Mûr pour la Pagaille - Грейс Фиона 4 стр.


– Du sanglier sauvage ? demanda Olivia.

Marcello hocha la tête.

– Les sangliers sauvages se reproduisent de manière prolifique. Donc, tous les ans, des chasseurs déclarés en tuent un nombre limité dans cette région. Comme ça, les populations présentes dans les forêts restent saines et durables et les sangliers ne sont pas forcés de saccager les vignobles ou les fermes pour trouver à manger, ce qui pourrait bien sûr être dangereux.

– Vraiment ? demanda Olivia, fascinée.

Il y avait des sangliers sauvages dans les bois ? Elle ne l’avait jamais su !

– Je prépare ce plat délicieux pendant les mois les plus froids, pendant la saison où cette viande est disponible. Je crois que j’arrive à le préparer de façon quasi-parfaite. La prochaine fois, je pourrai peut-être t’inviter à essayer le résultat.

Olivia avait le vertige. C’était une invitation. Pas une invitation directe mais, au moins, il y avait du progrès.

– J’adorerais, dit-elle. Je ne suis pas une cuisinière exceptionnelle, mais je crois que ma plus grande réussite jusqu’ici a été le ragoût Pappa al Pomodoro à base de pain rassis, de haricots et de tomates. Quand je saurai bien préparer ce plat, je serai heureuse d’avoir ton opinion.

– Ce sera un plaisir, promit Marcello en inspirant profondément. Entre temps —

Olivia sentit son cœur bondir. Dans la manière dont il avait prononcé ces mots, il y avait du potentiel. Elle se sentit tout affolée par ce qui allait peut-être se passer.

Alors, le téléphone de Marcello sonna.

En fronçant les sourcils pour s’excuser, il vérifia l’identité de celui qui l’appelait puis répondit et se dirigea énergiquement vers son bureau.

Olivia le regarda partir, bouche bée, déçue.

Ils avaient été sur le point de se donner rendez-vous. Elle en était certaine. Maintenant, son attention avait encore été détournée, et qui savait pour combien de temps ? C’était terriblement frustrant et Olivia commençait à se demander si leur histoire d’amour naissante ne risquait pas de rester perpétuellement en suspension.

Avec un soupir frustré, elle se détourna et repartit sur l’allée. Alors, elle entendit un bruit familier de sabots. Erba l’avait rejointe.

Marcello n’avait personne d’autre, décida Olivia. Elle s’en était beaucoup inquiétée pendant les dernières semaines mais avait décidé qu’il n’avait personne. Il était préoccupé par son entreprise, qui était à court de liquidités à cause de son expansion récente. De plus, Olivia devinait qu’il avait peur de s’impliquer à nouveau, surtout avec une employée.

Après Gabriella, elle ne pouvait pas le lui reprocher, se dit Olivia avec ressentiment.

À sa grande surprise, quand elles furent rentrées, Erba ne partit pas directement vers la grange comme elle le faisait habituellement pour manger de la luzerne après sa promenade. Elle trotta jusqu’à l’énorme entrée obscure, jeta un coup d’œil à l’intérieur, recula comme si elle avait eu peur puis revint vers Olivia en sautillant.

– Que se passe-t-il ? demanda-t-elle à la chèvre, perplexe.

Alors, Olivia écarquilla les yeux quand elle entendit un grattement distant et un bruit sourd qui venait de l’intérieur de la grange.

Elle déglutit avec difficulté.

Il y avait quelqu’un – ou quelque chose – à l’intérieur et Erba l’avait senti.

Olivia approcha prudemment en se rappelant ce que Marcello avait dit sur le sanglier sauvage. Et si une de ces créatures agressives s’était aventurée hors des bois et installée dans son futur bâtiment de vinification ?

Olivia commença à se dire qu’il vaudrait mieux éviter d’aller voir. Ça pourrait être dangereux.

Elle se dit qu’elle devrait au moins avoir une arme. Heureusement, la pelle qu’elle avait utilisée pour planter des bulbes quelques jours auparavant était encore appuyée contre le mur. Pour une fois, être désordonnée s’avérait être une bénédiction.

Olivia prit la pelle et la tint des deux mains, comme une batte de base-ball.

