Le mensonge d’un voisin - Блейк Пирс 2 стр.


« Je suis contente que ça te plaise. »

« Et toi, quoi de neuf ? Comment est l’appartement ? Comment s’est passé le déménagement ? »

Elle ne voulait pas que Danielle sache qu’elle avait déménagé toute seule, alors elle répondit de manière évasive—une chose qu’elle détestait faire. « Pas trop mal. Je dois encore déballer des caisses, mais je suis contente d’être là. »

« Je te promets de venir bientôt pour cette bouteille de vin. Et sinon, comment ça se passe pour le reste ? »

« Honnêtement ? »

Danielle resta silencieuse pendant un instant avant de répondre par un « Oh-Oh. »

« Je pense beaucoup à papa. J’ai pensé à aller le voir. »

« Et pourquoi tu ferais ça ? »

« J’aimerais avoir une bonne réponse à te donner, » répondit Chloé. « Mais après tout ce qui s’est passé, je sens que j’en ai besoin. J’ai besoin de trouver un sens à tout ça. »

« Mon dieu, Chloé, laisse tomber. Avec ton nouveau boulot, tu n’es pas censée résoudre d’autres crimes ? Et moi qui pensais être celle qui passait son temps à vivre dans le passé. »

« Pourquoi est-ce que ça te contrarie autant ? » demanda Chloé. « Que j’aille le voir… »

« Parce que je pense que nous lui avons toutes les deux donné assez de nos vies. Et je sais que si tu vas le voir, mon nom va être mentionné, et j’aimerais autant que ça n’arrive pas. J’en ai fini avec lui, Chloé. J’aimerais que tu puisses en faire autant. »

Oui, j’aimerais aussi, pensa Chloé, mais elle garda ce commentaire pour elle-même.

« Chloé, je t’aime, mais si le reste de la conversation doit tourner autour de lui, je vais te dire aurevoir dès maintenant. »

« Quand est-ce que tu travailles ? » demanda Chloé.

« Tous les soirs de la semaine, sauf samedi. »

« Je viendrai peut-être vendredi après-midi pour te voir. Et je veux que tu me serves ta spécialité, quel que soit le cocktail. »

« Il vaudrait mieux que tu ne prévoies pas de conduire pour rentrer chez toi, alors, » répondit Danielle.

« C’est noté. »

« Et toi ? Quand est-ce que tu commences ton nouveau travail ? »

« Demain matin, en fait. »

« En plein milieu de la semaine ? » demanda Danielle.

« C’est une espèce de journée d’orientation, avec surtout des réunions et une séance d’information. »

« Je suis ravie pour toi, » reprit Danielle. « Je sais à quel point cela te tenait à cœur. »

C’était agréable d’entendre Danielle parler en positif de son travail. Non seulement cela, mais elle avait vraiment l’air en plus de s’y intéresser.

Un silence pesant s’installa entre elles. Il fut heureusement rompu par Danielle qui dit quelque chose qui ne lui ressemblait pas vraiment. « Sois prudente, Chloé. Avec ton travail…avec papa…avec tout ça. »

« Je le serai, » lui répondit Chloé, prise par surprise par ce commentaire.

Danielle raccrocha, et Chloé se mit à contempler son appartement. Il lui était difficile de bien le voir à cause de tout son fatras, mais elle se sentait déjà chez elle.

Rien de tel qu’une discussion inconfortable avec Danielle pour se sentir chez soi dans un nouvel appartement, pensa-t-elle de manière désinvolte.

Elle prit son temps pour s’étirer, elle s’extirpa du fauteuil et s’approcha du carton qui se trouvait le plus près d’elle. Elle commença à le déballer, en se disant qu’il faudrait vraiment qu’elle parvienne à trouver un moyen d’avoir des relations harmonieuses. Que ce soit avec sa sœur, son père ou son ex-fiancé, elle n’était pas la plus douée pour garder les gens à ses côtés.

Alors qu’elle pensait à son ex-fiancé, elle tomba sur plusieurs photos encadrées au fond du premier carton. Il y avait trois photos en tout, des clichés de Steven et d’elle ; deux dataient du début de leur relation, quand les choses n’étaient pas encore trop sérieuses entre eux. Mais la troisième était une photo prise après qu’il eut fait sa demande…après qu’elle ait répondu oui et qu’elle se soit presque mise à pleurer.

