Le Lien Du Sang - Amy Blankenship 5 стр.


« Qu'y a t-il ? l'interrogea Zachary.

— Ils ont dit que nous devons le voir par nous-même… ça s'annonce aussi grave que ce que vous m'avez décrit de la scène dans le bus, l'autre jour.

Alors que tous les quatre s'approchaient, Trevor dut respirer par la bouche afin d'empêcher l'odeur de lui donner envie de rendre. Le pire, c'était qu'il pouvait sentir l'odeur âcre sur sa langue et c'était tout aussi répugnant. Zach lui donna un masque chirurgical qu'il avait sorti de la poche de sa veste... il en gardait toujours quelques uns sous la main pour des situations similaires. Quand ils virent le corps, même Zachary dut se détourner et respirer plusieurs fois un peu d'air frais.

Le corps avait été littéralement déchiqueté et toutes ses entrailles avait été sorties. Le pire, c'était qu'ils pouvaient tous observer que quelque chose en avait dévoré certaines parties alors que d'autres manquaient dans leur intégralité. De longues griffures marquaient le peu de chair qui avait été épargnée et les os étaient visibles, dont certains étaient brisés et saillaient.

Les orbites offraient un spectacle encore plus affreux et semblaient fixer quelque chose droit devant elles... les yeux avaient été retirés. Une partie du cuir chevelu avait été déchirée et le crâne perforé, le cerveau suintant encore lentement par le trou. La bouche était restée ouverte et pendait mollement dans le vide, dévoilant la langue également dévorée.

De larges portions d'entrailles avaient été sorties et laissées sur tout le corps, et le ventre était grand ouvert. Angelica se détourna de la scène et se recouvrit la bouche d'une main pour retenir la nausée qui montait… ce qui ne l'aida pas.

— Pauvre con, chuchota Zachary en s'agenouillant à côté du garçon. Cette dernière semaine avait été en proie à une activité démoniaque frénétique et il semblait qu'elle ne se relâchait pas. Quel est le rapport officiel ? demanda-t-il.

— La police dit qu'il s'agit de l'attaque d'un animal, répondit Chad.

Angelica secoua la tête.

— Ce n'est pas un animal qui a fait ça, observat-elle d'une voix rauque, en revenant vers la voiture. C'était la tombe. »

Zachary secoua la tête pour chasser cette réminiscence et détourna le regard de la carte pour se tourner vers Angelica.

« Que voulais-tu dire par « c'était la tombe » ?

Angelica fronça les sourcils.

— C'est tout ce que le corps m'a raconté. Les blessures sont presque trop datées pour que je puisse ressentir quelque chose. Je ne sais pas comment mieux le décrire, si ce n'est que c'est la tombe qui l'a tué.

Zachary s'éloigna de la carte et s'approcha de la table à café où était posé son ordinateur portable. Se connectant au système de l'EEP, il envoya un message à Storm pour l'informer des derniers événements… sa réponse fut immédiate.

— On dirait que Storm fait intervenir un personnage important de l'EEP, annonça Zachary aux autres, avant de faire une pause puis de lever les yeux vers ses collègues. Il a ramené le légendaire Ren… il est déjà là. »

Trevor frissonna de façon visible à la mention du nom de Ren. Ren avait toujours été le fantôme du groupe d'intervention… plus une légende qu'une personne réelle, parce que Storm était le seul à l'avoir rencontré. Il avait un jour demandé à Storm qui était le membre le plus puissant de l'EEP, et Storm n'avait même pas pris le temps d'hésiter avant de lui donner sa réponse. Mais si Storm envoyait son second aux commandes, alors cela signifiait qu'il envoyait également une armée à sa suite.

Zachary et Trevor comprenaient tous deux ce que cela signifiait… la guerre commençait.

Chapitre 3

Adolescent, Ren avait pris pour habitude de se connecter à la base de données de l’Équipe des Enquêtes Paranormales pour être à jour sur les derniers événements. Il était également assez intelligent pour détruire n'importe quel ordinateur utilisé par ses soins, afin que personne ne remonte jusqu'à lui. Cela avait été excitant de se faufiler derrière le pare-feu dressé autour des dossiers secrets d'une branche du gouvernement qui n'était pas censée exister.

