Soldat, Frère, Sorcier - Морган Райс 5 стр.


A présent, Thanos voyait les gens se rassembler. Les gardes étaient disposés en cercle autour des bords de la cour. On aurait dit qu'ils étaient là aussi bien pour empêcher d'autres personnes de se mêler de leurs affaires que pour voir Thanos mourir de leurs propres yeux.

Au-dessus, Thanos voyait des domestiques et des nobles contempler la scène depuis leurs fenêtres. Certains semblaient ressentir de la pitié, d'autres étaient impassibles et d'autres franchement haineux. Thanos en vit même quelques-uns contempler la scène perchés sur les toits parce qu'ils n'avaient aucun autre endroit d'où le faire. On aurait dit que, pour eux, c'était l'événement social de la saison, pas une exécution, et cette idée éveilla la colère en Thanos.

“Traître !”

“Assassin !”

Les huées descendirent des fenêtres et les insultes furent suivies par des fruits. Ce fut le plus dur à supporter. Thanos avait cru que ces gens le respectaient et sauraient qu'il n'aurait jamais pu faire ce dont on l'avait accusé, mais ils le raillaient comme s'il était le pire des criminels. Ils ne l'insultaient pas tous mais étaient quand même nombreux à le faire et Thanos se mit à se demander s'ils le détestaient vraiment à ce point ou s'ils voulaient juste montrer au nouveau roi et à sa mère de quel côté ils étaient.

Quand ils vinrent le chercher, le traîner hors de sa potence, il se débattit. Il donna des coups de poings et de pieds, les frappa et essaya de se libérer en se tortillant mais ce n'était jamais assez. Les gardes lui saisirent les bras, les lui tordirent dans le dos et les lui attachèrent. Alors, Thanos arrêta de se battre mais seulement parce qu'il voulait faire preuve d'un minimum de dignité en ce moment-là.

Ils l'emmenèrent pas à pas jusqu'à la potence qu'ils avaient construite. Sans y être forcé, Thanos monta sur le tabouret qu'ils avaient installé sous le nœud coulant. S'il avait de la chance, sa chute lui romprait peut-être les vertèbres et les frustrerait du reste de leur cruel amusement.

Quand ils lui passèrent le nœud coulant autour du cou, il se mit à penser à Ceres, à tout ce qui aurait pu être différent. Il avait voulu changer les choses. Il avait voulu améliorer les choses et vivre avec elle. Il aurait voulu …

Cependant, il n'avait plus le temps de vouloir quoi que ce soit. Il sentit les gardes écarter le tabouret d'un coup de pied et le nœud coulant se resserrer autour de son cou.

CHAPITRE SIX

Ceres se moquait que le château soit supposé être le dernier bastion impénétrable de l'Empire. Elle se moquait de ses murailles qui ressemblaient à des parois à pic ou de ses portes qui pouvaient résister à des armes de siège. Elle allait le détruire.

“En avant !” hurla-t-elle à ses partisans, qui déferlèrent à sa suite. Un autre général aurait peut-être dirigé ses soldats de l'arrière, choisi la prudence et laissé les autres prendre les risques. Ceres ne pouvait pas faire ça. Elle voulait démanteler elle-même ce qui restait du pouvoir de l'Empire et elle soupçonnait que c'était à moitié pour cela que tant de gens la suivaient.

A présent, ils étaient encore plus nombreux que dans le Stade. Le peuple de la cité était sorti dans les rues, la rébellion s'était à nouveau étendue comme des cendres brûlantes auxquelles on ajoute du bois. On voyait des gens vêtus comme des dockers, des bouchers, des palefreniers et des marchands. Maintenant, il y avait même quelques gardes qui avaient hâtivement arraché leurs couleurs impériales quand ils avaient vu la marée populaire qui approchait.

“Ils se seront préparés à nous accueillir”, dit un des seigneurs de guerre qui marchait à côté de Ceres alors qu'ils approchaient du château.

