Réaction en Chaîne - Блейк Пирс 3 стр.


– Agent Paige, ici Raymond Alford, chef de police à Reedsport, dans l’état de New York. Nous avons un sérieux problème. Vous accepteriez de prendre l’appel en vidéo conférence ? Ce serait plus facile pour vous expliquer. Et j’aimerais vous montrer quelques images.

La curiosité de Riley était piquée.

– Certainement, dit-elle.

Elle communiqua à Alford ses coordonnées. Quelques minutes plus tard, elle lui parlait par Webcams interposées. L’homme était élancé et perdait ses cheveux – il semblait relativement âgé. L’expression sur son visage trahissait son anxiété et sa fatigue.

– Nous avons eu un meurtre ici, la nuit dernière, dit Alford. Un meurtre assez moche. Je vous montre…

Une photographie apparut sur l’écran de Riley. Elle représentait le corps d’une femme pendu par des chaînes au-dessus d’une voie de chemin de fer. Le corps était bizarrement vêtu.

– Que porte la victime ? demanda Riley.

– Une camisole de force, dit Alford.

Riley sursauta. En y regardant de plus près, elle vit qu’il avait raison. La photographie disparut, remplacée par le visage de Alford.

– Monsieur Alford, je vous remercie de nous avoir contactés, mais qu’est-ce qui vous fait croire que c’est une affaire pour l’Unité d’Analyse Comportementale du FBI ?

– Parce que la même chose nous est arrivée il y a cinq ans, dit Alford.

Un deuxième corps apparut sur l’écran. La jeune femme était également sanglée dans une camisole de force et enveloppée de chaînes.

– A l’époque, il s’agissait d’une femme qui travaillait à temps partiel dans la prison, Marla Blainey. C’était la même façon de procéder – sauf que Blainey avait été jetée dans la rivière, pas pendue.

Le visage de Alford réapparut.

– Cette fois, c’est Rosemary Pickens, une infirmière du coin, dit-il. Personne ne pourrait imaginer le motif, pour l’une ou l’autre. Elles étaient toutes les deux très aimées.

Alford s’avachit et secoua la tête.

– Agent Paige, moi et mes hommes, nous pataugeons. C’est peut-être un tueur en série, ou bien un imitateur. Le problème, c’est que ça n’a pas de sens. Nous n’avons pas ce genre de problèmes à Reedsport. Ce n’est qu’une petite bourgade pour les touristes le long du fleuve Hudson. Il n’y a que sept mille habitants.  Parfois, nous avons une bagarre ou nous repêchons un touriste tombé dans la rivière. Mais guère plus…

Riley réfléchit un instant. Cela ressemblait à une affaire pour le Bureau. Il faudrait qu’elle transmette l’appel de Alford à Meredith.

En levant les yeux, elle vit que Meredith n’était pas encore revenu de sa pause café. Elle lui parlerait de l’affaire plus tard dans la journée. En attendant, elle pouvait creuser le dossier.

– Les causes de la mort ? demanda-t-elle.

– La gorge tranchée, toutes les deux.

Riley dissimula sa surprise. Les étranglements et les coups étaient beaucoup plus courants.

Ce tueur opérait de façon inhabituelle. Cependant, il correspondait au profil que Riley connaissait le mieux et dont elle s’était faite la spécialiste. Elle serait déçue de ne pas pouvoir apporter son expérience au dossier : étant donné son traumatisme récent, on ne lui confierait pas l’affaire.

– Avez-vous descendu le corps ? demanda Riley.

– Pas encore, dit Alford. Elle est encore suspendue là-haut.

– Laissez-le là où il est pour le moment. Attendez l’arrivée de nos agents.

La perspective ne réjouissait pas Alford.

– Agent Paige, ça risque d’être difficile. Il est juste au-dessus de la voie ferrée et on peut le voir depuis le fleuve. La ville n’a pas besoin de ce genre de publicité. On me pousse à le descendre.

– Laissez-le, dit Riley. Je sais que ce n’est pas facile, mais c’est important. Ce ne sera pas long. Des agents viendront dans l’après-midi.

Alford hocha la tête en signe d’acceptation résignée.

– Avez-vous d’autres photos de la dernière victime ? demanda Riley. Des gros plans ?

