Davide Piccolo
Le sens du courage
Titre original: Il senso del coraggio
Traducteur: Teresa Fontan-Olympie
DAVIDE PICCOLO, étudiant en économie, est né à Chiari (BS) en 1997.
Le sens du courage est son premier roman.
Marco Grassi, manager couronné de succès, est aimé et estimé par ses amis autant que par ses collègues. A deux doigts du mariage avec une femme très belle et bien que très lié à une mère aimante, il trouve le courage de tout abandonner pour poursuivre le «rêve américain». Mais tout cela aura un prix. La Grosse Pomme saura-t-elle récompenser tous ses sacrifices?
LE SENS DU COURAGE
Première édition: Décembre 2015
Éditeur: Streetlib
Édition française: Mai 2015
Traducteur: Teresa Fontan-Olympie
Éditeur: Tektime - www.traduzionelibri.it
Facebook: https://www.facebook.com/davidepiccoloautore
blog: davidepiccoloblog.wordpress.com
e-mail: davide.piccolo@hotmail.it
Tous droits réservés.
Prologue
Il était 7 du matin, laube dun 21 décembre qui sannonçait froid, lorsque le réveil de Marco sonna, marquant le début dune journée qui commençait plus tôt que dhabitude.
Encore tout endormi, il ouvrit les yeux avec peine, sétira mollement et sassit sur le lit double. À côté de lui, sa compagne Francesca dormait paisiblement, tandis que ses cheveux recouvraient son beau visage. Il vivait avec elle depuis un an à peine.
Après avoir caressé doucement sa figure et soigneusement remis les couvertures, il enfila ses chaussons quil traina péniblement jusquà la cuisine pour un petit déjeuner rapide, à base de lait chaud, de fruits et de céréales.
À la fin du repas, avalé en écoutant le journal télévisé du matin, il enfila une chemise blanche sobre, un complet noir à fines rayures et une paire de chaussures vernies, puis il contrôla le résultat en se regardant dans le miroir.
La glace lui renvoyait limage dun jeune homme de plus dun mètre quatre-vingt, à la silhouette fine et au teint clair.
Les cheveux châtains coupés en brosse étaient assortis à la perfection avec ses yeux marron, éclairés dune lueur que lon retrouve chez les personnes auxquelles la vie semble sourire à tous les niveaux et dont lambition saine laisse entendre la capacité de saméliorer encore par la suite.
Après avoir passé un coup de peigne dans ses cheveux encore en bataille, il jeta un coup dœil à sa montre toute neuve: il était sept heures quarante.
Sétant rendu compte que le temps pressait, il enfila précipitamment un anorak et se dirigea vers la porte dentrée comme dans une course contre la montre.
À 8 heures, en effet, la fête pour le début des vacances de Noël était au programme chez Russo S.p.A., lentreprise où il travaillait en tant que manager et membre du Conseil dAdministration.
Sorti de chez lui, il sarrêta quelques instants, émerveillé par la beauté des flocons de neige qui descendaient du ciel lentement, mais inexorablement, recouvrant tout sans distinction.
Puis, se détachant à regret de ce merveilleux spectacle, il ouvrit la portière de son étincelante Maserati Ghibli et il démarra en faisant hennir les quatre cents chevaux qui piaffaient sous le capot.
Seule une certaine souplesse dans linterprétation des règles du code de la route et des exhortations de prudence en cas de mauvais temps lui permit darriver à destination avec une impeccable ponctualité.
Pendant presque une minute, immobile sur le parking, il contempla lenseigne lumineuse de lentreprise, incapable den détourner le regard.
Il revivait en esprit le jour où, deux ans plus tôt et pour la première fois de sa vie, alors quil avait à peine vingt-cinq ans, il avait franchi le seuil de létablissement. Il y avait grandi humainement et professionnellement, jusquà devenir la pointe du diamant dans léquipe sous la direction de Monsieur Russo, son employeur et le créateur de la société.
Puis, se souvenant des obligations qui lattendaient, il se dirigea à pas fermes vers le hall dentrée, où sa secrétaire le salua joyeusement.
« Bonjour, Marco, exclama-t-elle.
- Bien le bonjour, Luisa, répondit-il, en déployant le sourire des grandes occasions.
- Tu me parais de bien bonne humeur fit-elle.
- Bien cest que limminence des vacances me fait toujours cet effet. À ce propos, comment procèdent les préparatifs pour la fête de Noël ? demanda-t-il avec légèreté.
- Ils viennent tout juste de se terminer ; Monsieur Russo tattend dans la salle de conférence pour son discours traditionnel de fin dannée. »
Électrisé, Marco se dirigea vers la salle presque en courant, impatient dassister au monologue de son responsable qui, compte tenu des excellents résultats obtenus, sannonçait inoubliable.
