Vitres Teintées - Блейк Пирс 2 стр.


Mais elles avaient tout de même des aveux. Et elles auraient pu modifier un peu leur histoire, en racontant qu’il avait essayé de tuer Danielle et qu’elle avait été obligée de le descendre pour se défendre. Il y aurait sûrement eu plus de vérifications de la part de la police, mais en même temps, ça aurait impliqué beaucoup moins de mensonges. Et Chloé ne se serait pas sentie aussi coupable envers le FBI.

Mais finalement, ce n’était sûrement pas si important que ça. Quelle que soit la version des faits qu’elles auraient choisie, la question la plus importante de toutes n’aurait probablement pas trouvé de réponse.

Sa sœur avait tué leur père. Et Chloé l’aurait également tué, si c’était pour sauver Danielle. Alors quelque part, peut-être qu’elles possédaient toutes les deux le même côté obscur que leur père.

Et maintenant qu’elles avaient agi de concert pour dissimuler ce qui s’était passé au Texas, est-ce que ce côté obscur allait prendre le dessus ?

***

Chloé finit par s’endormir, recroquevillée sur son divan. Quand son réveil sonna depuis sa chambre à coucher le lendemain matin, elle ressentit une vive douleur dans le dos en s’asseyant. C’était dû à la position dans laquelle elle avait dormi. Elle alla jusqu’à la chambre à coucher en s’étirant et elle éteignit son réveil.

Elle regarda le désordre qui régnait dans sa chambre et elle se rendit compte qu’elle avait passé les cinq derniers jours dans une sorte de semi-stupeur. Il fallait qu’elle range un peu, qu’elle fasse des lessives et qu’elle avale autre chose que des plats réchauffés au micro-ondes.

Elle se demanda si elle n’appellerait pas le FBI pour leur dire qu’elle était malade. Le directeur Johnson saurait probablement que ce n’était pas vrai, mais vu ce qu’elle venait d’endurer, il ne dirait probablement rien. Elle prit une douche chaude pour détendre les muscles de son dos, en espérant que ça l’aiderait à sortir de son état morose. Ça l’aida un peu, mais en s’habillant, elle continuait à considérer prendre un ou deux jours de congé.

Elle était sur le point de prendre son téléphone pour appeler, mais il sonna avant qu’elle puisse le faire. Quand elle vit que l’appel venait du FBI, elle fit la grimace. Je ne crois pas que je vais pouvoir prendre un jour de congé, finalement…

Elle décrocha et elle entendit la voix de la secrétaire de Johnson la saluer, avant de la transférer vers la ligne du directeur.

« Agent Fine, est-ce que vous êtes sur le point de partir pour le bureau ? » demanda Johnson.

« Oui, monsieur. »

« Tant mieux. Je veux que vous veniez tout de suite dans mon bureau. J’ai un briefing à vous faire. »

Franchement, elle n’était pas sûre d’en avoir vraiment envie. Mais ce qu’elle savait, c’était que si elle restait encore quelques jours de plus assise à ne rien faire dans son appartement, en se demandant si elles avaient eu raison d’agir comme elles l’avaient fait, elle allait devenir complètement dingue. Elle envisagea brièvement l’idée de refuser, en disant qu’elle ne se sentait pas bien, mais elle se ravisa. Il y avait peut-être une nouvelle enquête pour elle. Et bien sûr, qu’elle allait l’accepter.

« Bien sûr, » dit-elle, en ne sachant toujours pas si c’était vraiment ce qu’elle voulait. « Je serai là dans une demi-heure. »

Elle se dépêcha de s’habiller et avala un rapide petit-déjeuner constitué de céréales avant de partir de chez elle. Rien que le fait de faire ça lui parut salvateur. La routine était une manière idéale de retourner à une certaine normalité. Bien que ça ne fasse que quelques jours qu’elle était d’humeur morose, ça l’avait fortement affectée mentalement et émotionnellement. Oui, bien sûr, elle était allée travailler. Mais elle l’avait fait de manière machinale et automatique, l’esprit occupé par des milliers d’autres choses.

