Avant Qu’il Ne Chasse - Блейк Пирс 6 стр.


Jack laissa échapper un sifflement et haussa les épaules. « Et bien, j’ai déjà du mal à me rappeler les corps sur lesquels j’ai travaillé durant ma dernière année de service – et ça ne remonte qu’à deux ans. Alors, dix-sept ans, ça risque d’être plus difficile. »

« C’était une affaire d’une certaine importance, » dit-elle. « Un policier… un détective, en fait. Un homme du nom de Benjamin White. C’était mon père. Il a été tué d’une balle… »

« D’une balle dans la nuque, » dit Jack. « Avec un Beretta 92, si ma mémoire ne me fait pas défaut. »

« Exactement. »

« Oui, celui-là, je m’en rappelle. Et… et bien, je suppose que je suis enchanté de vous connaître. Désolé pour votre père, bien entendu. »

Bernice soupira et s’avança en direction des escaliers. Elle sourit sur un air d’excuse et fit un petit signe d’au revoir à Mackenzie en partant.

Jack sourit à sa femme au moment où elle se dirigea vers les escaliers. Quand le bruit des ses pas eut disparu, Jack regarda en direction de son établi. « Je vous serrerais bien la main mais… et bien, je ne suis pas sûr que vous le vouliez. »

« La taxidermie paraît un hobby tout à fait approprié pour un homme avec votre carrière professionnelle, » dit Mackenzie.

« Ça fait passer le temps. Et les revenus extra sont également bienvenus. Enfin… je m’éloigne du sujet. Que voulez-vous savoir concernant l’enquête sur Ben White ? »

« Franchement, je cherche quoi que ce soit qui sorte de l’ordinaire. J’ai lu les rapports au moins une cinquantaine de fois, je crois. Je les connais sur le bout des doigts. Mais je suis aussi consciente qu’il y a souvent de minuscules détails qui ne sont remarqués que par une ou l’autre personne – des détails qui ne semblent pas valoir la peine d’être inclus sur le moment – qui ne se retrouvent pas dans le rapport officiel. C’est ce genre de choses que je recherche. »

Jack prit un moment pour y réfléchir mais à l’air de déception qui se peignait sur son visage, Mackenzie en conclut qu’il ne voyait rien en particulier. Après quelques instants, il secoua la tête. « Désolé. Mais du point de vue du corps en lui-même, il n’y avait rien qui sorte de l’ordinaire. Manifestement, les causes du décès étaient évidentes. Et à part ça, il avait un corps sain et en bonne santé. »

« Alors pourquoi vous en souvenez-vous aussi bien ? »

« À cause de la nature même de l’affaire. J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Votre père était un policier respecté. Quelqu’un est entré dans votre maison, lui a tiré une balle dans la nuque et est parvenu à ressortir sans que personne ne le voit. Un Beretta 92 n’est pas particulièrement bruyant mais assez pour réveiller une maisonnée. »

« Ça m’a réveillée, » dit Mackenzie. « Ma chambre se trouvait directement à côté de la sienne. J’ai entendu le coup de feu mais je ne savais pas ce que c’était. Puis j’ai entendu des bruits de pas et quelqu’un passer devant ma chambre. La porte de ma chambre était fermée, quelque chose que je ne faisais jamais enfant. Je laissais toujours une fente. Mais quelqu’un l’avait fermée. La même personne, j’imagine, qui a tué mon père. »

« C’est vrai. C’est vous qui avez découvert le corps, n’est-ce pas ? »

Elle hocha la tête. « Et c’était à peine deux ou trois minutes après le coup de feu. C’est le temps que ça m’a pris pour réaliser qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. C’est à ce moment-là que je suis sortie de mon lit et que je suis allée dans la chambre de mes parents. »

« Comme je vous le disais… j’aurais aimé pouvoir vous en apprendre davantage. Et veuillez me pardonner de vous dire ça, mais il y a quelque chose dans la version officielle qui ne tient pas la route. Est-ce que vous avez parlé de tout ça avec votre mère ? »

« Non, pas en détails. Nous ne sommes pas vraiment les meilleures amies du monde. »

« Elle était dévastée les jours précédant l’enterrement. Personne ne pouvait lui adresser la parole. Elle passait des sanglots à une rage folle en une fraction de seconde. »

Mackenzie hocha la tête mais resta silencieuse. Elle se rappelait très bien les accès de rage de sa mère. C’était l’une des raisons principales de son admission ultérieure dans un hôpital psychiatrique.