Elle sortit les photos du carton et les posa sur le plan de travail de la cuisine. Elle fouilla un peu autour d’elle et trouva une poubelle de l’autre côté de la pièce, près de son matelas. Elle prit les photos et les y jeta. Le bruit du verre se brisant au fond de la poubelle lui parut des plus agréables.

Plutôt facile, songea-t-elle. J’ai hâte de laisser tout ça derrière moi. Mais pourquoi je ne peux pas tourner la page aussi facilement avec papa ?

Elle ne savait pas comment répondre à ça. Et ce qui l’effrayait le plus, c’était qu’elle ne puisse trouver la réponse qu’en allant parler avec lui.

Tout d’un coup, l’appartement lui sembla plus vide qu’avant, et Chloé se sentit vraiment seule. Elle décida d’entamer le pack de bières qu’elle avait acheté plus tôt dans la journée et qui se trouvait au réfrigérateur. Elle ouvrit une bouteille, un peu surprise de constater à quel point cette première gorgée lui paraissait bonne.

Elle fit de son mieux pour rester occupée tout le reste de l’après-midi et jusque tard dans la soirée, en passant méthodiquement en revue les cartons un par un, pour décider des objets qu’elle allait garder. Le trophée qu’elle avait gagné avec l’équipe de débat au lycée prit le chemin de la poubelle. Quant au CD de Fiona Apple sur lequel elle avait perdu sa virginité pendant sa deuxième année de lycée, elle le garda.

Toutes les photos de son père finirent à la poubelle. Ça lui fit du mal au début, mais une fois arrivée à la quatrième bière, ce fut tout de suite plus facile.

Elle vida deux cartons…et elle en aurait probablement encore vidé un si, en allant au réfrigérateur, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait bu le pack de bières au complet. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge au-dessus de la cuisinière et laissa échapper un petit cri de surprise.

Il était une heure moins le quart. Autant oublier la bonne nuit de sommeil avant mon premier jour, pensa-t-elle.

Mais ce qui était plus inquiétant, c’était qu’elle était plus contrariée par le fait que le pack de bières soit vide que par la perspective d’un matin vaseux pour son premier jour au FBI. Elle s’affala sur son lit après s’être brossé les dents. Elle avait la tête qui tournait. Finalement, elle avait surtout cherché ce soir à éliminer le plus possible son père de sa vie.

CHAPITRE DEUX

Chloé ne savait pas trop à quoi s'attendre quand elle entra au QG du FBI le lendemain matin. Mais ce à quoi elle ne s'attendait absolument pas du tout, c'était d'être accueillie par un agent plus âgé dans le hall d’entrée. Elle remarqua qu’il l’avait aperçue et elle se demanda comment réagir quand elle le vit marcher droit sur elle. Pendant un instant, elle pensa qu'il s'agissait de l'agent Greene, l'homme qui lui avait fait office d'instructeur et de partenaire dans l'affaire qui lui avait permis de découvrir la vérité à propos de son père.

Mais après l’avoir mieux regardé, elle se rendit compte que cet agent était une toute autre personne. Il paraissait taillé dans la roche, sa bouche dessinant une ligne étroite à travers sa mâchoire.

« Chloé Fine ? » demanda l'agent.

« Oui ? »

« Le directeur Johnson aimerait vous parler avant la séance d'orientation. »

Elle se sentit à la fois excitée et terrorisée. Le directeur Johnson avait fait une exception avec elle quand elle avait fait équipe avec Greene. Avait-il changé d'avis ? Ses actions dans cette dernière affaire lui avaient-elles porté préjudice ? Était-elle arrivée aussi loin pour voir, dès le premier jour, ses rêves s'écrouler ?

« Pour quelle raison ? »

L'agent haussa les épaules, comme s'il s'en moquait royalement. « Par ici, s'il vous plaît, » dit-il.

Il l'accompagna jusqu’aux ascenseurs et, pendant un moment, Chloé eut l’impression de faire un retour dans le passé. Elle se revit marchant vers ces mêmes ascenseurs, un peu plus de deux mois auparavant, avec cette même boule d'inquiétude au ventre, en sachant qu'elle allait rencontrer le directeur Johnson. Et tout comme la dernière fois, cette boule d'inquiétude commença à envahir tout son corps au moment où l’ascenseur se mit à monter.

