La Mort et Un Chien - Грейс Фиона 2 стр.


— Je la veux malgré tout.

Lacey rougit. Il était vraiment inflexible.

— Pouvez-vous me laisser essayer de la réparer d’abord, au moins ? dit-elle. J’ai de la super glue et…

— Pas du tout ! interrompit l’homme. Je la veux telle quelle. Vous voyez, ça me rappelle encore plus ma femme maintenant. C’est ce que j’allais dire, quand la camionnette a fait bang. C’était la première ballerine handicapée de la Royal Ballet Society. Il leva la figurine, la faisant tourner dans la lumière. La lumière accrocha le bras droit, qui semblait encore élégant tendu, malgré le fait qu’il se termina en un moignon dentelé au coude. Elle dansait avec un bras.

Lacey leva les sourcils. Elle resta bouche bée.

— Pas possible !

L’homme fit un signe de tête enthousiaste.

— Honnêtement ! Ne voyez-vous pas ? C’était un signe d’elle.

Lacey ne pouvait pas ne pas être d’accord. Elle cherchait son propre fantôme, après tout, sous la forme de son père, elle était donc particulièrement sensible aux signes de l’univers.

— Alors vous avez raison, vous devez la prendre, dit Lacey. Mais je ne peux pas vous faire payer pour ça.

— Vous êtes sûre ? demanda l’homme, surpris.

Lacey rayonnait.

— Je suis sûre ! Votre femme vous a envoyé un signe. La figurine vous revient de droit.

L’homme avait l’air touché.

— Merci.

Lacey commença à lui envelopper la figurine dans du papier de soie.

— Assurons-nous qu’elle ne perde plus aucun de ses membres, hein ?

— Vous organisez une vente aux enchères, je vois, dit l’homme en montrant par-dessus son épaule l’affiche accrochée au mur.

Contrairement aux affiches grossièrement dessinées à la main qui avaient annoncé sa dernière vente aux enchères, Lacey avait fait faire celle-ci par un professionnel. Elle était décorée d’images nautiques, de bateaux et de mouettes, et d’une bordure faite pour ressembler à une guirlande de fanions vichy bleu et blanc en l’honneur de la propre obsession du Wilfordshire pour ces derniers.

— C’est bien cela, dit Lacey, sentant la fierté enfler dans sa poitrine. C’est ma deuxième vente aux enchères. C’est exclusivement pour des objets de marine anciens. Des sextants. Des ancres. Des longues vues. Je vais vendre toute une série de trésors. Peut-être aimeriez-vous y assister ?

— Peut-être que je le ferai, répondit l’homme en souriant.

— Je vais vous mettre un prospectus dans le sac.

C’est ce que Lacey fit, puis elle remit à l’homme sa précieuse figurine par-dessus le comptoir. Il la remercia et partit.

Lacey regarda le vieil homme sortir du magasin, touché par l’histoire qu’il lui avait racontée, avant de se rappeler qu’elle avait à s’occuper d’un autre client.

Elle regarda à droite pour tourner son attention vers l’autre homme. C’est seulement alors qu’elle vit qu’il était parti. Il était sorti en silence, sans qu’elle s’en aperçoive, avant même qu’elle n’ait eu la chance de voir s’il avait besoin d’aide.

Elle se dirigea vers la zone qu’il avait observée – l’étagère du bas où elle avait placé des boîtes de rangement remplies de tous les articles qu’elle allait présenter à la vente aux enchères du lendemain. Une pancarte, écrite à la main par Gina, indiquait : Rien dans ce lot n’est à vendre. Tout sera mis aux enchères ! Elle avait griffonné ce qui semblait être une tête de mort en dessous, confondant de toute évidence le thème de la Marine avec celui des pirates. Heureusement, le client avait vu le mot et serait de retour le lendemain pour faire une offre sur l’objet qui l’intéressait tant.

Lacey prit une des boîtes remplies d’articles qu’elle n’avait pas encore évalués et la ramena au bureau. Alors qu’elle sortait article après article, les alignant sur le comptoir, elle ne put s’empêcher de sentir l’excitation la traverser. Sa dernière vente aux enchères avait été merveilleuse, mais tempérée par le fait qu’elle avait été à la recherche d’un tueur. Celle-ci, elle pourrait en profiter pleinement. Elle aurait vraiment l’occasion de faire voir ses talents de commissaire-priseur, et elle ne pouvait littéralement pas attendre cela !

