Si elle craignait - Блейк Пирс 3 стр.


« Est-ce que Duran t’a envoyé les dossiers de l’enquête ? » demanda DeMarco, en s’avançant vers la maison. La propriété ressemblait à une maison de plage, qui semblait tout droit venue de la côte du Delaware. Il y avait une pancarte À VENDRE accrochée devant l’allée, avec la photo souriante d’une jolie femme. Son nom – Tamara Bateman – et son numéro étaient indiqués en-dessous.

« Oui, mais je me suis dit que ce serait plus rapide si tu m’en faisais un résumé. »

« Il n’y a pas grand-chose à dire, » dit DeMarco. « Deux meurtres à Estes à une semaine d’intervalle. La dernière victime est cette jolie jeune femme. » Elle fit un signe de la tête en direction de la pancarte À VENDRE.

« Quand est-ce qu’elle a été assassinée ? »

« Il y a deux jours. On m’a assigné l’affaire hier et je suis arrivée un peu trop tard à mon goût. J’ai parlé aux employés de l’agence immobilière mais ça ne m’a pas beaucoup aidée. Certains étaient sincèrement affligés. D’autres ont peur de parler à un agent du FBI, en craignant que ça ait un impact sur les ventes. Mais ils m’ont quand même donné la clé de l’endroit. »

DeMarco sortit la clé de sa poche, au moment où elles gravirent les marches menant au porche. Elle tourna la clé dans la serrure et elles entrèrent. L’endroit était entièrement vide. Il n’y avait pas un seul meuble. Kate sentit une odeur fraîche de peinture et de vernis.

« Et c’était la deuxième victime ? » demanda Kate, en refermant la porte derrière elle.

« Oui. La première était également agent immobilier et elle a été tuée dans une maison pareille à celle-ci, mais plus neuve, construite il y a à peine deux ans. Tandis que cette maison-ci doit avoir près d’une quinzaine d’années. »

« Et qu’en est-il de leur vie privée ? »

« Rien à signaler pour l’instant. J’ai consulté leurs antécédents et la police locale m’a donné accès à leur casier judiciaire. Il n’y a rien… juste quelques contraventions pour excès de vitesse et une seule amende pour conduite en état d’ébriété. Les familles ne nous ont pas beaucoup aidé non plus. Ils ne nous ont rien appris. Selon eux, c’étaient toutes les deux des femmes supers, qui ne feraient pas de mal à une mouche. Ce genre de choses. »

Kate regarda autour d’elle. Il y avait des éclaboussures de sang sur le sol, à l’entrée. Un escalier se trouvait juste après le vestibule. Il y avait des taches de sang séché sur les marches en bois et sur le mur qui séparait l’escalier du plafond. Les escaliers étaient conçus pour être entièrement visibles jusqu’à l’étage, avec une seule balustrade séparant les marches de l’espace ouvert.

Kate observa les taches de sang et ne parvint pas tout de suite à y trouver un sens.

« Ça paraît bizarre, n’est-ce pas ? » dit DeMarco. « D’après ce que j’ai pu comprendre, Tamara Bateman a été attaquée alors qu’elle se trouvait sur les escaliers ou tout en bas des marches. Après ça, on l’a ramenée presque jusqu’en haut. Puis on l’a jetée de l’autre côté de la balustrade, avec un nœud coulant autour du cou. Si tu montes l’escalier et que tu jettes un coup d’œil à la troisième marche en partant du haut, tu pourras voir une flaque de sang et des restes de corde. »

« Elle a été pendue ? »

« Oui. Tout comme la première victime. Mais elle, on l’a pendue à une poutre du plafond dans le salon. »

« Est-ce que les deux victimes travaillaient pour la même agence immobilière ? » demanda Kate.

« Non. Des agences différentes. Mais les deux maisons venaient d’être mises en vente. Ça, et le fait que les deux victimes soient des femmes, ce sont les seuls liens entre les deux meurtres. Enfin… ça devrait être suffisant, mais vu qu’on t’a envoyée en renfort, ce n’est apparemment pas le cas. »

« Tu es déjà venue jeter un coup d’œil dans cette maison ? » demanda Kate.

