Avant Qu’il Ne Languisse - Блейк Пирс 4 стр.


- En réalité, oui. Il y avait des coupures superficielles sur sa main droite. Et je crois qu’elle avait un ongle cassé.

Il s’approcha de l’endroit où se tenaient Mackenzie et Ellington et laissa échapper un faible : « Oh ».

Mackenzie continua à chercher mais ne trouva rien de plus que quelques cheveux épars. Des cheveux qui devaient appartenir à Claire Locke ou au propriétaire du local.

- Monsieur Tuck ? dit-elle.

Quinn se tenait juste devant le box, abrité sous son parapluie. Il s’efforçait visiblement de se tenir éloigné du local – et d’en éviter l’intérieur du regard. En entendant son nom, il finit cependant par entrer, à contrecœur.

- À qui appartient ce box ?

- C’est le plus tordu. Claire Locke loue ce local depuis sept mois.

Mackenzie acquiesça tout en regardant au fond, où les objets appartenant à Locke s’alignaient jusqu’au plafond en petites rangées ordonnées. Le fait qu’il s’agisse de son centre d’entreposage personnel ajoutait un certain degré d’étrangeté à la situation mais, songea-t-elle, cela pourrait se tourner à leur avantage pour établir le motif ou mettre la main sur le tueur.

- Y a-t-il des caméras de sécurité dans la zone ? demanda Ellington.

- Seulement une à l’entrée, répondit Quinn Tuck.

- Nous avons regardé tous les enregistrements des dernières semaines, commenta l’adjoint Rising. Il n’y avait rien qui sortait de l’ordinaire. Au moment où je vous parle, la police a commencé à interroger toutes les personnes qui sont venues ici ces deux dernières semaines. Comme vous pouvez l’imaginer, cela va être fastidieux. Il reste encore au moins une douzaine de personnes sur la liste.

- Existe-t-il une possibilité pour que nous puissions nous procurer l’enregistrement ? demanda Mackenzie.

- Absolument, affirma Rising, même si son ton indiquait qu’il pensait qu’elle était folle de vouloir le visionner.

Mackenzie suivit Ellington jusqu’au fond du box. Une part d’elle souhaitait fouiller les cartons et les caisses mais elle savait que cela ne mènerait probablement pas à grand chose. Une fois qu’ils auraient des pistes ou des suspects potentiels, ils trouveraient peut-être un élément intéressant mais jusque là, le contenu du box ne signifierait rien pour eux.

- Le corps est-il toujours chez le légiste ? demanda Mackenzie.

- À ma connaissance, oui, dit Rising. Voulez-vous que je l’appelle et que je le prévienne de votre visite ?

- S’il vous plaît. Et voyez ce que vous pouvez faire pour nous transmettre l’enregistrement vidéo.

- Oh, je peux vous l’envoyer, Agent White, proposa Quinn. Le format est digital. Il suffit que vous me donniez l’adresse à laquelle vous voulez le recevoir.

- Allons-y, lança Rising. Je vais vous accompagner chez le médecin légiste. Il se trouve que la morgue est seulement deux étages sous mon bureau.

Sur ce, ils sortirent tous les quatre du local et avancèrent sous la pluie. Même le parapluie ne les en protégeait pas totalement. Elle tombait lentement mais avec force, comme si elle tentait de laver l’horreur qu’avait connue le box.

CHAPITRE SIX

Quinn Tuck s’avéra extrêmement obligeant. Il semblait avoir envie de faire la lumière sur cette affaire autant que les autres. C’est pourquoi, lorsque Mackenzie et Ellington arrivèrent au commissariat de police, il leur avait déjà fourni un lien leur permettant d’accéder à tous les fichiers digitaux du système de sécurité du centre d’entreposage personnel.

Ils décidèrent de commencer avec les séquences de la caméra de sécurité plutôt que par le corps de Claire Locke. Cela leur offrit l’opportunité de s’asseoir et de plus ou moins se remettre de leurs émotions. La tombée de la nuit approchait et la pluie persistait. Tandis que l’adjoint Rising leur attribuait un moniteur, Mackenzie repensa à cette journée et trouva qu’il était difficile de croire qu’elle avait visité un jardin pittoresque et pensé à son mariage moins de neuf heures plus tôt.