Quand elle la remua pour l’essayer, un morceau de terre qui avait été collé à la partie métallique lui tomba sur la tête.

– Merde, marmonna Olivia quand des morceaux de terre lui tombèrent en cascade sur le visage et qu’une grande partie se logea dans ses cheveux.

Elle avait espéré passer une soirée tranquille. À l’heure qu’il était, elle aurait dû nourrir Erba et commencé à préparer son dîner. Au lieu de cela, elle était dans sa grange et elle se ramassait de la terre sur la tête pendant qu’elle tentait de se défendre contre un péril inconnu.

Olivia fit tomber la terre en secouant la tête et la sentit se répandre sur ses épaules. Alors, elle avança furtivement vers la grange.

Elle s’arrêta à l’entrée. Les bruits de grattement et d’écrasement s’étaient arrêtés. Était-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Elle ne savait pas.

Soudain, Olivia ne put plus supporter le suspense. Elle entra en bondissant, agita la pelle au-dessus de sa tête et cria :

– Dehors !

Alors, elle hurla de peur quand elle se retrouva face à une silhouette qui, vêtue de noir, portait un chapeau pointu violet et tenait elle-même une pelle.

CHAPITRE QUATRE

– Argh !

La silhouette cria de terreur, terrifiée, puis laissa tomber l’outil et agita les bras quand Olivia bondit en arrière. La pelle était glissante dans ses mains froides et humides et son cœur battait la chamade.

Cependant, quand ses yeux s’ajustèrent à l’obscurité, elle se rendit compte que ce n’était pas un intrus.

C’était son ami Danilo, qui habitait dans une ferme de l’autre côté du village.

Danilo contempla Olivia d’un air consterné.

– Olivia. Que fais-tu ? Il est assez tard et je venais te trouver.

Olivia baissa la pelle, embarrassée d’avoir soupçonné le pire.

Elle se souvint que, la dernière fois qu’ils avaient parlé, Danilo avait dit qu’il passerait l’aider à déblayer l’énorme tas de gravats de la grange quand il aurait le temps.

Il était venu. Il avait garé son pick-up dans la grange et c’était pour cela qu’elle ne l’avait pas vu devant la ferme.

– Je – je ne savais pas ce qu’était ce bruit, marmonna-t-elle.

Danilo hocha la tête d’un air approbateur.

– C’est bien de faire attention. La prochaine fois, je t’enverrai un message avant de venir.

Olivia soupçonnait qu’il essayait de cacher un sourire. Elle sentait qu’il trouvait ces retrouvailles extrêmement drôles, mais qu’il faisait de son mieux pour lui cacher son amusement.

Quand elle le regarda de plus près, elle vit que ses yeux foncés étaient gonflés par l’effort qu’il déployait pour se retenir de rire.

Quand ils s’étaient rencontrés, ils avaient mal commencé. Danilo avait franchement expliqué à Olivia qu’elle plantait mal ses vignes et Olivia l’avait mal pris. Elle les avait effectivement mal plantées, mais elle avait pensé qu’il aurait pu le dire avec plus de politesse.

Maintenant, elle supposait que Danilo essayait autant que possible de ne pas gâcher l’amitié détendue qu’ils avaient créée et de ne pas montrer à Olivia à quel point il avait envie de rire.

Elle se dit qu’il valait mieux qu’elle évite de rire, elle aussi, et elle serra les joues pour éviter d’éclater de rire. Il valait mieux traiter ce malentendu embarrassant avec le sérieux qu’il ne méritait pas, comme ils le pensaient tous les deux.

– Je vois que tu as les cheveux violets, dit Olivia en passant à un sujet plus sûr.

Danilo lui avait expliqué que sa nièce, qui étudiait la coiffure, l’utilisait comme mannequin, même si Danilo utilisait plus souvent le mot « victime » quand il précisait que sa nièce changeait constamment de couleur et de coupe et ne pratiquait que les plus tendance.

Olivia aimait les mèches violettes. Elles étaient vives, mais elles allaient bien à son teint olive et elles étaient coupées de près.

– Oui, répondit Danilo en grimaçant. J’imagine que c’est mieux que du rose.

