Zazie dans le métro - Raymond E. Feist 13 стр.


– Vous disputez pas, dit Madeleine, moi jvais prévenir madame Marceline et m'habiller chouette pour faire honneur à notre Gaby.

Elle s'envole. A l'étage second parvenue, sonne à la porte la neuve fiancée. Une porte sonnée d'aussi gracieuse façon ne peut faire autre chose que s'ouvrir. Aussi la porte en question s'ouvre-t-elle.

– Bonjour, Mado Ptits-pîeds, dit doucement Marceline.

– Eh bin voilà, dit Madeleine en reprenant sa respiration laissée un peu à l'abandon dans les spires de l'escalier.

– Entrez donc boire un verre de grenadine, dit doucement Marceline en l'interrompant.

– C'est qu'il faut que je m'habille.

– Je ne vous vois point nue, dit doucement Marceline.

Madeleine rougit.

Marceline dit doucement:

– Et ça n'empêcherait pas le verre de grenadine, n'est-ce pas? Entre femmes…

– Tout de même.

– Vous avez l'air tout émue.

– Jviens de me fiancer. Alors vous comprenez.

– Vous n'êtes pas enceinte?

– Pas pour le moment.

– Alors vous ne pouvez pas me refuser un verre de grenadine.

– Ce que vous causez bien.

– Je n'y suis pour rien, dit doucement Marceline en baissant les yeux. Entrez donc.

Madeleine susurre encore des politesses confuses et entre. Priée de s'asseoir, elle le fait. La maîtresse de céans va quérir deux verres, une carafe de flotte et un litron de grenadine. Elle verse ce dernier liquide avec précaution, assez largement pour son invitée, juste un doigt pour elle.

– Je me méfie, dit-elle doucement avec un sourire complice. Puis elle dilue le breuvage qu'elles supent avec des petites mines.

– Et alors? demande doucement Marceline,

– Eh bien, dit Madeleine, meussieu Gabriel a téléphoné qu'il emmenait la petite à sa boîte pour le voir faire son numéro, et nous deux avec, Charles et moi, pour fêter nos fiançailles.

– Parce que c'est Charles?

– Autant lui qu'un autre. Il est sérieux et puis, on se connaît.

Elles continuaient à se sourire.

– Dites-moi, madame Marceline, dit Madeleine, quelle pelure dois-je mettre?

– Bin, dit doucement Marceline, pour des fiançailles, c'est le blanc moyen qui s'impose avec une touche de virginal argenté.

– Pour le virginal, vous rpasserez, dit Madeleine.

– C'est ce qui se fait.

– Même pour une boîte de tapettes?

– Ça ne fait rien à la chose.

– Oui mais oui mais oui mais, si j'en ai pas moi de robe blanc moyen avec une touche de virginal argenté ou même simplement un tailleur deux-pièces salle de bains avec un chemisier porte-jarretelles cuisine, eh! qu'est-ce que je ferai? Non mais, dites-moi dites, qu'est-ce que je ferai?

Marceline baissa la tête en donnant les signes les plus manifestes de la réflexion.

– Alors, qu'elle dit doucement, alors dans ce cas-là pourquoi ne mettriez-vous pas votre veste amarante avec la jupe plissée verte et jaune que je vous ai vue un jour de bal un quatorze juillet.

– Vous me l'avez remarquée?

– Mais oui, dit doucement Marceline, je vous l'ai remarquée (silence). Vous étiez ravissante.

– Ça c'est gentil, dit Madeleine. Alors comme ça vous faites attention à moi, des fois?

– Mais oui, dit doucement Marceline.

– Passque moi, dit Madeleine, passque moi, je vous trouve si belle.

– Vraiment? demanda Marceline avec douceur.

– Ça oui, répondit Mado avec véhémence, ça vraiment oui. Vous êtes rien bath. Ça me plairait drôlement d'être comme vous. Vzêtes drôlement bien roulée. Et d'une élégance avec ça.

– N'exagérons rien, dit doucement Marceline.

– Si si si, vzêtes rien bath. Pourquoi qu’on vous voit pas plus souvent? (silence). On aimerait vous voir plus souvent. Moi (sourire) j'aimerais vous voir plus souvent.

Marceline baissa les yeux et rosit doucement.

– Oui, reprit Madeleine, pourquoi qu'on vous voit pas plus souvent, vous qu'êtes en si rayonnante santé que je me permets de vous le signaler et si belle par-dessus le marché, oui pourquoi?

– C'est que je ne suis pas d'humeur tapageuse, répondit doucement Marceline.

– Sans aller jusque-là, vous pourriez…

– N'insistez pas, ma chère, dit Marceline.