Ceres secoua la tête. “Ils nous verront venir mais cela ne veut pas dire qu'ils seront prêts.”

Personne ne pouvait se préparer à ce genre d'événement. Ceres se moquait du nombre d'hommes dont l'Empire disposait maintenant, ou de la résistance de ses murailles. Elle avait toute une cité de son côté. Avec les seigneurs de guerre, elle remontait les rues et le large boulevard qui menait aux portes du château à toute vitesse. Ils étaient en tête. Le peuple de Delos et ce qui restait des hommes de Lord West les suivaient derrière, portés par une marée d'espoir et de colère populaire.

Quand ils approchèrent du château, Ceres entendit crier devant. Elle entendit aussi sonner des cors et les soldats essayer d'organiser une défense aussi significative que possible.

“C'est trop tard”, dit Ceres. “Ils ne peuvent plus nous arrêter, maintenant.”

Pourtant, elle savait qu'il y avait des choses qu'ils pouvaient faire, même maintenant. Des flèches commencèrent à pleuvoir des murs, moins nombreuses que celles qui avaient formé une pluie aussi mortelle pour les troupes de Lord West mais bien assez dangereuses pour les gens dépourvus d'armure. Ceres vit un homme à côté d'elle recevoir une des flèches dans la poitrine. Une femme tomba en hurlant plus loin derrière.

“Ceux qui ont un bouclier ou une protection, suivez-moi”, cria Ceres. “Tous les autres, préparez-vous à charger.”

Pourtant, les portes du château se refermaient déjà. Ceres vit ses partisans comme une vague qui se brisait sur les portes comme si elles étaient la coque d'un grand navire, mais elle ne ralentit pas. Les vagues pouvaient aussi submerger les navires. Même quand les grandes portes se refermèrent en claquant aussi fort que le tonnerre, elle ne s'arrêta pas. Elle comprit juste qu'il faudrait déployer plus d'efforts pour vaincre le mal qu'incarnait l'Empire.

“Grimpez !” hurla-t-elle aux seigneurs de guerre en remettant ses deux épées jumelles au fourreau pour pouvoir bondir sur le mur. La pierre rude avait assez de prises pour tous ceux qui avaient le courage de tenter l'escalade et les seigneurs de guerre avaient bien assez de bravoure pour cela. Ils la suivirent et leur corps musclé les propulsa vers le haut des fortifications comme si c'était un exercice d'entraînement ordonné par leur instructeur en combat.

Ceres entendit ceux qui la précédaient demander des échelles et comprit que les membres ordinaires de la rébellion ne tarderaient pas à la suivre. Cependant, pour l'instant, elle se contenta de se concentrer sur le toucher rêche de la pierre sous ses mains et sur l'effort qu'il lui faudrait déployer pour se hisser d'une prise à la prise suivante.

Une lance la frôla rapidement, visiblement lancée par quelqu'un qui se tenait au-dessus. Ceres s'aplatit contre le mur, la laissa passer puis continua à grimper. Elle serait une cible tant qu'elle serait sur le mur et la seule solution était de continuer. Ceres se sentit heureuse qu'ils n'aient pas eu le temps de préparer de l'huile bouillante ou du sable brûlant pour se prémunir contre les grimpeurs.

Elle atteignit le haut du mur et y trouva immédiatement un garde, qui défendait l'endroit. Ceres fut heureuse d'être la première à avoir atteint le sommet car seule sa vitesse de réaction la sauva en lui permettant de tendre le bras pour se saisir de son adversaire et de le descendre de son perchoir du haut des remparts. Il tomba en hurlant dans la masse grouillante des partisans de Ceres.

Alors, Ceres bondit sur le mur et tira ses deux épées pour taillader de tous côtés. Un deuxième homme lui fonça dessus et, en même temps qu'elle parait, elle frappa et sentit la lame atteindre sa cible. Une lance arriva sur le côté et rebondit sur son armure partielle. Ceres répliqua avec brutalité. En quelques secondes, elle s'était dégagé un espace en haut du mur et, à ce moment, les seigneurs de guerre arrivèrent en masse en haut du mur et remplirent l'espace.