« Oui, hier après-midi. Le corps y est resté pendant une douzaine d’heures avant d’être découvert. Le petit ami de Bateman a appelé la police pour signaler sa disparition. La police a appelé l’agence immobilière, ils ont appris quelles étaient les propriétés dont elle s’occupait, et voilà… ils l’ont retrouvée pendue à la balustrade. Je suis arrivée sur les lieux environ huit heures après que le corps ait été retiré. Mais vas-y, jette un coup d’œil. Je te promets de ne pas le prendre mal. Je te donnerai aussi une copie du rapport du médecin légiste mais il contient la même chose que ce que je viens de te dire. Quand une femme est frappée à l’arrière de la tête avant d’être pendue, il n’y a pas grand-chose à ajouter. »

« Est-ce qu’elle a été abusée sexuellement ? »

« Le rapport d’autopsie ne signale aucun abus sexuel. Franchement… il n’y a pas grand-chose, dans ce rapport. »

Kate lui sourit, bien qu’elle se sente un peu mal à l’aise. Elle avait l’impression de marcher sur les plates-bandes de DeMarco, de devoir mettre son grain de sel sans y avoir été invitée. C’était aussi la première affaire sur laquelle DeMarco avait débuté toute seule – et sur laquelle elle avait plus ou moins autorité.

Kate monta lentement l’escalier, en faisant attention de ne pas marcher sur les taches de sang. Elle arriva à la marche depuis laquelle l’assassin avait apparemment jeté le corps par-dessus la balustrade. Il y avait une légère éraflure dans le vernis du bois. Des barreaux décoratifs étaient placés tous les quinze centimètres et reliaient la balustrade aux escaliers. Il y avait quelques brins de toile accrochés au barreau qui se trouvait au niveau de cette marche. C’étaient probablement les morceaux de corde que DeMarco avait mentionnés.

Kate regarda par-dessus la balustrade, en direction du rez-de-chaussée. Ça devait faire trois mètres cinquante de haut. Ce qui veut dire que la corde devait être très courte. Et si c’était le cas, il était possible que l’assassin ait prévu une corde assez courte car il avait planifié son crime et savait déjà où il allait pendre Tamara Bateman.

« Tu sais combien mesurait la corde qui a été utilisée pour la pendre ? » demanda Kate. Ç

« La corde faisait deux mètres cinquante, » dit DeMarco. « Elle a apparemment été achetée à cette taille car il n’y a aucune marque indiquant qu’elle ait été coupée. »

Kate était impressionnée. La longueur de la corde n’était qu’un détail sans importance, mais une information néanmoins nécessaire pour rédiger un rapport complet et précis. Et comme elle s’y attendait, DeMarco était au courant des moindres détails, même les plus minimes.

Kate continua à monter l’escalier jusqu’au premier étage. DeMarco la suivit, mais en restant à une distance respectueuse. Cinq portes s’ouvraient sur le couloir à l’étage : deux de chaque côté et une au bout du couloir. Il n’y avait pas de moquette sur le sol du couloir mais par les portes ouvertes, Kate put voir qu’il y en avait dans les différentes pièces, excepté dans la petite salle de bains au bout du couloir. Kate entra dans la première pièce. La maison avait visiblement été nettoyée à fond après que les anciens propriétaires aient déménagé. Il n’y avait pas une seule égratignure aux murs et seules de très légères marques dans la moquette indiquaient que des meubles y avaient un jour été placés.

Cette pièce était visiblement l’une des chambres d’amis, vu qu’elle était de dimensions assez modestes. À part la pièce entièrement vide, le seul endroit où jeter un coup d’œil, c’était la penderie, qui était de très petite taille et ne contenait rien de plus qu’une moquette extrêmement propre. La pièce suivante était tout aussi impeccable, ainsi que la chambre à coucher principale. Cette dernière était également équipée d’une grande salle de bains, mais elle était tout aussi nickel que le reste de la maison.

La pièce suivante était du même style, mais le dressing était beaucoup plus grand et équipé d’étagères pour les vêtements et les chaussures. Le dressing était tout aussi vide que les autres pièces, mais Kate remarqua une porte dans le mur du fond. C’était une porte assez petite, qui se trouvait dans un coin du dressing.