– Bien sûr, je reviens.

Riley se retrouva à examiner une série de photos détaillées du corps. La police locale avait fait du bon travail. On voyait que les chaînes comprimaient le corps et s’enroulaient de façon élaborée.

Enfin, une photo lui montra le visage de la victime.

Le cœur de Riley bondit dans sa poitrine. Les yeux globuleux de la femme sortaient presque de ses orbites et une chaîne bâillonnait sa bouche. Mais ce fut autre chose qui choqua Riley.

La femme ressemblait à Marie. Elle était plus âgée et plus ronde, mais tout de même, Marie lui aurait ressemblé si elle avait vécu quelques décennies de plus. L’image heurtait Riley de plein fouet. C’était comme si Marie tendait la main vers elle et lui demandait d’attraper ce tueur.

Elle sut qu’elle était obligée de prendre l’affaire.

Chapitre 4

Peterson roulait doucement, pas trop vite mais pas trop lentement non plus, satisfait d’avoir enfin repéré la gamine. Il avait fini par la trouver. Elle était là, la fille de Riley, seule, sur le chemin du lycée. Elle ne se doutait pas qu’il la suivait. Elle ne se doutait pas qu’il prévoyait de la tuer.

Elle s’arrêta brusquement de marcher et se retourna, comme se sentant observée. Indécise, elle resta un instant les bras ballants. Quelques élèves la dépassèrent et montèrent les marches qui menaient au lycée.

Peterson la dépassa à son tour au volant de sa voiture, dans l’attente d’une réaction.

La fille importait peu. Sa mère était la véritable cible de sa vengeance. Sa mère avait déjoué ses plans et elle allait devoir payer. Elle avait déjà payé, d’une certaine façon, quand Marie Sayles s’était suicidée. Mais, à présent, elle allait perdre la personne qui comptait le plus à ses yeux.

A sa grande satisfaction, la fille se remit en marche, en s’éloignant du lycée. Elle avait visiblement décidé de ne pas aller en cours aujourd’hui. Le cœur de Peterson battit plus vite dans sa poitrine – il était impatient d’agir. Mais il ne pouvait pas. Pas encore. Il allait devoir se montrer patient. Il y avait des témoins.

Peterson contourna un pâté de maison, en s’obligeant à la patience. Il réprima un sourire joyeux. Avec tout ce qu’il prévoyait de faire à sa fille, Riley souffrirait plus qu’elle ne l’aurait jamais cru possible. Quoique dégingandée et maladroite comme toutes les adolescentes, la fille ressemblait beaucoup à sa mère. Cela rendrait les choses d’autant plus satisfaisantes.

La fille marchait dans la rue à pas vifs. Il se gara sur le bas-côté et l’observa pendant quelques minutes. Il réalisa qu’elle suivait la route qui quittait le centre-ville. Si elle comptait rentrer à la maison à pied, ce serait peut-être le moment idéal pour l’attraper.

Le cœur battant à tout rompre, pressé de savourer sa victoire, Peterson contourna un autre pâté de maison.

Il fallait apprendre la patience, Peterson le savait. Il fallait apprendre à attendre le bon moment. Retarder le plaisir le rendait parfois plus intense. C’était une chose que Peterson avait apprise au cours de ses longues années de cruauté délicieuse.

Et il y a tant à attendre, pensa-t-il avec satisfaction.

En débouchant à nouveau sur la route principale, Peterson éclata de rire. La gamine essayait de faire du stop ! Dieu lui donnait un coup de pouce, aujourd’hui. A croire qu’il était destiné à la tuer.

Il se gara devant elle et lui adressa un sourire charmant.

– Je te dépose ?

La fille sourit à son tour.

– Merci. Ce serait génial.

– Où vas-tu ? demanda-t-il.

– Un peu plus loin, hors de la ville, dit-elle.

Elle lui donna l’adresse. Il répondit :

– J’y vais, justement. Monte !

La fille se glissa sur le siège passager. Avec une satisfaction grandissante, il s’aperçut qu’elle avait les yeux noisette de sa mère.

Peterson pressa la commande pour verrouiller les portes et fenêtres. Les oreilles pleines du ronflement de l’air conditionné, la fille ne remarqua pas son geste.

