La Fabrique Magique - Морган Райс 7 стр.


Il croisa les bras et s’adossa contre la chaise.

Madame Belfry avait l’air triomphante. C’est tout à fait correct, Oliver.

Elle se retourna vers le dessin et ajouta des flèches. Oliver sentit une boulette de papier lui frapper la tête, mais cette fois il ne réait même pas. Peu lui importait ce que ses camarades de classe pensaient de lui. En fait, ils étaient probablement juste jaloux du fait qu’il ait une cervelle et connaisse des choses cool et intéressantes comme les lois de la physique d’Isaac Newton alors que tout ce qu’ils parvenaient à faire était froisser une boule de papier et viser à la tête de quelqu’un avec.

Il croisa plus fort les bras et, ignorant les boules de papier qui rebondissaient contre sa tête, se concentra sur l’image de madame Belfry. Elle dessinait une flèche pointant vers le bas. À côté, elle écrivit force négative. L’autre flèche qu’elle traça pointait vers le haut avec le mot portance.

— Et pour les montgolfières ? demanda une voix derrière. Elles ne fonctionnent pas du tout de cette façon, mais elles volent tout de même.

Oliver se retourna sur sa chaise et chercha le propriétaire de la voix. C’était un gamin au visage grincheux – sourcils noirs et touffus, menton à fossette – qui s’était joint à Paul pour lancer les boules de papier.

— Eh bien, c’est une loi complètement différente qui entre en jeu, expliqua Oliver. Cela fonctionne parce que l’air chaud monte. Les frères Montgolfier, qui ont inventé la montgolfière, ont compris que, si l’on emprisonnait l’air dans une sorte d’enveloppe, comme un ballon, il pouvait devenir flottant en raison de la densité plus faible de l’air chaud à l’intérieur par rapport à l’air froid à l’extérieur.

Le garçon avait seulement l’air plus en colère après l’explication d’Oliver. Eh bien, et pour les fusées ? le défia-t-il encore.

— Elles ne sont pas flottantes ou peu importe ce que tu viens de dire. Elles décollent, par contre. Et elles volent. Comment ça marche, petit malin ?

Oliver se contenta de sourire.

— Cela nous ramène à la troisième loi du mouvement d’Isaac Newton. Seulement cette fois, la force en cause est la propulsion, pas la portance. La propulsion est la même chose que ce qui fait bouger un train à vapeur. Une grosse explosion à une extrémité produit une réaction opposée de propulsion. Seulement une fusée doit aller jusque dans l’espace. L’explosion doit donc être vraiment énorme.

Tandis qu’il parlait de ces choses, Oliver pouvait se sentir de plus en plus excité. Même si tous les enfants le regardaient comme s’il était une bête de foire, il s’en fichait.

Il se retourna sur son siège pour faire face à l’avant. Madame Belfry était là, souriant fièrement.

— Et savez-vous ce que tous ces inventeurs ont en commun ? dit-elle. Les Montgolfier, les Wright et Robert Goddard, qui a lancé la première fusée fonctionnant au combustible de propulsion liquide ? Je vais vous le dire. Ils ont réalisé des choses que l’on qualifiait d’impossibles ! Leurs inventions étaient folles. Imaginez que quelqu’un dise que nous pourrions utiliser les mêmes principes que les anciennes catapultes chinoises pour lancer un homme dans l’espace ! Et pourtant, ils sont devenus des inventeurs révolutionnaires, dont les inventions ont changé le monde et tout le cours de l’humanité !

Oliver savait qu’elle lui parlait, qu’elle lui disait que quoi que fassent ou disent les gens, il ne devrait jamais être intimidé et réduit au silence.

Puis quelque chose de remarquable se produisit. En réponse à la passion et à l’enthousiasme de madame Belfry, la classe observa un silence stupéfait. Ce n’était pas le silence tendu d’une attaque imminente, mais le silence humble d’avoir appris quelque chose d’inspirant.

Oliver sentit l’admiration monter en lui. Madame Belfry était vraiment l’enseignante la plus géniale. Elle était la seule personne à avoir montré un enthousiasme presque aussi grand que le sien pour la physique, les sciences et les inventeurs, et son excitation parvenait même à faire taire ses camarades de classe les plus turbulents, ne serait-ce que temporairement.