« Un espace de rangement ? » demanda Kate, en se dirigeant vers la porte.

« Oui, je pense. Ça ressemble à un grenier inachevé. J’y ai jeté un coup d’œil hier. »

Kate ouvrit la porte et une bouffée d’air humide lui vint au visage. L’endroit était en effet inachevé. Il y avait des poutres visibles, ainsi que des éléments d’isolation, et une imposante unité d’air conditionné. Les propriétaires précédents avaient placé quelques planches en bois pour traverser l’espace en toute sécurité, mais c’était à peu près tout. Au fond de la pièce, le toit en pente réduisait l’espace. Plusieurs planches avaient été disposées pour soutenir le toit, créant une sorte de faux mur.

Kate s’avança sur les planches posées sur le sol. En traversant la pièce, elle se dit que c’était dommage que cet endroit soit inutilisé. Terminé, il pourrait faire office de bureau ou de salle de jeux pour une famille avec des enfants. Un escalier pourrait facilement y être installé pour rejoindre le rez-de-chaussée. Elle arriva jusqu’au faux mur qui se trouvait au fond de la pièce, au niveau de la pente du toit. Elle jeta un coup d’œil derrière les planches et pencha la tête, d’un air surpris.

« Est-ce que tu as jeté un coup d’œil ici quand tu es venue hier ? » demanda-t-elle.

DeMarco traversa la pièce, avec un air préoccupé. Elle jeta un coup d’œil derrière le faux mur et murmura : « Qu’est-ce que… ? »

Il y avait un plaid et une bouteille d’eau vide posés sur le sol.

« Kate, je ne vais pas te mentir. Je n’ai même pas pensé à jeter un coup d’œil là derrière. »

« Et il n’y avait pas de raison de le faire, » dit Kate. « Personne n’y aurait songé, en se retrouvant seule à devoir élucider cette affaire. »

« Il n’empêche que j’aurais quand même dû regarder. »

« C’est peut-être un squatteur, » dit Kate, en voulant éviter que DeMarco soit trop dure avec elle-même. « Ça arrive souvent dans les maisons en vente depuis un petit temps. »

« J’en doute. La police était là toute la journée, hier. Et ils sont restés très tard le soir. »

« C’est peut-être un squatteur qui gardait un œil sur la maison et qui a attendu que la police soit partie. Et si c’est le cas, il se pourrait également que ce squatteur soit notre assassin. Ce serait vraiment une coïncidence que ce plaid soit là aujourd’hui, en sachant qu’une personne a été tuée dans cette maison il y a à peine deux jours. »

« Alors ça voudrait dire que cette personne surveillait cette maison de très près. »

Kate et DeMarco regardèrent à nouveau le plaid et la bouteille d’eau vide. Et Kate ne put s’empêcher de penser que si ça appartenait effectivement à l’assassin, il se pourrait qu’elle reprenne la route pour Richmond avant la fin de la journée.

CHAPITRE TROIS

Le charme des petites villes n’avait jamais vraiment convaincu Kate, et c’était pareil pour Estes. Bien sûr, l’endroit était pittoresque et ça devait être agréable d’y passer quelques semaines pendant l’été, mais elle n’aurait jamais pu vivre dans un tel endroit. Elle avait presque pitié de cette petite ville – où tout été centré sur ce lac, qui était certes joli mais très peu connu. Sa renommée était éclipsée par les plages qui se trouvaient à moins d’une heure et demie de route. L’endroit était en pleine crise d’identité et ne semblait même pas en être conscient.

Pendant que DeMarco appelait le shérif du coin, Kate regarda la ville défiler devant ses yeux, en écoutant la conversation de sa coéquipière.

« Il faut envoyer une équipe à la maison de Hammermill Street, » disait DeMarco. « Si l’assassin a été assez courageux pour y dormir et y laisser son plaid, il y a des chances qu’il revienne. Et même si ce n’est pas lui l’assassin, il a peut-être vu ou entendu quelque chose. »

Kate prit un moment pour admirer la manière dont DeMarco abordait son travail. Lors d’affaires précédentes, Kate lui avait de temps en temps laissé un peu de responsabilité, mais elle ne l’avait jamais vue en position de leader. Et elle faisait ça de manière très naturelle, comme si elle avait déjà géré des centaines d’enquêtes avant celle-ci.