« Est-ce qu’il y a eu une sorte de confidentialité impliquée au moment où le corps est arrivé à la morgue ? » demanda-t-elle.

« Pas que je me rappelle. Rien de louche, d’après ce que je sais. C’était juste un autre cadavre qui nous était livré. Mais vous savez… je me rappelle d’un policier qui était tout le temps présent. Il était avec eux quand le corps est arrivé et il est resté pendant tout un temps à proximité du bureau médical, comme s’il attendait quelque chose. Je suis presque certain de l’avoir également vu à l’enterrement. Benjamin White était un type respecté… particulièrement par les autres policiers. Mais celui-là… il était là tout le temps. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il est resté un peu longtemps à l’enterrement, comme s’il avait besoin d’être seul pour assimiler l’information. Mais bon, ça date d’il y a longtemps. Dix-sept ans, ça fait un bail. Les souvenirs commencent un peu à faillir quand on arrive à mon âge. »

« Est-ce que vous vous rappelez le nom de ce policier ? » demanda-t-elle.

« Non. Mais je suis presque certain qu’il a signé quelques paperasseries à un moment donné. Peut-être que si vous parvenez à obtenir les dossiers originaux ? »

« Peut-être, » dit Mackenzie.

Il dit la vérité et il est désolé pour moi, pensa Mackenzie. Il n’y a rien de plus à apprendre ici… à moins que je veuille me mettre à la taxidermie.

« Merci pour le temps que vous m’avez consacré, monsieur Waggoner, » dit-elle.

« Pas de problèmes, » dit-il, en la raccompagnant à l’étage. « J’espère vraiment que vous parviendrez à élucider cette affaire. J’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de pas net dans tout ça. Et bien que je ne connaisse pas vraiment bien votre père, je n’ai toujours entendu que de bonnes choses à son sujet. »

« Merci, » dit Mackenzie.

Elle le remercia une dernière fois et sortit de la maison. Elle fit un signe d’au revoir à Bernice qui s’occupait de nouveau des mauvaises herbes et elle entra dans sa voiture. Il était quinze heures mais elle avait l’impression qu’il était bien plus tard que ça. Elle supposa que le vol de Washington jusqu’au Nebraska, suivi par six heures de route, commençaient tout doucement à l’affecter.

Mais il était trop tôt pour finir journée. Elle se dit qu’elle pourrait terminer par une visite à l’endroit où elle avait toujours pensé qu’elle finirait, bien qu’elle n’y ait jamais mis les pieds : le commissariat de Belton.

CHAPITRE HUIT

Le commissariat de Belton lui rappelait le commissariat où elle avait passé bien trop de temps en tant que policier et détective avant d’entrer au FBI. L’endroit était plus petit mais lui donnait la même sensation de suffoquer. C’était comme si elle avait fait un énorme pas en arrière dans son passé.

Après avoir suivi la femme de la réception à travers un espace central, Mackenzie se dirigea vers une petite pièce à l’arrière de l’édifice. Une pancarte à côté de la porte indiquait qu’il s’agissait là de la salle des archives. C’était presque consternant de constater combien le processus avait été nonchalant. Elle avait montré son badge à la femme de la réception, qui avait ensuite passé un coup de fil, reçut l’autorisation et l’avait amenée jusque là.

Et c’était tout. En chemin vers la salle des archives, seulement deux policiers lui adressèrent un signe de tête et la regardèrent d’un air interrogateur, mais rien de plus. Personne ne l’arrêta ni ne lui demanda ce qu’elle faisait là. Et franchement, c’était tant mieux. Moins elle aurait de distractions, plus vite elle pourrait sortir d’ici.

