Jeux Macabres - Блейк Пирс 3 стр.


— Je vous remercie, dit Carolyn Rainey. Mais Jess n'est pas le genre de fille à s'enfuir chez un ami et à laisser toutes ses affaires au bord de la rue. Et elle ne se séparerait jamais volontairement de son téléphone. Ce n'est pas son style.

Ray ne répondit rien. Keri savait qu'il s'était senti obligé de suggérer d'autres possibilités. Et il était habituellement bien moins susceptible de sauter sur la théorie de l'enlèvement que Keri. Mais il avait du mal à trouver des raisons légitimes expliquant que Jessica abandonne toutes ses affaires.

— Est-ce que cela vous dérange si nous prenons quelques photos ? demanda-t-elle, rompant le silence gênant. Nous voulons les faire circuler dans les forces de l'ordre.

— Pas du tout. Prenez-les toutes si vous le souhaitez, répondit Carolyn.

— Pas toutes, intervint Tim, en en prenant une de la pile. C'était la première fois qu'il s'exprimait depuis qu'ils s'étaient assis. J'aimerais garder celle-ci si vous pouvez faire sans.

Il s'agissait d'une photo de Jessica dans les bois, portant un équipement de randonnée, avec un sac à dos bien trop gros pour elle sanglé dans le dos. Son visage était bariolé de ce qui ressemblait à des peintures de guerre et un bandana arc-en-ciel lui ceinturait la tête. Elle souriait gaiement. Cela n'aiderait pas beaucoup dans un but d'identification. Et même si cela avait été le cas, Keri devinait que ce cliché lui était très spécial.

— Gardez-là. Nous en avons plus qu'il n'en faut, dit-elle doucement avant de revenir à l'affaire. À présent, il y a quelques petites choses dont nous allons avoir besoin de votre part, et tout cela rapidement. Vous allez peut-être avoir besoin de l'écrire. Dans ce genre de situations, le temps est crucial, nous allons donc peut-être devoir sacrifier vos sentiments pour des informations. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?

Ils hochèrent tous deux la tête.

— Bien, dit-elle avant de reprendre. Alors voilà ce qui va se passer. Madame Rainey, nous allons avoir besoin de vous pour nous montrer l'itinéraire que vous effectuez pour retrouver votre fille et son itinéraire habituel à partir de ce point jusqu'à l'école. Nous allons regarder dans sa chambre, y compris tout ordinateur ou tablette qu'elle pourrait avoir. Comme je l'ai dit, nous allons aussi regarder son téléphone quand la police scientifique en aura fini.

— Très bien, dit Madame Rainey, prenant note de tout tandis que Keri continuait.

— Nous aurons besoin des coordonnées de tous les amis auxquels vous pouvez penser et de tous les enfants avec qui elle aurait pu avoir un problème l'année dernière. Nous avons besoin du numéro du principal. Nous pouvons récupérer les coordonnées des professeurs et des conseillers d'éducation de l'école directement. Mais si vous les avez déjà, ça serait super.

— Nous pouvons vous trouver tout cela, leur promit Carolyn.

— Nous aurons aussi besoin des noms et des numéros de tous les coaches ou tuteurs qu'elle a eu, ajouta Ray, ainsi que les noms des deux garçons pour lesquels elle avait le béguin. Le détective Locke et moi allons nous séparer pour maximiser le temps.

Keri lui jeta un coup d’œil. Sa voix avait l'air parfaitement normale mais elle devinait qu'il y avait plus que de la rapidité professionnelle en jeu.

Ne le prends pas personnellement. C'est une bonne idée.

— Oui, acquiesça-t-elle. Pourquoi Madame Rainey et moi n'irions pas prendre le chemin de l'école avant qu'il ne fasse trop sombre ? À cette période de l'année, le soleil se couchera dans moins d'une heure. Vous pouvez me donner les numéros des contacts en chemin.

— Et monsieur Rainey, dit Ray, vous pouvez me montrer la chambre de Jessica. Après ça, je vous recommande d'aller chercher votre fils. Comment s'appelle-t-il ?

— Nathaniel. Nate.