Là-dessus, elles demeurèrent silencieuses, penseuses, rêveuses. Le temps coulait pas vite entre elles deux. Elles entendaient au loin, dans les rues, les pneus se dégonfler lentement dans la nuit. Par la fenêtre entrouverte, elles voyaient la lune scintiller sur le gril d'une antenne de tévé en ne faisant que très peu de bruit.

– Il faudrait tout de même que vous alliez vous habiller, dit doucement Marceline, si vous ne voulez pas rater le numéro de Gabriel.

– Faudrait, dit Madeleine. Alors je mets ma veste vert pomme avec la jupe orange et citron du quatorze juillet?

– C'est ça.

(un temps)

– Tout de même, ça me fait triste de vous laisser toute seule, dit Madelaine.

– Mais non, dit Marceline. J'y suis habituée.

– Tout de même.

Elles se levèrent ensemble d'un même mouvement.

– Eh bien, puisque c'est comme ça, dit Madeleine, je vais m'habiller.

– Vous serez ravissante, dit Marceline en s'approchant doucement.

Madeleine la regarde dans les yeux. On cogne à la porte.

– Alors ça vient? qu'il crie Charles.

XIV

Le bahut s'emplit et Charles démarra. Turandot s'assit à côté de lui, Madeleine dans le fond, entre Gridoux et Laverdure.

Madeleine considéra le perroquet pour demander ensuite à la ronde:

– Vous croyez que le spectacle va l'amuser?

– T'en fais pas, dit Turandot qui avait poussé la vitre de séparation pour entendre ce qui se raconterait derrière lui, tu sais bien qu'il s'amuse à son idée, quand il en a envie. Alors pourquoi pas en regardant Gabriel?

– Ces bêtes-là, déclara Gridoux, on sait jamais ce qu'elles gambergent.

– Tu causes, tu causes, dit Laverdure, c'est tout ce 'que tu sais faire.

– Vous voyez, dit Gridoux, ils entravent plus qu'on croit généralement.

– Ça c'est vrai, approuva Madeleine avec fougue. C'est rudement vrai, ça. D'ailleurs nous, est-ce qu'on entrave vraiment kouak ce soit à kouak ce soit?

– Koua à koua? demanda Turandot.

– A la vie. Parfois on dirait un rêve.

– C'est des choses qu'on dit quand on va se marier.

Et Turandot donne une claque sonore sur la cuisse de Charles au risque de faire charluter le taxi.

– Me fais pas chier, dit Charles.

– Non, dit Madeleine, c'est pas ça, je pensais pas seulement au marida, je pensais comme ça.

– C'est la seule façon, dit Gridoux d'un ton connaisseur.

– La seule façon de quoi?

– De ce que tu as dit.

(silence)

– Quelle colique que l'egzistence, reprit Madeleine (soupir).

– Mais non, dit Gridoux, mais non.

– Tu causes, tu causes, dit Laverdure, c'est tout ce que tu sais faire.

– Quand même, dit Gridoux, il change pas souvent son disque, celui-là.

– Tu insinues peut-être qu'il est pas doué? Cria Turandot par-dessus son épaule.

Charles, que Laverdure n'avait jamais beaucoup intéressé, se pencha vers son propriétaire pour lui glisser à mi-voix:

– Dmanddzi si ça colle toujours le marida.

– A qui je demande ça? A Laverdure?

– Te fais pas plus con qu'un autre.

– On peut plus plaisanter, alors, dit Turandot d'une voix émolliente.

Et il cria par-dessus son épaule:

– Mado Ptits-pieds!

– La vlà, dit Madeleine.

– Charles demande si tu veux toujours de lui pour époux.

– Voui, répondit Madeleine d'une voix ferme.

Turandot se tourna vers Charles et lui demanda:

– Tu veux toujours de Mado Ptits-pieds pour épouse?

– Voui, répondit Charles d'une voix ferme.

– Alors, dit Turandot d'une voix non moins ferme, je vous déclare unis par les liens du mariage.

– Amen, dit Gridoux.

– C'est idiot, dit Madeleine furieuse, c'est une blague idiote.

– Pourquoi? demanda Turandot. Tu veux ou tu veux pas? Faudrait s'entendre.

– C'était la plaisanterie qu'était pas drôle.

– Je plaisantais pas. Ça fait longtemps que je vous souhaite unis, vous deux Charles.

– Mêlez-vous de vos fesses, msieu Turandot.

– Elle a eu le dernier mot, dit Charles placidement. Nous y vlà. Tout le monde descend. Je vais ranger ma voiture et je reviens.

– Tant mieux, dit Turandot, je commençais à avoir le torticolis. Tu m'en veux pas?

– Mais non, dit Madeleine, vzêtes trop con pour qu'on puisse vous en vouloir.

Un amiral en grand uniforme vint ouvrir les portières.

Il s'esclama.

– Oh la mignonne, qu'il fit en apercevant le perroquet. Elle en est, elle aussi?

