Avant qu’il ne pèche - Блейк Пирс 6 стр.


McGrath hocha la tête. C’était une idée, bien sûr, mais il était clair que ça prendrait pas mal de temps.

« Et vous, White ? » demanda-t-il.

« J’irai voir les familles et les collègues, » dit-elle. « Dans une église de la taille de la Parole Vivante, il doit bien y avoir quelqu’un qui ait une idée de la raison pour laquelle une telle chose ait pu arriver à Woodall. »

McGrath frappa bruyamment des mains et se pencha en avant. « Bonne idée, » dit-il. « Alors, mettez-vous au travail. Et appelez-moi toutes les heures, compris ? »

Yardley et Harrison hochèrent de la tête. Harrison ferma son ordinateur portable et se leva. Au moment où ils se dirigeaient vers la sortie, Mackenzie resta un peu en retrait. Quand Yardley eut refermé la porte derrière eux, laissant Mackenzie et McGrath seuls dans la pièce, elle se retourna vers lui.

« Quoi d’autre ? » demanda McGrath.

« Simple curiosité, » dit-elle. « L’agent Ellington aurait été très utile sur cette affaire. Où a-t-il été envoyé ? »

McGrath bougea de manière inconfortable sur sa chaise et regarda brièvement par la fenêtre de son bureau, vers l’obscurité matinale qui s’étendait à l’extérieur.

« Et bien, avant que je ne l’envoie sur cette autre affaire, je n’avais bien entendu aucune idée que cette enquête allait aussi mal tourner. Quant à l’endroit où il se trouve actuellement, avec tout le respect que je vous dois, ce n’est pas vos affaires. »

« Avec le même respect que je vous dois, » répondit-elle, en faisant de son mieux pour ne pas avoir l’air sur la défensive, « vous m’avez retiré un partenaire avec lequel je travaille de manière vraiment très efficace, ce qui me laisse toute seule pour élucider cette affaire. »

« Vous n’êtes pas toute seule, » dit McGrath. « Harrison et Yardley sont des agents plus qu’efficaces. Maintenant… s’il vous plaît, agent White. Remettez-vous au boulot. »

Elle eut envie d’insister mais elle se ravisa. La dernière chose dont elle avait besoin, c’était que McGrath soit fâché sur elle. La pression était déjà à son paroxysme et il était bien trop tôt dans la journée pour devoir affronter un chef mécontent.

Elle hocha brièvement de la tête et sortit du bureau. Mais au moment de se diriger vers les ascenseurs, elle sortit son téléphone. Il était trop tôt pour appeler Ellington, alors elle opta pour un message.

J’espère que tout va bien, écrivit-elle. Appelle ou envoie un message quand tu peux.

Elle envoya le message au moment d’entrer dans l’ascenseur. Elle descendit jusqu’au garage où sa voiture l’attendait. Dehors, il faisait encore noir – le genre d’obscurité qui semblait capable de dissimuler n’importe quel secret.

CHAPITRE HUIT

Mackenzie prit un café en route et retourna en direction de l’église de la Parole Vivante. Elle savait qu’il s’agissait d’une importante église qui comptait beaucoup de membres et que ça pourrait prendre une éternité pour identifier une personne parmi son personnel ou parmi la congrégation qui pourrait avoir des informations à lui offrir. Mais elle se disait que si la nouvelle avait commencé à se propager, il y avait de grandes chances que les personnes les plus proches du pasteur Woodall soient déjà à l’église – peut-être déjà occupées à installer un petit monument commémoratif ou juste pour être plus près de Dieu dans leur deuil.

Son intuition avait vu juste. Quand elle arriva sur la scène de crime, Woodall avait été retiré des portes. Et bien qu’il y ait encore quelques policiers locaux et des membres du FBI sur place, il y avait aussi d’autres personnes qui s’étaient regroupées derrière la bande jaune délimitant la scène de crime, le long du bord de l’allée en béton qui menait aux portes d’entrée.