Il regarda Olivia en fronçant les sourcils d’un air perplexe.

– Je vois que tu as du sable dans les cheveux ce soir.

Ils se turent tous les deux, comprenant que cela pourrait les remmener au sujet qu’ils avaient réussi à éviter.

– Si tu te penches en avant, je te l’enlève, proposa Danilo.

Olivia se pencha en avant avec gratitude pour qu’il puisse lui enlever le sable des cheveux.

– As-tu trouvé quelque chose d’intéressant ici ? demanda-t-elle.

– J’ai emmené ma voiture pour avoir de la lumière, expliqua Danilo. La grange est très sombre et je ne voulais pas rater quelque chose d’important.

Olivia soupira.

– Je commence à me dire que cette unique bouteille de vin rare que j’ai trouvée à la fin de l’été était le seul objet du tas et que, en passant le reste au peigne fin, nous n’allons récolter qu’une année de travail alors qu’une chargeuse à godet pourrait le faire en un jour.

La grange frustrait Olivia. Elle n’était pas patiente, même si elle savait que la viticulture lui apprendrait à l’être, par la force si nécessaire. Cependant, ces gravats l’obsédaient. Les fouiller lui semblait inutile. Une grange dégagée et propre correspondrait mieux à son rêve. Était-il possible que ce tas poussiéreux contienne des objets précieux ou est-ce qu’elle perdait son temps ?

– Je suis certain qu’il y a autre chose à découvrir, insista Danilo.

Olivia voyait que cette recherche le passionnait. La promesse peu crédible de ce tas poussiéreux avait peut-être réveillé le chasseur de trésor qui sommeillait en lui.

Personnellement, Olivia pensait plutôt que c’était la réserve fermée à clé, cachée dans les arbres au sommet de la colline dans une partie éloignée de la ferme de huit hectares, qui regorgeait de trésors.

Pourtant, elle n’avait pas appelé de serrurier ou essayé de forcer la porte mais avait décidé d’attendre de voir si elle pourrait trouver la clé d’origine. Ce qui se trouvait dans cette salle en pierre massive y était resté enfermé pendant des décennies et n’allait pas s’en aller tout seul. Quelques semaines de plus n’y changeraient rien.

De plus, Olivia se rendait compte qu’elle envisageait cet endroit secret comme une réserve de Schrödinger. Tant qu’elle restait fermée, elle était potentiellement pleine de trésors. Si on l’ouvrait, elle risquait de ne révéler que vide et déception.

Pour l’instant, il valait mieux s’attaquer au tas de gravats : il était gros et visible, il encombrait sa salle de vinification et il fallait l’enlever. Quand il ne serait plus là, Olivia décida qu’elle prendrait une décision sur la réserve. Au moins, si la clé était dans le tas, ils l’auraient trouvée à ce stade.

– Travaillons un peu plus longtemps, dit-elle, sachant que Danilo continuerait probablement quand même. Demain, c’est mon jour de congé, donc, ça ne me gêne pas de me salir et de me couvrir de poussière. De plus, il faut que je m’occupe, parce qu’un célèbre critique de vins local va visiter l’exploitation viticole le lendemain. Il possède un gros site web et il va tester mon nouveau rosé. Je me sens déjà nerveuse !

– Raffaele di Maggio va vous rendre visite ?

À la grande surprise d’Olivia, Danilo fronça les sourcils comme s’il ne pensait pas que ce soit une bonne nouvelle.

– Je suis sûr qu’il aimera ton rosé, ajouta-t-il avec emphase, mais Olivia soupçonnait qu’il essayait autant qu’elle de s’en convaincre.

Maintenant, elle fronçait les sourcils, elle aussi, perturbée par la réaction bizarre de Danilo. Elle se remonta les manches et commença à fouiller dans les gravats. C’était un travail de fourmi salissant, mais Olivia dut admettre que la lumière des phares leur facilitait la tâche.

– Ah ! s’écria-t-elle quand elle repéra un éclat lumineux de verre.

– Tu as trouvé quelque chose ? demanda Danilo, qui se précipita pour voir.

Olivia préleva soigneusement un gros morceau de verre du tas.