À ce moment-là, une énorme rafale de vent fit trembler les vitres des fenêtres. Tout le monde sursauta à l’unisson et tourna les yeux vers le ciel gris à l’extérieur.

— On dirait que la tempête va bientôt frapper, dit madame Belfry.

À peine avait-elle parlé que la voix du directeur retentit dans les haut-parleurs.

— Chers élèves, nous venons de recevoir un avertissement du Service Météorologique national. Ce sera la tempête du siècle, comme nous n’en avons jamais vu auparavant. Nous ne savons vraiment pas à quoi nous attendre. Alors, pour être prudent, le maire annule les cours de la journée.

Tout le monde se mit à pousser des cris enthousiastes et Oliver s’efforça d’entendre les derniers mots de l’annonce du principal.

— La tempête doit frapper d’ici une heure. Des bus attendent à l’extérieur. S’il vous plaît rentrez directement à la maison. L’alerte officielle demande de ne pas être dehors quand la tempête frappera, dans environ une heure. Ceci est un avertissement étendu à toute la ville donc vos parents vous attendent à la maison. Toute personne prise en flagrant délit de non-respect sera suspendue.

Autour d’Oliver, personne ne semblait s’en soucier. Tout ce qu’ils avaient entendu, c’était que l’école était finie et qu’ils allaient en profiter au maximum. Ils attrapèrent leurs livres et se précipitèrent hors de la classe comme un troupeau d’éléphants.

Oliver ramassa ses propres affaires plus lentement.

— Vous avez fait du bon travail aujourd’hui, lui dit madame Belfry en plaçant toutes ses petites maquettes dans son sac. Est-ce que ça ira pour rentrer à la maison ? Elle avait l’air de s’inquiéter pour lui.

Oliver hocha de la tête pour la rassurer.

— Je vais prendre l’autobus avec tout le monde, dit-il, réalisant que cela pourrait signifier subir un trajet avec Chris. Il frissonna.

Oliver prit son sac à dos en bandoulière et suivit le reste des enfants de l’école à l’extérieur. Le ciel était si sombre qu’il était presque noir. Il semblait très menaçant.

La tête baissée, Oliver commença à marcher vers l’arrêt de bus. Mais à ce moment-là, il aperçut quelque chose derrière lui, quelque chose de bien plus effrayant qu’un nuage noir d’orage tropical : Chris. Et à ses côtés se tenaient ses sbires.

Oliver se retourna et détalla. Il se dirigea droit vers le premier bus de la file. Il était bondé d’enfants et manifestement prêt à partir. Sans même vérifier où il allait, Oliver se jeta à bord.

Juste à temps aussi. Le mécanisme grinça et la porte se referma derrière lui. Une fraction de seconde plus tard, Chris apparut de l’autre côté, le regard menaçant. Ses sbires s’approchèrent et dévisagèrent tous Oliver d’un air furieux à travers la porte, qui n’était en réalité rien d’autre qu’un mince écran de verre protecteur.

Le bus partit, éloignant Oliver de leurs visages féroces.

Il jeta un coup d’œil par la fenêtre alors que le bus s’éloignait et commençait à prendre de la vitesse. À la consternation d’Oliver, Chris et ses amis foncèrent dans le bus qui attendait derrière le sien. Lui aussi s’éloigna de l’école, suivant de près.

Oliver déglutit avec effroi. Avec Chris et ses amis juste un bus derrière lui, il savait que s’ils le voyaient descendre, ils le feraient aussi. Ensuite, ils se jetteraient sur lui et il serait bon pour quelques volées de coups. Il se mordit les lèvres avec inquiétude, ne sachant pas quoi faire ensuite. Si seulement son manteau d’invisibilité existait vraiment. C’était le moment de l’utiliser !

Avec un énorme craquement, le ciel parut s’ouvrir. Des trombes de pluie se mirent à tomber et la foudre zébra le ciel. Tu parles d’une heure avant qu’elle ne frappe, pensa Oliver. La tempête était déjà sur eux.