— D'accord, eh bien, les experts seront partis le temps que vous reveniez, il n'y aura donc pas trop de gens dans les parages. Vous devriez essayer de garder les choses aussi normales que possibles pour lui. De cette façon, si nous devons lui poser des questions, il ne se refermera pas.

Tim Rainey hocha la tête distraitement, comme s'il venait tout juste de se souvenir qu'il avait également un fils. Ray continua.

— Quand vous serez parti, je me dirigerai vers l'école pour parler aux gens du coin. Nous vérifierons aussi s'il y a des vidéos qui peuvent nous être utiles. Madame Rainey, je vous retrouverai vous et le détective Locke à l'école et je vous ramènerai.

— Allez-vous déclencher une alerte enlèvement ? demanda Carolyn, faisant référence aux messages d'enlèvements envoyés au grand public.

— Pas encore, dit Ray. Il est tout à fait possible que nous le fassions bientôt, mais pas avant que nous ayons plus d'informations à partager. Nous n'en savons pas encore suffisamment.

— Mettons-nous en route, dit Keri. Plus vite nous cocherons ces cases, meilleure sera l'idée que nous aurons sur ce qui a bien pu se passer.

Ils se levèrent tous. Carolyn Rainey saisit son sac à main et les mena à la porte d'entrée.

— Je te dirai si on découvre quelque chose, dit-elle à son mari tout en l'embrassant sur la joue. Il hocha la tête, puis la tira pour l'enlacer longuement et étroitement.

Keri jeta un coup d’œil vers Ray qui regardait le couple. Malgré lui, il la regarda aussi. Elle voyait encore la douleur dans ses yeux.

— Je t'appellerai quand nous serons à l'école, dit Keri calmement à Ray. Il hocha la tête sans répondre.

Elle se sentit piquée par sa froideur mais elle comprenait. Il s'était ouvert et avait pris un gros risque. Et elle l'avait remballé sans aucune explication. Il était probablement bon qu'ils aient un peu d'espace pour les prochains temps.

Tandis que les deux femmes sortaient et commençaient à s'éloigner de la maison, une pensée résonnait dans sa tête.

J'ai vraiment foiré.

CHAPITRE 3

Quatre-vingt-dix minutes plus tard, de retour à son bureau, Keri laissa échapper un soupir de frustration. Presque toute la dernière heure et demie s'était révélée infructueuse.

Elles n'avaient rien trouvé d'inhabituel sur le chemin de l'école et n'étaient tombées sur aucun signe visible de lutte. Il n'y avait aucune trace de pneus suspecte près de l'endroit où madame Rainey avait trouvé les affaires de Jessica. Keri s'était arrêtée à chaque maison à proximité pour déterminer si l'un des résidents possédait une caméra faisant face à la rue qui pourrait être utile. Ce n'était pas le cas.

Lorsqu'elles étaient arrivées à l'école, Ray, déjà sur place, parlait à la principale, qui avait promis d'envoyer un e-mail à tous les parents d'élèves pour leur demander les informations qu'ils pourraient avoir. L'agent de sécurité avait mis en attente toutes les images de vidéosurveillance de la journée, Keri avait alors suggéré à Ray de rester là et de les visionner tandis qu'elle ramenait madame Rainey chez elle et retournait au bureau pour appeler toutes les pistes potentielles.

Pour Carolyn Rainey, ils ressemblaient simplement à deux partenaires performants et multi-tâches. À un certain degré, c'était le cas. Mais la pensée de s'asseoir, embarrassée, sur le siège passager tandis que Ray la reconduisait à la division ouest de Los Angeles, était une chose qu'elle ne pouvait affronter en ce moment.

Alors au lieu de cela, elles prirent un taxi pour rentrer à la maison des Rainey après quoi Keri continua jusqu'au poste. C’était ici qu'elle avait passé la dernière demi-heure, appelant les amis de Jessica et camarades de classe. Personne n'avait rien d'inhabituel à partager. Trois amis se souvenaient tous la voir quitter l'école à vélo et leur faire des signes en quittant le parking. Tout semblait normal.

