Pièces choisies - Krasnogorov Valentin 6 стр.


ELLE. Oui, et maintenant la conférence est achevée et demain soir, moi aussi, je prends l’avion. Plus exactement, aujourd’hui déjà.

LUI. Alors… (Après hésitation.) Et puis, non… Au revoir.

ELLE. Un moment!

LUI. (S’arrêtant.). Quoi encore?

ELLE. (D’un ton libéré.). Rien de particulier. Je veux simplement te raconter une anecdote en guise d’adieux. Puisqu’il faut te distraire, allons jusqu’au bout. Un homme, épuisé et pâle, arrive chez son médecin : « Docteur, toutes les nuits le même cauchemar m’assaille. Une voix me dit en boucle quelque chose en italien, sûrement, quelque chose de très important. Je fais des efforts pour comprendre, mais c’est peine perdue. Ça me plonge dans une telle inquiétude que je me réveille et que je ne peux plus me rendormir ». ‒ Et vous comprenez l’italien? ‒ demande le médecin. ‒ Justement, non, ‒ répond le patient. ‒ Alors, la seule chose que je puisse vous conseiller, ‒ dit le médecin, c’est d’apprendre l’italien. Alors vous comprendrez ce que vous dit la voix et, peut-être, serez-vous rassuré. Deux mois ont passé et le médecin rencontre son patient, par hasard, dans la rue, joyeux, resplendissant et le teint coloré. ‒ Alors, vous avez appris l’italien? ‒ demande le docteur. Le patient répond : ‒ Non, je dors avec une interprète.

LUI. Pourquoi est-ce que tu me racontes ça? pour me relancer?

ELLE. (Moqueuse.). Pour que tu saches que tu es passé à côté d’une rare possibilité de te défaire de ta dépression. (Avec cruauté :) Et maintenant, va-t’en, va-t’en au plus vite. Je suis très fatiguée.

L’homme marche lentement vers la sortie et s’arrête à la porte.

LUI. Probable, qu’on ne se verra plus. Mais ça ne peut pas être autrement… Tu dois me comprendre…

La femme ne répond pas.

LUI. Adieu. (Il sort.)

La femme, seule, reste longtemps assise et immobile. Puis, lentement, elle éteint les deux bougies, l’une d’abord, puis l’autre. À travers la fenêtre pénètrent les premières clartés d’un matin d’automne maussade. Elle se lève, s’assoit, se relève, puis machinalement débarrasse la table.

À l’embrasure de la porte apparaît l’homme.

LUI. C’est encore moi.

ELLE. (Pas encore revenue de ses méditations, sur un ton distant :). Vous avez oublié quelque chose?

LUI. Oui. Heu… non. Dis-moi, tout ce que tu as dit sur toi, tu l’as inventé?

ELLE. Et si je réponds non?

LUI. Tu as raison, ce n’est pas important… Tu sais, à peine étais-je sorti que j’avais compris tout de suite… si je laissais passer cette occasion, je le regretterais toute ma vie… Il y a en toi… J’ai du mal à expliquer…

ELLE. Je ne vous comprends pas bien.

LUI. Moi-même je ne comprends pas. Ça fait si longtemps que je n’ai pas éprouvé ça. Je pensais que jamais plus je ne l’éprouverais… C’est pourquoi j’ai eu peur. Toi et moi, c’est comme deux papillons attirés par un feu… Bien que nous sachions comment cela peut se terminer. Mais ça m’est égal. S’il faut aller au feu, eh bien, soit!

ELLE. (Avec douceur.). Tout doux. Assieds-toi.

Il s’assoit.

ELLE. Et maintenant, dis-moi, pourquoi tu es quand même revenu.

LUI. Tu ne comprends pas? (Il prend en souriant la bouteille de champagne.) Il nous reste à finir le champagne.


