A Tout Jamais - Блейк Пирс 3 стр.


Riley poussa un hoquet et s’exclama à voix haute :

— Ma famille !

Elle chercha son téléphone d’une main tremblante et composa le numéro de chez elle. Elle l’entendit sonner, sonner, sonner. Puis le répondeur se mit en route. C’était la propre voix de Riley.

Elle se retint de ne pas crier.

Pourquoi personne ne répondait ? C’étaient les vacances de printemps. Ses enfants devaient être à la maison. Et où était la bonne de Riley, Gabriela ?

Juste avant la fin du message, la voix de Jilly, la gamine de treize ans que Riley essayait d’adopter, retentit enfin au bout du fil. Elle semblait à bout de souffle.

— Eh, désolée, maman. Gabriela est partie faire des courses. Avec April et Liam, on jouait au foot dans le jardin. Gabriela devrait rentrer bientôt.

Riley se rendit compte qu’elle retenait sa respiration. Elle se força à inspirer normalement.

— Tout va bien ? demanda-t-elle.

— Ouais, répondit Jilly avec nonchalance. Pourquoi ça n’irait pas ?

Riley avait du mal à se calmer.

— Jilly, tu peux jeter un coup d’œil dans la rue par la fenêtre, s’il te plait ?

— D’accord, dit Jilly.

Riley entendit ses pas.

— Je regarde, dit Jilly.

— Le van avec les agents du FBI est toujours là ?

— Ouais. Et celui dans l’allée aussi. Je l’ai vu quand on était dans le jardin. Si ce type, Shane Hatcher, vient par ici, ils vont sûrement l’attraper. Y a quelque chose qui va pas ? Tu me fais peur.

Riley se força à rire.

— Non, rien du tout. Je m’inquiète comme toutes les mamans, tu sais.

— D’ac. A plus tard.

Elle raccrocha, mais l’inquiétude de Riley continuait de déferler en elle.

Elle sortit dans le couloir et se dirigea tout droit vers le bureau de Brent Meredith.

Elle bafouilla.

— Monsieur, je… j’ai besoin de prendre ma journée.

Meredith leva les yeux de son travail.

— Puis-je vous demander pourquoi, agent Paige ?

Riley ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit. Si elle lui expliquait qu’elle venait de recevoir des menaces de Shane Hatcher, il insisterait pour lire le message. Comment pouvait-elle le lui montrer sans avouer qu’elle venait juste de donner le fichier à Jenn Roston ?

Meredith avait l’air inquiet, à présent. Il sembla comprendre que quelque chose n’allait pas, mais que Riley ne voulait pas en parler.

— Allez-y, dit-il. J’espère que tout va bien.

Riley ressentit soudain une reconnaissance sans nom envers Meredith et son habituelle discrétion.

— Merci, monsieur, dit-elle.

Puis elle sortit à vive allure du bâtiment, retrouva sa voiture et rentra chez elle.

*

En s’approchant de sa maison dans un quartier tranquille de Fredericksburg, elle fut soulagée de voir le fourgon du FBI garé dans la rue. Riley savait qu’il y en avait un autre dans l’allée. Même si ces véhicules ne portaient aucun signe distinctif, ils ne passaient pas inaperçus, mais personne n’y pouvait rien.

Riley se gara devant sa porte, se dirigea vers le fourgon et pencha la tête vers la fenêtre côté passager.

Deux jeunes agents étaient assis à l’avant du véhicule – Craig Huang et Bud Wigton. Cela remonta le moral de Riley. Elle tenait les deux agents en haute estime. Elle avait travaillé avec Huang plusieurs fois ces derniers temps. Huang lui avait paru un peu trop zélé à son goût quand il était arrivé à l’UAC, mais il avait vite mûri et il était devenu un excellent agent. Elle ne connaissait pas Wigton aussi bien, mais sa réputation était excellente.

— Du nouveau ? demanda Riley par la fenêtre.

— Rien du tout, dit Huang.

Il semblait s’ennuyer ferme, mais Riley était soulagée. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Mais combien de temps cela durerait-il ?

— Cela vous ennuie si je jette un œil ? demanda Riley.

— Je vous en prie, répondit Huang.

La porte du fourgon coulissa. Riley monta. Un troisième agent, Grace Lochner, se trouvait à l’intérieur. Riley savait qu’elle aussi avait une incroyable réputation à l’UAC.

