AVANT QU’IL NE TRAQUE
(UN MYSTÈRE MACKENZIE WHITE — VOLUME 9)
B L A K E P I E R C E
Blake Pierce
Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend douze volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant huit volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; et de la nouvelle série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes.
Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
LES ORIGINES DE RILEY PAIGE
SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
REACTION EN CHAINE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)
QUI VA A LA CHASSE (Tome 5)
A VOTRE SANTÉ (Tome 6)
DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)
UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)
SANS COUP FERIR (Tome 9)
A TOUT JAMAIS (Tome 10)
LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)
LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)
AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)
AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)
AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)
LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK
RAISON DE TUER (Tome 1)
RAISON DE COURIR (Tome 2)
RAISON DE SE CACHER (Tome 3)
RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)
LES ENQUÊTES DE KERI LOCKE
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)
DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)
L’OMBRE DU MAL (Tome 3)
TABLE DES MATIÈRES
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE ET UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
PROLOGUE
Il y a quelques années, quand elle était adolescente, Malory Thomas était venue sur ce pont avec un garçon. C’était le soir d’Halloween et elle avait quatorze ans. Ils avaient regardé l’eau qui coulait cinquante mètres plus bas en essayant d’y apercevoir les fantômes de ceux qui s’étaient suicidés en se jetant du pont. C’était une légende qui circulait dans leur école, une histoire que Mallory avait toujours entendu raconter. Elle avait laissé ce garçon l’embrasser cette nuit-là mais elle avait écarté sa main quand il avait essayé de remonter le long de son chemisier.
Aujourd’hui, treize ans plus tard, elle repensa à ce petit geste innocent alors qu’elle était suspendue à ce même pont. Il était appelé le Miller Moon Bridge et il était connu pour deux raisons : pour être un endroit idéalement isolé pour s’embrasser en cachette entre adolescents, et pour être le lieu où étaient commis le plus grand nombre de suicides dans le comté – et peut-être même dans tout l’État de Virginie, d’après ce qu’elle en savait.
Mais en ce moment, Malory Thomas se fichait bien des suicides. Son unique préoccupation, c’était de sauver sa peau en se cramponnant de toutes ses forces au bord du pont. Elle était suspendue des deux mains sur le côté du pont, les doigts cramponnés au solide bord en bois. Elle ne parvenait pas à avoir une bonne prise de la main droite à cause d’un énorme boulon qui traversait le bois, fixant l’entretoise sur le côté de la poutrelle en fer qui se trouvait en-dessous.
Elle essaya de bouger la main droite pour avoir une meilleure prise mais sa main était trop moite. Elle avait peur de totalement lâcher prise si elle la bougeait seulement d’un centimètre, et de tomber dans la rivière qui se trouvait en-dessous d’elle. Où il n’y avait pas beaucoup d’eau non plus. Tout ce qui l’attendait en-dessous d’elle, c’était des roches pointues et d’innombrables pièces de monnaie que des gamins idiots avaient jetées du pont pour faire des vœux inutiles.
Elle leva les yeux vers les rails le long du bord du pont, de vieux rails rouillés qui semblaient encore plus anciens dans l’obscurité de la nuit. Elle vit la silhouette de l’homme qui l’avait amenée jusqu’ici – rien à voir avec le courageux adolescent d’il y a treize ans. Non… cet homme était odieux et sombre. Elle ne le connaissait pas bien mais elle en savait maintenant assez pour savoir qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui. C’était un tordu, il n’était pas normal, un malade.
« Il te suffit de lâcher prise, » lui dit-il. Sa voix était effrayante, entre celle de Batman et d’un démon.
« S’il vous plaît, » dit Malory. « S’il vous plaît… Aidez-moi. »
Elle ne se souciait même plus du fait d’être toute nue, ses fesses dénudées suspendues dans le vide en contrebas du Miller Moon Bridge. Il l’avait déshabillée et elle avait eu peur qu’il la viole. Mais il n’en fit rien. Il s’était contenté de la fixer du regard, de la caresser de la main à certains endroits, puis il l’avait forcée à se suspendre au bord du pont. Elle pensa avec une certaine nostalgie à ses vêtements éparpillés sur les poutres en bois derrière lui, mais elle eut une sorte de prémonition malsaine qu’elle n’allait plus jamais les porter.
Avec cette certitude en tête, elle commença à avoir des crampes dans la main droite alors qu’elle essayait de s’habituer à la forme du boulon qui se trouvait en-dessous. Elle hurla et sentit tout le poids de son corps basculer vers sa main gauche – sa main la plus faible.
