L’alibi Idéal - Блейк Пирс 5 стр.


– Je ne peux pas vous promettre que ça n’aura pas cet effet, Ty, mais j’essaie de découvrir qui est cet homme pour qu’il ne fasse plus de mal aux femmes. Je ne sais pas si vous le savez, mais une quatrième victime a été découverte hier, en fin de soirée.

– Non ! dit Ty en écarquillant les yeux.

– Si. Elle est à l’hôpital, pour l’instant. Elle s’est gravement cassé une jambe en s’évadant après quatre jours passés dans une cage pour chien. Franchement, rien ne prouve que cet homme va s’arrêter dans les jours qui viennent. J’espère que, avec l’aide de Brenda, nous pourrons le retrouver avant qu’il ne s’en prenne à une cinquième femme.

Ty avait encore l’air indécis, mais Jessie vit que, maintenant, il avait plutôt envie de la laisser entrer. Il se retourna à nouveau vers le hall.

– Attendez ici, dit-il finalement. Laissez-moi lui parler d’abord. Je pourrai peut-être la convaincre.

– Merci, dit Jessie en entrant dans le vestibule.

Ty disparut dans une pièce inconnue au bout du vestibule. Jessie entendit des murmures étouffés et agités pendant plusieurs minutes puis Ty passa finalement la tête par la porte.

– Entrez, appela-t-il. Veuillez fermer et verrouiller la porte derrière vous.

Jessie hocha la tête, fit ce qu’on lui demandait puis partit dans le vestibule. Quand elle passa le coin, elle trouva Ty qui venait s’asseoir à la table du petit déjeuner à côté d’une femme ronde aux cheveux foncés à l’air épuisé et aux yeux rouges. Elle n’avait pas l’air heureuse de recevoir quelqu’un.

– Bonjour, Mme Ferguson, dit Jessie d’une voix éraillée. Merci d’avoir accepté de me parler.

– Je n’ai accepté que parce que Ty m’a supplié de le faire. Il m’a parlé de la quatrième femme. Comment va-t-elle ?

– Elle va survivre, lui dit Jessie. On l’a retrouvée sur un chemin de terre dans Griffith Park avec une jambe cassée et plusieurs autres blessures mais, d’après ce que je crois savoir, elle sera capable de rentrer chez elle avant la fin de la semaine.

– Est-ce qu’elle est mariée ? A-t-elle des enfants ?

– Je ne crois pas, dit Jessie.

– Tant mieux. C’est déjà assez grave d’avoir à supporter ce genre d’événement. En ce qui me concerne, le reste de la famille a souffert presque autant que moi. Ma fille vient dans notre chambre en pleurant presque toutes les nuits et mon fils a commencé à mouiller son lit. Ty gère tout ça et je vois bien qu’il est sur le point de craquer.

– Ça va, ma chérie, dit Ty en lui serrant la main. Je vais bien. Quant aux enfants, ils iront mieux. Pense à toi. Je crois que ça pourra être utile. Si Mme Hunt découvre un nouveau moyen d’identifier cet homme, ça aidera tout le monde à mieux dormir la nuit.

– Croyez-vous que vous pourrez le faire, Mme Hunt ?

– Appelez-moi Jessie, je vous prie. Avec votre aide, j’espère bien y arriver.

Brenda la contempla de ses yeux fatigués et hocha la tête.

– Venez avec moi, Jessie, dit-elle. Je veux vous montrer quelque chose.

Elle se leva sans dire un autre mot et quitta la pièce. Jessie la suivit en jetant un coup d’œil à Ty qui, derrière elle, haussa les épaules et se leva. Brenda emmena Jessie dans le vestibule et s’arrêta à une bibliothèque qui se trouvait au milieu.

Elle tendit la main et tira sur un livre à la tranche rouge posé à hauteur de taille à l’extrémité droite de l’étagère. Le livre sortit légèrement puis se remit en place avec un claquement. Jessie entendit un léger clic. Soudain, la bibliothèque recula comme une porte et dévoila un espace derrière elle.

Une lumière fluorescente un peu terne s’alluma au plafond et ils virent une pièce qui faisait à peu près la taille d’un petit bureau. Contre un mur, il y avait une petite causeuse. À côté d’elle, il y avait deux chaises en bois. Ces trois meubles entouraient tous une petite table basse. Dans le coin, on voyait un minuscule réfrigérateur.