Lochner était assise devant une batterie d’écrans vidéo. Elle se tourna vers Riley en souriant.

— Qu’est-ce que vous avez là ? demanda Riley.

Visiblement pressée de tout lui expliquer sur la technologie à sa disposition, Lochner pointa du doigt deux écrans qui montraient une vue aérienne du quartier.

Elle dit :

— Là, nous avons des images satellites qui nous permettent de suivre les allées et venues sur un kilomètre et demi à la ronde. Personne ne peut s’approcher sans qu’on le remarque.

En étouffant un petit rire, Lochner ajouta :

— Heureusement que vous vivez dans un quartier tranquille. On a moins à surveiller.

Elle pointa du doigt d’autres écrans montrant l’activité dans la rue.

Elle dit :

— On a caché des caméras dans le quartier pour voir de plus près. On peut vérifier les plaques d’immatriculation de tous les véhicules.

Une voix grésilla dans l’intercom.

— Vous avez un visiteur, les gars ?

Lochner répondit :

— L’agent Paige est passée dire bonjour.

La voix dit :

— Bonjour, agent Paige. Ici l’agent Cole, dans le véhicule garé derrière chez vous. J’ai les agents Cypher et Hahn avec moi.

Riley sourit. C’étaient des noms familiers d’agents respectés. Elle dit :

— Je suis contente de vous avoir.

— A votre service, dit l’agent Cole.

Riley était impressionnée que cela communique si bien entre les deux fourgons. Elle apercevait même le deuxième véhicule sur les écrans de Lochner. Evidemment, rien ne pouvait arriver à l’une équipe sans que l’autre ne s’en aperçoive.

Riley était également rassurée par l’arsenal stocké à l’intérieur du fourgon. L’équipe avait la puissance de feu d’une petite armée.

Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si cela suffirait pour repousser Shane Hatcher. Elle descendit du fourgon et se dirigea vers sa maison, en se répétant de ne pas s’inquiéter. Elle ne voyait pas commence Shane Hatcher pouvait contourner la sécurité.

Tout de même. Elle se rappelait le texto qu’elle venait de recevoir.

Ne venez pas dire que je ne vous avais pas prévenue.

CHAPITRE FOUR

Quand Riley entra dans la maison, tout était étrangement silencieux.

— Je suis rentrée, appela-t-elle.

Mais personne ne répondit.

Où sont-ils tous ? Son inquiétude menaçait de se transformer en panique.

Etait-il possible que Shane Hatcher ait échappé à la surveillance ?

Riley essaya de ne pas imaginer ce qui avait pu se passer si c’était le cas. Le cœur battant, le souffle court, elle se précipita dans le salon.

Les trois enfants – April, Liam et Jilly – étaient là. April et Liam jouaient aux échecs et Jilly à un jeu vidéo.

— Vous ne m’avez pas entendue ? demanda-t-elle.

Tous trois lui adressèrent des regards vides. Ils étaient trop concentrés et n’avaient pas fait attention.

Elle était sur le point de leur demander où était Gabriela quand la voix de la bonne retentit derrière elle.

— Vous êtes rentrée, señora Riley ? J’étais au sous-sol et j’ai cru vous entendre.

Riley sourit à la petite femme guatémaltèque.

— Oui, je viens de revenir, dit-elle en respirant mieux.

Avec un signe de la tête et un sourire, Gabriela tourna les talons et se dirigea vers la cuisine.

April leva les yeux de la partie d’échecs qu’elle jouait contre Liam.

— Tout va bien, maman ? Tu as l’air agité.

— Oui, ça va, dit Riley.

April retourna à son jeu.

Riley prit le temps de s’émerveiller de la maturité de sa fille de quinze ans. April était une jeune fille mince, grande, aux cheveux bruns. Elle avait hérité des yeux noisette de sa mère. April avait traversé des épreuves qui avaient mis sa vie en danger ces derniers mois. Mais elle semblait s’en être bien remise ces jours-ci.

Riley se tourna vers Jilly, qui était plus jeune. Sa deuxième fille avait le teint olive et de grands yeux sombres. Riley voulait l’adopter. Assise devant l’écran de la télévision, Jilly faisait exploser les méchants.

Riley fronça les sourcils. Elle n’aimait pas les jeux vidéo violents. Elle trouvait qu’ils idéalisaient les armes à feu et les blessures par balle. Elle pensait qu’ils avaient une influence particulièrement néfaste sur les garçons.

