Avant qu’il ne pèche - Блейк Пирс 4 стр.


« Bonne question. Je pensais commencer avec la famille du père Costas. Il n’y a pas grand-chose dans le dossier. Alors, je pense… »

Elle fut interrompue par la sonnerie du téléphone d’Ellington. Il l’attrapa rapidement et fronça les sourcils en jetant un coup d’œil à l’écran. « C’est McGrath, » dit-il avant de décrocher.

Mackenzie écouta la conversation d’Ellington, sans pouvoir comprendre dans son entièreté ce qui était dit. Après moins d’une minute, Ellington raccrocha et remit son téléphone en poche.

« Et bien, » dit-il. « On dirait que tu vas devoir rendre visite à la famille Costas toute seule. McGrath m’a demandé de rentrer pour un boulot concernant une affaire sur laquelle il a été plutôt mystérieux. »

« Ce qui veut probablement dire qu’il s’agit d’un travail fastidieux, » dit Mackenzie. « Quelle chance ! »

« Tout de même… c’est bizarre qu’il me retire aussi vite de cette affaire alors que nous n’avons encore aucune piste. Ça doit sûrement dire qu’il a subitement toute confiance en toi. »

« Et pas toi ? »

« Tu sais ce que je veux dire, » dit Ellington, en souriant.

Mackenzie avala une autre gorgée de son café, un peu contrariée de se rendre compte qu’il était déjà terminé. Elle jeta la tasse dans la poubelle et rassembla les dossiers et son téléphone, prête pour la prochaine étape. Mais elle se rendit d’abord au comptoir afin de commander un autre café avant de partir.

Ça allait apparemment être une très longue journée. Et sans Ellington pour la maintenir en alerte, elle allait définitivement avoir besoin d’un café.

Mais en même temps, de longues journées amenaient en général des pistes – de la productivité. Et si tout allait comme Mackenzie le souhaitait, elle trouverait l’assassin avant qu’il n’ait même eu le temps de planifier un autre meurtre.

CHAPITRE QUATRE

Après avoir déposé Ellington sur le parking des bureaux du FBI (et après un baiser rapide mais passionné avant de partir), Mackenzie se rendit en direction de l’église catholique du Cœur Béni. Elle ne s’attendait pas à y trouver grand-chose, alors elle ne fut pas déçue de voir que c’était exactement ce qui l’attendait.

Les portes avaient été remplacées mais elles étaient des répliques exactes de celles qu’elle avait vues sur les photos de la scène de crime. Elle monta les escaliers, qui étaient bien plus raffinés et ornés que ceux de l’église presbytérienne, et se dirigea vers les nouvelles portes. Puis elle leur tourna le dos et regarda en direction de la rue. Elle ne put s’empêcher de se demander s’il y avait un symbolisme supplémentaire dans le fait de clouer des hommes aux portes d’entrée d’une église.

Peut-être qu’ils sont supposés regarder en direction de quelque chose en particulier, pensa Mackenzie. Mais tout ce qu’elle put voir fut des voitures garées, quelques piétons et des panneaux de signalisation.

Elle regarda par terre, près de l’embrasure des portes. Elle y vit quelques petites taches qui pourraient être n’importe quoi. Mais elle avait déjà vu cette couleur auparavant – la couleur du sang une fois séché sur du béton de couleur claire.

Elle regarda de nouveau en direction des escaliers et essaya d’imaginer un homme y traîner un cadavre. Ça n’avait pas dû être une tâche aisée, c’est sûr. Bien sûr, elle n’avait pas la certitude que Costas soit mort au moment où il avait été cloué à la porte, mais cela semblait être l’hypothèse qui tenait le plus la route.

Alors qu’elle se tenait devant les doubles portes et regardait autour d’elle, elle se remémora les faits repris dans le dossier. Le même type de clous a été utilisé ici et à l’église presbytérienne. La seule lésion similaire sur les deux corps est une large entaille qui leur traversait le front – peut-être une allusion à la couronne d’épines portée par le Christ.

