Cadu
Je suis un homme expérimenté ; j'ai fréquenté des actrices, des mannequins, des femmes d'affaires accomplies. Mais je n'ai jamais ressenti ce que je ressens à cet instant avec Mari, avec aucune d'elles. Je me répète sans doute, mais elle est spéciale. Elle est adorable et amusante, et je n'ai jamais fréquenté quelqu'un qui me traite comme elle le fait, comme si j'étais un gars ordinaire.
Pas que je sois une célébrité. Mais la plupart des gens font très attention avec moi, parce que je suis le rédacteur en chef de l'un des magazines les plus vendus du pays. Mais pas elle. Mari me traite comme elle traiterait n'importe quel autre gars.
Nous quittons Barzinho main dans la main. Il fait un peu froid à cette heure tardive, et je la sens frissonner à mes côtés. Je la prends contre moi pour la protéger du froid avec mon corps. Nous marchons vers le parking, enlacés, et je me maudis d'avoir choisi de venir en moto. Dieu merci, nous ne devons parcourir qu'une courte distance.
On s'arrête près de ma moto et elle lui jette un regard effrayé. Je m'attendais à un compliment mais elle me surprend une fois de plus.
"On va rouler avec ça ?" demande-t-elle, et je suis choqué de l'entendre appeler ma Harley "ça".
"C'est une Harley, et oui, on va rouler avec." lui dis-je, en lui tendant le casque. Elle me regarde puis le casque, comme si elle ne savait pas comment procéder. "Tu le mets sur ta tête, ma jolie." plaisanté-je en lui pinçant le nez.
Elle rit et dit : "Je sais, c'est juste que je n'en ai jamais porté avant. Je ne sais pas comment le mettre." Elle baisse les yeux, ses joues rougissantes, et je sens mon cœur se serrer.
"Viens là, je vais t'aider." lui dis-je avant qu'elle s'approche. Je lui prends le casque et le mets sur sa tête, tout en souriant. Quand elle est prête, j'attends qu'elle s'installe à l'arrière de la moto. Je sens ses mains douces sur ma taille et avant de démarrer, je dis : "Tu dois me serrer plus fort ou tu vas tomber." Elle se rapproche un peu plus et je souris. "Plus près, ma jolie. Sers-moi comme si j'étais ton ours en peluche.” plaisanté-je, et elle rit.
“Tu es trop imposant pour un ours en peluche, et pas assez doux.” répond-elle, et je frisonne au contact de son corps collé au mien.
“Je suis un ours en peluche musclé.” lui dis-je, et elle rit à nouveau.
“Justement. Je n'ai jamais eu d'ours en peluche musclé.” dit-elle, et cette fois, c'est moi qui ris.
“Et pourquoi pas ?”
“Regarde-moi. Je ne suis pas du genre à faire de l'exercice, Cadu. Je déteste aller à la salle de sport.” dit-elle, et je perçois une trace d'insécurité dans sa voix.
“Et tu n'en as pas besoin. Tu es belle telle que tu es.” lui dis-je en lui prenant la main. Je démarre et prends la direction de Leblon, le deuxième endroit que je préfère au monde.
Chez moi.
On longe la lagune Rodrigo de Freitas, et bien que j'apprécie la magnifique vue, je suis incapable de penser à autre chose qu'au corps chaud auquel je m'agrippe. Je suis nerveuse et les papillons que j'ai dans le ventre s'affolent. Je n'ai aucune idée de l'endroit où il m'emmène mais, tout comme lui, je ne suis pas prête à lui dire au revoir. Alors que je sens la moto vrombir sous moi, je pense à ce qu'il va se passer à partir de ce moment. Je suis sur un petit nuage, mais je suis également effrayée. Après tout c'est mon patron, et je n'ai aucune idée de la façon dont nous allons interagir désormais.
Nous roulons jusqu'à Leblon. Il se gare dans le garage d'un immeuble chic près de la plage. Il coupe le moteur, nous descendons de la moto et il m'aide à enlever le casque. J'essaie de remettre mes cheveux en place, probablement en désordre, pendant qu'il range le casque. Un accès de nervosité me fait frissonner, mais quand il se retourne et me regarde dans les yeux, je m'y perds. Son regard est intense. C'est la première fois que quelqu'un me regarde de cette façon. J'ai l'impression qu'il essaie de découvrir tous mes secrets. Ses yeux se posent sur ma bouche et quand je crois qu'il va enfin m'embrasser, il humidifie ses lèvres, sourit et m'invite à le suivre. Je suis confuse, attirée, ensorcelée. Aucun de mes autres compagnons n'a jamais agi de la sorte, et je me sens... Séduite.