L’homme s’approcha d’elle, s’accroupit et la regarda. On aurait dit qu’il savait que c’était sur le point d’arriver. Avant même qu’elle ne sache que la fin était proche, lui, il le savait.
Elle pouvait à peine voir ses yeux dans l’obscurité mais elle pouvait en discerner assez pour savoir qu’il avait l’air content. Impatient, même.
« Ça va aller, » dit-il, avec cette voix bizarre.
Et comme si ses doigts obéissaient à la voix de l’homme, la main droite de Mallory lâcha prise. Elle sentit les muscles de son avant-bras gauche se raidir en essayant de retenir ses soixante kilos.
Et une seconde plus tard, elle ne fut plus suspendue au pont. Elle tombait. Son estomac se retourna et ses yeux semblaient trembler dans leurs orbites en essayant de suivre la vitesse avec laquelle le pont s’éloignait d’elle.
Pendant un moment, le vent qui la décoiffait lui sembla presque agréable. Elle fit de son mieux pour essayer de se concentrer là-dessus, tout en cherchant une sorte de prière à murmurer pour ses derniers instants.
Elle parvint à ne prononcer que quelques mots – Notre Père, qui êtes… - puis Malory Thomas sentit la vie la quitter dans un choc violent, au moment où son corps heurta les rochers en-dessous d’elle.
CHAPITRE UN
Mackenzie White était tombée dans une sorte de routine. Et ça ne lui convenait pas vraiment car elle n’était pas le genre de personne à aimer ça. Quand les jours commençaient à se ressembler pendant trop longtemps, elle ressentait le besoin d’y mettre du changement.
Quelques jours après avoir enfin clôturé le long et pénible chapitre concernant le meurtre de son père, en rentrant chez elle, elle s’était rendu compte qu’elle vivait maintenant avec Ellington. Ça ne lui posait aucun problème ; en fait, elle s’était réjouie de finalement en arriver là. Mais au cours de ces premières semaines de vie commune, il lui arriva parfois d’avoir du mal à dormir en se rendant compte que sa vie était maintenant devenue stable. Pour la première fois depuis très longtemps, elle n’avait plus aucune véritable raison de courir après quelque chose en particulier.
Il y avait d’abord eu l’enquête sur la mort de son père, qui l’avait obsédée depuis le premier jour où elle avait pris possession de son badge et de son arme au Nebraska. Et c’était maintenant une affaire classée. Il y avait également eu l’incertitude concernant le futur de sa relation avec Ellington. Et maintenant, ils vivaient ensemble et flottaient littéralement sur un nuage de bonheur. Elle excellait dans son boulot et elle avait gagné le respect d’un peu près tout le monde au sein du FBI. Même McGrath avait fini par être plus chaleureux avec elle.
Tout, autour d’elle, lui semblait stable et à sa place. Mais Mackenzie ne pouvait pas s’empêcher de se demander si ce n’était pas juste le calme avant la tempête. Car si son expérience en tant que détective au Nebraska et agent au FBI lui avait appris quelque chose, c’était que la vie avait tendance à vous enlever confort et sécurité sans vraiment crier gare.
Cependant, la routine n’était pas si mal que ça non plus. Après qu’Ellington ait récupéré de ses blessures suite à l’enquête qui avait fini par amener le meurtrier de son père devant la justice, il avait été assigné au repos à la maison. Elle s’était occupée de lui aussi bien qu’elle avait pu et elle avait découvert qu’elle pouvait être assez maternelle quand c’était nécessaire. Une fois qu’Ellington eut complètement récupéré, ses journées étaient devenues plutôt ordinaires. Elles étaient même devenues agréables, malgré l’horrible sentiment de domestication qu’elle ressentait.
Elle se rendait au travail et s’arrêtait au champ de tir sur le chemin du retour. À la maison, deux cas de figure l’attendaient : soit Ellington avait déjà préparé à manger et ils dînaient ensemble comme un vieux couple, soit ils passaient leur soirée au lit comme de jeunes mariés.
Elle pensait à tout ça alors qu’ils étaient sur le point d’aller dormir. Elle était allongée de son côté du lit et lisait un livre sans grand enthousiasme. Ellington était de l’autre côté du lit et écrivait un email concernant une affaire sur laquelle il travaillait. Cela faisait maintenant sept semaines qu’ils avaient clôturé l’enquête au Nebraska. Ellington venait juste de reprendre le travail et la routine quotidienne commençait à devenir une triste réalité pour elle.