La salle des archives consistait en une petite table en chêne au centre de la pièce, entourée de deux chaises. Le reste de la salle était occupé par des armoires de classement rangées contre les murs. Certains étaient anciens et abîmés, d’autres étaient plus neufs. Elle fut surprise de constater combien les dossiers étaient bien organisés. Les plus vieilles armoires contenaient des dossiers datant de 1951. Par curiosité et afin de mieux apprécier la qualité du classement, elle ouvrit l’un de ces tiroirs et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Des documents, des dossiers usés et d’autres éléments y étaient soigneusement rangés, bien que l’odeur de vieux papier et la couche de poussière indiquent clairement qu’ils n’avaient pas été consultés depuis très longtemps.

Elle referma le tiroir et examina les étiquettes placées sur les armoires jusqu’à ce qu’elle trouve celle dont elle avait besoin. Elle ouvrit le tiroir et se mit à fouiller dans les dossiers. L’avantage d’être policier dans une aussi petite ville, c’était qu’il n’y avait en général pas beaucoup d’enquêtes par an. Quand elle avait commencé à faire des recherches sur la mort de son père, elle avait découvert que, l’année de sa mort, il n’y avait eu que deux homicides dans toute la région de Belton.

C’est pourquoi il lui fut très facile de retrouver le dossier concernant son père. Elle le sortit et fronça les sourcils quand elle constata combien il semblait peu étoffé. Elle regarda même dans le tiroir pour vérifier si elle n’y avait pas laissé un autre dossier, mais il n’y avait rien d’autre.

Se contentant dès lors de ce mince dossier, Mackenzie s’assit à la petite table au centre de la pièce et commença à le feuilleter. Il y avait plusieurs photos de la scène de crime, qu’elle avait déjà eu l’occasion de voir. Elle parcourut également les notes concernant l’enquête. Elle les avait également déjà lues auparavant ; elle en avait même des photocopies dans sa propre collection de rapports sur cette affaire. Mais le fait de voir les documents originaux – de les tenir en main – rendait l’affaire encore plus réelle, d’une certaine manière.

Il y avait quelques documents dans le dossier dont elle n’avait pas de photocopies personnelles. Parmi ceux-ci, se trouvait une copie du rapport du médecin légiste, signé en bas par Jack Waggoner. Elle le parcourut, fut satisfaite par le rapport et les notes, et continua à la page suivante. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle cherchait mais il n’y avait rien de neuf pour l’instant. Mais quand elle arriva à l’arrière du dossier, elle tomba sur la page deux du rapport final, où une note maintenait que l’affaire n’était pas résolue.

Au bas, il y avait deux signatures griffonnées à côté du nom imprimé de chaque policier. L’un était Dan Smith, l’autre Reggie Thompson.

Mackenzie retourna au rapport du médecin légiste pour vérifier le nom des officiers qui y avaient signé. Il n’y avait qu’un seul nom : Reggie Thompson. Le nom de Thompson apparaissant sur les deux documents était un bon indicateur qu’il devait s’agir du policier qui semblait avoir plané au-dessus de l’enquête, même au bureau du médecin légiste.

Elle feuilleta à nouveau le dossier pour s’assurer que rien ne lui avait échappé. Mais comme elle s’y attendait, il n’y avait rien de plus. Elle remit le dossier en place dans l’armoire et quitta la pièce. Elle retraversa le couloir en prenant son temps. Elle regarda les noms indiqués sur les pancartes accrochées à côte de chacune des portes. La plupart des portes étaient ouvertes mais il n’y avait personne à l’intérieur des bureaux. Ce ne fut qu’au moment d’arriver presque au bout du couloir, vers la pièce centrale et la réception, qu’elle trouva un bureau occupé par quelqu’un.

Elle frappa à la porte à moitié ouverte et une voix enjouée lui répondit par un « Entrez ».

Mackenzie entra et fut accueillie par une femme rondelette assise derrière un bureau. Elle était occupée à taper quelque chose sur son ordinateur et regarda Mackenzie tout en continuant.

« Je peux vous aider ? » demanda la femme.