Main dans la main, nous allons à l'ascenseur, il appuie sur le bouton du dernier étage et se tourne vers moi. Je souris et il sourit en retour. Il me tire à lui et pose son front contre le mien.
Sur une profonde expiration, il dit : "Oh, Mari... Que vais-je faire de toi ?"
Avant que je puisse répondre, la porte de l'ascenseur s'ouvre et il la tient pour me laisser sortir. Puis sa main prend à nouveau la mienne. Nous traversons un petit couloir avec seulement deux portes, une à chaque bout. Nous nous dirigeons vers l'une d'elle. Il sort un porte-clés de sa poche et ouvre la porte. Bien sûr, je manque de m'évanouir quand je vois à quel point son appartement est époustouflant. Il est si joliment décoré que je reste debout près de l'entrée, de peur de casser quelque chose par accident. Je suis aussi maladroite qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines.
Il s'éloigne et quand il se rend compte que je ne le suis pas, il se retourne et me lance un drôle de regard.
"Ça te plaît ?" demande-t-il en me regardant bizarrement. Je ne suis pas certaine de comprendre ce qu'il veut dire.
"Bien sûr. C'est magnifique. Je suis juste..." Je m'arrête, ne sachant pas comment continuer.
"Tu es juste ?..." insiste-t-il, en haussant un sourcil.
"Je suis un peu maladroite. J'ai peur de casser quelque chose."
Son expression change et il sourit, faisant apparaître ses fossettes.
Ô Déesse protectrice des femmes célibataires vulnérables, aidez-moi à ne pas tomber amoureuse d'un homme avec des fossettes !
Il s'avance vers moi avec un grand sourire lumineux, et avant que je puisse dire ou penser autre chose, il me prend dans ses bras et me soulève comme si j'étais une plume.
"Oh !..." chuchoté-je, encore un peu effrayée. Il me serre contre son torse, traverse un grand couloir et entre dans la cuisine.
Il me relâche avec précaution, puis fait courir ses mains le long de mes bras et de mes épaules, jusqu'à atteindre mon visage. Cadu ne détourne pas son regard, et lorsqu'il caresse mon visage, il s'approche et m'embrasse doucement sur le front. Mes jambes tremblent et les papillons dans mon ventre sont déchaînés ; j'ai l'impression que je risque de défaillir à tout moment. Il s'éloigne lentement et sourit, puis prend une grande inspiration et se dirige vers le réfrigérateur.
Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je n'ai jamais été comme ça avec une femme avant. Tout ce que je veux, c'est m'occuper d'elle, la toucher, sentir son parfum. Nous ne nous sommes même pas embrassés, et pourtant je sais que lorsque nous le ferons, ce ne sera pas un baiser comme les autres, parce que Mari est différente. Quand elle s'est arrêtée sur le pas du salon et a regardé autour d'elle, j'ai pris sa confusion pour de l'intérêt. J'invite rarement quelqu'un chez moi, sauf pour une fête ou une réunion ; mais lorsque cela arrive, les femmes ont tendance à évaluer le prix de mes affaires. J'ai encore envie de rire en la revoyant avouer qu'elle avait peur de casser quelque chose. Elle est adorable et si différente des femmes de mon entourage. Comment se fait-il que je ne l’aie jamais vu avant ? Comment ai-je pu ne pas voir ce qui était littéralement sous mon nez depuis le début ?
J'ai envie d'elle, mais en même temps j'ai peur. Il ne s'agit pas de sexe, je l'ai bien compris. Et je sais qu'il serait facile de tomber amoureux d'elle, mais suis-je vraiment prêt à tomber amoureux ?
J'ouvre le réfrigérateur et prends les ingrédients pour faire une omelette, et quand je me retourne, elle est immobile en train de jouer nerveusement avec ses mains. Nous ne parlons pas, mais restons là, à profiter de la présence de l'autre. C'est comme si les mots étaient inutiles. Mais je sais que nous devons parler, même si ce ne sont que quelques mots. Merde ! J'ai l'impression d'avoir à nouveau 15 ans.
