Avant qu’il ne voie - Блейк Пирс 4 стр.


« Et comment le sais-tu ? » demanda Mackenzie, préoccupée.

Ellington haussa les épaules et eut un sourire en coin. « Je garde un œil sur toi depuis que tu es arrivée ici. C’est un peu devenu mon hobby. Je t’ai recommandée, alors ma carrière est aussi un peu en jeu. Tes performances impressionnent tous les gens qui comptent vraiment. À ce stade, ce n’est vraiment plus qu’une formalité. À moins que tu parviennes à échouer totalement ces dernières huit semaines, je dirais que tu fais déjà partie du Bureau. »

Il prit une profonde inspiration et se prépara à continuer.

« Ce qui nous amène à la raison pour laquelle je voulais te parler. L’agent Bryers se trouve dans une situation un peu délicate et pourrait avoir besoin de ton aide. Mais je vais le laisser te l’expliquer. »

Bryers avait toujours l’air incertain concernant la situation. Ça se traduisait même dans la manière qu’il eût de reposer sa tasse de café et d’attendre quelques secondes avant de commencer à parler.

« Et bien, comme l’agent Ellington vous le disait, vous avez vraiment impressionné les personnes qui comptent. Durant ces deux derniers jours, votre nom m’a été présenté à trois reprises. »

« À quel sujet ? » demanda-t-elle un peu nerveusement.

« Je suis pour l’instant sur une affaire qui a amené l’agent qui était mon partenaire depuis treize ans à quitter le Bureau, » expliqua Bryers. « Il est proche de l’âge de la retraite de toutes façons, alors ce n’est pas vraiment une surprise. J’adore ce gars comme si c’était mon frère, mais il en a assez. Il en a vu de trop durant ses vingt-huit ans de service en tant qu’agent et il ne voulait pas d’un autre cauchemar qui le poursuive jusqu’à la retraite. Du coup, ça laisse une possibilité ouverte pour qu’un nouveau partenaire prenne sa place. Ce ne serait pas permanent – juste le temps de clôturer l’affaire qui nous occupe. »

Mackenzie sentit son coeur battre d’excitation et elle sut qu’elle devait se contrôler avant que son besoin de plaire et d’impressionner ne prenne le dessus. « C’est pour ça que mon nom vous a été présenté ? » demanda-t-elle.

« C’est ça, » dit Bryers.

« Mais il doit y avoir d’autres agents avec de l’expérience et qui pourraient mieux convenir que moi, non ? »

« Il y a probablement des agents qui conviendraient mieux, » dit Ellington sur un ton neutre. « Mais, autant qu’on puisse en juger, cette affaire a beaucoup de similarités avec celle du tueur épouvantail. Ça, plus le fait que ton nom apparaît régulièrement, fait que nos supérieurs pensent que tu es la candidate parfaite. »

« Mais je ne suis pas encore agent, » dit Mackenzie. « Je veux dire par là, qu’avec ce que vous me dites, pouvez-vous vraiment vous permettre d’attendre huit semaines ? »

« On n’attendrait pas, » dit Ellington. « Et au risque de paraître prétentieux, ce n’est pas une offre que le Bureau ferait à n’importe qui. Une opportunité comme celle-là – et bien, je suis sûr que tous ceux qui étaient en cours tout à l’heure avec toi sauteraient dessus. C’est tout à fait contraire aux règles et quelques personnes importantes ont décidé de regarder ailleurs. »

« Ça paraît vraiment… contraire à l’éthique, » dit Mackenzie.

« Ça l’est, » dit Ellington. « C’est même techniquement illégal d’une certaine manière. Mais on ne peut pas ignorer les similarités entre cette affaire et celle que tu as résolue au Nebraska. Soit on fait discrètement tout de suite appel à toi, soit on attend encore trois ou quatre jours en espérant trouver un nouveau partenaire à l’agent Bryers. Et le temps joue contre nous. »

Elle avait bien sûr envie de sauter sur l’occasion, mais tout était trop rapide. C’était précipité.

« Est-ce que je peux y réfléchir ? » demanda-t-elle.