« Je vais te poser une question, » dit Mackenzie. « Et je voudrais que tu me répondes honnêtement. »
« OK, » dit-il. Il finit de rédiger la phrase qu’il était occupé à écrire et il s’arrêta, lui accordant toute son attention.
« Est-ce que tu t’étais déjà imaginé vivre dans ce genre de routine ? » demanda-t-elle.
« Quelle routine ? »
Elle haussa les épaules et mit son livre de côté. « Vivre une vie aussi domestiquée. Être attaché, avec des contraintes. Aller travailler, rentrer à la maison, dîner, regarder la télé, éventuellement faire l’amour, puis aller dormir. »
« Si ça, c’est la routine, c’est plutôt pas mal du tout. Mais évite peut-être de mentionner le éventuellement avant la partie concernant le sexe. Pourquoi me poses-tu cette question ? Est-ce que la routine t’ennuie ? »
« Ce n’est pas que ça m’ennuie, » dit-elle. « C’est juste… que ça fait bizarre. Ça me donne l’impression de ne rien faire. Comme si j’étais devenue paresseuse ou passive concernant…. et bien, concernant quelque chose sur lequel je n’arrive pas vraiment à mettre des mots. »
« Peut-être que ça à voir avec le fait que tu aies enfin résolu l’enquête sur la mort de ton père ? » demanda-t-il.
« Peut-être. »
Mais il y avait également autre chose. Et ce n’était pas quelque chose dont elle pouvait lui parler. Elle savait qu’il était assez difficile de lui faire de la peine mais elle n’avait pas envie de prendre le risque. Ce qu’elle gardait pour elle, c’était le fait que maintenant qu’ils avaient emménagé ensemble, qu’ils flottaient sur un nuage de bonheur et qu’ils géraient tout ça comme des pros, ça voulait dire qu’il ne leur restait vraiment plus qu’une dernière étape à franchir. C’était une chose dont ils n’avaient jamais parlé et, franchement, ce n’était pas un sujet que Mackenzie avait envie d’aborder.
Le mariage. Elle espérait qu’Ellington n’était pas encore arrivé à cette étape non plus. Ça n’avait rien à voir avec l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Mais après ça… et bien, qu’est-ce qu’il restait ?
« Alors, laisse-moi te poser une question, » dit Ellington. « Est-ce que tu es heureuse ? Là, maintenant, à ce moment précis, en sachant que demain sera plus que probablement identique au jour d’aujourd’hui. Est-ce que tu es heureuse ? »
La question était toute simple mais elle se sentit tout de même mal à l’aise. « Oui, » dit-elle.
« Alors, pourquoi se poser des questions ? »
Elle hocha la tête. Il avait raison et elle se demanda si ce n’était pas juste elle qui cherchait à compliquer les choses. Elle allait avoir trente ans dans quelques semaines, alors peut-être que c’était ça, une vie normale. Une fois que tous les démons et fantômes du passé avaient été enterrés, peut-être que la vie était sensée être comme ça.
Et elle imaginait que c’était très bien comme ça. Mais il y avait quand même quelque chose dans tout ça qui lui semblait figé et statique. Et elle se demanda si elle allait vraiment un jour se permettre d’être heureuse, tout simplement.
CHAPITRE DEUX
Le travail ne l’aidait pas à rompre la monotonie de ce que Mackenzie commençait à appeler mentalement La Routine – avec un L et un R majuscules. Au cours des deux derniers mois, depuis les événements du Nebraska, le travail de Mackenzie avait consisté à surveiller un groupe d’hommes soupçonnés de trafic sexuel – elle avait passé ses journées assise dans une voiture ou dans des édifices abandonnés, à écouter des conversations crues qui finirent par ne mener à rien. Elle avait également travaillé avec Yardley et Harrison sur une enquête impliquant une cellule terroriste présumée dans l’Iowa – qui s’était également avéré ne mener à rien.
Le jour après leur conversation tendue concernant le bonheur, Mackenzie se trouvait assise à son bureau, à faire des recherches sur l’un des hommes qu’elle surveillait pour trafic sexuel. Il ne faisait pas partie d’un réseau à proprement parler, mais il était plus que probable qu’il soit impliqué dans une sorte d’organisation liée à la prostitution. Il lui semblait difficile de croire qu’elle était qualifiée pour porter une arme, traquer des meurtriers et sauver des vies. Elle commençait à avoir l’impression d’être une employée plastique, quelqu’un qui n’avait pas de réelle utilité.