Avant Qu’il Ne Languisse - Блейк Пирс 2 стр.


Dire que c’était cathartique serait un euphémisme. Même si les préparatifs du mariage et la direction que sa vie prenait ne la dérangeaient pas, elle jouissait d’une forme de liberté en autorisant son corps à se mouvoir instinctivement, en réagissant à des situations intenses. Mackenzie n’avait pas pris part à une enquête sur le terrain depuis presque quatre mois maintenant. Elle s’était concentrée sur les questions en suspens dans l’enquête sur la mort de son père, et, bien entendu, son mariage avec Ellington.

Ces derniers mois, elle avait aussi bénéficié d’une sorte de promotion. Alors qu’elle continuait à travailler sous la férule du Directeur McGrath et lui rendait des comptes directement, on lui avait confié la mission de devenir en quelque sorte son agent de référence. Une autre raison pour laquelle elle n’était pas retournée sur le terrain en presque quatre mois ; McGrath avait été très occupé à déterminer le rôle qu’il voulait qu’elle joue au sein du groupe d’agents placé sous son œil attentif.

Mackenzie évoluait dans le parcours d’obstacles mécaniquement, comme un robot qui aurait été programmé précisément pour cette fonction. Ses mouvements étaient fluides, elle visait avec précision et rapidité, elle courait habilement et sans hésitation. Bien au contraire, ces quatre mois parquée derrière un bureau et dans des réunions avaient décuplé sa motivation à l’idée de prendre part à ce genre d’exercices d’entraînement. Quand elle reviendrait finalement sur le terrain, elle avait la ferme intention de devenir un meilleur agent que celui qui avait fini par clore l’affaire de la mort de son père.

Elle arriva à la fin du parcours sans avoir vraiment conscience d’avoir terminé. Une large porte coulissante en métal occupait le mur qui lui faisait face. Lorsqu’elle franchit la ligne jaune tracée sur le béton qui signifiait que l’entraînement touchait à sa fin, la porte s’enroula vers le haut. Elle entra alors dans une petite pièce dotée d’une table et d’un seul moniteur sur le mur. L’écran du moniteur lui montrait ses résultats. Dix-sept cibles, dix-sept impacts. Sur les dix-sept impacts, neuf dans le mille. Pour cinq des huit autres, le pourcentage de réussite était de 25%. L’évaluation globale de son parcours était de quatre-vingts neuf pour cent. Une amélioration de cinq pour cents depuis son dernier parcours et une performance meilleure de neuf pour cent en comparaison avec les cent-dix-neuf résultats postés par d’autres agents et stagiaires.

J’ai besoin de plus d’entraînement, pensa-t-elle en sortant de la pièce et en se dirigeant vers les vestiaires. Avant de se changer, elle sortit son téléphone de son sac à dos et vit qu’elle avait reçu un message d’Ellington.

Ma mère vient de m’appeler. Elle arrivera un peu plus tôt que prévu. Désolé…

Mackenzie soupira profondément. Un peu plus tard, elle visiterait avec Ellington un lieu où ils célébreraient peut-être leur mariage, et ils avaient décidé d’inviter sa mère. Ce serait la première fois que Mackenzie la verrait et elle se sentit soudain de retour au lycée, priant pour être à la hauteur des attentes d’une mère attentive et aimante.

Ironique, songea Mackenzie. Une maîtrise exceptionnelle des armes à feu, un sang froid à tout épreuve… et toujours effrayée à l’idée de rencontrer ma future belle-mère.

Ces obligations de la vie domestique commençaient vraiment à lui peser. Pourtant, elle sentit l’excitation monter lorsqu’elle enfila ses vêtements de ville. Ils allaient voir le lieu qu’elle préférait aujourd’hui. Ils se marieraient dans six semaines. C’était un bon moment pour être excitée. Et, avec cette pensée en tête, elle se dirigea vers l’appartement, un sourire aux lèvres pendant presque tout le trajet.