Le bus zigzaguait dangereusement le long de la route. Oliver s’agrippait au poteau en métal et se cognait aux épaules des enfants debout autour de lui. Les choses étaient passées du statut inquiétant à celui de tout à fait effrayant.

Un autre éclair traversa le ciel. Les enfants dans l’autobus poussèrent des cris de peur.

Oliver réalisa alors qu’il pourrait peut-être utiliser la tempête à son avantage. Étant donné qu’il était hors de question de descendre à son propre arrêt avec les sbires de Chris qui observaient, il devrait descendre de manière inattendue. Se fondre dans la foule. Et avec la pluie battante et le désordre général, ce pourrait être possible.

À ce moment précis, le bus s’arrêta. Un groupe important d’enfants se jeta vers la porte. Oliver regarda autour de lui et vit qu’ils se trouvaient juste à la périphérie du bon quartier, qui semblait être l’endroit où vivait la majorité des élèves de Campbell Junior High. Oliver ne connaissait pas particulièrement bien cette zone, mais il avait une vague idée d’où se trouvait la jonction avec le sien.

Alors il suivit la foule, et sauta du bus à un arrêt inconnu. La pluie s’abattit sur lui et les autres. Il essaya de rester le groupe, mais à son désespoir, tout le monde se dispersa dans différentes directions, et rapidement aussi pour échapper au temps. Avant même qu’Oliver n’ait cligné des yeux, il se retrouva debout sur le trottoir, complètement exposé.

Pas même une seconde plus tard, le deuxième bus s’arrêta. Oliver vit Chris à travers la fenêtre pleine de buée. Puis Chris vit manifestement Oliver, car il commença à pointer du doigt avec enthousiasme et à crier quelque chose à ses amis. Oliver n’avait pas besoin d’un interprète pour savoir ce que signifiaient les gesticulations de Chris. Il venait le chercher.

Oliver courut.

Il ne savait pas trop où il était, mais il courut tout de même en direction de ce qui lui semblait vaguement être la direction de sa maison.

Sans regarder en arrière, Oliver courut et courut. La pluie et le vent le giflaient, ce qui rendait sa progression difficile, mais c’était l’une des rares occasions où être petit était un avantage. Chris aurait du mal à traîner son corps lourd, Oliver le savait, alors que lui était vif.

Mais, réalisa Oliver, Chris n’était pas son seul problème. Tous ses amis étaient avec lui. La fille en particulier était une coureuse très rapide. Oliver jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit qu’elle gagnait du terrain sur lui.

Oliver dépassa quelques magasins, puis tourna dans une allée menant aux ruelles non loin de chez eux. Il esquiva et slaloma entre des obstacles tels que des caddies abandonnés et des cartons vides emportés par les vents.

Puis il passa un angle. Pendant un bref moment, il fut à l’abri des brutes qui le suivaient.

Lorsqu’une forte rafale renversa une poubelle, Oliver eut une soudaine inspiration. Sans hésiter un instant, il sauta dedans, rampant sur de la nourriture avariée et des emballages vides jusqu’à ce qu’il soit complètement hors de vue. Puis il se mit en boule et attendit.

Les pieds de la fille apparurent sur la bande de trottoir qu’il pouvait voir. Elle s’arrêta et fit un tour complet, comme si elle le cherchait. Puis Oliver entendit d’autres bruits de pas et se rendit compte que Chris et ses autres amis l’avaient rejointe.

— Où est-il passé ? entendit-il l’un d’eux crier.

— Comment est-ce que tu l’as perdu ? dit la voix distincte de Chris.

— Il était là une seconde, et à la suivante il avait disparu ! cria la fille en retour.

Oliver resta parfaitement immobile. Son cœur battait la chamade et ses membres tremblaient après cet effort.

— Il a jeté l’un de ses sorts, dit Chris.

Dans sa poubelle puante et obscure, Oliver fronça les sourcils. Qu’est-ce que Chris voulait dire par là ?

— C’est tellement flippant, dit la fille. Tu veux dire qu’il s’est fait disparaître ?