Mais là, elle allait au bureau pour avoir des infos sur une potentielle nouvelle enquête. C’était complètement différent. Pour la première fois depuis qu’elle était rentrée du Texas, elle avait l’impression qu’elle allait enfin pouvoir mettre toute cette histoire derrière elle.

Dès qu’elle arriva au FBI, elle alla directement au bureau de Johnson, en se demandant quel genre d’affaire il pouvait avoir pour elle. Elle avait commencé à se faire une réputation en tant qu’agent spécialisée en affaires sordides de banlieue, le genre d’enquête qui impliquait des personnes riches qui passaient le plus clair de leur temps à essayer de dissimuler des secrets.

En fait, j’aurais tout à fait ma place dans ce genre de quartiers, pensa-t-elle. Parce que j’ai moi aussi des secrets dont je ne pourrai jamais me défaire.

Quand elle arriva dans le bureau de Johnson, elle se dirigea machinalement vers la chaise sur laquelle elle avait l’habitude de s’asseoir, devant le bureau du directeur. Mais elle se rendit compte que Johnson n’était pas assis à sa place. Il était assis à la petite table de réunion au fond de la pièce. Et il n’était pas seul. Il était accompagné d’un homme et d’une femme. Chloé reconnut l’homme : il s’agissait de Beau Craddock et il était assez haut placé dans la hiérarchie du FBI – bien au-dessus du directeur Johnson. Quant à la femme, elle ne l’avait jamais vue auparavant, mais si elle accompagnait Craddock, Chloé en déduisit qu’elle devait également être haut placée.

« Agent Fine, » dit Johnson. « Je vous en prie, prenez une chaise. »

« OK… »

Il y avait une seule autre chaise disponible et elle se trouvait en bout de table. Elle s’y assit, en faisant un petit signe poli de la tête aux personnes assises devant elle.

« Agent Fine, je vous présente le directeur adjoint Craddock, et la conseillère au directeur, Sarah Kirsch. »

Kirsch lui décocha un sourire légèrement faux.

« Nous voudrions que vous nous racontiez en détails la chronologie des événements tels qu’ils se sont déroulés, quand vous êtes partie au Texas à la recherche de votre sœur, » dit Craddock.

Chloé sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle regarda Johnson d’un air surpris. « Monsieur, j’ai déjà tout raconté en détails à deux reprises – une fois à vous, et une fois à la police. Est-ce que c’est vraiment nécessaire ? »

« Franchement, probablement pas, » dit Kirsch, avant que Johnson ne réponde. « Mais le fait est que vous vous êtes retrouvée sur les lieux où un homme actuellement recherché pour enlèvement et agression retenait sa victime. Alors oui, votre témoignage vaut la peine d’être entendu. »

Johnson haussa les épaules et la regarda, l’air de dire qu’elle n’avait pas vraiment le choix. « Désolé, Fine, mais le fait que vous soyez étroitement liée au ravisseur et à la victime a visiblement attiré l’attention de la hiérarchie. Mais, comme je le leur ai dit, on a déjà tout vérifié. Et il n’y a aucune zone d’ombre. Ils veulent juste l’entendre de votre bouche. »

Aucune zone d’ombre, c’est ça, oui, pensa Chloé. Si c’était le cas, tu m’aurais prévenue de ce qui m’attendait quand tu m’as appelée ce matin. Au lieu de ça, tu me mets devant le fait accompli. Tu essaies de me piéger, oui.

Mais qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ?

Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise, en ayant l’impression de mettre volontairement le pied dans un piège à loups.

CHAPITRE DEUX

Ce fut Craddock qui débuta l’interrogatoire. Quand il le fit, il avait un léger sourire aux lèvres. C’était sûrement destiné à la mettre plus à l’aise, mais on aurait presque dit qu’il trouvait du plaisir à l’idée de la torturer avec ses questions.

« Agent Fine, comment avez-vous su où se trouvait votre sœur ? »

La vérité, c’était que Danielle l’avait appelée depuis une cabine téléphonique. Mais bien sûr, ça, elle ne pouvait pas leur dire. Alors elle leur sortit la version qu’elles avaient créée de toutes pièces, au moment où elles avaient enterré leur père.