Cependant, ces jeux paraissaient très innocents comparés à l’horreur que Jilly avait vécue. Après tout, la gamine de treize ans avait traversé l’enfer. Quand Riley l’avait rencontrée, Jilly essayait de vendre son corps par désespoir. Grâce à Riley, elle avait la possibilité de vivre une vie meilleure.

Liam leva les yeux de sa partie d’échecs.

— Eh, Riley, je me demandais…

Il hésita avant de poser la question.

Liam était un nouveau venu dans la maison. Riley n’avait pas l’intention d’adopter ce grand gamin dégingandé aux cheveux roux et aux yeux bleus. Mais elle l’avait sauvé d’un père alcoolique qui le battait. Il avait besoin d’un endroit pour vivre.

— Qu’est-ce qu’il y a, Liam ?

— Je peux aller à une compète d’échecs demain ?

— Et moi ? demanda April.

Riley sourit. Liam et April sortaient ensemble quand Liam était venu vivre à la maison, mais ils avaient promis de faire une pause. Ils devaient être hermanos solamente, comme avait dit Gabriela – seulement frère et sœur.

Riley appréciait Liam, d’autant plus que ce garçon brillant avait une influence très positive sur April. Il avait réussi à intéresser April aux échecs, aux langues étrangères et aux études de manière générale.

— Bien sûr que vous pouvez y aller, tous les deux, dit-elle.

Puis une bouffée d’inquiétude la rattrapa. Elle sortit son téléphone et montra des photos de Shane Hatcher aux trois enfants.

— Mais vous devez faire attention à Shane Hatcher, dit-elle. Vous avez tous ces photos sur votre téléphone. Rappelez-vous bien de cet homme Contactez-moi immédiatement si vous voyez quelqu’un qui lui ressemble.

Liam et April dévisagèrent Riley avec surprise.

— Tu nous as déjà dit ça, dit Jilly. Et on a déjà vu ces photos cent fois. Il y a du nouveau ?

Riley hésita. Elle ne voulait pas faire peur aux gamins. Mais elle sentit qu’il valait mieux les prévenir.

— J’ai reçu un message de Hatcher, dit-elle. C’était…

Elle hésita à nouveau.

— C’était une menace. C’est pour ça que je veux que vous soyez sur vos gardes.

A la grande surprise de Riley, Jilly sourit de toutes ses dents.

— Ça veut dire que je peux manquer l’école quand les vacances seront finies ?

Sa nonchalance étonna Riley. Elle se demanda brièvement si Jilly avait raison. Devait-elle laisser les enfants sécher les cours ? Liam et April ne feraient-ils pas mieux de ne pas aller à leur compétition demain ?

Avant qu’elle n’ait eu le temps d’y réfléchir, April dit :

— Arrête, Jilly. Bien sûr qu’on retourne à l’école. Ce n’est pas comme si on allait arrêter de vivre.

Se tournant vers Riley, April ajouta :

— Ce n’est pas une vraie menace. Même moi, je le sais. Tu te rappelles ce qui s’est passé en janvier ?

Riley ne s’en rappelait que trop bien. Hatcher avait sauvé April et l’ex-mari e Riley, Ryan, d’un tueur bien décidé à se venger de Riley. Elle se rappelait aussi que Shane Hatcher lui avait livré le tueur ligoté et bâillonné pour qu’elle puisse en faire ce qu’elle voulait en toute discrétion.

April poursuivit :

— Hatcher ne nous ferait pas de mal. Il s’est donné du mal pour me sauver.

Peut-être qu’April marque un point, pensa Riley. Au moins, en ce qui concernait les enfants. Mais elle était rassurée par la présence des agents du FBI garés dans la rue.

April haussa les épaules et ajouta.

— La vie continue. On doit faire comme si de rien n’était.

Jilly dit :

— Et ça vaut pour toi aussi, maman. C’est bien que tu sois rentrée plus tôt. T’as le temps de te préparer pour ce soir.

Pendant une seconde, Riley ne comprit pas ce qu’elle voulait dire.

Puis ça lui revint. Elle avait rendez-vous avec son séduisant ancien voisin, Blaine Hildreth. Blaine était le propriétaire d’un des restaurants les plus agréables de Fredericksburg. Il devait passer chercher Riley et l’emmener diner.

April bondit sur ses pieds.

