Le Lien Du Sang - Amy Blankenship 4 стр.


Elle tourna lentement la tête et regarda franchement Kane dans les yeux.

— Pourquoi Misery a dit que je t'appartenais ?

Kane tourna aussitôt la tête vers son interlocutrice pour lui lancer un regard dur. Elle n'était pas censée se rappeler l'épisode de cette nuit-là... il l'avait retiré de ses souvenirs. Comment diable pouvait-elle se rappeler de quelque chose qu'elle était supposée avoir oublié ? Après avoir observé le reflet des phares sur son visage, il reposa les yeux sur la route et fit une embardée juste à temps pour éviter de rentrer dans une voiture qui arrivait en face.

Elle agrippa la poignée de la portière dans un mouvement instinctif quand elle observa la réaction du vampire à sa question, mais finit par changer d'avis. Elle n'était pas assez saoule pour se jeter d'une voiture en marche. Le frisson de peur qui remontait le long de son échine ne fit qu'abaisser son courage au niveau de la stupidité.

— Décide-toi, répliqua Tabatha avec un grand sourire, avant de se reprendre et d'éprouver l'envie de se donner des baffes.

« Merde, pensa-t-elle. C'est ça imbécile, vas-y, énerve le gars aux dents pointues. »

— Tu te souviens de cette nuit-là ? demanda Kane avant de pouvoir s'en empêcher.

— Et alors ? rétorqua-t-elle avant de hausser les épaules. Grande nouvelle, je me souviens. Bon ... l'essentiel, en fait. Peut-être n'es-tu pas aussi doué pour hypnotiser les gens que tu le crois.

— Peut-être que la prochaine fois je ne serai pas aussi gentil, l'avertit Kane, avant de constater qu'elle frissonnait à ces paroles sinistres.

Tabatha plissa les yeux devant l'expression stoïque que le vampire affichait. Comment osait-il insinuer qu'elle bluffait ?

— Bon, avant que tu n'essaies de me laver le cerveau encore une fois, et si tu me donnais la réponse à la devinette de Misery ? interrogea-t-elle en croisant les bras, consciente qu'elle reportait sur Kane sa colère causée par l'abandon de Kriss... une fois encore, peut-être que Kane le méritait.

Pour elle, c'était Kane qui avait mangé Kriss.

— Soit tu m'expliques ce qu'elle a insinué, soit je jure de porter autour du cou un gros cœur de vache bien juteux pour attirer Misery et lui poser moi-même la question.

Elle lâcha un hoquet de surprise et se retint rapidement au tableau de bord quand Kane braqua brusquement, faisant une embardée jusque de l'autre côté de la route, sur le bord du trottoir. Il pila et glissa sur le remblai, faisant faire à la voiture un 180 ° complet avant de s'arrêter.

Kane planait au-dessus d'elle avant que la voiture ne s'arrête. Tabatha ne put s'empêcher de lever les yeux sur son visage et d'admirer les lignes puissantes de sa mâchoire... ainsi que la couleur améthyste de ses yeux. Son regard glissa sur sa bouche parfaite, et elle se demanda si elle était froide comme la glace ou brûlante comme le feu.

Kane était plus qu'en colère et il avait envie d'étrangler la jeune femme pour avoir seulement pensé à une telle chose. En se mordant la langue, il attendit d'y sentir le rapide et petit flot de sang, avant d'emprisonner la bouche de Tabatha en un baiser brûlant. En temps normal, il aurait tué pour avoir le cran d'agir ainsi... et une fois encore, elle aurait dû être sobre, pour que ce baiser compte. En l'embrassant aussi passionnément à ce moment-là, il désirait seulement lui faire oublier ces idées dangereuses que l'alcool lui avait mises dans la tête.

Chaudes, ses lèvres étaient chaudes, et cette sensation créait un doux tourbillon de plaisir qui descendait jusqu'au cœur de son être, entre ses cuisses. Tabatha éprouva soudain la peur qui lui avait fait défaut un moment plus tôt. Elle la submergea de ses vagues vengeresses, au point de lui faire dresser les cheveux sur la tête, et à ce moment très précisément, la panique la prit au ventre. Son esprit se concentra sur cette terreur et elle la repoussa de toutes ses forces. Malheureusement, cela eut le même effet qu'une fourmi tentant de soulever une maison.

Kane sentit les mains de la jeune femme pousser contre son torse, mais si ce baiser devait être le dernier, alors il allait le savourer encore un moment. Il mêla son souffle à celui, chaud, de la jeune femme tandis qu'il rendait le baiser plus tendre, pour de nouveau l'approfondir.

Tabatha fut assaillie par la saveur douce et salée du sang de Kane, et le besoin tout-puissant de s'enfouir en lui prit le pas sur sa peur persistante. Ce besoin s'intensifia quand Kane passa une main sous ses hanches et la souleva de son siège, la pressant le plus possible contre lui, autant que le petit espace confiné de la voiture le permettait. Ses cuisses devinrent brûlantes et, avant qu'elle ne puisse s'en empêcher, une de ses mains vola de son torse à l'arrière de sa nuque, pour plonger les doigts dans ses cheveux de neige et les empoigner fermement.