FIN

Aimer a perdre la mémoire

Любовь до потери памяти


Comédie en deux actes


À PROPOS

Un homme souffrant d’amnésie se présente dans le cabinet d’un médecin pour avoir son aide. Le médecin essaie de déceler les symptômes et les causes de la maladie, mais en vain : les réponses du patient sont tellement contradictoires qu’il est impossible d’obtenir quelque chose de sensé. Heureusement, il réussit à faire venir la femme du malade. Elle répond à toutes les questions avec clarté et assurance, mais il ressort de ses affirmations que le docteur aussi souffre d’amnésie. La situation s’embrouille davantage encore lorsqu’apparaît une autre femme déclarant aussi qu’elle est l’épouse du patient. La situation tourne à l’absurdité totale. Le docteur devient presque fou. Cette comédie dynamique et burlesque, vive et sans temps mort, connaît un dénouement inattendu. La pièce est mise en scène dans de nombreux théâtres de Russie et d’autres pays. 3 hommes, 2 femmes. Intérieur.


Personnages

LE DOCTEUR

MICHEL

JEANNE

IRÈNE

L’HOMME

L’âge des personnages n’est pas d’une importance décisive. Il est fort probable qu’ils aient la quarantaine, le Docteur et l’Homme étant un peu plus (ou beaucoup plus) âgés.


ACTE I


Le cabinet d’un Docteur richement meublé, rappelant un salon élégant plutôt qu’une salle médicale stérile. Dans un confortable fauteuil, derrière son bureau, s’est installé le Docteur en personne, un homme dans la fleur de l’âge bien habillé, qui en impose et très sûr de lui. Entre un Visiteur.

LE VISITEUR. Docteur, je souffre d’amnésie.

LE DOCTEUR. Depuis quand ?

LE VISITEUR. « Depuis quand quoi » ?

LE DOCTEUR. Depuis quand souffrez-vous d’amnésie ?

LE VISITEUR. (Mettant son esprit à la torture.) Je ne m’en souviens pas.

LE DOCTEUR. Bien. Je veux dire : c’est très mauvais. Mais rien n’est irréparable. L’essentiel est que vous soyez venu voir le bon médecin. Celui qui vous guérira. Des médecins qui soignent, on n’en trouve pas tant que ça. Et qui guérissent, pas du tout. Établissons, comme il se doit, une fiche médicale. (Il commence à entrer les données dans l’ordinateur.) Et donc, vous souffrez d’amnésie.

LE VISITEUR. Comment le savez-vous ?

LE DOCTEUR. Vous venez juste de me le dire vous-même.

LE VISITEUR. Ah, oui ? C’est très regrettable. En fait, je le cache pour ne pas me créer d’ennuis.

LE DOCTEUR. Ne vous inquiétez pas, cela restera entre nous. Secret professionnel. Votre nom ?

LE VISITEUR. Mon nom ? (Mettant son esprit à la torture.) J’ai oublié.

LE DOCTEUR. (Rassurant.) Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas catastrophique. Avez-vous sur vous votre carte d’identité ou un document attestant de votre identité ?

LE VISITEUR. Oui, bien sûr. (Il fouille dans ses poches.) J’ai peur de l’avoir laissée à la maison.

LE DOCTEUR. En toute honnêteté, vous ne me facilitez pas la tâche.

LE VISITEUR. J’ignore moi-même comment c’est advenu. Je me souviens que mon nom est très courant.

LE DOCTEUR. Tâchons de nous souvenir. Nicolas, peut-être ?

LE VISITEUR. (Incertain.) Peut-être.

LE DOCTEUR. Ou Serge ?

LE VISITEUR. Je ne sais pas.

LE DOCTEUR. Et votre nom de famille ? Oublié aussi ?

LE VISITEUR. Et le nom de famille aussi. Mais ne vous inquiétez pas. Je dois avoir sur moi une note avec mon nom et mon adresse. Ma femme me glisse toujours cette note dans la poche, quand je sors. (Il cherche dans ses poches et trouve un petit papier. Triomphant.) Tenez, vous voyez ? Vous allez savoir comment je m’appelle.