– C’est seulement un éclat de verre, dit-elle, déçue. L’espace d’un instant, j’avais cru que cela ressemblait à une bouteille entière. On voit que cet éclat a appartenu à une bouteille. Regarde cette forme bizarre. Il y a tout le goulot et une partie du côté.

Elle tint l’éclat de verre dans la lumière. Il venait d’une bouteille de forme inhabituelle avec une courbe large et évasée et il était d’un vert foncé tacheté.

– Il y en a peut-être d’autres enfouies ici, dit Danilo. Ce sera peut-être comme les pièces d’un puzzle.

Il fronça les sourcils d’un air songeur.

– À Florence, j’ai un ami qui est marchand de vin et expert en histoire locale. Il pourra peut-être nous fournir plus d’informations rien qu’avec ce morceau. Demain, je vais à Florence pour y récupérer des poignées de tiroir en bronze. Je pourrai lui en parler.

– Vraiment ? C’est très gentil de ta part, dit Olivia.

Alors qu’ils contemplaient la bouteille ensemble, Olivia se rendit compte que leurs têtes se touchaient presque. Ses cheveux blonds devaient chatouiller le visage à Danilo. Il ne semblait pas en être gêné, ou même le remarquer, et elle fut contente qu’ils aient atteint ce niveau de confiance mutuelle.

Même si leur relation avait mal commencé, Olivia était ravie qu’il soit un bon ami, maintenant. Il était très amusant. De plus, n’était-il pas rare d’avoir une relation détendue et platonique avec un membre du sexe opposé ? Elle avait l’impression d’avoir beaucoup de chance et elle espérait que Danilo le pensait lui aussi.

Elle ne lui avait pas encore demandé s’il avait quelqu’un de spécial dans sa vie. Olivia se rappela qu’il faudrait qu’elle le fasse quand il serait temps.

Danilo s’arrêta et s’épousseta les mains.

– Si tu es en congé demain, aimerais-tu venir avec moi ? Je suis sûr que l’expert en histoire du vin pourra t’apprendre quelque chose. De plus, on pourra aussi visiter la ville. Le temps doit être beau, demain. Pourquoi ne pas en profiter ?

Olivia se sentit très heureuse. Ces dernières semaines, elle n’avait plus eu le temps d’explorer les alentours. Comme elle avait dû s’occuper du marketing de l’exploitation viticole tout en travaillant dans la salle de dégustation, elle avait été très occupée et, à la ferme, sa liste de corvées semblait s’allonger en permanence. À chaque fois qu’elle arrivait à la porte d’entrée, elle remarquait qu’il fallait qu’elle s’occupe urgemment d’un nouveau détail. Rien que la veille, cela avait été la partie extérieure du cadre de la fenêtre du salon. Le bois avait pourri et tout le cadre, avec ses pots de fleurs, avait commencé à pencher de côté. Si Olivia ne l’avait pas calé avec des planches, la fenêtre aurait pu s’effondrer.

Passer un jour en compagnie d’un ami serait un plaisir. Non seulement ce serait merveilleux, mais cela aiderait aussi Olivia à penser à autre chose pendant les longues heures d’anxiété qui précéderaient la visite du critique. Elle était sûre que la journée passerait vite en compagnie de Danilo et qu’elle n’aurait pas le temps de s’inquiéter.

– J’adorerais ça ! convint-elle.

Quand Danilo entendit la réponse d’Olivia, son visage s’illumina de joie.

CHAPITRE CINQ

À neuf heures le lendemain matin, Danilo s’arrêta devant l’entrée de la ferme d’Olivia. Elle avait attendu son pick-up avec impatience et, dès qu’elle le vit, elle descendit à toute vitesse en disant au revoir à Erba, qui profitait du soleil matinal perchée sur l’encadrement de la fenêtre du salon.

En courant dans l’allée, Olivia se rendit compte que, si ce perchoir avait failli s’effondrer quelque temps auparavant, c’était peut-être parce qu’il était le préféré de sa chèvre. Il fallait qu’elle protège ses rebords de fenêtre et ses balcons contre sa chèvre. Peut-être Danilo, qui était charpentier et artisan du bois professionnel, pourrait-il entreprendre ce chantier quand il en aurait le temps.

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