Kane frissonna en la sentant passer ses ongles sur sa peau sensible, ce qui eut pour effet de lui faire tendre les hanches vers elle, et un grognement monta du fond de sa poitrine. Il la désirait... nom d'un chien, il la désirait tellement. Un klaxon de voiture beugla soudain dans leurs oreilles et Kane se rappela tout à coup où ils se trouvaient. Il dut rassembler plus de volonté qu'il ne l'imaginait pour libérer le corps de la jeune femme et se laisser presque retomber sur le siège côté conducteur.

— Déjà sobre ? demanda-t-il. Les muscles de sa mâchoire se crispèrent et ses jointures blanchirent quand il saisit le volant, luttant pour brider son désir.

Tabatha se couvrit la bouche de la main en réfléchissant à cette étrange question. Après quelques secondes de silence, elle hocha la tête, le visage sérieux.

— Ouais pourquoi, tu es quoi, du café instantané ?

— Et toi, tu es quoi ? se moqua Kane. Foutrement cinglée, voilà ce que tu es... à parler de cœurs de vache et de démons.

Tabatha écarquilla les yeux quand un flash de lumière aveuglante attira son attention en envahissant la rue. Elle lécha sa lèvre inférieure, pour goûter encore une fois sa saveur, puis baissa les yeux sur son corps afin de s'assurer que ses cuisses n'étaient pas vraiment en train de prendre feu. L'éclair de lumière zébra de nouveau le ciel, et elle se pencha en avant pour voir les nuages d’orage dans le ciel. N'en voyant aucun, elle reposa les yeux sur Kane et comprit qu'il était l'auteur de la tempête.

— Je pense que tu devrais te calmer. J'avais tort... tu n'es pas du café instantané, tu es un orage instantané..., dit-elle avant de se raidir sur son siège.

Elle ne l'avait pas remarqué tout à l'heure, mais quand Kane s'était penché sur elle, sa robe avait remonté pour dévoiler en partie la dentelle fleurie de sa culotte.

Kane se massa la tempe du bout des doigts et ferma les yeux... il le devait.

— Contente-toi simplement de ça… reste loin de Misery.

— Est-ce que c'est comme ça que tu m'as guérie, dans le bureau de Warren ? chuchota Tabatha, qui savait en quelque sorte que le sang du vampire venait d'annihiler la moindre goutte d'alcool qu'elle avait absorbée ce soir-là.

Son humeur désinhibée lui manquait déjà, mais elle n'allait pas le traiter de rabat-joie, étant donné comme il était mal luné. Mais, elle devait bien l'admettre, s'il n'avait pas interrompu le baiser, ce contact physique aurait débouché sur autre chose.

Son humeur désinhibée lui manquait déjà, mais elle n'allait pas le traiter de rabat-joie, étant donné comme il était mal luné. Mais, elle devait bien l'admettre, s'il n'avait pas interrompu le baiser, ce contact physique aurait débouché sur autre chose.

Dire qu'il était instable psychologiquement aurait été un doux euphémisme, étant donné la façon dont il agrippait le volant. Après ce qu'elle était sur le point de faire... peut-être que tous deux se seraient retrouvés sur une pente glissante.

Quand il ne répondit pas mais se contenta de regarder droit devant lui en haussant les épaules, Tabatha se sentit de nouveau envahie par la colère.

— Bon, ramène-moi à la maison... ou mieux encore, dégage. Je peux conduire maintenant.

Tabatha fut brutalement projetée au fond de son siège quand Kane passa une vitesse et enfonça la pédale d'accélérateur, rebondissant sur le bord du trottoir et réintégrant la circulation... aussi diffuse fût-elle à cette heure de la nuit.

— Peut-être que tu devrais chercher dans quel nid d'oiseau Kriss se planque en ce moment pour le rejoindre, puisque vous aimez tellement me cacher des choses, tous les deux ! lança-t-elle en guise de sarcasme.

— Personne ne t'a jamais dit que ce n'était pas une bonne idée de provoquer un vampire ? demanda Kane d'une voix au calme trompeur, en refusant de la regarder.

— Je suis encore vivante, observa Tabatha.

— Pour l'instant », mentit Kane, avec néanmoins un sentiment de satisfaction lorsque le reste du trajet se fit dans un silence contrarié.

Tabatha était assise sur le siège passager, les bras croisés. Elle refusait catégoriquement de repenser au baiser et ne pensait surtout pas à quel point elle l'avait trouvé sexy quand il s'était penché sur elle... fâchée ou non.

Dès que la voiture fut garée dans l'allée, Kane soupira en se passant une main dans les cheveux quand elle bondit du véhicule et s'écarta de lui comme si elle avait été mordue. Il trouva cette situation plutôt ironique, considérant le fait qu'il l'avait déjà mordue auparavant. En sortant de la voiture, il la suivit en silence, conscient que ce n'était pas la bonne chose à faire.

