La Traque Zéro - Джек Марс 8 стр.


En même temps, il saisit les menottes ouvertes de sa main gauche et les referma autour du poignet de l’officier. En un instant, le conducteur sortit son arme en hurlant de colère.

“Reculez ! À terre, tout de suite !”

Reid poussa à deux bras le jeune officier qui cogna derrière lui contre la portière ouverte, la refermant presque, entraînant le flic plus âgé en arrière dans la voiture. Reid fit une roulade et se redressa à genoux à côté du type. Il arracha le Glock de ses mains et le balança par-dessus son épaule.

Le jeune flic se redressa et essaya de sortir son arme. Reid attrapa la moitié vide des menottes qui se balançait au poignet de l’officier et tira dessus, faisant de nouveau perdre l’équilibre au type. Il fit passer les menottes par la fenêtre ouverte, entraînant le bras du mec à l’intérieur et referma la boucle d’acier ouverte sur le poignet de l’autre officier.

Alors qu’ils se débattaient tous deux, de chaque côté de la portière, Reid libéra l’arme du plus jeune des deux et les visa avec. Ils s’immobilisèrent immédiatement.

“Je ne vais pas vous tuer,” leur dit-il en récupérant son sac. “Je veux juste que vous restiez calmes et que vous ne bougiez pas pendant environ une minute.” Il pointa son arme sur l’officier plus âgé. “Baissez la main, s’il vous plaît.”

La main libre du flic lâcha la radio qui était fixée à son épaule.

“Posez cette arme,” dit le jeune flic, levant sa main libre dans un geste pacifique. “Une autre unité est en route. Ils vont vous tirer dessus dès qu’ils vous auront en ligne de mire. Je suppose que vous ne voulez pas en arriver là.”

C’est du bluff ? Non : Reid entendit le bruit des sirènes à distance. Environ une minute. Une minute et demie au mieux. Quoi que Mitch et Watson aient prévu, il fallait que ça arrive maintenant.

Les garçons avaient arrêté de jouer sur le terrain de baseball, à présent agglutinés au niveau des tribunes les plus proches à regarder ébahis la scène qui se déroulait à quelques mètres d’eux. Reid jeta rapidement un œil et vit que l’un des garçons était sur son téléphone portable, probablement en train de relater l’incident.

Au moins, ils ne sont pas en train de filmer, pensa-t-il ironiquement, gardant son arme pointée sur les deux flics. Allez, Mitch…

Puis, le jeune fronça les sourcils en se tournant vers son coéquipier. Ils se regardèrent l’un l’autre, puis levèrent les yeux alors qu’un nouveau bruit venait de rejoindre le cri des sirènes distantes : un ronflement, comme un bruit aigu de moteur.

C’est quoi ça ? Certainement pas une voiture. Pas assez bruyant pour un hélico ou un avion…

Reid leva également les yeux, ne sachant dire de quelle direction provenait le bruit. Il n’eut pas besoin de se poser longtemps la question. Depuis sa gauche, il vit arriver un minuscule objet, fendant rapidement les airs comme une abeille bourdonnante. Sa forme était indistincte. Il semblait blanc, mais il était difficile de le regarder directement.

Le dessous est peint dans un revêtement réfléchissant, songea l’esprit de Reid. Il est impossible que les yeux restent concentrés dessus.

L’objet perdit de l’altitude, comme s’il tombait du ciel. Alors qu’il passait au-dessus du monticule du lanceur sur le terrain de baseball, quelque chose tomba de l’appareil : un câble en acier avec une étroite barre transversale au bout, semblable au barreau d’une échelle. Une corde de rappel.

“Ce doit être mon taxi,” murmura-t-il. Pendant que les flics regardaient avec incrédulité ce véritable OVNI fondre sur eux, Reid laissa tomber l’arme sur le gravier. Il s’assura que son sac était bien fixé à son épaule et, alors que la barre transversale se balançait vers eux, il leva les bras et s’accrocha à elle.

Il inspira d’un coup, instantanément emporté dans les airs, atteignant sept mètres en quelques secondes, puis dix, puis quinze. Les gamins criaient sur le terrain de baseball, montrant du doigt l’objet volant en train de rétracter rapidement la corde de rappel au-dessus de la tête de Reid, gagnant en altitude par la même occasion.