L’Équipe des Enquêtes Paranormales, autrement connue sous le nom d'EEP, savait que Ren entrait dans leurs dossiers de missions et détournait leurs informations cryptées, mais jusqu'ici ils ne l'avaient jamais attrapé et n'avaient jamais réussi à trouver un pare-feu assez puissant pour l'empêcher de pénétrer dans leur système confidentiel. Ren ne volait pas seulement le contenu de leurs données, mais conservait aussi des données de ses propres enquêtes paranormales.

De nombreuses années plus tard, l'homme à la tête de l'EEP avait commencé à laisser à Ren des messages derrière le pare-feu le plus impénétrable et crypté que ce dernier ait jamais vu. C'était derrière ces défenses que Ren avait secrètement donné sa réponse à l'insaisissable groupe d'investigation, mais selon ses propres conditions uniquement... à savoir qu'ils le laissent travailler seul.

Quiconque se trouvait derrière ce mur connaissait non seulement son nom, mais aussi certains détails à son propos que personne d'autre ne savait… comme par exemple le fait qu'il n'était pas complètement humain. Ce fut seulement après avoir attrapé un démon de niveau sept ayant entamé un culte de cannibalisme au Congo, et une fois gravement blessé que l'homme à la tête de l'EEP le rattrapa enfin.

Ren était en plein combat contre le démon mangeur de chair, et très près de se retrouver perdant, quand une main lui avait serré l'épaule… tout ce dont il se rappelait ensuite, c'était de s'être retrouvé sur une petite île privée perdue au beau milieu de l'océan. Ren s'était retourné pour tomber nez à nez avec l'homme caché derrière les murs cryptés… Storm.

Ren secoua la tête en se rappelant ces tout premiers moments. Storm ressemblait à un chanteur de rock des années 80 plutôt qu'au cerveau caché derrière l'organisation la plus secrète au monde.

Storm lui avait seulement souri, puis avait retiré la main encore posée sur son épaule.

« On essaie de se retirer de l'EEP à la dure ? Pourquoi ne restes-tu pas un moment ? Je détesterai l'idée de perdre mon meilleur ami, avant que nous ayons eu la chance de devenir amis.

— Quoi ? avait dit Ren avec une grimace, une main sur la poitrine, là où le démon avait essayé de lui arracher le cœur.

— Désolé, soupira Storm en tendant de nouveau la main vers lui.

Ils se retrouvèrent soudain dans une installation située à demi sous terre et à demi sous l'eau, profondément cachée sous l'île.

— Personne ici n'a le don de guérison, mais je peux toujours te mener jusqu'à quelqu'un qui le possède, si tu préfères.

— Non, grogna presque Ren. Si tu peux me donner du fil et une aiguille, je pense que je peux rester au même endroit quelques fichues minutes encore. Il s'appuya contre un comptoir en essayant de s'éloigner de Storm. Et si tu me touches encore une fois, tu vas perdre ta main.

— Non, grogna presque Ren. Si tu peux me donner du fil et une aiguille, je pense que je peux rester au même endroit quelques fichues minutes encore. Il s'appuya contre un comptoir en essayant de s'éloigner de Storm. Et si tu me touches encore une fois, tu vas perdre ta main.

Storm éclata de rire et ouvrit l'un des placards au-dessus d'eux, avant d'indiquer tous les médicaments qu'il comportait. Son sourire s’effaça quand Ren déboutonna sa chemise et que Storm vit les profondes entailles que le démon mangeur de chair avait laissées sur son corps. Quelques secondes de plus et Ren aurait passé l'arme à gauche.

— Je crois qu'étant donné ton penchant pour les démons, tu vas peut-être devoir apprendre quelques détails sur eux avant d'en affronter un autre.

Storm détacha son regard des griffures, en sachant déjà à quoi les cicatrices ressembleraient plus tard. Il avait rencontré Ren depuis longtemps… cette amitié n'était pas encore née à l'instant où il lui parlait.

Ren tendit la main vers le placard ouvert et attrapa ce qui ressemblait à une trousse de soins, avant de s'avancer vers le miroir accroché au mur.

— Si tu as rencontré un démon, alors tu les as tous rencontrés… pas vrai ?

Il ne put déguiser le sarcasme dans sa voix alors qu'il tentait d'ignorer la douleur… mais ça ne fonctionnait pas.

— Faux, rectifia Storm. Tu sais seulement ce que je t'ai permis de télécharger dans la base de données.