Elle venait de se lancer dans l’évaluation et le catalogage des objets lorsqu’elle fut interrompue par le son strident de son téléphone portable. Un peu frustrée d’être perturbée par ce qui était sans doute sa jeune sœur mélodramatique, Naomi, en pleine crise monoparentale, Lacey jeta un coup d’œil au portable où il se trouvait, sur le comptoir. À sa grande surprise, l’identifiant affiché était celui de David, son ex-mari depuis peu.

Lacey regarda pendant un moment l’écran clignotant, réduite à l’inaction par son hébétement. Une avalanche d’émotions différentes la traversait. David et elle n’avaient échangé exactement aucun mot depuis le divorce – même s’il semblait toujours être en bons termes avec la mère de Lacey, entre autres – et avaient tout réglé par l’intermédiaire de leurs avocats. Mais qu’il l’appelle directement ? Lacey ne savait même pas par où commencer pour élaborer des théories sur les raisons d’un tel geste.

Tout en sachant que c’était une erreur, Lacey répondit à l’appel.

— David ? Est-ce que tout va bien ?

— Non, ça ne va pas, dit-il d’une voix aiguë, réveillant un million de souvenirs latents qui sommeillaient dans l’esprit de Lacey, comme de la poussière que l’on remue.

Elle se tendit, se préparant à un choc terrible.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Ta pension alimentaire n’a pas été versée.

Lacey leva si fort les yeux au ciel qu’ils lui firent mal. L’argent. Bien sûr. Il n’y avait rien qui comptait plus pour David que l’argent. Un des aspects les plus ridicules de son divorce d’avec David était le fait qu’elle devait lui payer une pension alimentaire parce qu’elle avait la mieux payée du couple. Elle se dit que la seule chose qui pouvait le forcer à entrer directement en contact avec elle était bien cela.

— Mais j’ai organisé le paiement par la banque, lui dit Lacey. Ça devrait être automatique.

— Eh bien, apparemment les Britanniques ont une interprétation différente du mot automatique, dit-il avec arrogance. Parce qu’aucune somme d’argent n’a été déposée sur mon compte en banque, et si tu l’ignorais, la date limite est aujourd’hui ! Je te suggère donc de téléphoner à ta banque immédiatement et de résoudre la situation.

On aurait dit un directeur d’école. Lacey s’attendait à ce qu’il finisse son monologue par la phrase “petite fille stupide”.

Elle serra le portable, fermement, en essayant de son mieux de ne pas laisser David l’atteindre, pas aujourd’hui, la veille de sa vente aux enchères qu’elle attendait avec impatience !

— Quelle suggestion intelligente, David, répondit-elle, en coinçant le téléphone entre son oreille et son épaule afin de pouvoir libérer ses mains et les utiliser pour se connecter à son compte bancaire en ligne. Je n’aurais jamais pensé faire ça moi-même.

Ses paroles furent accueillies par un silence. David ne l’avait probablement jamais entendu user de sarcasmes auparavant, et cela l’avait déconcerté. Elle tenait Tom pour responsable. Le sens de l’humour anglais de son nouveau prétendant déteignait sur elle très rapidement.

— Tu ne prends pas ça très au sérieux, répondit David, une fois qu’il eut enfin rattrapé son retard.

— Je le devrais ? répondit Lacey. C’est juste une confusion à la banque. Je peux probablement faire en sorte qu’on s’en occupe d’ici la fin de la journée. En fait, oui, il y a un avis là sur mon compte. Elle cliqua sur la petite icône rouge et une boîte d’information apparut. Elle la lut à haute voix. “En raison des jours fériés, les paiements prévus qui tombent le dimanche ou le lundi seront effectués le mardi.” Ahah. Et voilà. Je savais que ce serait quelque chose de simple. Un jour férié. Elle s’arrêta et regarda par la fenêtre la foule de gens qui passaient. Je trouvais bien que les rues avaient l’air très animées aujourd’hui.