Tabatha claqua la portière derrière elle et se précipita vers l'entrée de son appartement. Une fois la porte refermée derrière elle, elle se retourna et passa les secondes suivantes à fermer les quatre verrous et le pêne dormant de sa porte, avant d'allumer la lumière du salon.

« Pour l’instant, mon cul ! lâcha-t-elle en fixant un regard furieux sur la porte, se sentant enfin dans son bon droit.… jusqu'à ce qu'elle se retourne.

Tabatha hurla quand elle vit Kane assis tranquillement sur le sofa comme s'il était chez lui, puis elle lui lança son petit sac à main.

— Tu n'es pas invité ! Fulmina-t-elle, attendant de voir s'il allait disparaître.

C'était vraiment une bonne chose qu'il ne l'ait pas fait parce qu'elle aurait eu mal aux côtes à cause du rire hystérique qui se serait emparé d'elle.

— Putain, pourquoi es-tu encore là ? s'exclamat-elle en jetant ses hauts talons dans sa direction d'un mouvement du pied, enfin satisfaite quand il fut dans l'obligation de bouger sa jambe pour éviter une chaussure.

À son étonnement, Kane resta simplement assis là à la dévisager, avec cette expression exaspérante qui semblait un croisement entre l'amusement et la colère. Il se mit à étinceler et disparut un laps de seconde avant qu'elle ne se retrouve collée à la porte dans un grand fracas. Tabatha ne put bouger à cause de la façon dont il la clouait au bois derrière elle. Elle entendit l'orage gronder dehors et n'en fut que plus effrayée.

Kane se pencha légèrement vers elle, jusqu'à ce que sa joue frôle la sienne, puis huma l'odeur de peur et de colère mêlées que la jeune femme dégageait. C'était comme un aphrodisiaque, ce qui lui permit de se rappeler pourquoi il n'avait pas prise son âme sœur aussitôt retrouvée. Il luttait contre l'envie irrépressible de la prendre là, contre la porte... vite et violemment.

Les dieux les avaient peut-être liés, mais ils s'étaient trompés dans leur choix d’appairage. Pour son bien... ils devaient avoir tort. Quand il se recula suffisamment pour voir son visage, il fut satisfait de voir que sa colère et sa peur étaient toujours lisibles sur son visage.

Tabatha sentit les mèches de ses cheveux trembler sous chaque souffle qu'il exhalait alors qu'il la fixait de ces yeux pleins de feu. Elle fut fascinée à la contemplation de ses pupilles couleur améthyste qui se dilataient, et ressentit un frémissement de déception… elle ne voulait pas oublier.

— Avant que tu ne me la joues « Hocus Pocus »… dis-moi la vérité, murmura-t-elle. Jure-moi la pure et simple vérité.

— La vérité sur l'amour ? répondit Kane qui baissa le regard sur ses lèvres ainsi que la tête, pour effleurer sa bouche de la sienne... non pour un baiser mais quelque chose de bien plus intime. Je représente un bien plus grand danger pour toi qu'aucun démon ne le sera jamais. »

Tabatha cligna des yeux, gênée par la lumière du soleil qui filtrait par la fenêtre puis s'assit dans le lit. Elle ramena ses genoux sous son menton et les entoura de ses bras, jetant un regard irrité à la lumière du jour qui semblait presque la narguer. Grommelant entre ses dents, elle se mit à bouder et à dégager son visage de ses cheveux.

« Dangereux, mon œil, grogna-t-elle. Il est tellement dangereux qu'il m'a mise au lit avant de partir. »

*****

Zachary observait la carte affichée sur le mur, la tête penchée sur un côté. Ils avaient planté une punaise sur chaque endroit de la ville où était survenu un événement étrange ces derniers mois, pour essayer de voir si un motif prenait forme avec tous ces points. Ils avaient commencé avec quelques clous colorés mais, alors que leur parvenait de nouvelles informations, les punaises avaient commencé à faire apparaître un motif.

Angelica prit un marqueur noir et dessina un cercle autour des quartiers mal famés et leurs environs.

« Misery a opéré dans ce secteur, analysa-t-elle. Les autres occurrences que nous avons trouvées semblent être le fait d'autres démons qui prennent de l'assurance et sortent de leur cachette.

— Et au sujet de ce qui s'est passé au Love Bites ? demanda Trevor. Cela ne concorde pas vraiment avec son mode opératoire.

— Nous pourrions bien avoir besoin d'agrandir son périmètre sous peu, suggéra Chad. Et au sujet du cadavre que nous avons trouvé un peu plus tôt aujourd'hui ? »

Ils frissonnèrent tous en se remémorant la scène en question. Ils avaient reçu un appel de la police au sujet du corps d'un jeune homme qui avait été retrouvé, et la police avait pensé qu'ils devaient le voir. Un jeune homme d'environ vingt ans, qui portait les restes d'un tee-shirt avec le logo de l'université locale imprimé dessus.

Quand ils étaient arrivés sur place, la police avait clôturé le périmètre sur environ une centaine de mètres tout autour. Chad avait trouvé cela étrange et était allé parler à deux de ses potes de l'équipe de police. Quand il revint vers son équipe, son teint avait considérablement pâli.

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