***

Il s’avérait qu’Ellington était aussi nerveux que Mackenzie à la perspective qu’elle rencontre sa mère. Lorsqu’elle arriva chez lui, il faisait les cent pas dans la cuisine. Il ne paraissait pas inquiet, en soi, mais ses mouvements étaient emprunts d’une tension nerveuse palpable.

- Tu n’en mènes pas large, lança Mackenzie en s’installant sur l’un des tabourets du bar.

- Eh bien, je viens de réaliser que nous nous apprêtons à aller visiter un lieu potentiel pour la cérémonie exactement deux semaines après la finalisation de mon divorce. Bien sûr, toi et moi, comme la plupart des êtres humains rationnels, nous savons que ce genre de démarches prennent du temps à cause de la paperasse et de la lenteur du gouvernement. Mais ma mère… je te garantis qu’elle s’accroche à cette information, en attendant de me la ressortir au pire moment.

- Tu sais, tu es censé me donner envie de rencontrer cette personne, rétorqua Mackenzie.

- J’en ai conscience. Et elle est adorable la plupart du temps. Mais elle peut être… eh bien, une garce, lorsque ça lui chante.

Mackenzie se leva et l’entoura de ses bras.

- C’est son droit, en tant que femme. Nous l’avons toutes, tu sais.

- Oh, je sais, répondit-il avec un sourire avant de l’embrasser sur les lèvres. Donc… tu es prête ?

- J’ai placé des assassins derrière les barreaux. J’ai participé à d’impitoyables chasses à l’homme et regardé en face les canons d’innombrables pistolets. Donc… non. Non, je ne suis pas prête. Ça me fait peur.

- Eh bien, nous aurons peur ensemble.

Ils quittèrent l’appartement avec la nonchalance dont ils faisaient preuve depuis qu’ils avaient emménagé ensemble. Pour ainsi dire, Mackenzie avait déjà l’impression d’avoir épousé cet homme. Elle savait tout de lui. Elle s’était habituée à ses ronflements légers et même à son goût pour le Glam métal des années 80. Elle commençait à aimer sincèrement les petites touches de gris qui envahissaient progressivement la base de ses tempes.

Elle avait vécu l’enfer aux côtés d’Ellington, elle s’était confrontée à certaines de ses affaires les plus difficiles avec lui. Il était évident qu’ils seraient capables d’affronter les défis du mariage ensemble – les beaux-parents caractériels, et le reste.

- Je dois te poser la question, lança Mackenzie en s’installant dans sa voiture. Te sens-tu plus léger depuis que le divorce a été prononcé ?

- Je me sens plus léger, oui. Mais c’était un fardeau écrasant.

- Aurait-on dû l’inviter au mariage ? J’ai l’impression que ta mère aurait apprécié le geste.

- Un de ces jours, cette plaisanterie me fera rire. Je te le promets.

- J’espère bien, répliqua Mackenzie. Le temps te paraîtra long si tu passes toujours à côté de mon humour de génie.

Il tendit la main pour serrer la sienne, en lui souriant d’un air extatique, comme s’ils venaient de tomber amoureux. Il les conduisit jusqu’au lieu où elle était assez sûre qu’ils se marieraient, et ils étaient tous les deux si heureux qu’ils pouvaient presque distinguer le futur radieux qui s’ouvrait à eux.

CHAPITRE DEUX

Quinn Tuck avait un seul rêve dans la vie : vendre le contenu de certains de ces boxes d’entreposage abandonnés à un péquenot quelconque, comme ceux qui participaient à l’émission Storage Wars : Enchères surprises. Cette activité lui permettait de gagner décemment sa vie ; il rapportait à la maison presque six mille dollars chaque mois grâce aux boxes de rangement dont il assurait la maintenance. Et après avoir remboursé l’hypothèque de sa maison l’année précédente, il avait réuni suffisamment d’économies pour envisager d’emmener sa femme à Paris – un projet dont elle n’avait jamais cessé de lui rebattre les oreilles depuis qu’ils avaient commencé à sortir ensemble vingt-cinq ans plus tôt.

Vraiment, il adorerait tout vendre et déménager ailleurs. Peut-être quelque part dans le Wyoming, dans un endroit qui ne ferait envie à personne mais qui serait raisonnablement pittoresque et bon marché. Mais sa femme n’accepterait jamais – même si elle apprécierait sans doute qu’il quitte le secteur de l’entreposage personnel.