Il jeta un œil en bas et vit de nouvelles voitures de polices qui venaient d’arriver sur le parking, les conducteurs sortant de leurs véhicules et levant les yeux au ciel. Il était à trente mètres au-dessus du sol quand il atteignit le cockpit. Ensuite, il s’installa dans le seul siège qui se trouvait là.

Reid secoua la tête d’étonnement. Le véhicule qui venait de le récupérer n’était rien de plus qu’une petite capsule en forme d’œuf avec quatre bras parallèles formant un X, chacun d’entre eux ayant un moteur rotatif en son extrémité. Il savait ce que c’était : un quadricoptère, un drone pouvant accueillir une seule personne, totalement automatisé et hautement expérimental.

Un souvenir lui traversa l’esprit : Le toit d’un immeuble à Kandahar. Deux snipers ont repéré ton emplacement. Tu ne sais pas du tout où ils sont. Un seul geste et tu es mort. Ensuite, tu entends un bruit… un ronflement aigu, à peine plus élevé qu’un bourdonnement. On dirait le bruit que fait ton taille-haie. Une forme apparaît dans le ciel. C’est difficile de la regarder. Tu peux à peine la voir, mais tu sais que de l’aide vient d’arriver…

La CIA avait expérimenté l’usage de machines comme celle-ci pour extraire les agents de zones tendues. Lui-même avait pris part à cette expérimentation.

Il n’y avait pas de commandes devant lui, juste un écran LED lui indiquant que la vitesse était de trois-cent-quarante-sept kilomètres heure et que le temps restant avant atterrissage était de cinquante-quatre minutes. À côté de l’écran se trouvait un casque. Il s’en empara et le posa sur ses oreilles.

“Zéro.”

“Bon sang, Watson. Comment as-tu eu ce truc ?”

“Ce n’est pas moi.”

“Alors Mitch,” dit Reid, ce qui confirmait ses soupçons. “Ce n’est pas qu’un simple ‘atout,’ pas vrai ?”

“Il est tout ce dont tu as besoin pour que tu aies confiance en sa volonté de t’aider.”

La vitesse du quadricoptère augmentait régulièrement, atteignant presque trois-cent-quatre-vingts kilomètres heures. Le temps d’arrivée diminua de plusieurs minutes.

“Qu’en est-il de l’agence ?” demanda Reid. “Est-ce qu’ils peuvent… ?”

“Le pister ? Non. Il est trop petit et vole à de trop basses altitudes. De plus, il n’est plus en service. L’agence trouvait le moteur trop bruyant pour l’aspect furtif et discret.”

Il poussa un léger soupir de soulagement. Il avait une adresse où se rendre à présent, ce Starlight Motel dans le New Jersey et, cette fois, ce n’était pas un indice de Rais pour le mener par le bout du nez. S’ils étaient encore là, il pourrait mettre un terme à tout ça… ou essayer du moins. Il savait bien que ça finirait forcément par une confrontation avec l’assassin et il ne fallait pas que ses filles soient un dommage collatéral.

“Attends quarante-cinq minutes et refile le tuyau du motel à Strickland et à la police locale,” dit-il à Watson. “S’il est là, je veux que tout le monde y soit aussi.”

Toutefois, le temps que la CIA et la police arrivent, ses filles seraient peut-être en sécurité ou Reid Lawson serait peut-être mort.

CHAPITRE HUIT

Maya serra sa sœur contre elle. La chaîne des menottes cliquetait entre leurs poignets. Le bras de Sara était remonté contre sa propre poitrine, sa main agrippant l’épaule de Maya, alors qu’elles étaient recroquevillées l’une contre l’autre sur la banquette arrière de la voiture.

L’assassin conduisait, dirigeant la voiture le long de Port Jersey. Le terminal de fret était long, plusieurs centaines de mètres d’après les estimations de Maya. De hautes piles de containers se dressaient de chaque côté, formant une ligne étroite pas plus large que trente centimètres de chaque côté de la voiture.

Les phares étaient éteints et l’obscurité était effrayante, mais ça ne semblait pas poser de problème à Rais. De temps en temps, il y avait une petite brèche entre les piles de containers et Maya pouvait voir des lumières vives à distance, près du bord de l’eau. Elle pouvait même entendre le ronronnement des machines. Il y avait des gens qui travaillaient, du monde aux alentours. Même si ça lui donna un peu d’espoir, Rais avait tellement bien planifié les choses jusqu’ici qu’elle doutait qu’ils se fassent repérer par qui que ce soit.