Elle appela les deux garçons pour lesquels Jessica avait eu un béguin ces dernières semaines, et bien que les deux savaient qui elle était, aucun ne semblait bien la connaître ou même être conscient de ce qu'elle ressentait. Keri n'était pas choquée par cela. Elle se souvenait d'elle à cet âge-là, remplissant des carnets entiers avec le nom des garçons qu'elle aimait, sans jamais leur avoir parlé.

Elle parla ou laissa des messages à tous les professeurs de Jessica, sa coach de softball, son tuteur de mathématiques et même le chef du groupe de surveillance du quartier. Aucun de ceux qu'elle contacta ne savait quoi que ce soit.

Elle appela Ray qui décrocha à la première sonnerie.

— Sands.

— Je n'ai rien trouvé, dit-elle, essayant de se concentrer uniquement sur le problème en cours. Personne n'a rien vu qui sortait de l'ordinaire. Ses amis ont dit que tout semblait normal quand elle a quitté l'école. J'attends encore qu'on me rappelle mais je ne suis pas optimiste. Tu as eu plus de chance ?

— Pas jusqu'à présent. La portée de la caméra ne s'étend que jusqu'à la fin du pâté de l'école dans chaque direction. Je peux la voir dire au revoir à ses amis, comme tu l'as décrit, puis partir en vélo. Rien ne se passe tant qu'elle est visible. J'ai demandé au garde de visionner les images des jours précédents pour voir s'il y avait quelqu'un qui traînait dans les parages. Ça risque d'être long.

Le non-dit dans cette dernière phrase laissait supposer qu'il ne reviendrait pas de sitôt au poste. Elle prétendit ne pas le remarquer.

— Je pense qu'on devrait publier l'alerte enlèvement, dit-elle. Il est 18h maintenant. Donc ça fait trois heures depuis que sa mère a appelé la police. Nous n'avons pas assez de preuves suggérant que ce soit autre chose qu'un kidnapping. Si elle a été enlevée juste après l'école, entre 14h45 et 15h, elle pourrait se trouver aussi loin que Palm Spring ou San Diego à ce stade. On doit mettre autant d'yeux que possible sur le coup.

— Je suis d'accord, répondit Raa. Tu peux te charger de ça pour que je puisse continuer de revoir les images de vidéosurveillance ?

— Bien sûr. Est-ce que tu reviens au poste après ça ?

— Je ne sais pas, répondit-il sans s'engager. Ça dépend de ce que je vais trouver.

— Ok, eh bien, tiens-moi au courant.

— Je le ferai, répondit-il puis il raccrocha sans dire au revoir.

Keri s'efforça de ne pas se concentrer sur la légèreté perçue et mit toute son attention dans la préparation et la diffusion de l'alerte enlèvement. Alors qu'elle finissait, elle vit son chef, le lieutenant Cole Hillman, marcher vers son bureau.

Il portait son uniforme habituel de pantalon, manteau de sport, cravate défaite et chemise à manches courtes qu'il ne pouvait pas garder en place à cause de son ample bedaine. Il avait un peu plus de cinquante ans mais le travail l'avait usé au point que des rides profondes s'étaient creusées sur son front et au coin de ses yeux. Ses cheveux poivre et sel comptaient plus de sel que de poivre dernièrement.

Elle pensait qu'il allait venir à son bureau et lui demander un point sur la situation mais il ne regarda jamais dans sa direction. Cela lui convenait, car elle voulait vérifier auprès des gars de la police scientifique pour voir s'ils avaient trouvé des empreintes.

Après avoir lancé l'alerte enlèvement, Keri traversa le poste, qui était étrangement calme pour cette heure de la nuit, jusqu'au bout du couloir. Elle frappa à la porte des experts et passa sa tête en travers sans attendre la permission.

— De la chance sur l'affaire Jessica Rainey ?

La greffière, une fille de vingt ans et quelques aux cheveux foncés et portant des lunettes, releva les yeux du magazine qu'elle lisait. Keri ne la reconnut pas. Le travail de greffier à la police scientifique était une corvée et il y avait beaucoup de renouvellement. Elle tapa le nom dans la base de données.