LE DOCTEUR. (Il déplie et lit la note.) Voyons voir… Un numéro de téléphone… Et un nom, là. « Irène ». (Perplexe.) Mais ce n’est pas votre prénom !

LE VISITEUR. Vous êtes sûr ?

LE DOCTEUR. Et vous non ? Vous êtes un homme, enfin !

LE VISITEUR. Comment le savez-vous ? Je vous l’ai dit ?

LE DOCTEUR. Vous ne le savez pas vous-même ?

LE VISITEUR. Que je suis un homme ? Si vous l’affirmez, je vous crois. (Il réfléchit.) Si Irène n’est pas mon prénom, alors de qui est-ce le prénom ?

LE DOCTEUR. (Commençant à s’énerver.) C’est justement ce que je voulais vous demander.

LE VISITEUR. Probablement, est-ce le prénom de ma femme.

LE DOCTEUR. Que signifie « probablement » ? Vous ne vous rappelez pas le prénom de votre femme ?

LE VISITEUR. Vous vous moquez. Bien sûr, que je me le rappelle.

LE DOCTEUR. Alors, c’est elle ou non ?

LE VISITEUR. Elle, naturellement. Ma tendre, ma douce, mon aimante et adorée épouse. Vous n’allez pas le croire, mais nous nous connaissons depuis le cours préparatoire. Nous étions dans la même école. Docteur, vous souvenez-vous de votre lune de miel ?

LE DOCTEUR. (Incrédule.) Et vous ?

LE VISITEUR. Et comment ! Oh ! là là ! quel moment ça a été ! Chaque creux de son corps était encore enveloppé de mystère, chaque attouchement était encore source d’émoi et chaque nuit tenait du miracle. D’un miracle qui n’en finissait pas. Vous souvenez-vous de tout cela, docteur ?

LE DOCTEUR. (Soupirant, avec sentiment.) Qui ne s’en souvient pas ?

LE VISITEUR. Le croirez-vous, docteur, mais notre lune de miel se continue, aujourd’hui encore.

LE DOCTEUR. Donc, il vous reste quand même des bribes de souvenirs ?

LE VISITEUR. Bien sûr. Sinon, je serais un parfait crétin. Malheureusement, j’ai parfois des trous de mémoire. Des morceaux s’évanouissent. Puis refont surface. Puis s’évanouissent à nouveau et à nouveau refont surface. À nouveau s’évanouissent. À nouveau refont surface. À nouveau…

LE DOCTEUR. (L’interrompant.) J’ai compris. S’évanouissent.

LE VISITEUR. Oui. S’évanouissent. Mais globalement, j’ai une excellente mémoire.

LE DOCTEUR. Vraiment ?

LE VISITEUR. Naturellement. J’aime beaucoup la littérature, la philosophie, l’art. Avez-vous lu Hegel ?

LE DOCTEUR. Oui, quelques textes par-ci par-là.

LE VISITEUR. Vous souvenez-vous combien belle est sa manière de parler d’architecture et de sculpture ?

LE DOCTEUR. M-m-m… Et vous ?

LE VISITEUR. Bien sûr. (Avec sentiment.) « La concrétion d’idées abstraites, dans la sphère de la plastique, génère la phase de l’esprit retournant dans soi, durant laquelle, se séparant de lui-même, il est potentialisé dans la sphère de la cognition figurative de l’immanence dans la beauté. »

LE DOCTEUR. Ce sont les mots de Hegel ?

LE VISITEUR. Oui, pourquoi ?

LE DOCTEUR. Non, rien. Si c’est le cas, peut-être, vous rappelez-vous, malgré tout, comment vous vous appelez ?

LE VISITEUR. Moi ?

LE DOCTEUR. (Perdant patience.) Vous ! Pas moi, bien sûr ! Ne pouvez-vous pas faire en sorte que, d’une manière ou d’une autre, votre nom refasse surface ?

LE VISITEUR. Bien sûr. Je m’appelle… j’ai oublié.

LE DOCTEUR. Et si nous appelions votre femme, nous apprendrions votre nom avec son aide ?

