image devint plus nette, Riley se rendit compte que les oiseaux faisaient partie d’une grande statue.

Une autre photo montrait un obélisque de pierre taillée grossièrement avec le monument de Washington qui dominait au loin à l’arrière-plan. D’autres images montraient des sentiers réservés aux vélos et aux randonneurs qui traversaient des zones boisées.

Les photos avaient clairement été prises à l’approche du coucher du soleil, créant de douces ombres grises, des halos brillants et des silhouettes bien nettes. Riley pouvait voir que Charlie avait eu raison de dire de Janet Davis qu’elle avait été « une sacrée photographe ».

Riley perçut également que Janet connaissait bien le parc et avait choisi ses points de vue longtemps à l’avance, ainsi que l’heure de la journée, lorsque les visiteurs se faisaient rares Riley n’avait vu personne, sur aucune des photos. C’était comme si Janet avait eu le parc pour elle toute seule.

Enfin, quelques photos d’une marina, de ses quais, de ses bateaux et de l’eau assez chatoyante quand le soleil s’était enfin couché. La douce sérénité de la scène était vraiment tangible. Riley pouvait presque entendre le doux clapotis de l’eau et les cris des oiseaux, presque sentir la caresse de l’air frais sur sa joue.

Puis vint enfin une image beaucoup plus frappante.

C’était également une photo de la marina ; ou du moins Riley pensa qu’elle pouvait distinguer les formes des bateaux et des quais. Mais tout était flou, chaotique et confus.

Riley réalisa ce qui avait dû se passer au moment même où elle avait pris cette photo...

L’appareil lui a échappé des mains.

Un haut le cœur submergea Riley.

Elle savait que l’image avait capturé l’instant même où le monde de Janet Davis avait basculé à tout jamais.

En une fraction de seconde, la tranquillité et la beauté s’étaient transformées en laideur et en terreur.

CHAPITRE NEUF

Alors que Riley fixait l’image floue, elle pensa…

Qu’est-il arrivé ensuite ?

Après que l’appareil photo lui ait été arraché des mains, qu’était-il arrivé à cette femme ?

Qu’a-t-elle dû endurer ?

Avait-elle résisté à son agresseur jusqu’à ce qu’il la maitrise et la ligote ?

Est-elle restée consciente tout au long de son enlèvement ? Ou avait-elle été assommée juste à ce moment, quand la photo avait été prise ?

S’était-elle ensuite réveillée pour assister à l’horreur de ses derniers instants ?

Ça n’a pas peut-être aucune importance, pensa Riley.

Elle se souvint de ce que le médecin légiste avait dit au sujet de la probabilité que Janet soit morte d’une overdose d’amphétamines.

Si c’était vrai, elle était littéralement morte de peur.

Et à présent, Riley regardait le moment figé où cette terreur funeste avait vraiment commencé.

Elle frémit profondément à cette pensée.

Crivaro montra la photo et dit à Charlie…

— Agrandissez tout. Pas seulement celle-ci, toutes les photos, chaque centimètre carré.

Charlie se gratta la tête et demanda…

— Et on recherche quoi au juste ?

— Des gens, dit Crivaro. Tous les gens que vous pouvez trouver. Janet Davis semblait penser qu’elle était seule, mais elle avait tort. Quelqu’un l’attendait. Peut-être qu’elle l’a photographié sans s’en rendre compte. Si vous trouvez quelqu’un, faites un agrandissement aussi net que possible.

Bien qu’elle ne l’ait pas dit à voix haute, Riley était sceptique.

Charlie va-t-il trouver quelqu’un ?

Elle avait le sentiment que le tueur était beaucoup trop prudent pour se laisser photographier accidentellement. Elle doutait que même une fouille microscopique des photos puisse révéler la moindre trace de lui.

À cet instant, le téléphone de Crivaro bourdonna dans sa poche. Il dit…

— Ça doit être McCune.

Riley et Crivaro quittèrent la chambre noire et Crivaro se retira pour prendre l’appel. Il semblait excité par ce que McCune lui disait. Quand il termina sa conversation, il dit à Riley...

— McCune a localisé le magasin de costumes où Janet Davis a pris des photos. Il est en train de s’y rendre et nous demande de le rejoindra là-bas. Allons-y.

*

Quand Crivaro se gara devant le magasin appelé « Costume Romp », l’agent McCune était déjà là à attendre dans sa voiture. Il sortit et rejoignit Riley et Crivaro alors qu’ils approchaient du magasin. Pour Riley, la devanture du magasin faisait penser à première vue à une boutique un peu modeste. Les vitrines avant étaient remplies de costumes, les incontournables vampires et autres momies, mais également des costumes d’époques fantaisistes. Il y avait aussi un costume de l’Oncle Sam pour le 4 juillet prochain.