Se représenter une vision aussi horrible sur le perron où elle se trouvait était difficile à imaginer. En général, les gens ne pensaient pas à la mort et au sang quand ils se tenaient devant les portes d’une église.

Et peut-être que c’est justement ça, le but. Peut-être que ça a un lien avec le mobile de l’assassin.

Ayant la sensation d’être peut-être sur une piste, Mackenzie redescendit les escaliers en direction de la rue. Ça lui faisait bizarre de continuer sans Ellington à ses côtés, mais au moment où elle se retrouva dans la voiture, toutes ses pensées étaient de nouveau concentrées sur l’enquête.

***

Pour la seconde fois aujourd’hui, Mackenzie entra dans une maison remplie de gens. Le père Costas vivait dans une jolie maison en briques à un étage, en périphérie du centre-ville. Une femme lui ouvrit la porte et se présenta comme une paroissienne du Cœur Béni. Elle guida Mackenzie dans un petit boudoir et lui demanda de patienter un instant.

Quelques minutes plus tard, une femme plus âgée entra dans la pièce. Elle avait l’air épuisé et profondément triste. Elle prit place dans un fauteuil en face du divan orné où Mackenzie s’était assise.

« Je suis vraiment désolée de vous déranger, » dit Mackenzie. « Je n’avais aucune idée que vous auriez autant de visiteurs. »

« Je ne m’y attendais pas non plus, » dit la femme. « Mais l’enterrement a lieu ce soir et il y a tous ces gens qui arrivent d’un peu partout. Des membres de la famille, des connaissances, des proches de l’église. » Elle fit ensuite une grimace fatiguée et continua : « Je suis Nancy Allensworth, la secrétaire de la paroisse. On m’a dit que vous étiez du FBI ? »

« Oui, madame. Et au risque de vous troubler encore un peu plus, il faut que je vous dise qu’un autre corps a été retrouvé ce matin, traité de la même façon que le père Costas. Il s’agit du révérend d’une petite église presbytérienne près de Georgetown. »

Nancy Allensworth mit la main devant la bouche, l’air effaré. « Mon dieu, » dit-elle. Puis, à travers ses larmes et les dents serrées, elle dit, « À quoi ce monde de fous en est-il arrivé ? »

Faisant de son mieux pour continuer sans perdre une minute, Mackenzie poursuivit. « Évidemment, nous avons des raisons de croire que cela pourrait à nouveau arriver puisque c’est déjà arrivé deux fois. Alors, le temps nous est compté. J’espérais que vous pourriez répondre à quelques-unes de mes questions. »

« Je peux essayer, » dit-elle, bien qu’il fût évident qu’elle avait du mal à contrôler ses émotions.

« Vu que le Cœur Béni est une église relativement importante, je me demandais s’il y avait éventuellement quelqu’un de la congrégation qui aurait une quelconque plainte ou réclamation à l’encontre du père Costas. »

« Pas que je sache. Mais bien sûr, il ne faut pas oublier que beaucoup de personnes se confiaient à lui pour confesser leurs péchés ou pour apaiser une forme de malaise spirituel dans leurs vies. »

« Est-ce qu’il y a quoi que ce soit durant ces dernières années qui aurait pu déplaire à quelqu’un ? Quoi que ce soit qui ait pu contrarier une personne qui avait auparavant une haute opinion du père Costas ? »

Nancy baissa les yeux en direction de ses mains. Elle les tordait nerveusement sur ses genoux, essayant d’éviter qu’elles ne tremblent. « Je suppose que oui, mais c’était avant que je ne commence à travailler ici. Il y a eu une histoire, il y a environ une dizaine d’années, dévoilée par l’un des journaux locaux. Un des adolescents qui faisait partie d’un mouvement de jeunesse accusa le père Costas d’avoir abusé sexuellement de lui. C’était très explicite. Il n’y a jamais eu aucune preuve et franchement, il est impossible que le père Costas ait pu faire ce genre de choses. Mais une fois que ce genre d’histoire arrive et que ça concerne quelqu’un faisant partie de l’église catholique, c’est en général considéré comme vrai. »

« Quelles en furent les conséquences ? »

« D’après ce qu’on m’a dit, il a reçu des menaces de mort. La fréquentation de l’église baissa de quinze pourcents. Il commença à recevoir des emails indésirables remplis de pornographie homosexuelle. »

« Est-ce qu’il a conservé ces emails ? » demanda Mackenzie.