Quelques-uns d’entre eux pleuraient ouvertement. D’autres se tenaient dans les bras les uns des autres. Elle remarqua un homme seul, avec le regard détourné de la scène. Sa tête était baissée et ses lèvres bougeaient légèrement pendant qu’il priait. Mackenzie lui laissa le temps de terminer sa prière avant de s’approcher de lui. Au moment où elle se retrouva tout près de lui, elle remarqua un air de colère sur son visage.

« Excusez-moi, monsieur, » dit-elle. « Est-ce que vous auriez un moment à me consacrer ? » Elle finit sa question en montrant son badge et en se présentant.

« Oui, » dit l’homme. Il cligna des yeux et se les frotta, comme s’il essayait de se débarrasser du manque de sommeil ou d’un mauvais rêve. Puis il offrit sa main et dit, « Je suis Dave Wylerman. Je dirige le département de musique de l’église. »

« Il y a un département de musique ? »

« Oui. Nous avons un ensemble alterné d’environ quatorze musiciens qui forment trois groupes de louange. »

« Alors vous avez travaillé étroitement avec le pasteur Woodall dans le passé ? »

« Oh oui, tout à fait. Je me réunis avec lui au moins deux fois par semaine. Et en-dehors de ça, il est devenu un ami de la famille, de ma femme, de mes enfants et de moi-même durant ces dix dernières années. »

« Est-ce que vous avez une idée de qui aurait pu être capable de faire une chose pareille ? Quelqu’un qui pourrait avoir une forme de grief ou de rancune à l’encontre du pasteur Woodall ? »

« Et bien, c’est une grande église. Et je ne pense pas qu’il y ait qui que ce soit qui travaille ici qui connaisse chacune des personnes qui assistent au service. Mais pour ma part, non, il n’y a personne qui me vienne en tête qui puisse être autant en colère sur lui pour faire quelque chose comme ça… »

L’obscurité matinale avait jusqu’alors dissimulé les larmes de Dave Wylerman mais quand il la regarda dans les yeux, elles devinrent bien visibles. Il avait l’air troublé, comme s’il avait envie d’ajouter quelque chose mais qu’il ne savait pas comment le faire.

« Est-ce qu’on pourrait parler un moment en privé ? » demanda Mackenzie.

« Oui. »

Elle lui fit signe de la suivre. Elle s’éloigna de l’entrée en béton de l’église et retourna en direction de sa voiture. Elle ouvrit la portière passager pour le laisser entrer, se disant que ça pourrait lui faire du bien de s’asseoir et de se relaxer. Elle prit place derrière le volant et quand elle ferma sa portière, elle remarqua que Wylerman luttait pour ne pas perdre ses moyens.

« Est-ce que le reste du personnel de l’église a été informé ? » demanda Mackenzie.

« Non, juste les doyens, moi-même, et quelques autre proches du pasteur Woodall. Mais la nouvelle se répand et j’imagine que tout le monde sera au courant d’ici une heure. »

Tant mieux, pensa Mackenzie. Au moins ils recevront personnellement la nouvelle d’une personne qu’ils connaissent au lieu d’en entendre parler par les médias.

« Et bien, j’ai peut-être tort, » dit-elle, « mais j’ai l’impression que vous étiez un peu troublé tout à l’heure quand nous étions près de l’église. Est-ce qu’il y a quelque chose que vous aviez envie de me dire mais dont vous ne vouliez pas parler devant les autres ? »

« Et bien, comme vous le savez, nous avons de nombreux fidèles. Chaque dimanche, en comptant les deux services, il y a environ entre cinq mille et sept mille personnes qui y assistent. Et avec un groupe aussi important, nous avons besoin que quelques doyens s’occupent des affaires de l’église. Et ici, à la Parole Vivante, nous en avons six – enfin, nous en avions six. L’un d’entre eux avait commencé à susciter quelques inquiétudes parmi les autres avant qu’il ne parte. Je ne pense pas que c’est le genre d’homme à faire une chose pareille mais… je ne sais pas. Certaines des choses qu’il insinuait… ça nous a tous pris au dépourvu. D’autres doyens… des employés… »

« Comment s’appelle-t-il ? »

« Eric Crouse. »

« Et quel genre de choses ? » demanda Mackenzie.