« Franchement, ça a été un coup de chance. Quand je me suis rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond, j’ai essayé de deviner où mon père pourrait l’avoir emmenée. À une certaine époque, Danielle avait vécu à Millseed – à un moment de sa vie où elle était hostile à notre père. Elle m’avait plusieurs fois dit qu’un jour, alors qu’elle était allée lui rendre visite en prison, il lui avait dit qu’un endroit comme Millseed, c’était vraiment tout ce à quoi elle pouvait aspirer. Une petite ville minable. Il lui avait dit que ça devait être un endroit horrible où mourir mais que peut-être c’était tout ce qu’elle méritait. »

« Est-ce que votre père est toujours aussi théâtral et porté sur les présages ? » demanda Kirsch.

« Excusez-moi, mais je n’ai aucune envie de discuter avec vous de la personnalité de mon père, » dit Chloé. « Est-ce que le but, c’est de dresser le profil psychologique de mon père, ou de me poser à nouveau des questions sur ce qui s’est passé ? »

Craddock et Kirsch échangèrent un regard troublé, avant de continuer de l’interroger. Johnson la regarda d’un air réprobateur, l’air de dire : Baisse d’un ton.

« Est-ce que vous pouvez nous raconter en détails ce qui s’est exactement passé quand vous êtes arrivée ? » demanda Kirsch.

« L’endroit fut facile à trouver, » dit Chloé. « Danielle m’avait raconté des histoires concernant certaines choses pas très légales qu’elle avait faites dans ce vieil entrepôt avec ses amis de l’époque. Je me suis arrêtée dans un magasin et j’ai demandé comment y arriver. Quand je suis arrivée sur les lieux, mon père avait attaché Danielle sur une chaise et il la giflait. Je me suis interposée, on s’est battu et il est parvenu à s’échapper. »

« Est-ce que vous pouvez définir exactement ce que vous entendez par le fait de se battre, » dit Craddock.

« L’usage des poings pour se frapper l’un l’autre. Mais aussi des coups de pieds. Une tentative de maîtriser son adversaire par la force physique. »

« Agent Fine, » dit Kirsch, « je vous conseille de prendre cet interrogatoire très au sérieux. »

« Oh, mais c’est ce que je fais. Et je l’ai également pris très au sérieux les deux autres fois où j’ai été interrogée en détails sur ce qui s’était passé. » Elle s’interrompit un instant et prit une profonde inspiration pour essayer de se calmer. « Écoutez. Je comprends que vous ayez besoin de savoir exactement ce qui s’est passé et je reconnais entièrement que c’était une erreur d’essayer de régler ça par moi-même. Mais il faut que vous compreniez… ce n’est pas une simple affaire. Il s’agit de ma sœur et de mon père, et de tout ce lourd passé qui nous lie. Et ce n’est vraiment pas agréable pour moi d’être encore et encore interrogée à ce sujet. »

Son petit plaidoyer avait dû marcher un peu, car Craddock et Kirsch échangèrent un regard affligé. Puis ils regardèrent Johnson, qui haussa légèrement les épaules.

« Bien sûr que c’est quelque chose que nous essayons de prendre en considération, » dit Craddock. Puis, en choisissant soigneusement chacun de ses mots, il ajouta : « Est-ce que vous pensez l’avoir blessé au cours de la lutte ? »

Peut-être que finalement, son plaidoyer n’était pas aussi convaincant que ça. Agacée, elle répondit à la question. Elle mentit, en leur disant qu’elle pensait lui avoir brisé des côtes en lui assénant un coup. C’était un détail futile, mais dans ce genre d’interrogatoires, elle savait que c’était le genre de détails auxquels ils s’attendaient.

Pendant qu’ils continuaient à l’interroger, elle comprit exactement ce qu’ils cherchaient à faire. Ils lui faisaient répéter sa version des faits, mais en partant d’une autre perspective, afin de voir si elle allait en changer certains éléments. Ils essayaient de la piéger… mais elle ne savait pas pourquoi.