— Oh oui, c’est vrai ! dit-elle. Viens, maman. On monte dans ta chambre et je vais t’aider à trouver un truc à mettre.

*

Plus tard dans la soirée, Riley était installée sur la terrasse éclairée à la chandelle du Blaine’s Grill, devant un excellent repas et en très bonne compagnie. Il faisait bon. Blaine était plus séduisant que jamais. Un peu plus jeune que Riley, il était élancé et athlétique. Il perdait ses cheveux, mais cela ne le dérangeait pas du tout.

Il était très agréable de discuter avec lui. Pendant qu’ils mangeaient des pâtes délicieuses au poulet et au romarin, ils discutaient de l’actualité, de souvenirs lointains, de voyages et de ce qui se passait à Fredericksburg.

Riley était ravie que la conversation ne dévie jamais sur son travail au FBI. Elle n’était pas d’humeur à en discuter. Blaine semblait le deviner et il veillait à ne pas aborder le sujet. C’était quelque chose que Riley aimait chez Blaine : il savait sentir son humeur.

En fait, il y avait bien peu de choses chez Blaine que Riley n’aimait pas. Ils s’étaient disputés récemment quand Blaine avait essayé de rendre Riley jalouse en discutant un peu trop longtemps avec une amie, mais il n’avait pas réussi. Maintenant, ils riaient de s’être comportés comme des gamins.

C’était peut-être l’effet du vin, mais Riley avait l’impression d’avoir plus chaud et d’être plus détendue. La compagnie de Blaine était confortable. Il était fraîchement divorcé comme Riley et pressé de reprendre sa vie e, main sans trop savoir comment.

On leur servit le dessert – le gâteau préféré de Riley, un cheesecake à la framboise. Elle sourit en se rappelant qu’April avait révélé ces petits secrets à Blaine juste avant leur premier rendez-vous : son gâteau et sa chanson préférée – « One More Night » de Phil Collins.

Tout en se délectant du cheesecake, Riley parla de ses enfants, notamment de Liam qui venait de s’installer.

— J’étais un peu inquiète au début, avoua-t-elle. Mais c’est un très gentil garçon et on adore l’avoir chez nous.

Riley se tut. C’était un luxe de pouvoir parler à quelqu’un de ses problèmes domestiques et de ses inquiétudes.

— Blaine, je ne sais pas ce que je vais faire de Liam à long terme. Je ne peux pas le renvoyer chez la brute qui lui sert de père et on ne sait pas ce qui est arrivé à sa mère. Mais je ne vois pas comme je pourrais l’adopter. Avec Jilly, c’est déjà compliqué et rien n’est encore réglé. Je ne sais pas si je pourrais recommencer.

Blaine lui adressa un sourire compatissant.

— Il va falloir que tu prennes les choses au jour le jour, dit-il. Quoi que tu fasses, je suis sûre que ce sera la meilleure solution.

Riley secoua la tête tristement.

— Si seulement j’en étais si sûre…, dit-elle.

Blaine tendit la main par-dessus la table pour prendre la sienne.

— Crois-moi sur parole, dit-il. Ce que tu as déjà fait pour Liam et Jilly est très généreux. Je t’admire beaucoup.

Riley sentit sa gorge se serrer. Combien de fois lui avait-on dit une chose pareille ? Elle recevait souvent des louanges pour son travail au FBI. On lui avait remis récemment la Médaille de la Persévérance. Mais elle n’avait pas l’habitude qu’on la félicite pour ce qu’elle faisait en tant que mère. Elle savait à peine comment réagir.

Puis Blaine dit :

— Tu es une femme bien, Riley Paige.

Riley sentit ses yeux se mouiller de larmes. Elle éclata d’un rire nerveux et les chassa.

— Regarde ce que tu as fait, dit-elle. Tu me fais pleurer.

Blaine haussa les épaules et son sourire se fit plus chaleureux.

— Désolé. J’essayais juste d’être honnête. La vérité, ça peut faire mal.

Ils éclatèrent de rire.

Enfin, Riley dit :

— Mais je ne t’ai pas demandé des nouvelles de ta fille. Comment va Crystal ?

Blaine détourna les yeux avec un sourire amer.

— Crystal va très bien : bonnes notes, heureuse, joyeuse… Elle est partie pour les vacances à la plage avec ma sœur et ses cousins.

Blaine soupira.

— Cela ne fait que deux jours, mais c’est dingue à quel point elle me manque.

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