Kate entendit sa coéquipière faire de nombreuses suggestions et poser des questions judicieuses. Après un instant, DeMarco hocha légèrement la tête et murmura un rapide « Merci » avant de raccrocher.

« À quoi ressemblent les forces de police dans le coin ? » demanda Kate.

« Elles sont assez bien. Le shérif est une femme d’une cinquantaine d’années qui adore sa ville et qui se comporte de manière très maternelle à son égard. Les policiers que j’ai rencontrés semblent beaucoup l’apprécier. »

« Est-ce que beaucoup d’agents immobiliers ont été interrogés par la police ? »

« Oui, quelques-uns. Le type que nous allons voir maintenant est le seul au sujet duquel le shérif Armstrong avait quelques doutes. Mais elle ne le lui a pas montré, bien sûr. Mais elle m’a demandé d’aller lui parler aujourd’hui. »

« Est-ce qu’elle t’a dit pourquoi elle avait des doutes à son sujet ? »

« Apparemment, lorsqu’ils ont reçu l’appel hier matin concernant la disparition de Bateman, certains des autres agents ont dit qu’il avait l’air un peu trop pressé d’aller jeter un œil. J’ai vérifié ses antécédents et il a été inculpé pour violences conjugales il y a quelques années dans l’état de New York. »

« Ça tient la route que quelqu’un qui soit au courant des maisons en vente puisse être notre assassin, » dit Kate. « Quelqu’un qui sache où se rendaient les agents immobiliers et quand ils seraient seuls. »

Elles roulaient le long de la grand-rue d’Estes. À un moment donné, DeMarco tourna à gauche et elles passèrent devant toute une série de magasins de souvenirs et de restaurants. Au bout de la rue, se trouvait l’agence immobilière Lakeside. Elles se garèrent sur un parking délimité par des traverses et du sable. Kate devait admettre que la manière dont la ville était disposée donnait envie d’aller voir le lac. Bien entendu, elle aurait préféré la plage, mais c’était sûrement un sentiment que les habitants d’Estes devaient avoir de temps en temps.

Elles entrèrent dans un grand vestibule, qui était séparé d’un vaste espace ouvert par un guichet qui faisait toute la largeur de la pièce, avec une petite porte battante au milieu. La femme qui était assise derrière le guichet les accueillit d’un air aimable, en faisant de son mieux pour dissimuler le fait qu’elle venait de prendre une bouchée d’un donut qui était posé à côté d’elle.

« Bonjour, mesdames, » dit la femme. « Comment puis-je vous aider ? »

« Nous voudrions parler à Brett Towers, s’il vous plaît, » dit DeMarco.

« Vous le trouverez à l’arrière, » dit la femme. « À cette heure-ci, il n’y a que lui qui est arrivé. »

Elles se dirigèrent vers l’open space à l’arrière du guichet. Kate veilla à rester derrière DeMarco, pour lui faire comprendre qu’elle avait bien l’intention de lui laisser diriger l’enquête. Comme la réceptionniste le leur avait dit, il n’y avait qu’un seul agent à l’arrière. Cinq bureaux étaient installés dans l’open space, mais un seul était occupé. Un homme – sûrement Brett – y était assis et buvait une gorgée de café en consultant l’écran de son ordinateur. Quand il vit les agents s’approcher, il reposa sa tasse de café.

« Agent DeMarco, c’est bien ça ? » demanda Brett.

« Oui, c’est ça, » dit-elle. « On s’est brièvement parlé au téléphone hier. Voici ma coéquipière, l’agent Wise. »

Ils se serrèrent la main et Brett Towers les invita à s’asseoir sur les chaises qui se trouvaient en face de son bureau. « Dites-moi ce que je peux faire pour vous aider. J’étais très proche de Tamara. Ça faisait six ans qu’on travaillait ensemble dans cette agence, depuis le premier jour où elle a été ouverte. Pendant quelques mois, on était d’ailleurs les seuls agents. »

« Alors vous étiez les premiers agents à travailler pour Lakeside ? » demanda DeMarco.

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