Tout d’abord, la plupart des clients étaient des pékins prétentieux. Ils étaient, après tout, le genre de personnes qui possédaient tellement de biens qu’ils se voyaient obligés de louer un espace supplémentaire pour les stocker. Deuxièmement, sa femme était toujours dérangée par les appels du samedi, de la part des locataires des boxes qui faisaient la fine bouche, et se plaignaient pour les motifs les plus ridicules. L’appel de ce matin venait d’une dame âgée qui louait plusieurs espaces d’entreposage. Elle était venue récupérer des objets dans l’un d’eux et affirmait avoir senti une horreur horrible venant d’un box voisin.

En temps normal, Quinn lui aurait assuré qu’il y jetterait un œil sans donner suite. Mais il s’agissait d’une situation épineuse. Deux ans auparavant, on lui avait rapporté le même problème. Il avait attendu trois jours avant d’aller voir ce qu’il en était, pour se rendre compte qu’un raton-laveur était parvenu à se faufiler dans l’un des boxes sans réussir à s’en échapper. Lorsque Quinn l’avait trouvé, il était boursouflé et turgescent. Il devait être mort depuis au moins une semaine.

C’est pourquoi il garait son pick-up sur le parking principal du centre d’entreposage personnel un samedi matin, au lieu de somnoler et de tenter de de convaincre sa femme de lui faire une gâterie en milieu de matinée, avec la promesse de ce voyage à Paris. Ce complexe d’entreposage était le plus petit de ceux qu’il possédait. Il s’agissait de mini-entrepôts en extérieur, cinquante-quatre au total. La location était relativement peu onéreuse et seuls neuf d’entre eux étaient vides.

Quinn sortit de son pick-up et se promena entre les boxes. Chaque sous-ensemble comprenait six espaces de rangement, tous de la même taille. Il avança jusqu’au troisième bloc d’entrepôts et réalisa que la femme qui avait appelé ce matin n’avait pas exagéré. Une odeur abjecte lui chatouillait les narines, et le local en question se trouvait deux sous-ensembles plus loin. Il sortit son porte-clefs et commença à les faire défiler jusqu’à trouver celle qui ouvrait le box 35.

Au moment où il atteignit la porte du local, il eut presque peur de l’ouvrir. Quelque chose sentait mauvais. Il commença à se demander si quelqu'un, d’une manière ou d’une autre, avait accidentellement enfermé son chien à l’intérieur sans s’en rendre compte. Et curieusement, personne ne l’avait entendu aboyer ou gémir pour signaler sa présence. C’était une idée qui ôta à Quinn tout envie de batifoler avec sa femme un samedi matin.

Grimaçant à cause de l’odeur, Quinn inséra la clef dans le cadenas du box 35. Lorsqu’il s’ouvrit, Quinn le retira le cadenas du loquet et enroula la porte accordéon vers le haut.

L’odeur le frappa si fortement qu’il recula de deux pas, angoissé de se sentir au bord de la nausée. Il plaqua une main sur sa bouche et sur son nez en avançant prudemment d’un pas.

Puis il s’immobilisa sur place. Il n’eut pas besoin d’entrer dans le local pour comprendre d’où venait l’odeur.

Il y avait un corps dans le box. Il se trouvait près de l’entrée, tout proche des objets stockés au fond – de petits casiers, des cartons, des caisses de lait pleines de tout et n’importe quoi.

Il s’agissait du corps d’une femme qui semblait avoir à peine dépassé la vingtaine. Quinn ne voyait aucune blessure évidente, mais les traces d’une mare de sang assez impressionnante l’entouraient. Après avoir été humide ou collant, il avait séché sur le sol en béton.

La jeune femme était blanche comme un linge, les yeux grands ouverts et vitreux. Pendant un instant, Quinn eut l’impression qu’elle le fixait.