Lorsquil ouvrit la porte de la salle, il fut accueilli par un tonnerre dapplaudissements de toutes les personnes présentes, qui saluèrent son arrivée avec beaucoup denthousiasme.
« Le voilà, finalement, notre héros ! », sécria Monsieur Russo avec un sourire à trente-deux dents et un geste cordial daccueil adressé à Marco.
Légèrement embarrassé, le jeune prit place au premier rang, à côté dun membre du Conseil dAdministration.
Après avoir calmé de façon débonnaire le bruit assourdissant produit par la foule des employés, Monsieur Russo se saisit dun micros, lalluma et annonça solennellement : « Mes amis, bonjour ! Aujourdhui, comme vous le savez, cest le dernier jour de travail avant les vacances de Noël, que nous attendons tous avec impatience depuis des semaines, désireux de passer du temps en compagnie des êtres qui nous sont chers. Cependant, avant de donner le signal du début des réjouissances, jai lhonneur de vous annoncer que le chiffre daffaires de cette société a subi une augmentation de 25%, dépassant ainsi le montant de 5 millions deuros, fruit de lélargissement du marché aux pays étrangers ! »
Ses paroles furent suivies de quelques secondes de silence, témoignant de lébahissement des collègues face à une nouvelle si bouleversante.
« Pour cette raison, je désire adresser mes plus vifs remerciements à chacun dentre vous, poursuivit-il avec enthousiasme, pour lapplication, la professionnalité et les grandes capacités dont vous avez fait preuve, dons qui ont contribué aux recettes de Russo S.p.A. Toutefois, sans diminuer pour autant limportance de chacun dentre vous, jestime quil est opportun de souligner le rôle fondamental de notre directeur général Marco Grassi, dont laction extraordinaire a permis à cette société deffectuer ce saut de qualité au cours des douze derniers mois. Pour cette raison, je voudrais suggérer de réserver un applaudissement tout spécial à Marco ! »
Le silence courtois qui régnait pendant le discours de Monsieur Russo fut soudain rompu par lacclamation: « Bravo Grassi ! » de Alberto et Davide, ses très bons amis, et par les cris de joie de tous les autres employés qui, exaltés par la nouvelle, se levèrent dun bond avec transport.
Monsieur Russo, qui était descendu de la tribune entre temps, fut emporté par un flot demployés et entraîné par eux dans une farandole effrénée au rythme de la musique, qui servit à libérer toute la tension accumulée pendant de longs mois de labeur.
Néanmoins, il décida bientôt de retourner dans son bureau, afin dy goûter une matinée de tranquillité.
En revanche, Marco, le principal fauteur de ce succès, était arrosé sans arrêt par des fleuves de champagne, qui, bien vite, finirent par tremper entièrement lélégant costume quil portait ce jour-là, comme sil avait plongé tout habillé dans une piscine.
Il semblait que rien ne pourrait troubler lambiance de fête qui régnait dans la salle ; mais Marco était conscient du contraire.
Le moment était venu de donner à Monsieur Russo une nouvelle qui allait bouleverser lhistoire de sa société.
Après avoir reçu un dernier jet de champagne sur le visage, Marco prit momentanément congé de ses collègues et, rassemblant toute sa force de caractère, il se dirigea vers le bureau de son employeur.
Chapitre I
Carpe diem
Arrivé devant la porte du bureau de Russo, Marco frappa et le patron répondit gentiment : «Entrez!»
Marco entra dans la pièce à petits pas, troublé de devoir décevoir les attentes de Monsieur Russo.
« Marco, quel plaisir ! Assieds-toi. »
Le manager prit place dans un fauteuil en cuir; il soupira.
Pendant quelques secondes dattente silencieuse, ils se regardèrent; une atmosphère de tension bien visible plana.
Puis, Marco décida finalement de rompre le silence. Il annonça : « Jai reçu une offre de la JW Corporation de New York.
- Comment ?
- Oui, vous avez bien compris. »
Monsieur Russo ouvrit la bouche comme pour parler mais il la referma, en attendant que son directeur général de confiance lui fournît dautres détails concernant la proposition de lillustre société américaine.
« Il y a quelques mois, expliqua Marco, jai été contacté par Monsieur Walker lui-même. Après les présentations rituelles, il ma dit être au courant de lexcellent travail effectué pour Russo S.p.A. et avoir lintention de me confier le poste de directeur général.
-Et tu as refusé, nest-ce pas ? demanda Monsieur Russo dun ton suppliant.
- Non, jai accepté. »
Silence.
« Mais alors Pourquoi es-tu encore ici ? », demanda-t-il soupçonneux, dans lespoir quil pût sagir dune plaisanterie imaginée par Marco.
-Parce que jai accepté à condition que mon départ fût repoussé à la fin de lannée en cours. Vous me connaissez, je déteste faire les choses à moitié. Je me suis senti dans lobligation de rendre la confiance reçue pendant ces deux ans, en clôturant de la meilleure des manières le parcours entrepris ensemble.