"Pourquoi tu ne mettrais pas de la musique pour accompagner notre repas, Mari ?" Je désigne la chaîne hi-fi juste derrière elle. J'adore la musique, et il y a une chaîne dans chaque pièce de la maison.
"Bien sûr. Des suggestions ?" demande-t-elle en souriant.
"Non, tu peux choisir. Tu aimes les omelettes ?" demandé-je.
"Je les adore." Toujours souriante, elle se tourne vers la chaîne. Je l'observe pendant qu'elle étudie ma playlist jusqu'à ce que son sourire s'élargisse.
“Tu trouves ton bonheur ?” demandé-je. Elle presse "marche" et la musique remplit la pièce.
"Oh, Cadu, il y a tellement de bons morceaux ! J'aime tous les genres de musique. Pop, musique brésilienne, rock..." ajoute-t-elle en s'asseyant sur un tabouret à l'îlot de la cuisine, au son d'une chanson douce qui s'échappe des enceintes. Elle évoque l'improbable rencontre, au milieu de notre foule humaine, d'une personne capable de raviver des sentiments oubliés.
J'essaie d'ignorer les paroles, mais elles décrivent exactement ce que je ressens en ce moment. Cet ange aux cheveux bruns m'a complètement envoûté et je dois me reprendre ou je vais finir par demander Mariana en mariage avant la fin de la nuit. Mince ! D'où ça vient ça ?
Elle continue à parler de la musique qu'elle aime, et je l'écoute en essayant de mettre de l'ordre dans mon esprit chaotique. Quand l'omelette est prête, je la sers accompagnée d'un jus d'orange. Je lui propose du bacon, qu'elle refuse.
Nous conversons pendant notre repas. Je veux mieux la connaître et je lui demande ce qu'elle aime et ses endroits préférés. Le moment est détendu, et elle me parle de son amitié avec Lais (la fille qui a embrassé Rodrigo plus tôt dans la soirée), de son amour de la musique et des réunions de famille amusantes qu'elle organise. Mari est posée, drôle et intelligente. En dehors du bureau, elle est complètement différente de l'employée compétente et sérieuse que je connais. Elle me raconte une histoire sur le chien d'un ami qui me fait tellement rire que j'en ai les larmes aux yeux.
"Tu es si différente de mon assistante Mariana." dis-je en plaisantant, et elle rougit à nouveau. La voir rougir de la sorte m'émeut.
"Oh, Cadu... C'est mon travail. Je sais que tu as besoin de quelqu'un de qualifié pour t'assister. Je ne pourrais pas raconter ce genre d'histoires pour amuser mes collègues de bureau." dit-elle en riant, mais ses yeux semblent un peu tristes.
“Qu'y a-t-il ? Tu ne t'y plais pas ?" Mon cœur se serre à l'idée qu'elle n'aime pas travailler avec moi.
"Non, ce n'est pas ça. J'aime mon travail. J'apprends beaucoup avec toi et j'aime ce que je fais."
"Mais ?... "
"Non, pas de "mais"." dit-elle avec un sourire en essayant de mettre fin à la conversation.
"Dis-le, Mari." Je suis curieux maintenant, et inquiet. Se sert-elle de moi pour obtenir une promotion ?
"C'est juste que je n'ai aucune raison d'être amicale avec mes collègues. Je ne suis proche de personne." répond-elle en souriant, mais je sens que cela va plus loin.
“Et pourquoi pas ?”
“Hmm... " Elle réfléchit, puis dit : "Ils sont tous si différents de moi. Je parle à tout le monde et, ne te méprends pas, je... Je ne pense pas être le genre de personne qu'ils ont habituellement pour amie." Je me laisse envoûter un instant par son sourire. "Mais je ne veux pas parler boulot. J'ai signé une clause de confidentialité, donc je ne peux pas en dire davantage, désolée." conclut-elle avec un sourire. Je ne peux m'empêcher de rire à sa blague.
Nous restons dans la cuisine à parler et rire au son de la musique. Notre conversation est légère et détendue, et Mari touche toute sorte de sujets. Au bout d'un moment, elle baille et je regarde l'horloge. Ouah ! 5h30 !
"Viens !" Je saute du tabouret et elle me lance un regard fatigué et confus. "Je veux te montrer quelque chose." Mari regarde l'horloge de la cuisine et commence à protester, mais je l'arrête.