- Voilà les heures où il y a du mouvement, dit Rising en glissant une feuille arrachée à son bloc à Mackenzie. Il n’y en a pas beaucoup. (Il tapota une entrée en particulier, rédigée d’une main rapide). C’est la seule fois que nous voyons Claire Locke pénétrer dans l’ensemble d’entreposage personnel. Nous avons demandé son permis de conduire et obtenu le numéro de sa plaque d’immatriculation, donc nous savons que c’est elle. Et ça, dit-il en tapotant une autre entrée, c’est le moment où elle est partie. Et à ces deux moments, on la voit sur la vidéo.

- Merci, adjoint, dit Ellington. Cela nous aide vraiment beaucoup.

Rising hocha la tête en signe de reconnaissance avant de se faufiler hors du minuscule bureau attribué aux agents. La tâche monotone prit un moment, mais comme Rising l’avait indiqué, la police locale avait déjà fait une partie du travail. Ils réussirent à accélérer la vidéo lorsqu’il n’y avait pas d’activité sur l’écran. Ils commencèrent par vérifier les temps de la feuille. Lorsque la voiture censée appartenir à Claire Locke apparut sur l’écran, Mackenzie zooma mais fut incapable de distinguer les traits du conducteur. Elle attendit, observa l’entrée grisâtre du complexe pendant deux minutes accélérées avant que la voiture de Locke n’apparaisse en train d’en partir. Pendant le laps de temps qu’elle avait passé là, personne n’était arrivé et aucune autre voiture n’était sortie.

- Tu sais, dit Mackenzie. Il est complètement possible qu’elle n’ait pas été attaquée dans le complexe d’entreposage.

- Tu penses qu’elle a été tuée ailleurs et emmenée là ?

- Peut-être pas tuée ailleurs, mais potentiellement enlevée. Je pense que voir son corps nous aidera à le déterminer. Si elle montre des signes d’inanition ou de déshydratation, cela nous dira qu’elle a été abandonnée dans son box.

- Mais d’après le compte rendu, le verrou était fermé de l’extérieur.

- Quelqu’un d’autre avait peut-être la clef, suggéra Mackenzie.

- Probablement le conducteur de l’une des autres voitures dans ces jours et jours de vidéo.

- Sûrement.

- Tu veux rester ici et te concentrer sur l’enregistrement pendant que je vais jeter un œil au corps ? demanda Ellington. Ou le contraire ?

Mackenzie imagina la pauvre femme, seule dans l’obscurité, impuissante, incapable de crier à l’aide. Elle se la représenta dans la nuit noire, en train de tenter de trouver un moyen quelconque d’essayer d’ouvrir la porte.

- Je crois que j’aimerais voir le corps. Ça te va ?

- Oh ouais. C’est du streaming de qualité. Pas de publicités ou autre.

- Bien, répondit-elle. À tout de suite.

Elle se pencha pour l’embrasser sur le coin de la bouche avant de partir. Elle le fit naturellement et sans réfléchir, même si ce n’était pas le geste le plus professionnel. Un rappel efficace des les raisons pour lesquelles ils ne seraient pas en mesure de travailler ensemble comme coéquipiers après leur mariage.

Mackenzie quitta le petit bureau à la recherche de la morgue tandis qu’Ellington regardait le temps se dérouler en accéléré sur l’écran.

***

La question de savoir si Claire Locke avait été affamée ou déshydratée à un degré ou un autre pendant le temps qu’elle avait passé dans le box trouva une réponse au moment où Mackenzie la vit. Même si Mackenzie n’était pas experte en la matière, les joues de la jeune femme étaient creuses. Son ventre aurait également pu avoir la même apparence, mais ce n’était pas clair à cause de l’incision à laquelle le médecin légiste avait procédé.

La femme qui l’accueillit à la morgue était une femme rondelette et étrangement agréable nommée Amanda Dumas. Elle accueillit chaleureusement Mackenzie et s’appuya contre une petite table d’acier sur laquelle s’étalaient les instruments de son travail.