Mis à part quelques magazines et quelques cahiers de coloriage avec leurs crayons, l’endroit n’offrait aucune distraction. Un téléphone filaire à l’ancienne était fixé à un mur. Sur un autre mur, il y avait un grand poster avec la couverture de l’album Nevermind de Nirvana, sur laquelle un bébé qui nageait sous l’eau tendait une main vers un billet d’un dollar.

– C’est cool, dit Jessie en désignant le poster parce qu’elle ne savait pas quoi dire d’autre.

– Sans doute, dit Brenda. Nous l’avons utilisé parce qu’il est assez grand pour couvrir l’ouverture du tunnel que nous avons fait creuser sous la maison et qui mène à la cour de devant.

– OK, répondit Jessie, étonnée par le ton inexpressif que Brenda avait employé pour décrire une situation aussi peu conventionnelle.

– Je vous montre ça parce que je voulais que vous compreniez à quoi ressemble notre vie, maintenant. Après mon retour à la maison, j’ai demandé à Ty de faire construire cette pièce de survie. Je ne sais pas si elle serait utile en cas d’urgence, mais je n’ai pas pu dormir plus de deux heures à la suite avant qu’elle soit terminée.

– Je comprends, dit doucement Jessie.

– Vraiment ? demanda Brenda d’un ton de défi.

– Oui, vraiment, lui assura Jessie. Je ne vous ennuierai pas avec les détails, mais j’ai connu plusieurs harceleurs. J’ai fait refaire mon appartement pour y intégrer plusieurs mesures de sécurité couramment utilisées par les banques et les bâtiments gouvernementaux. Ensuite, même après élimination des menaces imminentes contre ma sécurité, j’ai conservé ces mesures. Donc, je comprends votre démarche.

Jessie remarqua que, pour la première fois, Brenda la regardait en l’envisageant comme alliée potentielle.

– Je suis désolée pour ce qu’il vous est arrivé, dit-elle, et vous pouvez m’appeler Brenda.

Jessie sourit.

– Merci, Brenda. Vous voulez bien vous asseoir ? demanda-t-elle en désignant la causeuse d’un hochement de tête.

– Là-dedans ?

– Autant s’y habituer, n’est-ce pas ? dit Jessie.

Brenda regarda son mari, qui n’avait pas dit un mot pendant tout ce temps. Il haussa à nouveau les épaules.

– J’attendrai dans la cuisine pour que vous soyez tranquilles, toutes les deux.

Après son départ, Brenda appuya sur un bouton qui se trouvait sur le mur et la porte se referma et se positionna avec un clic. Brenda désigna un petit interrupteur qui semblait correspondre à l’endroit où le livre rouge était sur l’étagère du dehors. On y voyait les inscriptions « Verrouillé » et « Déverrouillé ».

– Cela sert à ce que personne ne puisse accéder à cette pièce pendant que nous y sommes, même si les intrus savent à quoi sert le livre, dit Brenda.

– Bien vu, dit Jessie. Autrement, ce ne serait pas vraiment une pièce de survie, n’est-ce pas ?

Décidant de prendre l’initiative, elle se rendit à la causeuse et s’assit. Brenda s’assit elle aussi mais sur une des chaises avoisinantes.

– Bon, commença Jessie, je sais que vous avez parlé plusieurs fois aux policiers. J’ai lu le dossier. Donc, je vais essayer de ne pas trop répéter leurs questions. En fait, je ne suis pas intéressée par les mêmes sortes de choses qu’eux.

– Quelles choses vous intéressent ? demanda Brenda en croisant et en décroisant nerveusement les jambes.

– D’après les descriptions fournies par vous et les deuxième et troisième victimes, je sais que votre ravisseur portait des déguisements complexes, notamment des perruques, des barbes et des prothèses. Je sais aussi qu’il vous a bandé les yeux à toutes après votre enlèvement initial. Donc, maintenant, je veux me concentrer plus sur sa voix. Est-ce que vous vous en souvenez ?

– Je n’arrive pas à me la sortir de la tête, dit Brenda, même s’il ne parlait que très peu.

– Pouvez-vous décrire son timbre ? demanda Jessie. Était-ce une voix grave ou aiguë ? Ou entre les deux ?

– Entre les deux ; c’était une voix normale, de timbre moyen.