L'agent au visage impassible l’accompagna en dehors de l'ascenseur quand celui-ci s'arrêta au deuxième étage. Ils traversèrent plusieurs salles et bureaux avant que l'agent ne s'arrête devant le bureau de Johnson. La secrétaire hocha poliment la tête pour les saluer, avant de dire : « Vous pouvez entrer. Il vous attend. »

L'agent au visage impassible lui fit également un léger hochement de tête - mais pas de manière aussi polie - et il fit un signe vers la porte du bureau. Il était clair qu'il n'allait pas entrer.

S'efforçant de rester calme et détendue, Chloé se dirigea vers la porte du bureau du directeur Johnson. Qu'est-ce qui me rend aussi nerveuse ? se demanda-t-elle. La dernière fois qu’il m’a convoquée dans son bureau, il m’a assigné des responsabilités et des tâches que beaucoup de nouveaux agents n’ont pas la chance d’avoir. C'était vrai, mais cela ne l'aidait en rien à se calmer.

Quand elle entra, le directeur Johnson était assis à son bureau, occupé à lire quelque chose sur son laptop. Quand il leva la tête, il fixa toute son attention sur elle ; il referma même son ordinateur.

« Agent Fine, » dit-il. « Merci d’être venue. Cela ne prendra qu'une seconde. Je ne veux pas que vous ratiez une partie de la séance d'orientation – qui, je vous le dirai franchement – est assez rapide. »

Être appelée Agent Fine la combla de joie, mais elle essaya qu'il n'en paraisse rien. Elle prit une chaise en face de son bureau et lui adressa un sourire aussi détaché que possible. « Aucun problème, » lui dit-elle. « Suis-je... enfin, il y a quelque chose qui ne va pas ? »

« Non, non, pas du tout, » dit-il. « Je voulais juste vous parler d’une autre option en ce qui concerne votre affectation. J’ai cru comprendre que vous dirigiez votre carrière vers l’équipe scientifique. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez toujours voulu faire ? »

« Oui, monsieur. J'ai toujours eu un bon œil pour les détails. »

« Oui, c'est ce que j'ai entendu dire. L'agent Greene a parlé de vous en termes élogieux. Et mis à part quelques contretemps dans les événements d'il y a deux mois, je dois l'admettre – j'étais moi-même très impressionné. Vous vous comportez avec une confiance en vous inébranlable, ce qui est rare chez les nouveaux agents. Et c'est pour cette raison, et au vu des éloges que j'ai reçus de l'Agent Greene et de certains de vos instructeurs à l'académie, que je voudrais vous demander de reconsidérer le choix de votre département. »

« Est-ce que vous pensez à un département en particulier ? » demanda Chloé.

« Avez-vous déjà entendu parler du programme ViCAP ? »

« Le Programme de Détention de Criminels Violents ? Oui, j'en ai entendu parler. »

« Le nom s'explique de lui-même, mais je pense que c'est compatible avec vos capacités d’attention aux détails. De plus, pour être tout à fait sincère avec vous, l'Équipe Scientifique se compose déjà d’un groupe plutôt conséquent d'agents de première année. Plutôt que de venir simplement grossir les rangs, je vous verrais plus au sein du ViCAP. Est-ce que c’est quelque chose qui pourrait vous intéresser ? »

« Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé. »

Johnson acquiesça mais Chloé était presque sûre qu'intérieurement, il avait déjà pris sa décision. « Si cela vous tente, j'aimerais que vous fassiez un essai. Si dans quelques jours, vous trouvez que cela ne vous convient pas, je m'engage personnellement à ce que vous retrouviez votre place actuelle avec l'Équipe Scientifique. »

Franchement, elle ne savait pas quoi répondre. Mais en revanche, ce qu'elle savait avec certitude, c'était que le fait que son directeur pense à elle pour un poste en particulier, uniquement sur base de ses capacités et du feedback positif de ses pairs, la remplissait de fierté.

« Oui, je veux bien essayer, » répondit-elle finalement.