Elle pouvait pratiquement entendre David grincer des dents à travers le haut-parleur.

— C’est à vrai dire extrêmement gênant, dit-il sèchement. J’ai des factures à payer, tu sais.

Lacey regarda Chester, comme si elle avait besoin d’un camarade dans cette conversation particulièrement frustrante. Il releva la tête de ses pattes et leva un sourcil.

— Frida ne peut pas te prêter deux millions de dollars si tu es à court ?

— Eda, corrigea David.

Lacey connaissait bien le nom de la nouvelle fiancée de David. Mais elle et Naomi avaient pris l’habitude de l’appeler Frida la Quinzaine, en référence à la rapidité avec laquelle tous deux s’étaient fiancés et maintenant elle ne pouvait plus la nommer autrement.

— Et non, continua-t-il. Elle ne devrait pas avoir à le faire. Qui t’a parlé d’Eda ?

— Ma mère a peut-être laissé échapper ça une ou deux douzaines de fois. Qu’est-ce que tu fais à parler à ma mère de toute façon ?

— Elle a fait partie de ma famille depuis quatorze ans. Je n’ai pas divorcé d’elle.

Lacey soupira.

— Non. J’imagine que non. Alors, quel est le plan ? Vous trois allez nouer des liens autour d’une manucure-pédicure ?

Maintenant elle essayait de l’énerver, et elle ne pouvait pas s’en empêcher. C’était assez amusant.

— Tu es ridicule, dit David.

— N’est-elle pas l’héritière d’un emporium de faux ongles ? dit-elle avec une innocence feinte.

— Oui, mais tu n’as pas besoin de le dire comme ça, dit David, d’une voix qui catapulta l’image de son visage renfrogné dans l’esprit de Lacey.

— Je m’interrogeais juste sur la façon dont vous trois allez probablement passer votre temps ensemble.

— Avec un ton critique.

— Maman me dit qu’elle est jeune, dit Lacey en changeant de cap. Vingt ans. Je veux dire, je pense que vingt ans est peut-être un peu trop jeune pour un homme de ton âge, mais au moins elle a dix-neuf ans pour décider si elle veut des enfants ou non. Trente-neuf ans, c’est la limite pour toi, après tout.

À peine l’eut-elle dit qu’elle réalisa à quel point elle ressemblait à Taryn. Elle frissonna. Alors qu’elle n’avait aucun scrupule à ce que les manières de Tom déteignent sur elle, sa tolérance s’arrêtait définitivement à Taryn !

— Désolée, marmonna-t-elle, en faisant marche arrière. C’était déplacé.

David laissa passer une mesure.

— Donne-moi juste mon argent, Lace.

L’appel fut coupé.

Lacey soupira et posa le téléphone. Aussi exaspérante qu’ait été la conversation, elle était absolument déterminée à ne pas se laisser abattre. David appartenait à son passé désormais. Elle s’était construit une toute nouvelle vie ici à Wilfordshire. Et de toute façon, le fait que David soit parti avec Eda était une bénédiction déguisée. Elle n’aurait plus à lui payer de pension alimentaire une fois qu’ils se seraient mariés, et le problème serait résolu ! Mais connaissant la façon dont les choses se passaient habituellement pour elle, elle avait le sentiment que ce seraient des fiançailles très longues.

CHAPITRE DEUX

Lacey était en plein travail d’évaluation quand, de l’autre côté de la fenêtre, Taryn déplaça enfin son énorme fourgon, et la vue sur le magasin de Tom de l’autre côté des rues pavées se dégagea. Les guirlandes de fanions vichy sur le thème de Pâques avaient été remplacées par d’autres sur le thème de l’été, et Tom avait mis son étalage de macarons au goût du jour pour qu’il représente maintenant une île tropicale. Des macarons au citron composaient le sable, entouré d’une mer de différents bleus-turquoise (parfum barbe à papa), bleu layette (parfum bubble gum), bleu foncé (parfum myrtille) et bleu marine (parfum framboise bleue). De grandes piles de macarons au chocolat, de macarons au café et de macarons aux cacahuètes formaient l’écorce des palmiers, et les feuilles avaient été fabriquées en pâte d’amande ; un autre matériau alimentaire pour le travail duquel Tom était doué. La vitrine était impressionnante, pour ne pas dire appétissante, et elle attirait toujours une foule de touristes spectateurs excités.