– OK, dit Jessie. Avait-il un accent ? Avez-vous remarqué quoi que ce soit qui y ressemblait ? Peut-être un ton nasillard ? Or un ton plus plat du Midwest ? Peut-être quelque chose qui vous rappelait New York ou la Nouvelle-Angleterre ? A-t-il utilisé des mots qu’on n’entend habituellement pas par ici ?

– Je n’ai rien remarqué d’inhabituel, dit Brenda en fronçant les sourcils pour se concentrer. Je suis de Los Angeles et il me semblait avoir une voix normale. Donc, il est peut-être d’ici, lui aussi ?

– C’est tout à fait possible, dit Jessie de manière encourageante. Et son niveau de langue ? Utilisait-il beaucoup d’argot ou un anglais plus raffiné ? Vous semblait-il avoir beaucoup d’éducation ?

Brenda prit un moment pour fouiller sa mémoire.

– Je ne me souviens pas qu’il ait parlé de manière raffinée, mais il ne me semble pas non plus qu’il ait employé beaucoup d’argot. C’était en grande majorité une langue standard et directe.

– Est-ce qu’il parlait avec une rapidité ou une lenteur inhabituelle ?

À cette question, les yeux de Brenda s’illuminèrent.

– Peut-être un peu plus lentement que d’habitude, répondit-elle. C’était comme s’il voulait être sûr de dire exactement la bonne chose quand il parlait. Il était très mesuré. Est-ce que ça vous aide ?

– Ça pourrait, dit Jessie. Cherchons ailleurs. Avez-vous remarqué une odeur particulière ?

Brenda resta muette et rougit.

– Que se passe-t-il ? demanda gentiment Jessie.

Elle crut que Brenda n’allait pas répondre mais, après plusieurs longues secondes, elle finit par le faire.

– Pour être honnête, murmura-t-elle presque, je ne me souviens pas qu’il ait eu une odeur. Ce qu’il avait utilisé pour me faire perdre conscience quand il m’avait capturée avait une odeur accablante. Après ça, je n’ai pu sentir que ma propre puanteur, d’abord la sueur et mes odeurs corporelles puis, plus tard, mes … mes propres excréments.

Elle baissa les yeux et ne dit plus rien.

– OK, passons à autre chose, proposa rapidement Jessie. Et si on parlait de la façon dont il se comportait, plus généralement, quand vous étiez prisonnière ?

Au cours de la demi-heure qui suivit, Jessie apprit que l’homme ne se mettait jamais dans une colère excessive mais qu’il s’irritait dès qu’elle parlait de son mari ou de ses enfants. Brenda avait très vite appris à ne pas parler d’eux. L’homme ne riait jamais, mais il avait l’air plus heureux que d’habitude quand il déposait sa nourriture et son bol d’eau dans la cabane à outils ou quand il la lavait au jet d’eau.

– Il semblait prendre plaisir à me voir dégradée, dit Brenda à Jessie. Il a dit que ça faisait partie du processus de « purification ».

Après ça, elle éclata en sanglots et ne fut plus d’une très grande utilité. Jessie mit fin à l’interrogatoire avant que la situation ne dégénère complètement. Quand elles eurent terminé, les deux Ferguson emmenèrent Jessie à la porte. Brenda avait l’air légèrement mieux que quand elles s’étaient rencontrées. Quand ils sortirent, Brenda eut une question à poser à Jessie.

– Croyez-vous que vous pourriez nous donner le nom des gens qui ont sécurisé votre appartement ?

– Bien sûr, dit Jessie, submergée par la compassion. Je vous l’enverrai par SMS.

Quand elle repartit à sa voiture, elle réfléchit à des quantités de variations alternatives sur l’identité possible du ravisseur. Ce ne fut que quand elle fut juste à côté de sa voiture qu’elle se rendit compte que tous ses pneus avaient été crevés.

CHAPITRE SEPT

Jessie ignora son inquiétude soudaine et scruta les alentours pour y chercher quelque chose de louche.

C’était une action étonnamment éhontée, au milieu de la journée, dans une rue calme d’un quartier cossu. Celui qui l’avait fait n’avait visiblement pas peur qu’on le surprenne.

Jessie ne vit rien de louche. À environ un demi-pâté de maisons, dans la rue, il y avait un camion blanc face à elle. Cependant, une seconde plus tard, elle vit deux hommes émerger de l’arrière en portant un grand sofa vers une maison voisine.