Il fallait néanmoins qu’elle fasse quelque chose pour les empêcher de partir.

L’horloge de la console centrale de la voiture lui indiqua qu’il était quatre heures du matin. Cela faisait moins d’une heure qu’elle avait laissé le mot dans le réservoir de la chasse d’eau des toilettes du motel. Peu après, Rais s’était soudainement levé et avait annoncé qu’il était l’heure d’y aller. Sans un mot d’explication, il leur avait fait quitter la chambre d’hôtel, mais pas pour reprendre le véhicule blanc avec lequel ils étaient arrivés. Au lieu de ça, il les avait conduites vers une voiture plus ancienne, garée non loin de leur chambre. Il n’avait eu aucun mal à crocheter la serrure et les avait faites monter sur la banquette arrière. Rais avait retiré le cache de la colonne de direction et fait démarrer le véhicule avec les câbles d’allumage en quelques secondes.

Et, maintenant, voilà qu’ils étaient au port, sous couvert de la nuit, se rapprochant de la pointe terrestre au nord, là où le sol laissait place à la Baie de Newark. Rais ralentit et gara la voiture.

Maya regarda à travers le pare-brise. Elle vit un bateau, assez petit selon les standards commerciaux habituels. Il ne faisait pas plus de dix-huit mètres d’un bout à l’autre, chargé de containers cubiques d’un mètre et demi de côtés. La seule lumière de ce côté du quai, à part celle des étoiles, provenait de deux ampoules jaunes faiblardes sur le bateau, l’une à la proue et l’autre à la poupe.

Rais éteint le moteur et resta assis là, en silence, pendant un long moment. Puis, il fit un seul appel de phares. Deux hommes sortirent de la cabine du bateau. Ils regardèrent dans sa direction, puis désembarquèrent par une rampe étroite entre le bateau et le quai.

L’assassin se retourna sur son siège, regardant directement Maya. Il ne prononça qu’une seule phrase en articulant lentement. “Ne bougez pas.” Puis, il sortit de la voiture et referma la portière, se tenant à quelques mètres seulement, tandis que les hommes approchaient.

Maya serra la mâchoire et tenta de ralentir son rythme cardiaque trop rapide. Si elles montaient sur ce bateau et quittaient le rivage, leurs chances d’être retrouvées un jour allaient diminuer significativement. Elle ne pouvait pas entendre ce que les hommes se disaient, elle n’entendait que des voix parlant tout bas, tandis que Rais discutait avec eux.

“Sara,” chuchota-t-elle. “Tu te souviens ce que je t’ai dit ?”

“Je ne peux pas.” La voix de Sara se brisa. “Je ne vais pas…”

“Tu n’as pas le choix.” Elles étaient toujours menottées ensemble, mais la rampe menant au bateau était étroite, à peine plus de soixante centimètres de large. Ils allaient devoir retirer les menottes, se dit-elle. Et quand ils le feraient… “Dès que je bouge, tu t’enfuis. Trouve des gens. Cache-toi s’il le faut. Tu dois…”

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. La portière arrière s’ouvrit et Rais passa sa tête dedans. “Sortez.”

Les genoux de Maya tremblaient quand elle se glissa hors de la banquette arrière, suivie de Sara. Elle se força à regarder les deux hommes qui étaient sortis du bateau. Ils avaient tous deux le visage clair avec des cheveux noirs et des traits sombres. L’un des deux avait une fine barbe et des cheveux courts, portant une veste en cuir noire, les bras croisés sur sa poitrine. L’autre portait un manteau marron et ses cheveux étaient plus longs, retombant autour de ses oreilles. Son ventre dépassait par-dessus sa ceinture et il avait un léger sourire aux lèvres.

Ce fut ce type ventru qui fit le tour des deux filles en marchant lentement. Il dit quelque chose en langue étrangère et Maya réalisa qu’il s’agissait de la même langue que Rais avait parlée au téléphone dans la chambre d’hôtel.

Ensuite, il prononça un seul mot en anglais.

