Sous Haute Tension - Блейк Пирс 4 стр.


La bouche de Riley s’ouvrit, mais aucun son n’en sortit.

Comment pouvait-elle exprimer ce qu’elle ressentait ?

– Agent Crivaro, je… je ne crois pas être prête, balbutia-t-elle enfin.

– C’est vrai, dit Crivaro. Tu n’es pas prête.

Riley regarda son partenaire avec surprise.

– Écoute, dit Crivaro. Personne n’est parfait lors de ses débuts en solo. Tu dois seulement te préparer. Tu es l’agent la plus talentueuse avec laquelle j’ai travaillé. Tes instincts sont aussi bons que les miens et c’est peu dire. Personne ne peut entrer dans la tête d’un tueur aussi bien que nous. Il faut que tu développes les compétences qui vont avec tes capacités. Mais je te retiens. Tu te reposes trop sur moi. Tu dois apprendre à te faire confiance. Et je n’aurais jamais cru dire ça à propos d’un partenaire mais…

Il rit doucement.

– On s’entend trop bien.

Riley ne put s'empêcher de rire à son tour.

– Vous rigolez, pas vrai ? dit-elle.

– Je sais que ça semble fou, mais c’est vrai, dit Crivaro. Je ne sais pas ce qu’il te faut pour avancer, mais ce n’est pas moi. Tu devrais peut-être aller enquêter sur quelques affaires en solo. Dieu sait que ça m’est souvent arrivé. Ou alors, tu dois bosser avec quelqu’un qui sera très dur à apprécier.

Secouant la tête, Riley dit :

– C’est ce qu’il s’est passé avec vous.

– Peut-être au début, mais plus maintenant. Tu es la seule de mes partenaires à m’avoir supporté. Je suis un vieux con grincheux et tu le sais

Riley sourit un peu.

Je ne peux pas le contredire là-dessus, pensa-t-elle.

Un nouveau silence s'abattit entre eux.

Riley repensa aux affaires sur lesquelles ils avaient travaillé ensemble, surtout celle en Arizona, où Crivaro et elle s’étaient fait passer pour un père et sa fille. Cela avait été plus qu’une simple couverture, du moins pour elle.

Maintenant, elle se demandait si elle devait lui avouer qu’il avait été plus un père pour elle que son père biologique.

Non, ça va me faire pleurer, pensa-t-elle. Et ça le ferait vraiment chier.

– Qu’allez-vous faire ? demanda-t-elle à la place.

Crivaro rit de nouveau.

– Ça s’appelle la retraite Riley. Que font les retraités ? Je commencerai peut-être à jouer au Bridge, si je trouve un partenaire, ce qui me semble compromis. J’irai peut-être faire une croisière dans les Caraïbes. Ou jouer au golf. Ou faire du bénévolat. Ou m'impliquer dans le cinéma local. Ou alors je rejoindrai un club de tricot.

Riley rit à l’image de Crivaro tricotant une couverture, entouré de femmes de son âge.

– Vous n’êtes pas sérieux, dit-elle.

– Non, mais j’en ai peut-être marre d’être sérieux. Peut-être que j’aime l’idée de ne pas savoir quoi faire du reste de ma vie. Quoi qu’il en soit, ce sera une aventure.

Riley détecta une certaine incertitude lorsqu’il prononça le mot « aventure. »

Il n’est pas sûr de lui, pensa-t-elle.

Il essaie de se convaincre.

Mais avait-elle le droit d’orienter sa décision ?

Crivaro regarda sa montre et lui désigna le bâtiment.

– Tu devrais y aller, dit-il. Tu ne voudrais pas que Lehl s’impatiente.

Il posa une main réconfortante sur l’épaule de Riley.

– Je ne vais pas disparaître gamine. Tu entendras sûrement plus parler de moi que tu ne le souhaites.

– J’en doute, Agent Crivaro, dit Riley.

Il agita son index.

– Hé, je suis à la retraite, non ? Plus d’« Agent Crivaro » qui tienne. Il est temps pour toi de m’appeler Jake.

Riley sentit sa gorge se serrer.

– D’accord… Jake, dit-elle doucement.

En ouvrant la porte de sa voiture, il parla de nouveau :

– Allez, vas-y, va bosser.

Alors que Riley commençait à avancer, la voix de Crivaro la fit se retourner.

– Cette promesse que tu as faite après l’audience hier… tu as bien fait et j’aurais aimé l’avoir fait. Je sais que ça t'inquiète, mais tu tiendras parole.