Il sentit un petit cri monter dans sa gorge. Il battit retraite avant que le gémissement ne lui échappe, plongea la main dans sa poche pour en sortir son téléphone et composa le 911. Il n’était pas sûre qu’il s’agissait de la réaction adéquate mais il ne voyait pas quoi faire en dehors d’appeler les secours.

La tonalité retentit, un standardiste répondit. Quinn tenta de s’éloigner mais se révéla incapable de détacher les yeux de cette vue sinistre. Son regard restait plongé dans celui de la morte.

CHAPITRE TROIS

Ni Mackenzie ni Ellington ne voulaient d’un grand mariage. Ellington affirmait qu’il s’était débarrassé de toutes ses attentes liées à la cérémonie après ses premières noces mais voulait s’assurer que tous les désirs de Mackenzie seraient comblés. Ses goûts étaient simples. Elle aurait été parfaitement heureuse dans une église basique. Sans cloches, fioritures ou élégance forcée.

Mais le père d’Ellington les avait appelés peu après leurs fiançailles. Ce père, qui n’avait jamais réellement fait partie de la vie d’Ellington, le félicita tout en l’informant qu’il ne comptait pas assister à une cérémonie à laquelle son ex-femme était conviée. Cependant, il tenait à compenser son absence en reprenant contact avec un ami très riche de WASHINGTON pour leur réserver la Meridian House. C’était un cadeau presque obscène, mais cela leur avait permis de trancher la question de la date du mariage. Il s’avérait que la réponse était quatre mois après leurs fiançailles, parce que le père d’Ellington avait réservé une date précise : le 5 septembre.

Et même s’il restait encore deux mois et demi avant le grand jour, il semblait bien plus proche à Mackenzie lorsqu’elle commença à arpenter les jardins de la Meridian House. C’était une journée magnifique, et tout dans ce lieu semblait avoir été récemment retouché et aménagé.

Je l’épouserais à cet endroit même, demain, si je pouvais, pensa-t-elle. En règle générale, Mackenzie ne s’abandonnait jamais aux typiques impulsions beaucoup trop féminines, mais la perspective de se marier ici provoquait certaines émotions en elle – quelque part entre le romantisme et la surexcitation. Elle aimait l’atmosphère vieux monde de cet endroit, le charme simple mais chaleureux, et les jardins.

Lorsqu’elle se leva pour contempler les alentours, Ellington s’approcha dans son dos et passa ses bras autour de sa taille.

- Donc… ouais, c’est l’endroit parfait.

- Ouais, vraiment, renchérit-elle. Il faudra qu’on remercie ton père. Encore une fois. Ou qu’on retire l’invitation de ta mère pour qu’il vienne.

- Il est sans doute un peu tard pour ça, lança Ellington. Surtout dans la mesure où la voilà, en train de remonter l’allée sur notre droite.

Mackenzie regarda dans cette direction et vit une femme d’âge mûr, mais que les années avaient traité avec bienveillance. Elle portait des lunettes de soleil noires qui lui donnaient une allure exceptionnellement jeune et sophistiquée, au point de devenir agaçant. Lorsqu’elle repéra Mackenzie et Ellington qui se tenaient entre deux immenses parterres de fleurs et d’arbustes, elle agita la main avec un enthousiasme qui parut forcé.

- Elle a l’air adorable, commenta Mackenzie.

- Les bonbons aussi. Mais si tu en manges trop, les caries te ravageront les dents.

Mackenzie ne put s’empêcher de ricaner, avant de ravaler son fou rire lorsque la mère d’Ellington les rejoignit.

- J’espère que vous êtes Mackenzie, dit-elle.

- Oui, répondit l’intéressée, sans savoir comment prendre la plaisanterie.

- C’était évident, ma chère, continua-t-elle. (Elle enlaça mollement Mackenzie puis lui adressa un sourire éclatant). Et je suis Frances Ellington… mais seulement parce qu’il serait bien trop laborieux de reprendre mon nom de jeune fille.

- Bonjour, Mère, l’interrompit Ellington, en s’avançant pour la serrer dans ses bras.

- Mon chéri. Oh là là, comment diable avez-vous réussi à réserver cet endroit ? C’est absolument superbe !

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