LE VISITEUR. Bonne idée.

LE DOCTEUR. Qui l’appelle, vous ou moi ?

LE VISITEUR. Il vaut mieux que ce soit vous. Sinon, elle va dire mon nom et je l’oublierai de nouveau.

LE DOCTEUR. (Regardant la note, il compose le numéro et parle.) Bonjour. Puis-je parler à Irène ? Enchanté. Je vous appelle de la clinique. Je voudrais savoir comment s’appelle votre mari. Oui, je comprends, que cette question vous paraisse quelque peu étrange… Non, je ne plaisante pas et ce n’est pas un gag… Je suis effectivement docteur et mon numéro de téléphone se trouve dans n’importe quel annuaire… (Plus sèchement et énergiquement.) Votre mari a des problèmes, et vous savez bien quels genres de problèmes… (Avec colère.) Excusez-moi, mais l’insolence, c’est quand on traite, sans raison, d’insolente une personne qu’on ne connaît pas. Votre mari…

La conversation est interrompue. De dépit Le Docteur couvre le combiné du téléphone de sa main.

LE VISITEUR. Alors, qu’a-t-elle dit ?

LE DOCTEUR. Elle a dit qu’elle n’a pas du tout de mari !

LE VISITEUR. Ma femme n’a pas de mari ? C’est bizarre.

LE DOCTEUR. Bizarre, en effet.

LE VISITEUR. Mais alors, qui est-ce ?

LE DOCTEUR. Ça, j’aimerais que vous me le disiez.

LE VISITEUR. Mais pourquoi ne pas le lui avoir demandé ?

LE DOCTEUR. Parce qu’elle a raccroché. Excusez-moi, mais votre femme est une personne assez nerveuse.

LE VISITEUR. Probablement, sa nervosité vient-elle, justement, de ce qu’elle n’a pas de mari.

LE DOCTEUR. Mais elle est votre femme !

LE VISITEUR. (Perplexe.) C’est juste. Dites, comme ça, pourquoi avez-vous besoin de mon nom ? Ça facilitera la guérison, ou quoi ?

LE DOCTEUR. Pour ouvrir une fiche médicale. Pour vous suivre. Pour vous faire passer un examen. Pour vous envoyer la facture, que diable !

LE VISITEUR. La facture ? Alors, je crains de ne jamais me rappeler mon nom.

LE DOCTEUR. Avec vous, il y a de quoi perdre la raison !

LE VISITEUR. Ne prenez pas cela trop à cœur. Fumez une cigarette, détendez-vous. J’ai de bonnes cigarettes. Vous en voulez ? (Il met la main dans sa poche.) Tenez, prenez tout le paquet.

LE DOCTEUR. (Prenant le paquet.) Ce ne sont pas des cigarettes. Ce sont des jeux de cartes.

LE VISITEUR. Des cartes ? Tant mieux. Faisons une partie, ça vous distraira.

LE DOCTEUR. Je n’ai pas de temps à consacrer à de telles stupidités. De plus, je ne sais même pas jouer.

LE VISITEUR. Je vous apprendrai. (Il bat vite les cartes et les distribue.) Admettons que vous misiez dix euros sur la dame de pique. Alors…

LE DOCTEUR. (Il prend machinalement les cartes, mais, se ressaisissant les jette sur la table.) Vous vous trouvez dans un cabinet médical, et non pas au casino ! L’auriez-vous oublié ? Je suis médecin libéral, et mon temps, c’est de l’argent, beaucoup d’argent ! Vous voulez que je le perde au jeu ?

LE VISITEUR. (Confus.) Pardon. (Il range les cartes.)

LE DOCTEUR. (Las.) Vous savez quoi ? Donnez-moi, finalement, une cigarette. Bien qu’en réalité, j’aie cessé de fumer depuis longtemps.

LE VISITEUR. Tenez, je vous en prie.