- À combien sélève loffre de Monsieur Walker ?
- Pour mavoir à sa disposition coûte que coûte, il ma offert un contrat pharaonique quinquennal de 500000 annuels et il a mis à ma disposition une villa luxueuse de 500 mètres carrés, une Bentley Continental Gt, une domestique et un jardinier qui aura également la fonction de chauffeur.
-Marco, je comprends combien cette offre est alléchante, mais sil te plaît, reste
- Monsieur Russo, je suis moi aussi vraiment désolé de quitter lentreprise, croyez-moi, mais ce genre doccasions narrive quune fois dans la vie
- Je suis disposé à tripler ton salaire. 150 000 par an. Certes, les ressources dont je dispose sont loin dêtre comparables à celles de Jason Walker, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te retenir.
- Ce nest pas seulement une question économique, répliqua Marco avec fermeté, bien que touché par le suprême effort de Monsieur Russo pour éviter de perdre son meilleur collaborateur. Ma plus grande ambition est de devenir manager au niveau international et je suis convaincu quune expérience à létranger, en particulier dans une société aussi célèbre que la JW Corporation, est adaptée à ce but.»
La discussion était close. Cétait évident.
Alors, désormais résigné à faire ses adieux à Marco, Monsieur Russo admit sur un ton plus approbateur : « Vois-tu, dun côté je te comprends, car, il y a vingt ans, jétais directeur et plénipotentiaire dune petite entreprise dans la banlieue de Naples et, juste au moment où elle se trouvait à lapogée de son essor, je reçus une offre tentante dItalie du Nord, de Brescia pour être précis, là où nous nous trouvons en ce moment. Même si javais été moi aussi toujours très heureux de travailler pour cette société, je pris la décision de suivre mon instinct et de partir, dans le but de marquer un tournant dans ma modeste carrière. Certes, quitter mes proches, ma terre et lentreprise qui avait atteint des objectifs ambitieux sous ma direction, sest avéré très difficile. Mais le désir que javais dobtenir un rôle plus important me donna le courage nécessaire pour entreprendre une nouvelle aventure professionnelle, qui sannonçait certainement plus satisfaisante et rémunératrice. Cest ainsi que, convaincu davoir fait le bon choix, je déménageai. Avec le recul, je peux affirmer avec certitude que je nai pas commis derreur en acceptant ce nouveau défi qui, comme tu vois, ma permis datteindre des objectifs qui auraient été hors de portée si javais décidé de rester dans ma ville. Pour cette raison, je comprends parfaitement ton choix daccepter loffre de la JW Corporation. Évidemment, tu ne peux avoir la certitude que ton expérience sera conforme à tes attentes, mais jespère de tout cœur que tu pourras réaliser ton rêve de devenir un manager à léchelle internationale. »
À ces mots, Marco poussa un soupir de soulagement et sa bouche se détendit enfin dans un sourire.
Finalement, Monsieur Russo avait prononcé la phrase que Marco attendait, faisant fuir tout doute résiduel concernant la rectitude de son choix.
Dailleurs, si celui qui avait toujours été pour lui un modèle à imiter pour son expérience professionnelle et sa force de volonté ne lavait pas fait, qui dautre, mieux que lui, aurait pu lui transmettre la certitude du meilleur chemin à entreprendre pour atteindre une carrière enviable ?
« Je suis content que vous compreniez les raisons de ma décision, conclut Marco.
- Bien sûr que je comprends. Mais il était de mon devoir dessayer de prendre parti pour mon entreprise jusquau bout. Je me demande comment nous ferons sans toi
- Ne vous inquiétez pas. Je suis certain que vous saurez remédier brillamment à mon absence. Vous êtes tous des professionnels hors de pair : vous repèrerez bientôt un manager capable de combler le vide laissé par mon départ. Cette entreprise a fait ses preuves maintenant. Même un manager de haut niveau jouerait des pieds et des mains pour être embauché chez Russo S.p.A.
- Je lespère. »
Satisfait du résultat de son entrevue, Marco se leva de son fauteuil et décida de retourner dans la salle préparée pour la fête de Noël, suivi de Monsieur Russo, inquiet pour le futur incertain qui attendait sa société.
Cependant, pendant quil parcourait la courte distance qui le séparait de la salle, le jeune manager se rendit compte que ce changement imminent lavait étourdi. Il marchait presque machinalement, sourd à la musique à tout volume qui réjouissait la journée de ses collègues qui, eux, ne savaient pas encore que rien ne serait plus comme avant.
Lorsquil mit pied dans la salle, il fut immédiatement envahi par un bruit incroyable, provoqué par ses collègues en fête qui chantaient ses louanges avec une admiration accrue, en entonnant des chants de stade.