- D’après votre examen, demanda Mackenzie, diriez-vous que la victime a connu une sévère période d’inanition ou s’est déshydratée avant de mourir ?

- Oui, même si je n’ai pas été capable de déterminer exactement jusqu’à quel point, répondit Amanda. Il y a très peu d’acides gras dans son estomac – quasiment pas. Cela, en plus de quelques signes de détérioration de la masse musculaire, indique qu’elle a au moins traversé les premières phases de l’inanition. Elle présente aussi les signes classiques de la déshydratation, même si je n’arrive pas à avoir de certitude quant à la cause de la mort.

- Pensez-vous qu’elle se soit vidée de son sang avant ?

- Oui. Et très franchement, c’était ce qu’il y avait de mieux à espérer pour elle.

- D’après vos observations sur le corps, croyez-vous qu’elle était vivante quand on l’a emmenée dans le box ?

- Oh, sans le moindre doute. Et je peux aussi affirmer que c’était contre sa volonté. (Amanda avança d’un pas et désigna les abrasions sur la main droite de Locke). On dirait qu’elle s’est débattue du mieux qu’elle a pu et qu’elle a tenté de s’échapper de toutes ses forces.

Mackenzie vit les coupures et nota que l’une d’elles semblait irrégulière. Elle aurait facilement pu être due au contact avec le cadre en métal qui permettait l’enroulage de la porte. Elle repéra aussi l’ongle cassé.

- Elle présente aussi un hématome à l’arrière du crâne, renchérit Amanda.

Elle utilisa une sorte de peigne pour déplacer les cheveux de Claire. Elle exécuta ce geste avec un respect et une attention presque tendres. Mackenzie put instantanément distinguer un énorme hématome violet au niveau de la nuque, à la jointure avec le crâne.

- Des traces quelconques de drogue ? demanda Mackenzie.

- Aucune. J’attends toujours les résultats des analyses chimiques mais d’après mes observations, je ne m’attends pas à apprendre quoi que ce soit d’intéressant.

Mackenzie supposa que l’hématome sur la nuque ainsi que la boule-bâillon trouvée dans sa bouche suffisaient à expliquer pourquoi Claire Locke n’avait pas hurlé ou crié à l’aide lorsqu’on l’avait déplacée dans le garde meules. Elle repensa à l’enregistrement vidéo, certaine que le conducteur de l’une des voitures était responsable de son meurtre – et de la mort de l’autre victime trouvée la semaine dernière, d’après les rapports.

Mackenzie jeta un autre regard au cadavre en fronçant les sourcils. Il était naturel de toujours ressentir une forme de compassion envers pour toute personne ayant été assassinée. Mais Mackenzie se sentait envahie par un sentiment de tristesse plus puissant dans le cas de Claire Locke. Peut-être parce qu’elle l’imaginait aisément dans le local plongé dans l’obscurité, sans la moindre liberté de mouvement, incapable d’appeler à l’aide.

- Merci pour ces informations, dit Mackenzie. Mon partenaire et moi resterons en ville pendant quelques jours. Tenez-moi au courant si les analyses chimiques donnent quelque chose.

Elle quitta la morgue et se dirigea vers l’étage principal. Sur le chemin du retour vers le petit bureau où Ellington et elle travaillaient, elle s’arrêta face au bureau d’accueil et demanda une copie du dossier actuel de Claire Locke. Elle l’eut en main deux minutes plus tard et le rapporta avec elle.

Elle trouva Ellington en train de fixer le moniteur, incliné en arrière sur sa chaise.

- Tu as trouvé quelque chose ?

- Rien de concret. J’ai vu sept autres véhicules entrer et sortir. L’un d’eux est resté environ six heures avant de partir. J’aimerais vérifier avec la police pour savoir si ces personnes ont déjà été interrogées. Claire Locke a fini dans cet espace d’entreposage personnel, quelqu'un sur cet enregistrement a dû l’y emmener.