LE DOCTEUR. (Étonné.) Mais ce ne sont pas des cigarettes, voyons, c’est la carte d’identité. (Il regarde la carte d’identité, compare la photographie avec le visage de l’Homme. Réjoui.) Oui, c’est votre carte d’identité !

LE VISITEUR. Eh bien, qu’est-ce que je vous disais ? J’ai une excellente mémoire.

LE DOCTEUR. (Regardant la carte d’identité.) Bien, cher Michel, nous avons, enfin, fait connaissance. (Il introduit les données dans l’ordinateur.) Michel… Grelot. Grelot, c’est vous ?

MICHEL. Et qui d’autre encore ?

LE DOCTEUR. Bon, d’accord. Venons-en, enfin, à votre affaire. De quoi vous plaignez-vous ? Soyez précis.

MICHEL. (Déterminé.) Il était temps. Vous me décevez. Je vous paie régulièrement des sommes exorbitantes et lorsqu’un poids-lourd m’a foncé dessus, vous n’avez même pas bougé le petit doigt.

LE DOCTEUR. Premièrement, vous ne m’avez versé aucune somme, encore moins exorbitante. Deuxièmement, je n’ai jamais eu vent qu’un poids-lourd vous ait foncé dessus.

MICHEL. Étrange oubli. Pourtant, je vous ai envoyé à ce propos une lettre, à laquelle vous n’avez même pas daigné répondre.

LE DOCTEUR. Je n’ai le souvenir d’aucune lettre.

MICHEL. Donc, vous souffrez d’amnésie. Le coup fut très fort, les conséquences lourdes. Vous avez été simplement obligé de prendre immédiatement des mesures.

LE DOCTEUR. (Ajoutant les données sur la fiche médicale.) Avez-vous été gravement blessé ?

MICHEL. Le côté droit a été sérieusement endommagé.

LE DOCTEUR. (Ajoutant les données sur la fiche médicale.) « Le côté droit a été endommagé… »

MICHEL. Et les deux phares cassés.

LE DOCTEUR. (En colère.) Qui a le côté endommagé ? Vous ou la voiture ?

MICHEL. La voiture, bien sûr.

LE DOCTEUR. Et que vous est-il arrivé ? Vous vous êtes cogné la tête ?

MICHEL. Pourquoi, tout à coup ? Je vais très bien. Pas une égratignure.

LE DOCTEUR. Alors, pourquoi devais-je prendre immédiatement des mesures ?

MICHEL. Et qui me paiera une compensation ?

LE DOCTEUR. Une compensation ? Pour quoi ? Ce n’est tout de même pas moi qui conduisais le poids-lourd.

MICHEL. Non. Mais vous êtes mon agent d’assurances. Quand avez-vous l’intention de me régler la réparation ?

LE DOCTEUR. Mon cher, je ne suis pas agent d’assurances. Je suis médecin libéral. Docteur. Vous comprenez ? Docteur.

MICHEL. (Perplexe.) Docteur ?

LE DOCTEUR. Docteur, docteur. (Il lui parle doucement et patiemment.) Vous êtes venu voir le docteur. Le docteur, pas l’agent d’assurances.

MICHEL. Oui, c’est vrai… J’avais complètement oublié. Pardon.

LE DOCTEUR. (Préoccupé.) Je sens que votre maladie est des plus sérieuses. Des plus sérieuses.

MICHEL. Mais on peut en guérir ?

LE DOCTEUR. Comment vous dire… C’est une chance que vous soyez venu me voir moi précisément. Un autre médecin pour rien au monde ne vous soignerait.

MICHEL. Oui, vous l’avez déjà dit.

LE DOCTEUR. Donc ça, vous vous en souvenez ?

MICHEL. Bien sûr.

LE DOCTEUR. C’est bien. Et d’une manière générale, vous souvenez-vous de quelque chose ?

MICHEL. Je me souviens de tout. De mon enfance, de l’école, du travail. Mais je peux complètement oublier ce qu’il m’est arrivé une semaine ou une heure plus tôt. Et puis soudain me rappeler. Et oublier à nouveau. C’est affreux.

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