Peut-être qu’ils ont découvert quelque chose qui contredit ma version, pensa-t-elle. Mais elle en doutait. Si c’était le cas, ils lui auraient posé des questions plus directes et ils l’auraient peut-être même accusée.

Mais non… au lieu de ça, ils cherchaient des failles dans son récit. Et Chloé n’avait nullement l’intention d’en laisser transparaître une seule.

Mais elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’il en serait si c’était Danielle qui était assise à sa place. S’ils se mettaient à l’interroger une troisième fois – dans un environnement plus officiel avec ces agents en costume – est-ce que Danielle saurait gérer la situation ?

Chloé eut peur rien qu’à l’idée. Alors elle fit de son mieux pour ne pas y penser. Elle ravala sa colère et continua à répondre à leurs questions, comme une petite fille docile.

***

Ce fut plus rapide qu’elle pensait, finalement. Craddock et Kirsch prirent congé un quart d’heure plus tard. Quand ils furent partis, Johnson la regarda. Chloé se demanda s’il allait essayer de jouer le rôle du type sympathique ou s’il allait prendre parti pour le duo qui venait juste de sortir de son bureau.

« Désolé de vous faire à nouveau passer par là, » dit-il.

« Vraiment ? J’ai plutôt eu l’impression que vous étiez de leur côté. »

« Fine… Je sais que vous faites actuellement face à une pression émotionnelle énorme, mais je vous conseille de faire attention à votre ton et à votre attitude. J’essaie d’être aussi raisonnable que possible, mais je rédigerai un rapport pour insubordination si vous continuez à me parler sur ce ton. »

Elle fit de son mieux pour ravaler sa colère et son amertume. Elle hocha la tête. « J’ai compris. Je peux m’en aller, maintenant ? »

« Oui. Vous trouverez vos prochaines assignations sur votre bureau. Des écoutes téléphoniques et une demande d’informations venant d’un agent sur le terrain à Philadelphie, je crois. »

« C’est une blague ? »

Elle sortit de son bureau avant qu’il n’ait eu le temps de répondre. Bien qu’elle ne se croie pas au-dessus du travail banal de bureau que la plupart des agents devaient effectuer toutes les semaines, elle avait néanmoins l’impression que c’était une régression. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander si c’était une sorte de punition – et si c’était le cas, combien de temps ça allait durer.

En général, elle parvenait à maîtriser ses émotions, mais là, Chloé luttait vraiment pour contrôler sa colère. Elle prit tout son temps pour retourner à son box, en sachant qu’elle allait être encore plus contrariée quand elle verrait le boulot insignifiant que lui avait assigné Johnson.

Elle était tellement accaparée par ses pensées qu’elle ne remarqua pas le visage familier qui venait de sortir d’un bureau au bout du couloir. C’était Rhodes. Elle avait les yeux baissés sur son téléphone. Quand elle les leva et vit Chloé, elle eut d’abord l’air inquiète, puis soulagée.

« Tout va bien ? » demanda Rhodes.

« Oui. Mais on s’est vues hier. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question maintenant ? »

« J’ai entendu dire que tu avais été convoquée à une réunion avec Johnson, » dit Rhodes. « Et que le directeur Craddock allait être présent. Je me suis dit que c’était pour te réprimander. »

« Non, pas vraiment. C’était juste… ils continuent à vouloir me faire répéter chaque détail de cette affaire avec ma sœur et mon père. Et j’en ai marre. »

Rhodes regarda autour d’elle, comme si elle voulait s’assurer que personne ne pouvait l’entendre. « Peut-être que c’est seulement pour savoir si ça ne t’a pas trop affectée émotionnellement… et voir si tu es capable de travailler après un événement aussi personnel et traumatisant. »

« J’en doute. »

« Je ne sais pas. Mais ça expliquerait pourquoi on vient juste de m’assigner une enquête sans que tu en fasses partie. Je sais que nous ne sommes pas officiellement coéquipières, mais cette affaire, c’est vraiment ton rayon. »

« Quoi ? Quand est-ce qu’on te l’a assignée ? »

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