« Je cherche un policier du nom de Reggie Thompson, » dit Mackenzie.

Apparemment, cette question parvint à attirer l’attention de la femme. Elle arrêta de taper sur son clavier et regarda Mackenzie avec un froncement de sourcils. Sachant ce qui allait suivre, Mackenzie lui montra son badge et se présenta.

« Oh, je vois, » dit la femme. « Dans ce cas, je suis désolée de vous apprendre que l’officier Thompson a pris sa retraite l’année dernière. Il est resté aussi longtemps qu’il a pu, mais il a fini par devoir arrêter. On lui a diagnostiqué un cancer de la prostate. D’après ce que j’en sais, il est parvenu à le vaincre mais il ne s’en est pas sorti indemne. »

« Vous savez s’il accepte des visites ? J’aurais aimé lui poser quelques questions concernant une affaire sur laquelle il a travaillé dans le passé. »

« Je suis presque certaine qu’il adorerait ça, en fait. Il appelle le commissariat au moins une fois par semaine pour avoir des nouvelles… pour savoir quelles sont les affaires en cours. Mais si j’étais vous, j’attendrais demain. D’après ce que sa femme m’a raconté, il en fait de trop le matin et en début d’après-midi, et à quinze heures, il n’a en général plus d’énergie. »

« J’attendrai demain, alors, » dit Mackenzie. « Je vous remercie du conseil. »

Mackenzie quitta le commissariat avec le même manque d’énergie qu’elle avait ressenti en y entrant. Au final, elle n’y avait passé qu’une demi-heure et bien qu’il lui reste encore une bonne partie de l’après-midi à sa disposition, elle se sentait fatiguée. Et puisque Reggie Thompson préférait avoir des visites le matin, ça ne lui laissait pas beaucoup d’autres options.

Elle quitta le commissariat et se dirigea vers le motel. En chemin, son téléphone sonna et elle fut contente de voir que c’était Ellington. Bien qu’ils ne soient pas techniquement en dispute, c’était tout de même étrange d’être en désaccord avec lui.

Il fait ce qui est juste, se dit-elle. Laisse-le un peu tranquille.

Elle décrocha rapidement avec un : « Salut, comment ça va ? »

« J’ai parlé avec au moins une douzaine de vagabonds aujourd’hui. J’ai une toute autre vision de ce qu’ils ont à endurer mais j’en suis aussi arrivé à la conclusion qu’ils ne sont pas les sources les plus fiables d’informations. Et toi ? »

« Je fais des progrès, » dit-elle, bien qu’elle ait l’impression que ce soit un mensonge. « J’ai parlé avec quelques personnes du coin qui m’ont donné leur perception de l’affaire – des rumeurs de petite ville vraiment, mais il y a en général toujours un fond de vérité dans tout ça. J’ai parlé avec le médecin légiste qui s’est occupé du corps de papa, puis je suis passée par le commissariat pour consulter les dossiers. J’y ai trouvé le nom d’un policier qui semble avoir été particulièrement attaché à l’enquête et je vais lui parler demain. »

« Tu en as certainement fait beaucoup plus que moi, » dit-il. « Tu penses rester encore combien de temps ? »

« Je ne sais pas. Ça dépend de ce qui va se passer demain – tant ici qu’à Omaha. Quel est l’état d’esprit là-bas ? »

Ellington hésita avant de répondre. « Pour être tout à fait honnête, c’est tendu. Penbrook est fâché que tu aies tout simplement décidé de partir aussi loin. Il essaie d’être aussi utile qu’il le peut, mais il me fait comprendre de manière très claire qu’il n’est pas content. »

« Et toi ? »

« Je pense toujours la même chose qu’hier. J’aimerais être là-bas avec toi… ou que tu sois toujours ici. Mais diviser pour mieux régner était le meilleur choix à faire. Je pense que même Penbrook s’en rend compte. Mais pour être tout à fait honnête, ici à Omaha, ils sont plutôt d’avis que tu utilises ça comme une excuse pour faire une visite à ta ville natale et à ton passé. »

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