Mackenzie, qui était d’accord avec lui, hocha la tête et commença à parcourir le dossier. Locke n’avait pas de casier judiciaire et ses données personnelles n’apportaient pas beaucoup d’informations. Elle était âgée de vingt-cinq ans, avait obtenu un diplôme d’UCLA deux ans auparavant, et travaillait en tant qu’artiste digital dans une entreprise locale de marketing. Parents divorcés, père vivant à Hawaii, mère installée quelque part au Canada. Pas de mari, pas d’enfants, mais il y avait une note en bas des informations personnelles déclarant que son petit-ami avait été informé de sa mort. On l’avait contacté la veille à quinze heures.

- Tu en as encore pour combien de temps ? demanda-t-elle.

Ellington haussa les épaules.

- Trois jours supplémentaire, à mon avis.

- Tu restes ici pendant que je vais interroger le petit-ami de Claire Locke ?

- Je suppose que oui, répondit-il avec un soupir exagéré. La vie conjugale nous attend. Autant que tu t’habitues à me voir assis face à un écran en permanence. Surtout pendant la saison du football.

- Ça me va. Tant que ça ne te dérange pas que je sorte et que je mène ma vie pendant que tu t’avachis devant la télé.

Et pour lui montrer ce qu’elle voulait dire, elle sortit. Elle cria par dessus son épaule :

- Donne-moi quelques heures.

- Bien sûr. Mais ne t’attends pas à ce que le dîner soit prêt quand tu rentreras.

Le badinage entre eux la rendait extrêmement reconnaissante à McGrath de les avoir autorisés à travailler sur cette affaire ensemble. Entre la morosité, la pluie et la tristesse particulière que lui inspirait le sort de Claire Locke, elle ne savait pas si elle aurait été capable de faire face à cette affaire seule. Mais la présence d’Ellington ici lui paraissait familière et réconfortante – un point de repère au cas où l’enquête deviendrait trop accablante.

Elle sortit du bâtiment. La nuit était tombée et même si la pluie s’était encore une fois calmée et s’était transformée en bruine paresseuse, Mackenzie ne put s’empêcher de sentir qu’il s’agissait d’une sorte de présage.

CHAPITRE SEPT

Mackenzie ignorait tout du petit-ami, dans la mesure où le dossier ne comprenait aucune information à son propos. Elle savait seulement qu’il s’appelait Barry Channing et qu’il vivait au 376 Rose Street, dans l’appartement numéro 7. Lorsqu’elle frappa à la porte de l’appartement 7, une femme qui semblait avoir une bonne cinquantaine d’années lui ouvrit. Elle semblait épuisée, attristée et clairement contrariée de recevoir une visite à vingt-et-une heures un dimanche soir pluvieux.

- En quoi puis-je vous aider ? demanda la femme.

Mackenzie faillit vérifier le numéro sur la porte mais opta pour dire à la place :

- Je cherche Barry Channing.

- Je suis sa mère. Qui êtes-vous ?

Mackenzie lui montra son identification.

- Mackenzie White, je travaille pour le FBI. J’espérais pouvoir lui poser quelques questions au sujet de Claire.

- Il n’est pas en état de parler avec qui que ce soit, répondit sa mère. En réalité, il…

- Seigneur, maman, lança une voix masculine, s’approchant de la porte. Ça va.

La mère fit un pas de côté, pour laisser à son fils la place de se tenir sur le pas de la porte. Barry Channing était plutôt grand et avait des cheveux blonds coupés courts. Comme sa mère, il semblait manquer de sommeil et il était évident qu’il avait pleuré.

- Vous avez dit que vous travailliez pour le FBI ? demanda Barry.

- Oui. Avez-vous quelques minutes à me consacrer ?

Barry regarda sa mère en fronçant légèrement les sourcils et soupira.

- Oui, j’ai du temps. Entrez, je vous en prie.

Barry guida Mackenzie à l’intérieur de l’appartement, le long d’un couloir étroit puis dans une cuisine d’apparence ordinaire. Pendant ce temps, sa mère, l’air contrarié, s’éloigna dans le couloir avant de disparaître de son champ de vision. Alors que Barry s’installa sur une chaise autour de la table de la cuisine, Mackenzie entendit une porte se fermer assez énergiquement un peu plus loin dans l’appartement.

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