De Sac et de Corde - Блейк Пирс 5 стр.


— Puis-je vous demander pourquoi ?

— J’ai besoin de lui parler de la mort de sa fille en automne.

Un silence passa.

Riley dit :

— Je suis navrée de déranger Mme Webber et sa famille pour lui parler de cette terrible tragédie. Mais j’ai besoin d’éclaircir certaines choses.

Un autre silence.

— Je suis désolée, dit lentement la réceptionniste. Mais la représentante Webber n’est pas à Washington en ce moment. Vous allez devoir attendre qu’elle rentre du Maryland.

— A quelle date ? demanda Riley.

— Je ne saurais pas vous le dire. Il faudra que vous rappeliez.

La réceptionniste raccrocha sans ajouter un mot.

Elle est dans le Maryland, pensa Riley.

En faisant une recherche, elle découvrit rapidement où vivait Hazel Webber. Ça ne devrait pas être difficile à trouver.

Mais avant que Riley n’ait eu le temps de démarrer sa voiture, son téléphone vibra.

— Ici Hazel Webber, dit la personne au bout du fil.

Riley sursauta. La réceptionniste avait dû contacter la représentante tout de suite après avoir raccroché. Riley ne s’attendait pas à recevoir un appel de Webber elle-même, et certainement pas si vite.

— En quoi puis-je vous aider ? demanda Webber.

Riley lui expliqua qu’elle voulait éclaircir certains points sur la mort de sa fille.

— Pourriez-vous être plus précise ? demanda Webber.

— Je préfèrerais vous voir, dit Riley.

Webber ne répondit pas tout de suite.

— J’ai bien peur que ce ne soit impossible, dit-elle enfin. Et je vous serais reconnaissante de ne pas nous déranger, moi ou ma famille. Nous sommes en train de nous remettre de cette terrible perte. Je suis sûre que vous comprenez.

Le ton cassant de la femme prenait Riley au dépourvu. Il n’y avait pas une seule trace de chagrin dans cette voix.

— Mme Webber, si vous vouliez bien m’accorder un peu de votre temps…

— J’ai dit non.

Webber raccrocha.

Riley resta bouche bée. Comment interpréter cet étrange échange téléphonique ?

Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle avait touché un point sensible.

Et elle devait aller dans le Maryland.

*

La route était agréable. Comme il faisait beau temps, Riley passa par le pont de Chesapeake pour avoir le plaisir de rouler au-dessus de l’eau.

Elle se retrouva bientôt dans la campagne du Maryland, entre les prés clôturés et les belles demeures ou les granges cachées derrière les allées d’arbres.

Riley se gara devant le portail du domaine des Webber. Un homme en uniforme sortit de sa cahute pour venir lui parler.

Riley montra son badge et se présenta :

— Je viens voir la représentante Hazel Webber, dit-elle.

Le garde parla dans son micro, puis il s’approcha à nouveau de Riley.

— Mme Webber dit qu’il doit y avoir une erreur, dit-il. Elle ne vous attend pas.

Riley lui adressa un large sourire.

— Oh, elle est occupée en ce moment ? Ce n’est pas grave : je ne suis pas pressée. J’attendrai qu’elle ait le temps.

Le garde fronça les sourcils, sans doute pour l’intimider.

— J’ai bien peur de devoir vous demander de partir, madame, dit-il.

Riley haussa les épaules et fit comme si elle n’avait pas compris :

— Vraiment, ça ne me dérange pas du tout. Je peux l’attendre.

Le garde s’éloigna et parla à nouveau dans son micro. Après avoir foudroyé Riley du regard, il retourna dans sa cahute et ouvrit le portail. Au volant de sa voiture, Riley entra dans le domaine.

Elle passa devant un pré couvert de neige, où deux chevaux trottaient. C’était un spectacle très apaisant.

La maison au bout de l’allée était plus grande qu’elle ne s’y attendait – un manoir contemporain. Il y avait d’autres bâtiments bien entretenus de l’autre côté d’une colline.

Un homme asiatique l’accueillit sans un mot à la porte. Il était assez grand et fort pour être un sumo. Son costume de majordome lui donnait l’air presque grotesque tant il semblait inapproprié. Il conduisit Riley dans un couloir dont le parquet était d’un riche bois brun-rouge.