« Non, » dit Ellington. « En fait, après cette réunion, je vais envoyer tous les dossiers de l’affaire à ton appartement pour que tu les révises. Je te laisse quelques heures pour que tu prennes connaissance du dossier et je te contacterai à la fin de la journée pour avoir ta réponse. Mais, Mackenzie… Je te recommande vivement d’accepter. »

Elle savait déjà qu’elle accepterait mais elle n’avait pas envie d’avoir l’air trop impatiente ou prétentieuse. En plus, il y avait un certain degré de nervosité qui commençait à s’installer en elle. C’était vraiment une opportunité énorme. Et pour qu’un agent aussi expérimenté que Bryers ait envie de son aide… et bien, c’était tout simplement incroyable.

« Pour te donner une idée générale, » dit Bryers, en se penchant au-dessus de la table et en baissant le son de sa voix. « Pour l’instant, nous avons retrouvé deux corps dans la même décharge. Les victimes étaient toutes les deux de jeunes femmes – l’une avait vingt-deux ans, l’autre dix-neuf. Elles ont été retrouvées nues et couvertes de bleus. Le corps le plus récent montrait des signes d’attouchements mais aucune trace de fluides corporels n’a été retrouvée. Les corps ont été retrouvés à un intervalle de deux mois et demi mais le fait qu’ils aient été trouvés dans la même décharge avec le même type de bleus… »

« Ce n’est pas une coïncidence, » dit Mackenzie, en y réfléchissant.

« Non, probablement pas, » dit Bryers. « Alors dis-moi… imaginons que ce soit ton affaire. Tu viens juste de la recevoir. Quelle serait la première chose que tu ferais ? »

La réponse lui vint à l’esprit en moins de trois secondes. Et lorsqu’elle la formula, elle se sentit glisser dans une sorte de vide – un endroit où elle savait qu’elle avait raison. Si elle avait eu un quelconque doute concernant le fait d’accepter ou pas cette affaire, il disparut au moment où elle donna sa réponse.

« Je commencerais par la décharge, » dit-elle. « Je voudrais voir la zone de mes propres yeux. Je voudrais également parler avec les membres de la famille. Est-ce que ces femmes étaient mariées ? »

« Celle de vingt-deux ans, » dit Ellington. « Elle était mariée depuis seize mois. »

« Alors oui, » dit Mackenzie. « Je commencerais par la décharge et j’irais parler avec le mari. »

Ellington et Bryers échangèrent un regard entendu. Ellington hocha la tête et pianota des doigts sur la table. « Alors, tu acceptes ? » demanda-t-il.

« J’accepte, » dit-elle, incapable de contenir plus longtemps son enthousiasme.

« Super, » dit Bryers. Il sortit un trousseau de clés de sa poche et le fit glisser à travers la table. « Pas besoin de perdre plus de temps. On y va. »

CHAPITRE TROIS

Il était treize heures trente-cinq quand ils atteignirent la décharge. Les trente degrés de chaleur intensifiaient la puanteur qui y régnait et le bruit des mouches était si intense qu’il résonnait telle une musique bizarre. Mackenzie avait conduit pendant que Bryers la mettait au courant des détails de l’affaire, depuis le siège passager.

Au moment où ils sortirent de voiture et s’approchèrent du dépotoir, Mackenzie pensait avoir une idée assez précise au sujet de Bryers. Il était dans l’ensemble un type du genre réglo. Et bien qu’il ne le dise pas, il était extrêmement nerveux par le fait qu’ils soient embarqués ensemble sur cette affaire, même si la hiérarchie avait approuvé ce choix les yeux fermés. Ça se trahissait dans la manière dont il se tenait et dans les coups d’oeil fugaces qu’il lui jetait de temps à autre.

Mackenzie marcha lentement pendant que Bryers se dirigeait vers les grandes poubelles vertes. Il s’en approcha comme si cet endroit lui était vraiment familier. Elle dut se rappeler qu’il était déjà venu auparavant sur ce site. Il savait à quoi s’attendre et en comparaison, elle se sentit comme une débutante – ce qu’elle était en fait.

Elle prit un moment pour observer l’endroit, vu qu’elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’étudier des dépotoirs de près dans le passé. L’endroit où ils se trouvaient actuellement – la partie de la décharge qui était ouverte au trafic – n’était rien d’autre qu’un dépotoir. Six bennes à ordures en métal était alignées, placées dans un espace vide du terrain. Derrière le dépotoir, elle put voir la zone en contrebas où les camions à ordures venaient chercher leur charge. Pour arriver à cette zone où se trouvait la plupart des bennes à ordures, la route d’accès traversait une colline bien entretenue. La zone où elle se trouvait actuellement avec Bryers, en constituait le sommet, et la route à travers la décharge continuait en suivant les courbes de la colline pour permettre aux voitures de rejoindre un chemin qui connectait à l’autoroute, située derrière les bennes à ordures.