“Jolies.” Il rigola. Son compère à la veste en cuir esquissa un sourire. Rais restait là, impassible.

À ce seul mot, Maya comprit ce qui se passait et ce fut comme si des doigts gelés venaient de la prendre à la gorge. Quelque chose de bien plus insidieux que simplement leur faire quitter le pays était en jeu. Elle ne voulait même pas y penser ou l’envisager. Ce n’était pas possible. Pas ça. Pas elles.

Elle posa son regard sur le menton de Rais. Elle ne pouvait pas supporter de regarder ses yeux verts.

“Vous.” Sa voix était basse, caverneuse, luttant pour faire sortir les mots. “Vous êtes un monstre.”

Il soupira doucement. “Peut-être. Tout est question de point de vue. J’ai besoin d’un moyen de traverser la mer et vous êtes ma monnaie d’échange. Mon ticket, si je puis dire.”

Maya eut la bouche sèche. Elle ne pleurait pas, ne tremblait pas. Elle avait juste froid.

Rais les vendait tout bonnement.

“Hum-hum.” Quelqu’un se râcla la gorge. Cinq paires d’yeux se retournèrent vers lui, alors que le nouvel arrivant avançait dans la faible lumière des ampoules du bateau.

Le cœur de Maya s’emballa d’un espoir soudain. L’homme était plus âgé, la cinquantaine peut-être, et portait un pantalon chino avec une chemise blanche. Il avait l’air d’un contremaître. Sous un bras, il tenait un casque de chantier blanc.

Rais sortit le Glock et le brandit en un instant. Mais il ne tira pas. D’autres pourraient l’entendre, pensa Maya.

“Oh là !” L’homme laissa tomber son casque blanc et leva les deux mains en l’air.

“Hé.” L’étranger à la veste en cuir noire s’avança, s’interposant entre l’arme et le nouveau. “Hé, il est avec nous,” dit-il en anglais un fort accent. “Avec nous.”

Maya resta bouche-bée d’étonnement. Avec nous ?

Alors que Rais baissait lentement son arme, l’homme mince fouilla dans sa poche de veste et en sortit une enveloppe kraft repliée en trois, fermée avec du scotch. Quelque chose d’épais et de rectangulaire se trouvait dedans, comme une brique.

Il la tendit, tandis que l’homme à l’allure de contremaître ramassait son casque.

Mon dieu. Elle ne savait que trop bien ce qui se trouvait dans l’enveloppe. Cet homme se faisait payer pour tenir son équipe à l’écart et que cette zone du quai reste vide.

Elle sentit monter en elle colère et désespoir. Elle voulait lui crier dessus s’il vous plaît, attendez, à l’aide, mais son regard rencontra le sien l’espace d’une seconde et elle sut que ça ne servirait à rien.

Il n’y avait pas de remords dans ses yeux. Pas de gentillesse. Pas d’empathie. Aucun son ne s’échappa de sa gorge.

Aussi vite qu’il était arrivé, l’homme repartit et disparut dans l’ombre. “Ce fut un plaisir de faire affaire,” murmura-t-il en s’évanouissant dans la nuit.

Ce n’est pas possible. Elle se sentait impuissante. Jamais de la vie elle avait vu quelqu’un rester impassible, alors que des enfants étaient clairement en danger, et accepter de l’argent pour ne rien dire.

Le gros aboya quelque chose en langue étrangère et fit un geste vague pour désigner leurs mains. Rais répondit quelque chose qui semblait être une faible protestation, mais l’autre homme insista.

L’assassin semblait ennuyé, en train de fouiller dans sa poche. Il en sortit une petite clé argentée et attrapa la chaîne des menottes, forçant leurs deux poignets à se soulever. “Je vais vous enlever ça,” leur dit-il. “Ensuite, on va monter sur le bateau. Si vous voulez retrouver la terre ferme vivantes, vous allez garder le silence. Vous ferez ce qu’on vous dit.” Il poussa la clé dans la menotte autour du poignet de Maya et l’ouvrit. “Et ne pense même pas à sauter dans l’eau. Aucun d’entre nous ne viendra te chercher. On te regardera geler à mort avant de sombrer. Ça ne prendra que quelques minutes.” Il détacha la menotte de Sara qui se frotta instinctivement son poignet rougi et endolori.

Назад Дальше