Une petite femme morne prit le relais et fit entrer Riley dans un bureau sinistrement propre et bien tenu.

— Attendez ici, dit-elle.

Elle sortit, en fermant la porte derrière elle.

Riley s’assit devant le bureau. Les minutes passèrent. Riley fut tentée plusieurs fois de jeter un coup d’œil aux documents qui se trouvaient sur le bureau ou dans l’ordinateur. Mais il y avait très probablement des caméras de sécurité.

Enfin, la représentante Hazel Webber entra dans le bureau.

C’était une femme grande, mince mais intimidante. Elle ne semblait pas assez âgée pour siéger au Congrès aussi longtemps que Riley ne l’avait supposé – et certaine pas assez âgée pour avoir une fille à l’université. La raideur de ses traits tenait peut-être de l’habitude ou trahissait l’usage du Botox – ou les deux.

Riley se rappela l’avoir vue à la télévision. Quand elle rencontrait quelqu’un qu’elle avait déjà vu dans une émission de télé, elle était souvent frappée par les différences. Etonnamment, Hazel Webber semblait exactement la même, comme si elle était réellement une personne en deux dimensions – anormalement creuse.

Sa tenue étonna Riley. Pourquoi portait-elle une veste par-dessus son pull ? Il faisait assez chaud.

Ça fait partie de son style, je suppose, pensa Riley.

La veste lui donnait l’air plus formel et plus professionnel qu’un pull et un pantalon. C’était une sorte d’armure, une protection contre le contact humain.

Riley se leva pour se présenter, mais Webber parla la première.

— Agent spécial Riley Paige de Quantico, dit-elle. Je sais.

Sans ajouter un mot, elle s’assit à son bureau.

— Que venez-vous me dire ? demanda Webber.

Une bouffée d’inquiétude remonta dans la poitrine de Riley. Bien sûr, elle n’avait rien à dire à la représentante. Toute cette visite n’était qu’un coup de poker, et Riley comprit soudain que Webber n’était pas le genre de femme à se laisser manipuler. Riley allait devoir marcher sur des œufs.

— En fait, je suis là pour vous demander des informations, dit Riley. Vous mari est à la maison ?

— Oui, dit la femme.

— Serait-il possible de vous parler à tous les deux ?

— Il sait que vous êtes là.

Sa réponse déstabilisa Riley, mais elle prit soin de ne pas le montrer. La femme l’épinglait de son regard bleu et froid. Riley ne broncha pas. Elle se contenta de lui renvoyer son regard fixe, en se préparant à répondre coup pour coup.

Elle dit :

— L’Unité d’Analyse Comportementale enquête sur une recrudescence inhabituelle de suicides présumés à Byars.

— De suicides présumés ? répéta Webber en haussant un sourcil. Je ne parlerais pas en ces termes du suicide de Deanna. Mon mari et moi, nous ne présumons de rien. La mort de notre fille est bien réelle.

Riley eut l’impression que la température dans la pièce chutait de quelques degrés. Webber n’avait pas trahi la moindre émotion en évoquant le suicide de sa propre fille.

Elle a de la glace dans les veines, pensa Riley.

— J’aimerais savoir ce qui s’est passé, dit-elle.

— Pourquoi ? Je suis sûre que vous avez lu le rapport.

Bien sûr, ce n’était pas le cas, mais Riley devait continuer de bluffer.

— J’aimerais l’entendre de votre bouche, dit-elle.

Webber ne répondit pas pendant quelques secondes. Son regard fixe ne quittait pas celui de Riley.

— Deanna a eu un accident en faisant de l’équitation l’été dernier, dit Webber. Sa hanche était très abimée. Il aurait fallu la remplacer. Pour elle, l’équitation et la compétition, c’était terminé. Elle était bouleversée.

Webber se tut.

— Elle prenait de l’oxycodone pour la douleur. Elle a fait une overdose, délibérément. C’était intentionnel. Il n’y a rien à dire de plus.

Riley sentit que Webber lui cachait volontairement quelque chose.

— Où ça s’est passé ?

— Dans sa chambre, dit Webber. Elle était dans son lit. Le médecin légiste dit qu’elle est morte d’un arrêt respiratoire. Elle avait l’air endormi quand la bonne l’a trouvée.

Et puis, Webber cligna des yeux.