— Rien sur le sac à dos ou sur le vélo, dit la fille. Ils vérifient encore quelques empreintes sur le téléphone mais à la façon dont ils en parlent, ça ne semble pas très prometteur.

— S'il vous plaît, est-ce que vous pouvez leur dire de prévenir le détective Locke dès qu'ils auront fini, peu importe le résultat ? Même s'il n'y a aucune empreinte utilisable, je dois vérifier ce téléphone.

— C'est noté, détective, dit-elle, enfouissant à nouveau son nez dans le magazine avant même que Keri n'ait fermé la porte.

Se tenant seule dans le couloir silencieux, Keri prit une grande inspiration et réalisa qu'elle ne pouvait rien faire d'autre. Ray regardait les images de vidéosurveillance de l'école. Elle avait lancé l'alerte enlèvement. Le rapport de la police scientifique était en cours et elle ne pouvait pas vérifier le téléphone de Jessica avant qu'ils n'en aient fini avec. Elle avait parlé à tout le monde ou attendait des retours de ceux qu'elle avait appelés.

Elle s'appuya contre le mur et ferma les yeux, permettant à son cerveau de se détendre pour la première fois depuis des heures. Mais dès qu'elle le fit, des pensées indésirables l'envahirent.

Elle vit l'image du visage de Ray, blessé et confus. Elle vit un fourgon noir avec sa fille à l'intérieur tourner à un coin de rue dans les ténèbres. Elle vit les yeux du Collectionneur tandis qu'elle serrait son cou, enlevant la vie de l'homme qui avait enlevé sa fille cinq ans avant cela, même s'il était déjà en train de mourir d'une blessure à la tête. Elle vit les images granuleuses d'un homme connu sous le seul nom de Veuf Noir alors qu'il tirait dans la tête d'un autre homme, prenait Evie dans le fourgon de l'homme et la poussait dans son propre véhicule avant de disparaître à jamais.

Ses yeux se rouvrirent brusquement et elle vit qu'elle faisait face à la salle des preuves. Elle y avait passé beaucoup de temps ces dernières semaines, examinant des photos venant de l'appartement de Brian « le Collectionneur » Wickwire.

Les preuves réelles étaient détenues à la division du centre-ville car son appartement se trouvait dans leur juridiction. Ils avaient consenti à laisser la police de Los Angeles ouest prendre des photos de tout, tant que cela restait dans la salle des preuves. Comme elle avait tué l'homme, Keri n'était pas en position de discuter avec eux.

Mais elle n'avait pas parcouru les photos depuis plusieurs jours et à présent, il y avait quelque chose à propos de celles-ci qui la rongeait. Il y avait une démangeaison au bord de son cerveau qu'elle ne pouvait tout simplement pas gratter, une sorte de connexion qu'elle savait se cacher juste dans un recoin de sa conscience. Elle s'avança dans la pièce.

Le greffier des preuves fut surpris de la voir et fit glisser la feuille de présence vers elle sans un mot. Elle signa, puis alla droit vers la rangée comprenant la boîte de photos. Elle n'avait pas besoin des données de référencement car elle savait exactement quelle rangée et étagère c'était. Elle attrapa la boîte et l'emmena à l'une des tables dans le fond.

Elle s'assit, tourna la lampe de bureau et étala toutes les photos devant elle. Elle les avait déjà regardées des douzaines de fois. Chaque livre que possédait Wickwire était catalogué et photographié, tout comme l'était chaque vêtement et chaque objet de ses étagères de cuisine. Cet homme était suspecté d'implication dans l'enlèvement et la vente d'une cinquantaine d'enfants au fil des ans, et les détectives de la division du centre-ville n'avaient rien omis.

Mais Keri sentait que ce qui la démangeait ne se trouvait sur aucune des photos qu'elle avait déjà étudiées. C'était quelque chose qu'elle n'avait enregistré qu'en passant. Quelque chose qui avait refait surface dans son esprit lorsqu'elle se tenait dans le couloir quelques minutes auparavant, laissant tous ses souvenirs douloureux l'envahir.

Назад Дальше