J’en suis sûr. Et tu sais quoi ? Si je suis encore en vie, je ferai tout mon possible pour t’aider.

Crivaro démarra sa voiture et sortit de sa place.

Riley l’observa s’en aller, toujours déterminée à ne pas pleurer.

Puis elle se dirigea vers l’immeuble du DSC pour parler à Lehl.

CHAPITRE CINQ

Même si le bâtiment du DSC fourmillait autant que d’habitude, l’endroit semblait étrangement vide pour Riley. Elle était plus que consciente de l’absence de Jake Crivaro. Était-ce vraiment possible que son mentor ne remette jamais les pieds ici ? Comment les autres pouvaient-ils continuer à vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était alors qu’il ne reviendrait pas.

Évidemment, réalisa-t-elle, personne d’autre ne savait que Crivaro avait démissionné.

Elle devait aussi admettre que même s’ils le savaient, la nouvelle ne les affecterait pas autant qu’elle. Même si Jake Crivaro était une sorte de légende du DSC, tout le monde savait que même les légendes finissent par s’arrêter.

Tout le monde sauf moi, pensa-t-elle.

Elle s’arrêta dans le couloir, incertaine sur la marche à suivre. Elle ne pouvait plus aller au bureau de son coéquipier pour recevoir ses consignes, comme à son habitude. Puis elle se souvint des paroles de Crivaro. Lehl l’attendait, sans doute pour lui assigner une nouvelle affaire.

Alors qu’elle se dirigeait vers l’ascenseur, elle se souvint du moment où Crivaro était apparu dans sa vie. À l’époque, elle était étudiante à l’université de Lanton. Après le meurtre de deux de ses camarades, Crivaro était arrivé pour mener l’enquête. Alors que Riley était terrifiée et se sentait inutile, il avait repéré ses instincts et l’avait mise à contribution pour aider à trouver le tueur.

Elle l’avait effectivement trouvé. Il s’était avéré que c’était l’un de ses professeurs préférés. Il l’aurait d’ailleurs également tuée si Crivaro ne lui avait pas sauvé la vie.

Depuis ce jour, le monde de Riley avait été chamboulé. Après l’université, Crivaro lui avait obtenu une place au programme d’été du FBI, puis à l’académie de Quantico. En dehors de ces dernières semaines, très calmes, sa vie n’était qu’une succession d’adrénaline et de danger.

Elle entra dans l’ascenseur et appuya sur l’étage de sa destination. La cabine était bondée, ce qui renforça la solitude de Riley.

Personne ne sait ce qu’il s’est passé, pensa-t-elle de nouveau. Et moi je ne sais pas ce qu’il va advenir de moi.

Une partie d’elle avait la folle intention de rendre son badge et son arme pour protester contre le départ de Crivaro.

Ce serait absurde, évidemment, se sermonna-t-elle. Riley ne pouvait pas tout abandonner maintenant, elle avait trop donné pour cette carrière.

Pourtant, elle se souvint des mots de Crivaro, lorsqu’elle lui avait annoncé son intention de parler à Lehl de sa décision.

« Tu devrais le faire. »

Que voulait-il dire ? Espérait-il qu’elle l'empêche de prendre sa retraite ?

Elle se souvint aussi d’une autre chose qu’il lui avait dit.

« Il est temps pour toi de m’appeler Jake. »

Il ne donnait pas l'impression d’une personne qui souhaitait couper les ponts, aussi bien professionnellement que personnellement. Elle réalisait l’importance de cette décision. Après tout, qui d’autre au monde l’appelait juste « Jake » ? Il n’avait plus de contact avec son ex-femme ou son fils et à sa connaissance, il n’avait aucun ami.

De ce qu’elle savait de lui, c’était un homme solitaire et la retraite n’allait pas arranger ça.

Elle sortit de l’ascenseur et se dirigea vers le bureau de Lehl. La porte était ouverte à son arrivée. Pourtant, elle hésita une fois devant.

Puis, comme s’il avait senti sa présence, il s’adressa à elle :

– Entrez, agent Sweeney.

Elle entra et trouva l’agent spécial en chef debout derrière son bureau. Comme d’habitude, il paraissait trop grand pour la pièce et encore plus pour son bureau.

Elle ne put s'empêcher de sourire en se souvenant de la réponse de Crivaro lorsqu’elle lui avait fait remarquer que Lehl était monté sur des échasses.

« Non, on dirait qu’il est fait d’échasses. »

– Asseyez-vous, agent Sweeney, dit Lehl de sa voix intimidante de baryton.