Mackenzie observa le sol à ses pieds. À l’endroit où elle se tenait, il se limitait à de la terre battue qui menait à une zone recouverte de graviers, puis à du goudron de l’autre côté des poubelles. Elle était debout sur la partie en terre battue et regardait les traces de pneus incrustées au sol. L’enchevêtrement des innombrables traces allait rendre très difficile l’identification d’une empreinte fiable. Il avait fait chaud et sec dernièrement ; la dernière pluie datait d’il y avait une semaine et ça n’avait été qu’une faible bruine. Le sol asséché allait rendre la tâche encore plus difficile.

Se rendant compte qu’obtenir des empreintes pertinentes dans ce fouillis allait probablement être mission impossible, elle rejoignit Bryers près de la poubelle où il se tenait.

« Le corps a été retrouvé dans cette poubelle, » dit Bryers. « La police scientifique a déjà pris des échantillons de sang et relevé les empreintes. La victime s’appelait Susan Kellerman, vingt-deux ans, résidant à Georgetown. »

Mackenzie hocha de la tête, sans rien dire. Au moment où elle jetait un coup d’œil à l’intérieur de la poubelle, elle décida de changer son approche dans l’observation des lieux. Elle travaillait maintenant avec le FBI, alors elle pouvait se permettre de sauter quelques étapes. Elle n’allait pas perdre son temps à analyser ce qui était évident. Ceux qui l’avaient précédée ici – y compris probablement Bryers – avaient déjà fait le travail de terrain. Alors Mackenzie essaya plutôt de concentrer son attention sur les aspects obscurs… sur les choses qui pourraient ne pas avoir été remarquées.

Après avoir observé quelques minutes la zone environnante, Mackenzie considéra qu’elle savait tout ce qu’il y avait à savoir. Et pour l’instant, ce n’était pas grand-chose.

« Alors dis-moi, » dit Bryers. « À ton avis, quelle peut être la raison pour laquelle le tueur abandonne ses victimes ici ? »

« Je ne pense pas que ce soit par souci de commodité, » dit Mackenzie. « Je pense qu’il essaie de ne pas prendre de risque. Il abandonne ses victimes ici car il veut s’en débarrasser. Je parierais également qu’il habite à proximité… à pas plus de trente à cinquante kilomètres de distance. Je ne pense pas qu’il ferait de longs trajets juste dans le but de se débarrasser d’un corps… tout spécialement de nuit. »

« Pourquoi de nuit ? » demanda Bryers.

Mackenzie savait qu’il la testait et ça ne la dérangeait pas. Vu l’opportunité incroyable qui lui avait été offerte, elle s’attendait un peu à devoir faire ses preuves.

« Car il est presqu’impératif qu’il vienne de nuit pour abandonner un cadavre. Le faire de jour serait stupide, avec tous les travailleurs présents sur le site. »

« Donc tu penses qu’il est intelligent ? »

« Pas forcément. Il est prudent et vigilant. Mais ça ne veut pas dire qu’il soit intelligent. »

« J’ai vu que tu cherchais des traces au sol, » dit-il. « On a essayé mais on n’a rien trouvé. Il y en a de trop. »

« Oui, ce serait difficile d’en identifier, » dit-elle. « Mais, comme je le disais, je pense que le cadavre a été abandonné après les heures de travail. C’est aussi ton hypothèse ? »

« Oui, de fait. »

« Alors il n’y aurait pas de traces ici, » souligna Mackenzie.

Il lui sourit. « C’est vrai, » dit-il. « Enfin, pas des traces de pneus. Mais il y aurait des empreintes de pas. Et il y en a de trop aussi pour parvenir à les identifier. »

Mackenzie hocha la tête, se sentant un peu stupide de ne pas avoir pensé à ce détail si évident. Mais tout de suite, une autre idée prit forme dans son esprit.