Elle cligna des yeux.

Dans la bataille des volontés qui l’opposait à Riley, elle venait de perdre du terrain.

Elle ment ! comprit Riley.

Son pouls s’accéléra.

Maintenant, Riley devait presser son avantage, en posant exactement les bonnes questions.

Mais avant que Riley n’ait eu le temps de reprendre la parole, la porte du bureau s’ouvrit. La femme qui avait conduit Riley dans la pièce entra.

— Mme la représentante, j’aimerais vous dire un mot, dit-elle.

Webber eut l’air soulagé. Elle se leva et suivit son assistante dans le couloir.

Riley prit de longues inspirations.

Si seulement elle n’avait pas été interrompue…

Son avantage s’était envolé.

Quand Webber reviendrait, Riley devrait tout recommencer.

Au bout de moins d’une minute, Webber revint. Elle semblait avoir retrouvé son assurance.

Debout près de la porte ouverte, elle dit :

— Agent Paige, si c’est bien vous, j’ai bien peur de devoir vous demander de partir.

Riley avala sa salive.

— Je ne comprends pas.

— Mon assistante vient d’appeler Quantico. Ils n’ont aucune enquête en cours concernant des suicides à Byars. Alors qui que vous soyez…

Riley sortit son badge.

— Je suis l’agent spécial Riley Paige, dit-elle avec détermination. Et je vais faire tout mon possible pour que le FBI ouvre cette enquête.

Elle sortit du bureau en passant devant Hazel Webber.

En traversant la maison, elle sut qu’elle venait de se faire un ennemi – et un ennemi dangereux.

Hazel Webber n’était pas un psychopathe avec un penchant pour les chaînes, les couteaux, les pistolets ou les chalumeaux.

C’était une femme qui n’avait pas de conscience. Ses armes, c’étaient l’argent et le pouvoir.

Riley préférait un ennemi qu’elle pouvait frapper ou blesser d’un coup de pistolet. Pourtant, elle était prête à affronter Webber et ses menaces.

Elle m’a menti sur sa fille, se répétait Riley.

Et maintenant, Riley était bien décidée à découvrir la vérité.

La maison semblait vide, à présent. Riley fut surprise de ne croiser pas âme qui vive. A croire qu’elle aurait pu cambrioler le manoir.

Elle sortit, rentra dans sa voiture et démarra.

En s’approchant du portail, elle vit qu’il était fermé. Le garde qui l’avait laissée entrer et l’impressionnant majordome se tenaient juste devant. Les bras croisés, ils étaient visiblement en train de l’attendre.

CHAPITRE SEPT

Les deux hommes avaient l’air menaçant, mais aussi un peu ridicule. C’était le plus petit qui portait un uniforme de gardien, tandis que son collègue, beaucoup impressionnant par la taille, était engoncé dans un costume de majordome.

Deux clowns dans un cirque, pensa Riley.

Elle savait pourtant qu’ils n’essayaient pas d’être drôles.

Elle se gara à côté d’eux et fit descendre sa fenêtre pour les interpeller :

— Il y a un problème, messieurs ?

Le garde s’approcha de sa portière. Le majordome se pencha à la fenêtre, côté passager.

Il lui parla d’une voix de basse grondante :

— Mme Webber souhaiterait dissiper un malentendu.

— Quel malentendu ?

— Elle aimerait vous faire comprendre que les fouineurs ne sont pas les bienvenus chez elle.

C’était plus clair.

Webber et son assistante étaient arrivées à la conclusion que Riley était un imposteur, pas un agent de FBI. Ils la soupçonnaient d’être une journaliste en train d’écrire un dossier sur la représentante.

Et ces deux types devaient avoir l’habitude de chasser les journalistes indiscrets.

Riley sortit à nouveau son badge.

— En effet, il y a un malentendu, dit-elle. Je suis vraiment un agent spécial du FBI.

Le grand type esquissa un sourire narquois. Il croyait visiblement que le badge était faux.

— Sortez du véhicule, s’il vous plait, dit-il.

— Non merci, répondit Riley. Je vous prie d’ouvrir ce portail.

Riley n’avait pas fermé sa portière à clé. Le grand type l’ouvrit.

— Sortez du véhicule, répéta-t-il.

Riley étouffa un grognement.

Ça va mal finir, pensa-t-elle.