Certains des gardes essayèrent de répliquer. Un homme essaya de frapper Ceres avec une hache. Elle se baissa rapidement, entendant le bruit sourd de la hache qui heurtait la pierre derrière elle, puis transperça le ventre à son assaillant avec une de ses épées. Elle le contourna et le fit tomber vers la cour d'un coup de pied. Elle reçut un coup contre ses épées et repoussa un autre homme.

Il n'y avait pas assez de gardes pour tenir le mur. Certains s'enfuirent. Ceux qui s'avancèrent périrent. L'un d'eux se rua sur Ceres avec une lance, qu'elle sentit lui érafler la jambe quand elle l'esquiva, dépourvue de marge de manœuvre. Elle donna un coup bas pour paralyser son assaillant, puis frappa avec ses épées à hauteur de sa gorge.

Sa brève tête de pont au sommet du mur se transforma rapidement en une sorte de front d'onde. Ceres trouva des marches qui allaient jusqu'aux portes et les descendit quatre à quatre, ne s'interrompant que pour parer un coup venant d'un garde qui l'attendait et répliquer d'un coup de pied qui l'envoya à terre. Pendant que le seigneur de guerre qui venait derrière elle bondissait sur le garde, Ceres se concentra sur les portes.

Une grande roue se dressait à côté des portes, visiblement destinée à ouvrir leur masse imposante. A côté de la roue, il y avait presque une dizaine de gardes qui essayaient de la protéger et de repousser la horde populaire. D'autres étaient équipés d'arcs, prêts à abattre tous ceux qui essaieraient d'ouvrir les portes.

Ceres fonça vers la roue sans ralentir.

Elle transperça l'armure d'un garde, retira son épée et se baissa rapidement pour éviter le coup d'un deuxième garde. Elle lui balaya la cuisse d'un coup d'épée, se redressa d'un bond et abattit un troisième garde. Elle entendit une flèche cliqueter en tombant sur les pavés et envoya un coup d'épée, entendant un cri quand cette dernière atteignit sa victime. Elle se saisit de l'épée d'un garde moribond, rejoignit la bataille et, un instant plus tard, les autres se retrouvèrent avec elle.

Les quelques moments qui suivirent, le chaos régna parce que les gardes semblèrent comprendre que ce serait leur dernière chance de repousser la rébellion. L'un d'eux fonça sur Ceres avec deux épées et elle lui rendit tous ses coups, sentant l'impact de tous ceux qu'elle parait, réagissant probablement plus vite que ne l'auraient pu la plupart de ceux qui l'entouraient. Alors, elle envoya un coup entre les épées de son assaillant et le frappa à la gorge puis elle bougea avant même qu'il ait eu le temps de s'effondrer pour pouvoir parer un coup de hache destiné à un seigneur de guerre.

Elle ne pouvait pas tous les sauver. Autour d'elle, Ceres voyait une violence qui semblait ne jamais s'arrêter. Elle vit un des seigneurs de guerre qui avait survécu au Stade regarder une épée lui transpercer la poitrine. Il rapprocha son assaillant de lui-même en tombant et le frappa d'un dernier coup de sa propre épée. Ceres vit un autre homme affronter trois gardes. Il en tua un mais, quand il le fit, son épée se coinça quelque part et un autre soldat put le poignarder au flanc.

Ceres chargea vers l'avant et abattit les deux qui restaient. Autour d'elle, la bataille pour la roue de la porte avançait furieusement vers son inévitable conclusion, inévitable parce que, face aux seigneurs de guerre, les gardes étaient comme des blés mûrs qui attendent qu'on les fauche. Cependant, ni la violence ni la menace n'en étaient moins réelles pour autant. Ceres esquiva un coup d'épée juste à temps et rejeta son auteur dans la foule. Dès que l'espace fut dégagé, Ceres saisit la roue et la poussa avec toute la force que lui donnaient ses pouvoirs. Elle entendit les poulies craquer et les portes gémir lentement en commençant à s'ouvrir.