Lorsqu’elle emboita le pas à Crivaro et McCune pour rentrer, Riley fut surprise par l’immensité de l’intérieur tout en longueur et en brique, rempli de présentoirs chargés de ce qui semblait être plusieurs centaines de costumes, masques et perruques.

La vue de tant de fantaisie coupa le souffle de Riley. Les costumes représentaient des pirates, des monstres, des soldats, des princes et des princesses, des animaux sauvages et domestiques, des extraterrestres et tout autre personnage qu’elle pouvait imaginer.

Riley n’en croyait pas ses yeux. Après tout, Halloween n’arrive qu’une fois par an. Y avait-il vraiment un marché toute l’année pour tous ces costumes ? Si oui, qu’est-ce que les gens pouvaient bien faire de tous ces costumes ?

Beaucoup de fêtes costumées, je suppose.

Il lui vint à l’esprit qu’elle ne devrait pas s’en étonner, compte tenu des horreurs qu’elle commençait à découvrir. Dans un monde où de telles choses horribles se produisaient, il n’y avait rien d’étonnant à ce que les gens veuillent s’évader dans des mondes féeriques.

Il n’était pas non plus surprenant qu’une photographe talentueuse comme Janet Davis aimait prendre des photos ici, au milieu d’un si riche éventail d’images. Nul doute qu’elle utilisait de véritables pellicules ici, pas un appareil photo numérique.

Les masques et les costumes de monstre rappelèrent à Riley une émission de télévision qu’elle avait appréciée au cours des quelques dernières années ; l’histoire d’une adolescente qui combattait et éliminait vampires et toutes sortes de démons.

Dernièrement, cependant, Riley avait trouvé ce spectacle moins attrayant.

Après avoir découvert ses propres capacités à pénétrer l’esprit d’un tueur, la saga d’une fille dotée de superpouvoirs et des super-devoirs qui allaient avec semblait maintenant un peu trop près de sa réalité pour être divertissante.

Riley, Crivaro et McCune regardèrent partout autour sans voir personne.

McCune appela…

— Bonjour, il y a quelqu’un ?

Un homme sortit de derrière l’un des portants à costumes.

— Comment puis-je vous aider ? demanda-t-il.

L’homme était doté d’une silhouette saisissante. Il était grand et extrêmement mince, portait un T-shirt à manches longues imprimé pour ressembler à un smoking. Il portait aussi les fameuses lunettes « Groucho », celle avec un énorme nez blanc, des lunettes à monture noire, des sourcils touffus et une moustache.

Évidemment quelque peu déconcertés, Crivaro et McCune sortirent leurs insignes et expliquèrent à l’homme qui ils étaient, eux et Riley.

Ne semblant d’aucune façon surpris d’une visite du FBI, l’homme se présenta comme étant Danny Casal, le propriétaire de la boutique.

— Appelez-moi Danny, leur dit-il.

Riley s’attendait à le voir enlever ses lunettes. Mais en y regardant de plus près, elle réalisa…

Ce sont des lunettes de vue.

Elles avaient des verres remarquablement épais. Danny Casal portait apparemment ces lunettes tout le temps, et serait certainement totalement myope sans elles.

McCune ouvrit une pochette.

— Nous avons les photos de deux femmes, dit-il. Nous aimerions savoir si vous aviez déjà vu l’une d’entre elle.

Les sourcils, le faux nez et la moustache rebondirent de haut en bas alors qu’il hocha la tête. Riley fut frappée par le fait qu’un homme à l’air si sérieux puisse porter un accoutrement de la sorte.

McCune sortit une photo et la brandit à la vue du propriétaire du magasin.

Danny regarda la photo à travers ses lunettes.

— Ce n’est pas une cliente régulière, je ne peux pas garantir qu’elle ne soit jamais venue, mais je ne la reconnais pas.

— Vous en êtes sûr ? demanda McCune.

— Pas mal sûr, oui.

— Est-ce que le nom de Margo Birch vous dit quelque chose ?

— Euh, peut-être quelque chose aux infos. Je n’en suis pas certain.

McCune sortit une nouvelle photo de sa pochette.

— Et cette femme ? Nous avons des raisons de penser qu’elle est déjà venue dans votre boutique prendre des photos.

Riley, aussi, regarda la photo attentivement. Ça devait être Janet Davis. C’était la première fois qu’elle voyait son visage vivant, non peint, souriant, heureux et inconscient du sort terrible qui l’attendait.

— Ah oui, fit Casal. Elle était encore ici il n’y a pas si longtemps que ça. Janet quelque chose.

— Davis, ajouta Crivaro.

— C’est ça, répondit Casal d’un signe de tête. Une gentille dame. Un bel appareil photo aussi, je suis moi-même un passionné de photographie. Elle m’a proposé de payer pour prendre des photos ici, mais je n’ai pas accepté son argent. J’étais flatté qu’elle trouve mon magasin digne de son intérêt.

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