Riley sortit de sa voiture et ferma la portière. Les deux hommes s’arrêtèrent à quelques pas d’elle, chacun de son côté.

Riley se demanda lequel d’entre eux ferait le premier geste.

Puis le grand type fit craquer ses doigts et s’approcha.

Riley fit la moitié du chemin. Elle l’attrapa par le col et par sa manche gauche, puis le fit basculer. Elle pivota sur son pied gauche et se pencha en avant. Elle sentit à peine l’énorme poids du majordome voler par-dessus son dos. Il s’écrasa bruyamment sur la portière de sa voiture, puis face contre terre.

C’est la voiture qui a tout pris, pensa-t-elle avec incrédulité.

L’autre venait en renfort. Elle se tourna vers lui.

Elle lui envoya un coup de pied entre les jambes. Quand il se plia en deux avec un grognement, Riley sut que l’altercation était terminée.

Elle dégaina le pistolet que le garde avait à la ceinture.

Puis elle balaya du regard son travail.

Le majordome gisait au pied de la voiture, le costume tout froissé, et la dévisageait avec un mélange de terreur et d’incrédulité. La portière était abîmée, mais ce n’était pas trop grave. Le garde en uniforme était à quatre pattes, le souffle court.

Elle lui tendit son arme en lui présentant la crosse.

— Vous avez égaré ceci, dit-elle d’un ton aimable.

D’une main tremblante, il tendit la main pour prendre son pistolet.

Riley ne le laissa pas faire.

— Non, non, dit-elle. Pas avant que vous n’ouvriez le portail.

Elle l’aida à se relever. Il tituba vers sa cahute et poussa le bouton actionnant le portail. Riley marcha vers sa voiture.

— Excusez-moi, dit-elle au majordome.

L’air terrifié, l’homme rampa sur le côté, comme un crabe géant, pour laisser passer Riley. Elle rentra dans sa voiture et passa le portail, non sans jeter le pistolet par la fenêtre.

Ils savent que je ne suis pas journaliste, maintenant, pensa-t-elle.

Et ils ne manqueraient pas d’en informer la représentante.

*

Environ deux heures plus tard, Riley se garait sur le parking de l’Unité d’Analyse Comportementale. Elle resta assise quelques minutes derrière son volant. Elle n’était pas revenue depuis le début de son congé… Et elle ne pensait pas revenir aussi vite. C’était une sensation étrange.

Elle coupa le moteur, récupéra ses clés, sortit de la voiture et rentra dans le bâtiment. Sur le chemin de son bureau, des amis et des collègues la saluèrent avec un mélange de surprise, d’amabilité et de retenue.

Elle s’arrêta devant le bureau de son partenaire habituel, Bill Jeffreys, mais il n’était pas là. Il devait travailler sur une affaire avec quelqu’un d’autre.

En y pensant, elle ressentit une pointe de tristesse – et même de jalousie.

A bien des égards, Bill était le meilleur ami qu’elle avait dans ce monde.

Mais c’était peut-être aussi bien qu’il ne soit pas là. Bill ne savait pas qu’elle était de nouveau avec Ryan. Ça ne lui plairait pas. Il lui avait trop souvent tenu la main pendant la séparation et le divorce. Il aurait du mal à croire que Ryan avait changé.

En poussant la porte de son bureau, elle se sentit obligée de vérifier qu’elle était au bon endroit. Tout était trop propre et bien organisé. Avaient-ils donné son bureau à un autre agent ? Quelqu’un travaillait-il ici en son absence ?

Riley ouvrit un tiroir. C’étaient bien ses dossiers, mais tout était mieux classé.

Qui aurait pris le temps de ranger ?

Sans doute pas Bill. Bill aurait su qu’il ne fallait toucher à rien.

Lucy Vargas, peut-être.

Lucy était un jeune agent qui avait travaillé avec elle et Bill. Si c’était bien elle la coupable, elle l’avait fait avec de bonnes intentions.

Riley s’assit à son bureau quelques minutes.

Des images remontèrent à la surface – le cercueil de la fille, ses parents bouleversés et le cauchemar de ce corps pendu entouré de souvenirs. Elle se rappela également la manière dont le doyen de Byars avait évité ses questions et les mensonges de Hazel Webber.

Назад Дальше