Les gens envahirent l'endroit, se répandirent dans le château. Son père et son frère furent parmi les premiers à s'introduire par la fente. Ils la rejoignirent en toute hâte. Ceres fit signe de son épée.

“Déployez-vous !” hurla-t-elle. “Prenez le château. Ne tuez que si nécessaire. C'est le moment de la liberté, pas de la boucherie. L'Empire va tomber aujourd'hui !”

Ceres se plaça en tête de la vague et se dirigea vers la salle du trône. En temps de crise, c'était là-bas que les gens allaient pour essayer d'apprendre ce qui se passait et Ceres devina que les leaders du château y resteraient aussi longtemps que possible en essayant de garder le contrôle.

Autour d'elle, elle vit se déclencher la violence. Elle ne pouvait pas la contenir, seulement la ralentir. Elle vit un jeune noble sortir devant eux. La foule lui tomba dessus et le battit avec toutes les armes disponibles. Une domestique se mit en travers de leur chemin et Ceres les vit la plaquer contre le mur et la poignarder.

“Non !” hurla Ceres quand elle vit des gens ordinaires commencer à se saisir des tapisseries ou courir après des nobles. “On est ici pour arrêter la dictature, pas pour piller !”

Hélas, en vérité, il était déjà trop tard. Ceres vit des rebelles poursuivre une des domestiques du lieu pendant que d'autres se saisissaient des ornements en or qui remplissaient le château. Elle avait laissé entrer un tsunami dans le château et, maintenant, les mots ne suffisaient plus à le repousser.

Un escadron de gardes du corps royaux se tenait devant les portes de la grande salle. Ils avaient l'air redoutable dans leur armure rutilante, sur laquelle était gravée une musculature fictive et des images conçues pour intimider les ennemis.

“Rendez-vous et vous serez bien traités”, leur promit Ceres, qui ne pouvait plus qu'espérer pouvoir tenir cette promesse.

Les gardes du corps royaux n'attendirent même pas une seule seconde. Ils chargèrent vers l'avant l'épée tirée et, en un instant, ce fut à nouveau le chaos. Les gardes du corps royaux faisaient partie des meilleurs guerriers de l'Empire, car de longues heures d'entraînement leur permettaient d'affiner leurs compétences. Le premier qui se jeta sur Ceres fut assez rapide pour que même Ceres soit obligée d'interposer brusquement son épée pour intercepter le coup.

Elle para encore. Sa deuxième épée contourna l'arme du garde du corps et le toucha à la gorge. A côté d'elle, elle entendait les gens se battre et mourir, mais elle n'osait pas regarder autour d'elle. Elle était trop occupée à repousser un autre adversaire, à le rejeter dans la masse fourmillante de la mêlée.

Là, il n'y avait que des corps que l'on écrasait et d'où émergeaient des épées comme d'une grande mare de chair. Elle vit un homme se faire écraser contre les portes par le simple poids des gens qui arrivaient derrière lui et transportaient Ceres dans leur élan.

Ceres attendit de se rapprocher puis ouvrit la porte de la grande salle d'un coup de pied. Les portes du château avaient été solides mais ces portes-là cédèrent sous la violence des pouvoirs de Ceres puis partirent en arrière jusqu'à claquer contre les murs qui se dressaient des deux côtés.

Dans la grande salle, Ceres vit des groupes de nobles qui attendaient comme s'ils ne savaient pas où aller. Elle entendit plusieurs des femmes nobles présentes dans la salle hurler comme si une horde d'assassins venait de s'abattre sur eux. De leur point de vue, Ceres devina que c'était probablement ce à quoi ressemblait la situation.

Elle vit la Reine Athena au cœur de la foule, assise sur le grand trône qui aurait dû être celui du roi, encadrée par deux des gardes du corps les plus grands de l'endroit. Ils se précipitèrent comme un seul homme et Ceres avança pour les affronter.

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