« Il n’a pas non plus amené le cadavre sur son dos, » dit Mackenzie. « Ses traces de pneus doivent se trouver quelque part. Pas ici, mais peut-être devant la barrière de l’entrée. On pourrait essayer de comparer les traces devant la barrière et celles trouvées ici. On pourrait également regarder juste de l’autre côté de la barrière et chercher des traces d’impact où il a probablement jeté ou laissé tomber le corps. »

« C’est une bonne idée, » dit Bryers sur un ton amusé. « C’est aussi une idée que les gars de la police scientifique ont eue mais que j’ai ignorée. Mais oui, tu as raison. Il a certainement dû arrêter sa voiture devant la barrière. Alors l’idée serait de trouver des traces de pneus qui arrivent jusqu’à la barrière, s’arrêtent et font demi-tour, et ça pourrait être notre homme. »

« Ça se pourrait, » dit Mackenzie.

« Ton cheminement est correct mais il n’offre aucune nouvelle piste. Tu as autre chose à proposer ? »

Il n’était ni dédaigneux, ni condescendant. Elle le savait à travers le ton de sa voix. Il essayait juste de l’encourager et de la motiver à continuer à réfléchir.

« On sait combien de véhicules passent par ici chaque jour ? »

« Environ onze cents par jour, » dit Bryers. « Mais si on parvient à obtenir des traces qui s’approchent de la barrière, puis s’arrêtent… »

« Ce serait un début. »

« C’est l’idée, » dit Bryers. « Une équipe y travaille depuis hier après-midi mais nous n’avons encore obtenu aucune piste. »

« Je peux y jeter un coup d’œil si vous voulez, » dit Mackenzie.

« Si tu veux, » dit Bryers. « Mais tu travailles pour le FBI maintenant, mademoiselle White. Ne te surcharge pas de travail s’il y a un autre département qui peut faire le boulot mieux que toi. »

Mackenzie se retourna pour regarder la benne à ordures en essayant de distinguer les déchets qu’elle contenait. Une jeune femme y avait été retrouvée récemment, le corps nu et couvert de bleus. Elle avait été jetée au même endroit où les gens jettent leurs ordures, les choses dont ils n’ont plus besoin. Peut-être que le tueur pensait que les femmes qu’il avait tuées ne valaient pas mieux que des ordures ménagères.

Elle aurait aimé être présente au moment où Bryers et son partenaire à la retraite, étaient arrivés sur le site. Elle aurait peut-être eu davantage d’idées. Peut-être qu’elle aurait pu mieux aider Bryers à trouver un potentiel suspect. Mais pour l’instant, elle avait au moins fait rapidement ses preuves avec son idée concernant les traces de pneus.

Elle se retourna vers lui et vit qu’il restait là à ne rien faire, en regardant en direction de la barrière. Il était clair qu’il lui laissait du temps pour traiter les informations. Elle lui en était reconnaissante mais ça lui rappelait aussi à nouveau combien elle n’était qu’une débutante.

Elle s’avança vers la clôture grillagée qui entourait la décharge. Elle commença son inspection à la barrière, par laquelle les véhicules entraient sur le site, et continua sur la gauche. Elle examina le bas de la clôture durant un instant, avant qu’une autre idée lui vienne en tête.

Il a sûrement dû escalader la clôture, pensa-t-elle.

Elle commença à examiner la clôture de près. Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle cherchait vraiment. Peut-être de la boue ou des fibres sur le grillage. Tout ce qu’elle pourrait y trouver serait probablement peu de chose mais ce serait quelque chose.

En moins de deux minutes, elle trouva quelque chose d’intéressant. C’était tellement minuscule qu’elle avait failli passer complètement à côté. Mais quand elle s’en approcha, elle se rendit compte que ça pouvait être beaucoup plus utile que ce qu’elle n’avait pensé.

À environ un mètre cinquante du sol et à deux mètres à gauche de la barrière d’entrée, un bout de tissu blanc pendait accroché à l’un des losanges de la clôture. Le tissu en soi ne leur apprendrait probablement pas grand-chose mais il pourrait peut-être leur permettre de relever d’éventuelles empreintes digitales.

« Agent Bryers ? » dit-elle.

Il se dirigea lentement vers elle, comme s’il s’attendait à ne pas voir grand-chose. Alors qu’il s’approchait, elle l’entendit émettre un grognement au moment où il vit le morceau de tissu.

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