Laverdure râla:

– Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire.

– Eh bien, dit l'amiral, on dirait qu'elle en veut.

Et aux nouveaux venus:

– C'est vous les invités de Gabriella? Ça se voit du premier coup d'œil.

– Dis donc eh lope, dit Turandot, sois pas insolent.

– Et ça aussi, ça veut voir Gabriella?

Il regardait le perroquet avec l'air d'avoir l'air d'avoir le cœur soulevé de dégoût.

– Ça te dérange? demanda Turandot.

– Quelque peu, répondit l'amiral. Ce genre de bestiau me donne des complexes.

– Faut voir un psittaco-analyste, dit Gridoux.

– J'ai déjà essayé d'analyser mes rêves, répondit l'amiral, mais ils sont moches. Ça donne rien.

– De quoi rêvez-vous? demanda Gridoux.

– De nourrices.

– Quel dégueulasse, dit Turandot qui voulait badiner.

Charles avait trouvé une place pour garer sa tire.

– Alors quoi, dit Charles, vzêtes pas encore entrés?

– En voilà une méchante, dit l'amiral.

– J'aime pas qu'on plaisante avec moi, dit le taximane.

– J'en prends note, dit l'amiral.

– Tu causes, tu causes, dit Laverdure…

– Vous en faites un sainfoin, dit Gabriel apparu. Entrez donc. Ayez pas peur. La clientèle est pas encore arrivée. Y a que les voyageurs. Et Zazie. Entrez donc. Entrez donc. Tout à l'heure, vous allez drôlement vous marer.

– Pourquoi que spécialement tu nous as dit de venir ce soir? demanda Turandot.

– Vous qui, continua Gridoux, jetiez le voile pudique de l'ostracisme sur la circonscription de vos activités.

– Et qui, ajouta Madeleine, n'avez jamais voulu que nous vous admirassassions dans l'exercice de votre art.

– Oui, dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod.

Négligeant l'intervention du perroquet, Gabriel répondit en ces termes à ses précédents interlocuteurs.

– Pourquoi? Vous me demandez pourquoi? Ah, l'étrange question lorsqu'on ne sait qui que quoi y répondre soi-même. Pourquoi? Oui; pourquoi? Vous me demandez pourquoi? Oh! laissez-moi, en cet instant si doux, évoquer cette fusion de l'existence et du presque pourquoi qui s'opère dans les creusets du nantissement et des arrhes. Pourquoi pourquoi pourquoi, vous me demandez pourquoi? Eh bien, n'entendez-vous pas frissonner les gloxinias le long des épithalames?

– C'est pour nous que tu dis ça? demanda Charles qui faisait souvent les mots croisés.

– Non, du tout, répondit Gabriel. Mais, regardez! Regardez!

Un rideau de velours rouge se magnifiquement divisa selon une ligne médiane laissant apparaître aux yeux des visiteurs émerveillés le bar, les tables, le podium et la piste du Mont-de-piété, la plus célèbre de toutes les boîtes de tantes de la capitale, et c'est pas ça qui manque, asteure encore seulement et faiblement animée par la présence aberrante et légèrement anormale des disciples du cicéron Gabriel au milieu desquels trônait et pérorait l'enfant Zazie.

– Faites place, nobles étrangers, leur dit Gabriel.

Ayant toute confiance en lui, ils se remuèrent pour permettre aux nouveaux venus de s'insérer au milieu d'eux. Le mélange opéré, on installa Laverdure au bout d'une table. Il manifesta sa satisfaction en foutant des graines de soleil un peu partout autour de lui.

Un Écossaise, simple loufiat attaché à l'établissement, considéra le personnage et fit part à haute voix de son opinion.

– Y a des cinglés tout de même, qu'il déclara. Moi, la terre verte…

– Grosse flotte, dit Turandot. Si tu te crois raisonnable avec ta jupette.

– Laisse-le tranquille, dit Gabriel, c'es't son instrument de travail. Quant à Laverdure, ajouta-t-il pour l'Écossaise, c'est moi qui lui ai dit de venir, alors tu vas la boucler et garder tes réflexions pour ta personne.

– Ça c'est causer, dit Turandot en dévisageant l'Écossaise d'un air victorieux. Et avec ça, ajouta-t-il, qu'est-ce qu'on nous offre? Du Champagne, ou quoi?

– Ici c'est obligatoire, dit l'Écossaise. A moins que vous preniez le ouisqui. Si vous savez ce que c'est.

– Imdemande ça, s'esclama Turandot, à moi qui suis dans la limonade!

– Fallait le dire, dit l'Écossaise en brossant sa jupette du revers de la main.

– Eh bien gy, dit Gabriel, apporte-nous la bibine gazeuse de l'établissement.

– Combien de bouteilles?

– Ça dépend du prix, dit Turandot.