Riley s’assit et Lehl l’imita. Il décrocha le téléphone et demanda à quelqu’un de les rejoindre immédiatement. Puis, croisant ses mains, il regarda Riley et demanda :

– Y a-t-il un sujet que vous souhaiteriez aborder ?

Riley déglutit difficilement.

C’est maintenant ou jamais.

Mais arriverait-elle à contester le départ de son partenaire ?

Après tout, Erik Lehl était sans doute le seul homme au monde capable d’intimider Jake Crivaro.

Malgré cela, elle se força à parler :

– Monsieur, je voudrais parler de l’Agent Crivaro.

Lehl acquiesça silencieusement.

Riley déglutit de nouveau.

– Je ne pense pas qu’il devrait prendre sa retraite, Monsieur, dit-elle.

Lehl acquiesça une nouvelle fois.

– Il m’a prévenu que vous diriez cela, répondit-il.

Riley était étonnée. Elle ne s’attendait pas à ça. Apparemment Jake et Lehl avaient déjà discuté de sa réaction.

– Pourriez-vous m’expliquer votre raisonnement ? demanda Lehl.

Riley paniqua et voulut s’enfuir en courant. Quel genre de réponse pouvait-elle bien donner ?

– Il pense que ses capacités se détériorent, Monsieur, répondit Riley.

– Et vous n’êtes pas d’accord ? demanda Lehl.

– Non, Monsieur.

– Et vous êtes certaine de savoir ce qui est le mieux pour lui ? demanda Lehl.

Riley ne savait plus quoi dire. La question était légitime. Était-elle sûre que Jake était à son maximum ? Ses paroles lui revinrent à l’esprit.

« Peux-tu honnêtement dire que je suis au top de ma forme ces derniers temps ? »

Elle ne l’avait pas contredit. Avait-elle vraiment changé d’avis depuis ?

Lehl la scruta d’une manière qui lui donnait l’impression d’être analysée.

– Ce que je veux savoir c’est… de qui vient cette affirmation ? Vous ou l’Agent Crivaro ?

Riley s’enfonça dans sa chaise.

– Je n’en suis pas sûre, admit-elle.

Lehl se pencha vers elle.

– Agent Sweeney, vous et moi avons eu quelques différends depuis notre première rencontre.

– Je sais, dit Riley.

C’était peu dire. L’automne dernier, alors qu’elle était encore à l’Académie, Crivaro l’avait éloigné de ses études pour les besoins d’une affaire. Sans aucune approbation de sa hiérarchie, elle s’était fait passer pour une journaliste et avait interrogé un sénateur. Ses questions avaient fait remonter à la surface d’anciens scandales sexuels. Elle suivait son instinct comme à son habitude, mais les affaires du sénateur s’étaient révélées complètement étrangères à l’enquête.

Sans vraiment le vouloir, elle avait détruit la carrière politique du sénateur. Pire, l’incident avait pas mal secoué le DSC. Le sénateur faisait partie de plusieurs grands comités et avait beaucoup d’influence sur le budget alloué au DSC.

Lehl avait été plus que furieux. Il s’était personnellement assuré que Riley soit renvoyée de l'Académie. Ce n’est qu’une fois l’affaire résolue avec brio en compagnie de Jake qu’il l’avait réintégrée. Il se méfiait d’elle depuis qu’elle avait été diplômée et qu’elle avait rejoint le DSC.

Puis Lehl lui demanda :

– Que comptez-vous faire… vis-à-vis du Département ?

– Je ne suis pas sûre de comprendre, répondit-elle.

Riley avait peur d’avoir très bien compris. Elle savait que sa place au sein du DSC était quelque peu fragile. Lehl trouvait sûrement que c’était le bon moment pour se débarrasser d’elle.

L’expression de son visage n’augurait rien de bon.

– Je vais être honnête, agent Sweeney, dit Lehl. Votre duo avec Crivaro a toujours été très productif, voire remarquable. Néanmoins, j’ai toujours senti que vous aviez tendance à… comment dire ? Avoir une mauvaise influence l’un sur l’autre. J’ai travaillé avec Crivaro durant des années et malgré son talent, il a toujours été un peu marginal. Il nous a donné, à l’agence et à moi, pas mal de fil à retordre. Il essayait toujours de s'affranchir des règles, quitte à les briser. Vous ne pouvez pas nier que vous avez les mêmes tendances, non ?

Riley n’osa pas mentir.

– Non, dit-elle.