Quelques moments plus tard, elle vit un policier à moto tourner dans une rue voisine et s’éloigner d’elle. Il semblait mener une surveillance standard. Était-ce juste de la malchance qu’il n’ait pas été dans le coin quand ses pneus avaient été crevés ? Ou y avait-il autre chose ?

Elle ne voulait pas tirer cette dernière conclusion mais ne put s’empêcher de l’envisager. Seulement un mois auparavant, elle avait été profondément impliquée dans une affaire qui avait mis à jour un énorme scandale de corruption dans la police. Cette opération avait mené à l’arrestation de plus d’une dizaine d’agents, dont le directeur du Groupe d’Enquêtes de la Police de Los Angeles et le sergent Hank Costabile du poste de Van Nuys du Bureau de la Vallée.

Pendant son enquête, Costabile les avaient menacées subtilement puis, plus tard, ouvertement toutes les deux, elle et Hannah. Ce sabotage avait-il été effectué par un de ses compagnons pour se venger de l’incarcération de son copain ? Si tel était le cas, pourquoi attendre un mois et faire quelque chose d’aussi aléatoire et mesquin ?

Ou alors, était-il possible que ce soit d’une façon ou d’une autre lié aux enlèvements ? Est-ce que le ravisseur surveillait la maison des Ferguson ? Était-ce sa façon de décourager Jessie de poursuivre l’enquête ? Cela semblait peu probable, car elle doutait qu’il soit présent dans ce quartier-là. Même s’il l’était, il n’aurait eu aucun moyen de savoir que Jessie, qui était en civil, enquêtait sur l’affaire.

Quel que soit le coupable et son mobile, cela ne changeait rien au fait qu’elle avait besoin d’une dépanneuse. Pendant qu’elle l’attendait, elle appela Ryan pour l’informer aussi bien sur son interrogatoire que sur ses pneus crevés. Elle lui fournit tous les détails en espérant qu’il penserait à une chose qui lui aurait échappé.

– Ce pourrait juste être une bande de gosses détestables, proposa-t-il en parlant des pneus crevés.

– Peut-être, concéda Jessie, mais on est au milieu d’une journée d’école. Même si quelques gosses ont séché les cours, pourquoi traverseraient-ils tout le quartier pour crever les pneus d’une seule voiture ? Ce vandalisme me paraît être beaucoup plus concentré sur une cible spécifique.

– Tu as probablement raison, admit-il. As-tu eu plus de chance avec la victime du kidnapping ?

– Un peu, dit Jessie. Malheureusement, ce qu’elle m’a dit sera plus utile quand nous aurons un suspect en tête. Avant cela, ça ne nous apporte pas grand-chose. As-tu des nouvelles ?

– Pour être honnête, je me suis concentré sur mon témoignage, cet après-midi. Si je n’avais pas ça à faire, je viendrais te chercher.

– C’est très gentil mais pas nécessaire. Il te faudrait une heure pour arriver ici et je ne suis pas pressée. Quand j’aurai fait remplacer les pneus et que je serai de retour, il faudra juste que je relise les fichiers de l’affaire Olin.

À l’autre bout de la ligne, il y eut un moment de silence. Jessie se demanda ce qu’elle avait dit de mal.

– Que se passe-t-il ? demanda-t-elle anxieusement.

– Rien, dit-il. Je me disais juste que, quand tu pourrais repartir, il n’y aurait pas vraiment besoin que tu reviennes au poste. Decker est allé au quartier général pour informer les huiles de ce qui s’est passé lors de leur raid dans le milieu de la prostitution. Il ne reviendra pas avant plusieurs heures et, fait rare, tu as très peu de travail, aujourd’hui. Tu devrais peut-être passer l’après-midi avec Hannah sans que je joue la cinquième roue du carrosse.

– Tu n’es pas la cinquième roue du carrosse, protesta-t-elle.

– Tu sais ce que je veux dire. Je t’ai vue souvent, ces derniers temps. Ça pourrait vous donner l’occasion de passer un peu de temps entre filles. De plus, si Hannah décidait de profiter de l’occasion pour te révéler quelque chose de personnel, ça ne serait pas du temps perdu.

Jessie fut étonnée par cette suggestion.

– Est-ce qu’elle t’a donné l’impression qu’elle voulait le faire ? demanda-t-elle.

Quelque chose lui avait-il échappé ?

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