« Pendant un temps, » dit Nancy. « Il a fait appel à la police mais ils ne sont jamais parvenus à établir une quelconque connexion. Vu qu’il était clair qu’ils ne pourraient rien faire de plus, il les a tous effacés. Je ne les ai jamais vus personnellement. »

« Et concernant cet adolescent qui a porté ces accusations ? Si vous pouviez nous donner son nom, nous pourrions aller lui rendre visite. »

Nancy secoua la tête, les yeux remplis de larmes. « Il s’est suicidé un peu plus tard cette année-là. Il y avait une note à côté du corps où il avouait qu’il était homosexuel. Ça a été un autre coup dur pour le père Costas car l’histoire semblait encore plus plausible. »

Mackenzie hocha la tête, se demandant quelles autres pistes elle pourrait explorer. Elle savait bien sûr qu’essayer d’obtenir ce genre d’informations d’une personne en plein deuil était difficile. Et quand tu y ajoutais une épreuve dans le passé avec cette histoire qui pouvait ou non contenir une partie de vérité, ça devenait encore plus compliqué. Elle supposait qu’elle pourrait essayer d’obtenir plus d’informations concernant ce jeune homme qui avait porté plainte et fini par se suicider. Mais elle pouvait tout aussi bien trouver cette information par elle-même et laisser cette pauvre femme se préparer pour l’enterrement du père Costas.

« Et bien, madame Allensworth, je vous remercie pour le temps que vous m’avez consacré, » dit Mackenzie, en se levant. « Mes plus sincères condoléances pour votre perte. »

« Dieu vous bénisse, » dit Nancy. Elle se mit également debout et accompagna Mackenzie à travers la maison jusqu’à la porte d’entrée.

Une fois à la porte, Mackenzie donna à Nancy une carte de visite avec son nom et son numéro de téléphone. « Je sais que c’est une période extrêmement difficile pour vous, » dit Mackenzie. « Mais s’il y a quoi que ce soit qui vous revienne à l’esprit dans les prochains jours, n’hésitez pas à m’appeler. »

Nancy prit la carte sans dire un mot et la glissa dans sa poche. Puis elle s’éloigna, luttant visiblement pour réprimer ses sanglots, et ferma la porte.

Mackenzie retourna en direction de sa voiture, en sortant son téléphone. Elle appela l’agent Harrison qui décrocha directement.

« Tout va bien ? » lui demanda-t-il.

« Je ne sais pas encore, » dit-elle. « Pourrais-tu me rendre un service et faire des recherches concernant une affaire datant d’il y a dix ans concernant une accusation d’abus sexuel à l’encontre du père Costas, portée par un jeune moniteur d’un mouvement de jeunesse ? J’aimerais avoir le plus de détails possibles. »

« Bien sûr. Tu penses que ça pourrait être une piste ? »

« Je ne sais pas, » dit-elle. « Mais je pense qu’un jeune homme qui accuse d’abus sexuels un prêtre qui finit par être cloué à la porte de son église, vaut la peine d’y regarder de plus près. »

« Oui, ça tient la route, » dit Harrison.

Elle raccrocha, hantée à nouveau par des images du Tueur Épouvantail et du Nebraska. Elle avait déjà eu affaire auparavant à des assassins qui étaient motivés par des raisons religieuses. Et une chose qu’elle savait à leur sujet, c’est qu’ils pouvaient être imprévisibles et très déterminés. Elle n’allait prendre aucun risque et elle comptait bien explorer chaque piste.