Lehl tapota sur son bureau.

– Je veux que vous répondiez à la prochaine question aussi honnêtement que possible. Vos tendances rebelles, étaient-elles liées à Crivaro, oui ou non ? Suis-je en droit de penser que votre comportement va changer maintenant qu’il est parti ? Ou bien… ?

Il laissa sa phrase en suspens.

Mais Riley savait parfaitement ce qu’il lui demandait.

Était-elle naturellement une rebelle marginale ?

Ses méthodes allaient-elles changer sans la « mauvaise influence » de Crivaro ?

Il veut une réponse honnête, se rappela Riley.

Elle savait que cette honnêteté pourrait mettre un terme à sa carrière au DSC.

Sauf qu’elle n’avait pas vraiment le choix.

Elle prit une lente et profonde inspiration.

– Agent Lehl, je… ne peux pas changer qui je suis, dit-elle.

– Je vois, dit-il en fronçant les sourcils.

– Je peux seulement promettre de faire de mon mieux, si vous me laissez garder ma place bien sûr. Ce n’est pas mon intention d’être difficile à gérer. J’essaie au maximum de suivre les règles. Mais parfois, mon instinct l’emporte sur ma raison.

Elle fit une courte pause avant d’ajouter :

– Mais on m’a dit que mon instinct était plutôt bon. Même exceptionnel. Peut-être que… eh bien, peut-être qu’il y a un prix à cet instinct. Peut-être qu’il vient avec une part de rébellion…

Elle avait du mal à trouver ses mots. Mais en vérité, il n’y avait pas de bonne manière de dire ça.

– C’est à vous de décider si j’en vaux la peine. La balle est dans votre camp.

L’expression de Lehl changea légèrement, mais Riley eut du mal à la déchiffrer. Avait-elle vraiment vu un très léger sourire se dessiner sur ses lèvres ? Ce grognement était-il un rire ?

– Je me souviens d’un temps où l’Agent Crivaro était assis à la même place que vous, me tenant le même discours. Je l’avais trouvé convaincant à l’époque et je suppose que vous l’êtes aussi aujourd’hui.

Puis il leva son index et ajouta solennellement :

– Mais ne vous faites pas de fausses idées, il y a des limites à ma tolérance. J’aime que les choses soient carrées. Toute entorse au règlement aura des conséquences. Je vais veiller à garder un œil sur vous le plus possible.

Riley se sentait plus légère.

– Oui, Monsieur, dit-elle. Merci, Monsieur.

Lehl haussa un sourcil.

– Pourquoi me remerciez-vous ? demanda-t-il.

– Eh bien, euh… bégaya Riley. De ne pas m’avoir viré ?

Lehl haussa les épaules. Il ne souriait plus maintenant.

– Oh, ça, dit-il. Ne le tenez pas pour acquis et ne vous relâchez pas trop. Je peux changer d’avis à tout moment.

– Je comprends, Monsieur, dit Riley.

Lehl ramassa un dossier de son bureau et commença à le feuilleter.

– Lorsque l’Agent Crivaro s’est présenté ce matin, j’avais l’intention de lui assigner une mission dans l’Utah. Je m’attendais à ce qu’il la prenne et vous réclame comme coéquipière, mais…

Le cœur de Riley se serra à l’idée de s’attaquer à une autre affaire si tôt. Elle ne pouvait pas travailler sans son partenaire, son mentor.

D’un coup, ce fut comme si elle pouvait de nouveau entendre la voix rocailleuse de Jake.

« Écoute, personne n’est parfait lors de ses débuts en solo. Tu dois seulement te préparer. »

Sans plus tarder, Riley lâcha :

– Je veux cette affaire, Monsieur.

Avec un léger grognement, Lehl répliqua :

– C’est bien. Mais vous ne pensez quand même pas que je vais vous laisser y aller seule. Il vous faut un chaperon.

Riley ne put s'empêcher de grimacer en entendant ces mots.

Au même moment, un jeune homme aux cheveux courts et au teint clair entra dans le bureau. Riley se souvint alors du coup de fil que Lehl avait passé à son arrivée.

– Merci d’être venu agent Johnson, dit Lehl en se levant. Je voudrais vous présenter l’agent spécial Riley Sweeney.

Puis il s’adressa à Riley :

– Voici l’agent spécial Cliff Johnson. Il est nouveau ici, mais vous avez peut-être déjà entendu parler de lui. Il a fait un excellent travail aux bureaux de Boston et il a demandé son transfert ici.

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