« Il n’arrêtait pas de débiter que les choses laissées dans l’ombre finiraient par sortir à la lumière et combien cette lumière pouvait être aveuglante. Qu’être brûlé par la lumière était peut-être exactement ce dont avait besoin l’église de la Parole Vivante. »

« Et ça faisait combien de temps qu’il se comportait de cette façon ? »

« Je dirais pendant un mois environ. D’après ce que j’ai compris, il est parti de son propre chef il y a environ deux semaines mais les autres doyens et le pasteur Woodall avait déjà envisagé avant ça de lui demander de partir. Le fait est que tout ce qu’Eric disait était correct du point de vue des écritures. Des paroles dites par Jésus, des choses auxquelles la plupart des gens qui assistent à notre service croient. Mais… et je sais que ça va vous paraître stupide… c’était la manière dont il disait ces choses. Vous savez ? Comme s’il avait une idée en tête. En outre, il n’avait jamais parlé de cette manière auparavant. Bien sûr, c’était un doyen mais pas du genre à débiter les écritures ou commencer à faire des discours sur l’enfer et la damnation. »

« Alors, si vous ne pensez pas qu’il soit capable d’un meurtre, pourquoi le mentionnez-vous ? Était-ce juste le changement soudain de personnalité qui a inquiété tout le monde ? »

Wylerman haussa les épaules. « Non. Certaines personnes ont commencé à remarquer qu’Eric faisait tout son possible pour éviter les réunions ou les petits groupes quand le pasteur Woodall allait en faire partie. Ils n’avaient jamais été les meilleurs amis du monde mais ils avaient toujours eu de bons rapports. Puis, tout d’un coup, quand il a commencé à parler de cette lumière brillant dans l’obscurité, il a aussi commencé à prendre ses distances par rapport au pasteur Woodall. »

« Et vous dites qu’il a quitté l’église il y a deux semaines ? »

« Oui, à quelques jours près. Je ne sais pas s’il se rend maintenant dans une autre église ou ce qu’il fait. Et ce qui est bizarre, c’est qu’on dirait qu’Eric connaissait l’emploi du temps du pasteur Woodall. Il venait juste de rentrer d’une retraite il y a quelques jours. »

« Une retraite ? »

« Oui, c’est un petit voyage qu’il fait deux fois par an. Sur une île vraiment tranquille au large de la côte de Floride. »

« Et ça faisait combien de temps qu’il était rentré ? » demanda Mackenzie.

« Lui et sa femme sont rentrés il y a cinq jours. »

Mackenzie réfléchit pendant un instant à ce qu’il venait de dire, le répertoriant dans sa mémoire. Puis elle revint sur le sujet de l’homme que Wylerman avait mentionné – le doyen, Eric Crouse.

« Est-ce que vous savez où vit Eric Crouse ? » demanda-t-elle.

« Oui. J’ai été chez lui quelques fois pour des petits groupes de prière. »

Mackenzie n’était pas sûre de savoir pourquoi, mais il y avait quelque chose dans tout ça qui la mettait mal à l’aise. Le timing par rapport au moment où Eric Crouse a quitté la Parole Vivante était presque parfait pour le genre de suspect qu’elle recherchait. Imaginer cet homme en deuil prier à l’unisson avec un homme qui pourrait être responsable de trois meurtres en quelques jours était plutôt perturbant.