— Je vous l’avez dit, non ? répondit Chris. C’est une sorte de bête de foire.

— Peut-être qu’il est possédé, dit l’un des garçons.

— Ne sois pas idiot, rétorqua Chris. Il n’est pas possédé. Mais il y a quelque chose qui ne va pas chez lui. Maintenant vous me croyez ?

— Oui, dit la fille, mais Oliver remarqua que sa voix venait de plus loin.

Il jeta un coup d’œil à l’endroit où ses pieds s’étaient trouvés et vit qu’ils avaient maintenant disparu. Chris et ses sbires partaient.

Oliver patienta. Même après que leur conversation désobligeante à son sujet se soit estompée, il ne voulait pas quitter la sécurité de la poubelle. Il y avait encore une chance que l’un d’eux attende, juste au cas où il soit sur le point de révéler sa cachette.

Bientôt, la pluie se mit vraiment à tomber. Oliver pouvait l’entendre tambouriner contre la poubelle en métal. Ce n’est qu’alors qu’il s’accorda à dire que Chris avait définitivement dû partir. Même s’il voulait passer Oliver à tabac, il ne resterait pas sous une pluie battante pour le faire, et Oliver était certain que ses amis n’en seraient pas convaincus non plus.

Finalement, décidant qu’il était en sécurité, Oliver commença à sortir de la poubelle. Mais juste au moment où il se tortillait vers l’ouverture, une énorme rafale de vent se leva. Elle le projeta d’un coup à l’intérieur. Ensuite, le vent dut changer de direction, car soudain Oliver sentit la poubelle vaciller sous lui. Le vent était si fort qu’il la faisait rouler !

Oliver agrippa les bords de sa prison de métal. Rempli de terreur, désorienté, il commença à tourner et à tourner. Il se sentait malade de panique, malade du mouvement. Oliver voulait que cela se termine au plus vite, mais cela semblait continuer encore et encore. Il était projeté et secoué dans tous les sens.

Soudain, la tête d’Oliver se cogna très fort sur le côté de la poubelle. Il vit trente-six chandelles. Il ferma les yeux. Puis tout devint noir.

*

Les yeux d’Oliver s’ouvrirent en papillonnant pour laisser entrevoir la prison métallique et sphérique qui l’entourait. Le mouvement de rotation avait cessé, mais il pouvait toujours entendre le rugissement de la tempête tout autour de lui. Il cligna des yeux, désorienté, les tempes battantes après le coup qui l’avait assommé.

Il ignorait pendant combien de temps il était resté inconscient, mais il était couvert d’ordures puantes. Son estomac se contracta, nauséeux.

Rapidement, Oliver se traîna vers l’avant de la poubelle et jeta un coup d’œil dehors. Le ciel était sombre et la pluie tombait à verse comme une couche de gris.

Oliver sortit maladroitement de la poubelle. Il faisait très froid et il fallut à peine quelques secondes pour qu’il soit trempé. Il se frotta les bras pour tenter de les réchauffer. Frissonnant, Oliver regarda autour de lui, essayant de discerner où il se trouvait.

Soudain, il comprit où il était, jusqu’où la poubelle l’avait fait rouler pendant la tempête. Il était à la fabrique ! Seulement cette fois, remarqua Oliver, des lumières brillaient à l’intérieur.

Il resta bouche bée. Est-ce qu’il avait des hallucinations ? Peut-être avait-il une commotion cérébrale.

La pluie continuait de s’abattre sur Oliver. Les lumières de l’usine brillaient comme une sorte de phare, l’attirant à lui.

Oliver se précipita en avant. Il arriva à l’herbe autour de l’usine, qui glissait sous ses pieds, transformée en marécage à cause de la pluie torrentielle. Puis il contourna le côté de l’entrepôt, piétinant le lierre et les orties dans sa hâte de se rendre à la porte arrière pour s’abriter. Il trouva la porte exactement comme il l’avait laissée ; entrebâillée, et juste assez large pour qu’il puisse s’y faufiler. Vite, il le fit et se retrouva dans la même pièce sombre, avec la même odeur de poussière, le même écho d’abandon.

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