En regardant le comptoir à travers la fenêtre, Lacey pouvait voir Tom derrière, occupé à ravir ses clients avec ses présentations théâtrales.

Elle posa son menton sur son poing et poussa un soupir rêveur. Pour le moment, les choses se passaient merveilleusement bien avec Tom. Ils “sortaient” officiellement ensemble, le choix du mot était celui de Tom, pas le sien. Au cours de leur discussion sur la “définition de leur relation”, Lacey avait avancé l’argument selon lequel il s’agissait d’un terme inadéquat et enfantin pour deux adultes matures qui s’embarquaient ensemble dans une aventure romantique, mais Tom avait fait remarquer que puisqu’elle n’était pas employée par Merriam-Webster, ce n’était pas vraiment à elle de décider de la terminologie. Elle concéda sur ce point particulier, mais fixa la limite aux termes “petite amie” et “petit ami”. Ils n’avaient pas encore décidé des termes appropriés pour se référer l’un à l’autre, et ils choisissaient généralement le mot “chérie” par défaut.

Soudain, Tom la regarda et lui fit signe. Lacey se secoua, ses joues s’échauffant en réalisant qu’il venait de la surprendre à le regarder comme une écolière qui avait le béguin.

Le geste de Tom se transforma en un signe de la main, et Lacey réalisa tout à coup quelle était l’heure. Onze heures dix. L’heure du thé ! Et elle avait dix minutes de retard pour leur onze heures quotidien !

— Allez, Chester, dit-elle rapidement, alors que l’excitation montait dans sa poitrine. Il est temps de rendre visite à Tom.

Elle courut pratiquement hors du magasin, se rappelant seulement de retourner son panneau “Ouvert” pour qu’il indique “De retour dans 10 minutes” et de verrouiller la porte. Puis elle traversa la rue pavée en sautillant vers la pâtisserie, son cœur battant à tout rompre avec ses pas sautillants, alors que son excitation de voir Tom s’intensifiait.

Juste au moment où Lacey atteignait la porte de la pâtisserie, le groupe de vacanciers chinois que Tom avait diverti quelques instants auparavant sortit en file indienne. Chacun tenait un très grand sac en papier brun rempli de friandises aux odeurs délicieuses, bavardant et riant les uns avec les autres. Lacey tint patiemment la porte, attendant qu’ils passent, et ils inclinèrent poliment la tête en guise de remerciement.

Une fois le chemin enfin dégagé, Lacey entra à l’intérieur.

— Bonjour, ma chère, dit Tom, un grand sourire illuminant son beau visage doré, faisant apparaître des pattes d’oie à l’extrémité de ses yeux verts scintillants.

— Je vois que tes groupies viennent de partir, plaisanta Lacey, en se dirigeant vers le comptoir. Et ils ont acheté une tonne de produits.

— Tu me connais, répondit Tom en remuant les sourcils. Je suis le premier chef pâtissier au monde avec un fan-club.

Il semblait être d’humeur particulièrement joviale aujourd’hui, pensa Lacey, non pas qu’il ait un jour semblé autre chose que rayonnant. Tom faisait partie de ces gens qui semblaient traverser la vie sans être perturbés par le stress habituel qui déprimait même les meilleurs. C’était l’une des choses que Lacey adorait chez lui. Il était si différent de David, qui était stressé par la moindre chose irritante.

Elle approcha et Tom étira les bras pour l’embrasser par-dessus le comptoir. Lacey se laissa aller, et ne se retira que lorsque Chester commença à faire savoir son mécontentement d’être ignoré en gémissant.

— Désolé, mon pote, dit Tom. Il sortit de derrière le comptoir et offrit à Chester une friandise à la caroube sans chocolat. Et voilà. Ton préféré.

Chester attrapa les friandises de la main de Tom, puis poussa un long soupir de satisfaction et se coucha par terre pour faire une sieste.

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