– Puisque je te dis que c'est moi qui régale, dit Gabriel.

– Je défendais tes intérêts, dit Turandot.

– Ce qu'elle est près de ses sous, remarqua l'Écossaise en pinçant l'oreille du cafetier et en s'éloignant aussitôt. J'en apporterai une grosse.

– Une grosse quoi? demanda Zazîe en se mêlant tout à coup à la conversation.

– I veut dire douze douzaines de bouteilles, espliqua Gabriel qui voit grand.

Zazie daigna s'occuper alors des nouveaux arrivants.

– Eh, l'homme au taxi, qu'elle dit à Charles, paraît qu'on se marie?

– Paraît, répondit succinctement Charles.

– En fin de compte, vous avez trouvé quelqu'un à vott goût.

Zazie se pencha pour regarder Madeleine.

– C'est elle?

– Bonjour, mademoiselle, dit aimablement Madeleine.

– Salut, dit Zazie.

Elle se tourna du côté de la veuve Mouaque pour l'affranchir.

– Ces deux-là, qu'elle lui dit en désignant du doigt les personnes en cause, ils se marient.

– Oh! que c'est émouvant, s'esclama la veuve Mouaque. Et mon pauvre Trouscaillon qu'est peut-être en train d'attraper un mauvais coup, par cette nuit noire. Enfin (soupir), il a choisi ce métier-là (silence). Ce serait comique si je devenais veuve une seconde fois avant même d'être mariée.

Elle eut un petit rire perçant.

– Qui c'est, cette dingue? demanda Turandot à Gabriel.

– Sais pas. Depuis staprès-midi, elle nous colle aux chausses avec un flicard qu'elle a récolté en chemin.

– Lequel c'est, le flicard?

– Il est allé faire un tour.

– Ça me plaît pas, cette compagnie, dit Charles.

– Oui, dit Turandot. C'est pas sain.

– Vous en faites pas, dit Gabriel. Vous vous inquiétez pour un rien. Tenez, via la bibine. Hourra! Gobergez-vous, amis et voyageurs, et toi, nièce chérie, et vous, tendres fiancés. C'est vrai! faut pas les oublier, les fiancés. Un tôste! Un tôste pour les fiancés!

Les voyageurs, attendris, chantèrent en chœur apibeursdè touillou et quelques serviteurs écossaises, émus, écrasèrent la larme qui leur aurait gâché leur rimmel.

Puis Gabriel tapa sur un verre avec un estracteur de gaz et l'attention générale aussitôt obtenue, car tel était son prestige, il s'assit à califourchon sur une chaise et dit:

– Alors, mes agneaux et vous mes brebis mesdames, vous allez enfin avoir un aperçu de mes talents. Depuis longtemps certes vous savez, et quelques-uns d'entre vous ne l'ignorent plus depuis peu, que j'ai fait de l'art chorégraphique le pis principal de la mamelle de mes revenus. Il faut bien vivre, n'est-ce pas? Et de quoi vit-on? je vous le demande. De l'air du temps bien sûr – du moins en partie, dirai-je, et l'on en meurt aussi – mais plus capitalement de cette substantifique moelle qu'est le fric. Ce produit mellifluent, sapide et polygène s'évapore avec la plus grande facilité cependant qu'il ne s'acquiert qu'à la sueur de son front du moins chez les esploités de ce monde dont je suis et dont le premier se prénomme Adam que les Élohim tyrannisèrent comme chacun sait. Bien que sa planque en Éden ne semble pas onéreuse pour eux aux yeux et selon le jugement des humains actuels, ils l'envoyèrent aux colonies gratter le sol pour y faire pousser le pamplemousse tandis qu'ils interdisaient aux hypnotiseurs d'aider la conjointe dans ses parturitions et qu'ils obligeaient les ophidiens à mettre leurs jambes à leur cou. Billevesées, bagatelles et bibleries de mes deux. Quoi qu'il en soit j'ai oint la jointure de mes genous avec la dite sueur de mon front et c'est ainsi qu'édénique et adamiaque, je gagne ma croûte. Vous allez me voir en action dans quelques instants, mais attention! ne vous y trompez pas, ce n'est pas du simple slip-tize que je vous présenterai, mais de l'art! De l'art avec un grand a, faites bien gaffe! De l'art en quatre lettres, et les mots de quatre lettres sont incontestablement supérieurs et aux mots de trois lettres qui charrient tant de grossièretés à travers le majestueux courant de la langue française, et aux mots de cinq qui n'en véhiculent pas moins. Arrivé au terme de mon discours, il ne me reste plus qu'à vous manifester toute ma gratitude et toute ma reconnaissance pour les applaudissements innombrables que vous ferez crépiter en mon honneur et pour ma plus grande gloire. Merci! D'avance, merci! Encore une fois, merci!

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