*

Un frisson d’adrénaline parcourut April quand elle attacha sa ceinture. C’était la première fois qu’elle faisait du stop. Sa mère aurait eu une crise cardiaque, si elle avait su.

Tant pis pour elle, songea April. Ce n’était pas très cool de sa part de l’avoir envoyé chez Papa, la nuit dernière. Tout ça parce qu’elle s’était mise dans la tête que Peterson était rentré chez elles par effraction. Ce n’était pas vrai et April le savait. Les deux agents qui l’avaient conduite chez Papa l’avaient dit. A les entendre, tout le Bureau pensait que Maman avait pété les plombs.

L’homme dit :

– Alors, qu’est-ce qui t’amène dans Fredericksburg ?

April se tourna vers lui. Il était agréable à regarder – un homme à la mâchoire volontaire, aux cheveux décoiffés et avec une barbe de trois jours. Il souriait.

– L’école, dit April.

– Un cours d’été ? demanda l’homme.

– Oui, dit April.

Elle n’allait pas lui dire qu’elle avait décidé de sécher les cours. Non pas qu’elle croyait que le type était du genre à la dénoncer à sa mère. Il avait l’air plutôt cool. Peut-être même que ça lui plairait de savoir qu’il aidait April à défier l’autorité parentale. Tout de même, il valait mieux rester discrète.

Le sourire de l’homme se fit malicieux.

– Et qu’est-ce ta mère pense du fait que tu fais du stop ? demanda-t-il.

April s’empourpra, embarrassée.

– Oh, ça ne la dérange pas, dit-elle.

L’homme ricana. Ce n’était pas un rire très agréable. Un détail frappa alors April : il lui avait demandé ce que pensait sa mère, pas ce que pensaient ses parents. Comment avait-il deviné ?

La circulation était assez dense à cette heure de la journée, surtout aux abords de l’école. Cela prendrait un bon moment pour rentrer. April espérait que l’homme ne chercherait pas à faire la conversation. Cela pourrait devenir gênant.

Au bout de quelques pâtés de maison parcourus en silence, l’inconfort de April ne fit que croître. L’homme ne souriait plus. Son expression s’était même franchement assombrie. Elle remarqua que les portes étaient verrouillées. Elle tenta discrètement de presser le bouton de la fenêtre du côté passager. En vain.

La voiture s’engagea derrière une file de véhicules qui attendaient le feu vert pour tourner à gauche. L’homme enclencha à son tour son clignotant. Une soudaine bouffée d’angoisse saisit April.

– Heu… On doit aller tout droit, dit-elle.

L’homme ne répondit pas. Ne l’avait-il pas entendue, tout simplement ? Mais April n’eut pas le courage de répéter. Peut-être qu’il voulait prendre une autre route. Non : April ne pouvait imaginer rejoindre la maison par cette route-là.

Que faire ? Crier à l’aide ? Quelqu’un l’entendrait ? Et si l’homme n’avait réellement pas entendu ce qu’elle lui avait dit ? Et s’il ne lui voulait aucun mal ? Ce serait très embarrassant.

Elle vit alors une silhouette familière remonter le trottoir, son sac renversé sur l’épaule. C’était Brian, son petit ami – enfin, plus ou moins son petit ami. Elle toqua vivement contre la vitre.

A son grand soulagement, Brian tourna la tête et la vit.

– Tu veux monter ? articula-t-elle.

Brian sourit et hocha la tête.

– Oh, c’est mon copain, dit April. On peut s’arrêter pour l’emmener, s’il vous plait ? Il va chez moi, de toute façon.

C’était un mensonge. April ne savait pas où se rendait Brian. L’homme fronça les sourcils et grogna. Cela ne lui faisait pas plaisir. Allait-il s’arrêter ? Le cœur de April battait la chamade.

Brian parlait avec animation au téléphone et attendait. Il regardait la voiture et April fut certaine qu’il avait une bonne image du conducteur. Elle se réjouit d’avoir un témoin potentiel, juste au cas où l’homme aurait eu des projets effroyables.

L’homme scruta Brian. Il vit qu’il parlait au téléphone. Et il vit que Brian le regardait droit dans les yeux.