Au moment où elle entra dans sa voiture, elle réalisa qu’un garçon abusé sexuellement semblait vraiment être une piste solide. De plus, à part lui, la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de retourner aux bureaux du FBI et voir ce qu’elle pourrait trouver dans les dossiers, en espérant que le médecin légiste puisse lui apporter de nouvelles informations.

Elle savait aussi que pendant qu’elle restait à ne rien faire, en attendant une quelconque nouveauté sur l’enquête, l’assassin pouvait très bien être occupé à planifier son prochain meurtre.

CHAPITRE CINQ

L’horloge du tableau de bord de sa voiture indiquait 15h08 quand le pasteur sortit de l’église.

Il regarda le pasteur de loin à travers le pare-brise. Il savait que l’homme était un saint ; sa réputation était sans tache et son église avait été bénie. Il n’empêche que c’était plutôt décevant. Il trouvait que les hommes saints devraient avoir un signe distinctif pour les différencier du commun des mortels. Un peu à la manière de ce grand cercle doré qui entourait la tête de Jésus sur certaines peintures religieuses anciennes.

Il gloussa à cette pensée. Il vit le pasteur aller à la rencontre d’un autre homme devant une voiture près de l’église. Cet autre homme était une sorte d’assistant. Il avait déjà vu cet assistant auparavant et il ne présentait aucun intérêt à ses yeux. Il était placé bien trop bas dans la hiérarchie de l’église.

Non, il était bien plus intéressé par le pasteur qui dirigeait l’endroit.

Il ferma les yeux pendant que les deux hommes parlaient. Dans le silence de sa voiture, il se mit à prier. Il savait qu’il pouvait prier n’importe où et que Dieu l’entendrait. Il savait depuis longtemps que Dieu se fichait bien de l’endroit où il se trouvait au moment de prier ou de confesser ses péchés. Il n’était pas nécessaire d’être dans un édifice énorme et orné de manière criarde. En fait, la Bible disait même que de telles demeures étaient un affront à Dieu.

Une fois qu’il eut terminé de prier, il pensa à ce morceau d’écriture. Il le marmonna à haute voix, sur un ton lent et rêche.

« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. »

Il regarda de nouveau en direction du pasteur qui s’éloignait maintenant de l’homme et se dirigeait vers une autre voiture.

« Hypocrite, » dit-il. Le ton de sa voix était un mélange de venin et de tristesse.

Il savait également que la Bible mettait en garde contre l’invasion de faux prophètes à la fin des temps. C’était après tout la raison pour laquelle il s’était attelé à sa tâche actuelle. Les faux prophètes, les hommes qui parlaient de glorifier Dieu tout en gardant un œil sur le plateau de collecte qui passait dans l’assemblée – ces mêmes hommes qui prêchaient la sanctification et la pureté tout en reluquant de jeunes garçons d’un air lubrique – c’était les pires de tous. Ils étaient pires que les dealers de drogue et les meurtriers. Ils étaient pires que les violeurs et les plus pitoyables pervers qui couraient les rues.

Tout le monde savait. Mais personne ne faisait rien.

Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce qu’il entende Dieu lui parler, lui dire de rectifier la situation.

C’était sa tâche de débarrasser ce monde de ces faux prophètes. C’était une tâche sanguinaire mais c’était la volonté de Dieu. Et c’était tout ce qu’il avait besoin de savoir.

Il regarda à nouveau en direction du pasteur qui entrait dans sa voiture et quittait les lieux.

Il attendit un moment avant de s’avancer également dans la rue. Il ne suivit pas le pasteur de trop près et garda une distance de sécurité.

Quand il s’arrêta à un feu rouge, il entendit à peine le son venant de son coffre, au moment où plusieurs de ses clous industriels s’entrechoquèrent dans leur caisse.

CHAPITRE SIX

Elle marche en direction de l’église, la lune projette une ombre de son corps sur le trottoir, ressemblant à un insecte allongé – une mante religieuse ou un mille-pattes peut-être. Le son d’une cloche résonne, une grande cloche en haut de la cathédrale, appelant tous les fidèles à la prière, à venir chanter les louanges de Dieu.

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