"Ouah, Cadu ! 5h30 ! Je dois rentrer chez moi !" Je la prends à nouveau dans mes bras et elle rit.
"Je vais t'y déposer, mais je veux te montrer quelque chose avant." Elle rit plus fort et je la porte jusqu'à l'arrière de l'appartement, où se trouve ma chambre. J'ouvre la porte et elle regarde immédiatement vers la grande fenêtre.
"Ouah, quelle vue !" dit-elle, et je la pose sur le lit. Je m'assois derrière elle et l'enlace, et nous regardons tous les deux le soleil se lever. La vue est vraiment magnifique, avec la plage de Leblon en contrebas. Le ciel est coloré et aussi surprenant qu'une peinture impressionniste.
J'attrape la télécommande de la chaîne hi-fi et, comme prévu, la parfaite chanson se fait entendre. Puis je décide de faire ce que j'ai eu envie de faire toute la soirée.
Mari
Cadu me porte le long d'un couloir. Il ouvre la porte et nous entrons dans ce que je suppose être sa chambre. Puis mon regard se pose sur ce qui est le plus beau panorama que je n'ai jamais vu.
"Ouah, quelle vue !" Le soleil se lève et le ciel multicolore annonce l'aube d'une merveilleuse journée. Il me pose sur le lit et me prend dans ses bras, et nous regardons ce paysage qui me laisse sans voix. Je suis épuisée de cette nuit blanche, mais je ne changerais cela pour rien au monde. Avec lui, je me sens protégée et spéciale. J'espère de tout cœur qu'il n'est pas comme ça avec toutes les filles qu'il rencontre...
Je sens Cadu bouger : il attrape une télécommande. Il allume la chaîne et la parfaite chanson envahit la pièce, rendant le moment unique.
Cette vibration que je ressens à chaque fois qu'il me touche revient en force. Sa respiration est aussi irrégulière que la mienne. Il me tourne vers lui et ses yeux se posent sur les miens. Nous sommes silencieux, mais ces yeux expressifs me disent tout ce que j'ai besoin de savoir. Il me tire à lui, son torse contre ma poitrine. Ses mains encadrent mon visage, puis il s'approche de mon cou et sent mon parfum. Il n'est pas seulement beau et séduisant. C'est l'homme le plus sexy que je connaisse. Il m'excite et mon corps tremble en réponse. S'il m'attirait avant, je suis totalement sienne désormais.
Cadu laisse une traînée de baisers le long de mon cou. Je laisse échapper un soupir, suivi d'un faible gémissement. Puis, sans trop savoir comment, il me fait perdre toute notion de moi-même, de mes limites et de ma gêne. Il me mord doucement le cou, et me fait frissonner de la tête aux pieds. C'est alors que je fais fi de tout sentiment de honte et le pousse sur le lit pour l'embrasser à pleine bouche. Nous formons un chao de mains, lèvres et langues et tout ce que j'entends, ce sont nos gémissements. Il empoigne mes cheveux et intensifie le baiser en me pressant plus fort contre son corps. Quand je le relâche, il nous retourne et couvre mon corps du sien avant de me donner le baiser le plus magique de ma vie. Mon esprit hurle, ferme la porte et jette la clé ! Je ne le laisserai jamais partir !
Il calme progressivement notre étreinte, s'éloigne et me sourit, son souffle aussi irrégulier que le mien.
"Oh, Mari..." soupire-t-il en poussant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je souris et il me donne un rapide baiser. "Je te ramène chez toi avant de rompre ma promesse." Quoi ? Promesse ? Chez moi ? Noooon !
Il se lève et me tend la main. Je me lève avec autant de grâce que possible. Nous suivons le couloir jusqu'à la porte d'entrée et avant qu'il ouvre la porte, je lui prends la main et dis, sans pouvoir contrôler mon sourire : "Merci." Il me regarde avec curiosité et je continue : "Pour m'avoir offert le plus beau lever de soleil de ma vie."
Il esquisse ce sourire spécial et je me sens presque flotter, tellement je me sens heureuse.
On roule jusque chez moi, cette fois dans sa voiture, en parlant de voyages. Il voyage beaucoup et me parle de tous les endroits qu'il a visités et aimés. On arrive trop vite à mon immeuble et il sort en premier pour m'ouvrir la porte.