Sans dire un mot, il déverrouilla les portières. April fit signe à Brian de s’asseoir sur le siège arrière. Celui-ci se glissa à son tour dans le véhicule, refermant la portière au moment où le feu passait au vert. La file de voitures se mit en branle.

– Merci, M’sieur, dit Brian vivement.

La mine renfrognée, l’homme ne répondit pas.

– Il nous ramène chez moi, Brian, dit April.

– Super, répondit Brian.

April se sentit mieux. Si l’homme avait réellement eu de mauvaises intentions, il n’allait quand même pas les kidnapper tous les deux, elle et Brian. A présent, il était obligé de les déposer chez elle.

April se demanda si elle allait devoir parler à sa mère de l’homme et de ses soupçons. Non : cela voudrait dire admettre qu’elle avait séché les cours et qu’elle avait fait du stop. Maman la priverait de sortie.

En plus, pensa-t-elle, le conducteur ne pouvait pas être Peterson.

Peterson était un tueur psychopathe, pas un type normal dans une voiture.

Et puis, après tout, Peterson était mort.

Chapitre 5

L’expression fermée et sombre de Brent Meredith laissait deviner que la demande de Riley ne lui plaisait pas.

– C’est un dossier pour moi, dit-elle. J’ai plus d’expérience avec ce genre de tueurs en série que tout autre agent.

Elle venait de lui décrire l’appel de la police de Reedsport pendant que Meredith l’écoutait, les mâchoires vissées.

Après un long silence, Meredith soupira :

– Je vous l’autorise, dit-il avec réticence.

Riley poussa un soupir de soulagement.

– Merci, Monsieur, dit-elle.

– Ne me remerciez pas, grommela-t-il. Je le fais contre mon gré. Je vous y autorise parce que vous avez les compétences particulières pour résoudre l’enquête. Votre expérience avec ce genre de tueurs est unique. Je vais vous assigner un partenaire.

Un éclair de découragement traversa Riley. Elle savait que travailler avec Bill n’était plus en option, pour le moment, et elle se demanda si Meredith savait pourquoi la tension était apparue entre les deux anciens partenaires autrefois si liés. Bill avait sans doute dit à Meredith qu’il voulait tout simplement travailler plus près de chez lui pour le moment.

– Mais, Monsieur…, commença-t-elle.

– Pas de mais, dit Meredith. Et arrêtez de vous la jouer loup solitaire. Ce n’est pas très intelligent, et c’est contre les règles. Vous avez failli vous faire tuer plus d’une fois. Le règlement, c’est le règlement. Je suis déjà censé vous envoyer en congé, après vos récents incidents, alors n’en rajoutons pas.

– Oui, Monsieur, répondit doucement Riley.

Meredith se frotta le menton, en considérant les différentes possibilités. Il dit :

– L’agent Vargas va travailler avec vous.

– Lucy Vargas ? demanda Riley.

Meredith se contenta de hocher la tête. L’idée ne plut pas à Riley.

– Elle était dans l’équipe qui est venue chez moi, la nuit dernière, dit Riley. Elle est impressionnante et je l’aime bien, mais c’est une débutante. D’habitude, je travaille avec un agent plus expérimenté.

Meredith se fendit d’un large sourire.

– Pendant sa formation, ses notes étaient éblouissantes. Elle est jeune, c’est vrai. Il est rare qu’un élève de l’académie soit accepté dans l’Unité juste après sa formation. Mais elle est vraiment douée. Elle est prête pour le terrain.

Riley comprit qu’elle n’avait pas le choix.

Meredith poursuivit :

– Quand serez-vous prête à partir ?

Riley parcourut en pensée la liste des préparatifs nécessaires. Parler à sa fille figurait en tête. Et après ? Son pack de voyage était dans son bureau. Elle allait devoir passer à la maison et s’assurer d’envoyer April chez son père, avant de retourner à Quantico.

– Donnez-moi trois heures, dit-elle.

– J’appelle un avion, dit Meredith. Je préviens le commissaire de Reedsport qu’une équipe est en route. Soyez sur la piste d’atterrissage dans trois heures exactement. Si vous êtes en retard, vous allez m’entendre.

Riley se leva nerveusement de son siège.

– Je comprends, Monsieur, dit-elle.

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