« Pourriez-vous m’indiquer comment m’y rendre ? »

« Bien sûr, » dit Wylerman, « mais je préférerais vraiment que vous ne lui disiez pas que c’est moi qui vous ai donné cette information… ou qui que ce soit d’autre de la Parole Vivante, d’ailleurs. »

« Bien sûr, » dit-elle.

Un peu à contrecœur, Wylerman lui donna les indications nécessaires pour arriver jusqu’à la maison d’Eric Crouse. Mackenzie les introduisit dans son téléphone, tout en remarquant que, bien que Wylerman ait été en conversation avec elle, ses pensées continuaient à être tournées vers ses amis en deuil qui se trouvaient près de l’église. Il regardait d’ailleurs dans leur direction à l’instant présent, essuyant des larmes de ses yeux en les regardant à travers la fenêtre du côté passager.

« Merci pour le temps que vous m’avez consacré, monsieur Wylerman, » dit Mackenzie.

Wylerman hocha la tête sans dire un mot de plus. Puis, il sortit de la voiture. Il baissa la tête avant même d’avoir rejoint la petite foule de personnes. Elle pouvait voir qu’il tremblait. Elle n’avait jamais compris comment les gens pouvaient avoir une foi profonde en un Dieu invisible, mais elle respectait le sens de la communauté qui était manifeste parmi ceux qui partageaient une même croyance. Elle était vraiment désolée pour Dave Wylerman en ce moment, ainsi que pour tous ceux qui assistaient au service de la Parole Vivante. Elle pensa au vide qu’ils allaient ressentir dimanche matin.

Motivée par ce sentiment de sympathie, Mackenzie sortit du parking de l’église et se dirigea vers l’Ouest, vers ce qui semblait être la première piste solide de cette affaire.

CHAPITRE NEUF

Il était 6h40 quand elle arriva devant la maison d’Eric Crouse. Elle se trouvait dans un quartier nanti où les maisons étaient plus importantes que les jardins, chaque maison étant collée l’une contre l’autre. Le garage était fermé, rendant impossible de savoir s’il y avait quelqu’un à la maison – mais vu l’heure matinale, elle supposa qu’il devrait y avoir quelqu’un pour lui ouvrir la porte.

Au moment où elle se dirigeait vers l’entrée, Mackenzie se dit qu’elle aurait dû s’arrêter quelque part pour prendre un autre café. Il était difficile de croire qu’il n’était pas encore sept heures du matin. Elle fit de son mieux pour effacer le manque de sommeil de son visage au moment où elle sonna à la porte de la résidence des Crouse. Elle entendit tout de suite des bruits de pas de l’autre côté de la porte. Quelques instants plus tard, la porte s’entrouvrit et une femme jeta un œil par l’embrasure.

« Puis-je vous aider ? » demanda la femme, sur un ton visiblement méfiant.

« Oui, » dit Mackenzie. « Et je vous prie de m’excuser pour l’heure matinale mais c’est urgent. Je suis l’agent Mackenzie White du FBI. Je voudrais parler à Eric Crouse. »

La femme ouvrit lentement la porte. « C’est mon mari. Il… et bien, il a reçu de terribles nouvelles ce matin. J’imagine que c’est la raison de votre présence ? Au sujet du meurtre de ce matin ? »

« Oui, » dit-elle. « Alors, si je pouvais lui parler… »

« Bien sûr, » dit la femme. « Venez, entrez. »

Mackenzie fut accueillie à l’intérieur de la maison par l’odeur de bacon et de café fraîchement infusé. La maison des Crouse était jolie mais pas de manière excessive. Elle avait de hauts plafonds, des moulures, des planchers en bois, des comptoirs en granit et un espace bar dans la cuisine. La femme l’accompagna jusqu’à une grande table dans la cuisine ; c’était le genre de cuisine qui servait également de salle à manger. Un homme et un garçon d’environ dix ans étaient assis à la table. Le garçon mangeait un bol de céréales tandis que l’homme sirotait un café en lisant quelque chose sur un ordinateur portable.

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