« Fantastique. J'ai déjà pensé à vous mettre sur une affaire. Vous commenceriez demain matin. C’était la police du Maryland qui s’en occupait, mais nous avons reçu ce matin-même un appel nous demandant de les aider. Je vous l'assigne, et vous serez accompagnée d'une autre agent qui se retrouve aujourd’hui sans partenaire. Celui que nous lui avions attribué s'est effondré sous la pression et nous a appelés hier pour donner sa démission. »

« Puis-je en demander la raison ? »

« Avec le Programme de Détention de Criminels Violents, les crimes ont tendance à être plutôt abjects. C’est quelque chose qui arrive parfois avec les nouvelles recrues... Ils finissent la formation, en analysant des cas concrets, et même des enquêtes réelles. Mais pour finir, quand ils se rendent compte qu'ils vont vivre ces affaires de près... Certains craquent. »

Chloé resta silencieuse. Elle devait prendre une décision importante et ça la dépassait un peu. Elle avait toujours voulu un poste tel que celui-là, d'aussi loin qu’elle s’en rappelle – depuis le moment même où elle avait compris la différence entre le bien et le mal.

« Vais-je avoir besoin d'une formation supplémentaire ? »

« Je vous conseillerais des entraînements supplémentaires au stand de tir, » répondit Johnson. « Je m'assurerai que tout soit arrangé pour vous. Lorsque vous avez été recrutée par l'Équipe Scientifique, vos résultats en maniement d’armes à feu étaient plutôt bons. Il vous sera néanmoins utile de développer des aptitudes supplémentaires dans ce domaine, une fois que vous aurez intégré le ViCAP – si vous décidez d’y rester. »

« Je comprends. »

« Alors, à moins que vous n'ayez d’autres questions, je pense que vous pouvez aller assister à la séance d'orientation à l'étage d’en bas. Il vous reste trois minutes avant que ça ne commence. »

« Plus de questions pour l’instant. Et merci pour l’opportunité offerte. Et pour votre confiance en moi. »

« Je vous en prie. Je vais m'occuper de la paperasse et quelqu'un vous appellera pour votre affectation avant la fin de la journée. Et agent Fine... Ça va bien se passer. Je pense que vous serez un atout remarquable pour le ViCAP. »

C'est à ce moment-là, quand elle se leva pour quitter le bureau, qu'elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais été très douée pour accepter les compliments. Peut-être parce qu'elle n'en avait pas reçu beaucoup dans son enfance. Elle lui adressa simplement un sourire gêné et sortit du bureau. La boule de nervosité qui avait grossi dans son ventre avait maintenant disparu, remplacée par une sensation de légèreté et l’impression de flotter littéralement dans les airs.


***

La séance d'orientation était telle qu'elle se l'était imaginé. Elle consistait en une liste de choses à faire et à ne pas faire, énumérée par toute une panoplie d'agents expérimentés. Il y avait des exemples d'affaires qui avaient mal tourné, à un tel point que plusieurs agents avaient démissionné après coup, ou en étaient même arrivés au suicide. Les instructeurs racontèrent des histoires tristes d'enfants assassinés et de violeurs en série qui, à ce jour, n'avaient toujours pas été élucidées.

Alors qu'elle écoutait ces histoires, Chloé entendit tout bas les bribes d'une conversation dans l'assistance. À deux sièges à sa gauche, elle entendit une femme murmurer quelque chose à un homme assis à côté d’elle.

« Apparemment, mon partenaire a entendu ce genre d’histoires avant nous. C'est peut-être pour ça qu'il a démissionné. » dit-elle d'un ton malveillant qui dérangea tout de suite Chloé.

Avec ma chance, c'est elle la nouvelle partenaire dont Johnson m’a parlé, pensa Chloé.

La séance d’orientation se termina finalement pour le déjeuner. Mais avant ça, les instructeurs regroupèrent les assistants en fonction de leurs différentes affectations. Lorsque Chloé entendit appeler l’équipe scientifique, elle ressentit une pointe d'amertume. Elle regarda la vingtaine de recrues descendre vers l’estrade et se rassembler sur la droite. Le fait qu’elle pensait encore il y a moins de trois heures qu’elle allait faire partie de ce groupe la fit se sentir un peu seule, plus encore lorsqu'elle remarqua que certains agents de l’équipe s’étaient déjà liés d’amitié.

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