Il s'assit sur le lit d'hôpital au milieu de la pièce.

Ren observa dans le miroir l'homme qui se tenait dans son dos. Les informations cachées dans cette base de données suffiraient à mettre au monde entier en feu... assez pour que l'existence même de cette base de données soit considérée comme dangereuse. Il était difficile de croire qu'il y avait plus encore... mais il savait certaines choses qui ne se trouvaient même pas dans la base.

— J'écoute.

Et pour écouter, il écouta… pendant des semaines.

Storm avait raison de garder les informations partagées avec Ren exclues des archives, et ce pour les mêmes raisons que le Vatican cachait les leurs dans des chambres fortes secrètes. Si certaines de ses informations venaient à être divulguées auprès de la population, ce serait la fin du monde tel que nous le connaissons.

Ren savait sans aucun doute que l'homme maintenait toujours sous silence d'autres informations, parce que, bien que les dieux lui avaient donné le pouvoir de voyager à travers le temps et l'espace, ils avaient aussi conféré à ce don un aspect dangereux pour lui, s'il en parlait à quiconque au-delà du moment présent. Il pourrait incarner le meilleur professeur d'histoire de tous les temps... mais si Storm tentait de parler à quiconque du futur, cela briserait le lien de l'espace-temps... et ce lien n'était autre que Storm lui-même.

Il avait aussi raison au sujet de leur amitié. Ils avaient été amis depuis le premier jour, et cela en disait long étant donné qu'aucun des deux hommes n'était du genre à accorder sa confiance. En vérité... ils se ressemblaient sur bien des points.

La petite île refuge de Storm se situait en fait quelque part dans le passé, mais Storm l'avait pourvue de tout le confort moderne d'un hôtel particulier, ainsi que d'une base futuriste. Un côté de l'immeuble donnait l'impression à Ren de se trouver à l'intérieur d'un énorme aquarium, tandis que l'autre côté était taillé dans la pierre robuste qui encerclait l'île. Ce qu'il y avait d'encore meilleur avec cet endroit, c'était sa parfaite solitude. C'était le seul endroit où Ren pouvait se rendre et où rien de surnaturel ne pouvait le toucher, si ce n'était l'aptitude de Storm à voyager dans le temps.

Au début, il avait pensé que Storm n'était qu'un jeune homme à la vingtaine fringante, mais après l'avoir côtoyé pendant dix ans, il dût constater que ce dernier n'avait pas pris une seule ride, et il finit par se demander depuis combien de temps Storm était là. Même le processus de vieillissement de Ren avait ralenti, parce qu'il passait beaucoup de temps près de Storm et de son pouvoir.

Ren sursauta lorsqu'une voix le tira brusquement de ses songeries.

— Je viens de faire de toi l'heureux et fier propriétaire de l'une des plus anciennes maisons de Los Angeles, annonça Storm en apparaissant au bout de la longue jetée qui s'étendait loin de son île. Il esquissa un petit sourire malicieux en voyant Ren faire un bond au son de sa voix.

— Merde, pourrais-tu au moins faire du bruit quand tu surgis de nulle part comme ça ? rouspéta Ren en se retournant pour s'appuyer contre la rambarde, après avoir lu l'expression de satisfaction qu'affichait le visage de Storm.

— Tu attendais quelqu'un d'autre ? demanda Storm en riant.

Ren se contenta de lui adresser un regard impassible, puisque personne d'autre n'avait jamais posé un pied sur son île.

— D'accord, je me rends. Pourquoi m'as-tu acheté une vieille cabane délabrée ? Ce n'est même pas mon anniversaire.

Sans prévenir, Storm tendit le bras et saisit l'épaule de Ren ; l'océan bascula, les laissant debout dans l'herbe, face à ce qui pouvait passer par un manoir gothique moderne tout en pierres sombres. En entendant le bruit des vagues qui s'écrasaient contre les rochers, Ren tourna le regard sur la droite pour voir l'océan. Faisant un tour complet sur lui-même, il fronça les sourcils en remarquant la route qui s'étendait aussi loin que l'œil pouvait le voir, ainsi qu'une vaste et profonde forêt située sur la gauche.

— Pas mal pour une cabane délabrée, commenta Storm en désignant la demeure d'un signe de tête. Soixante hectares de terrain face à l'océan, remodelés à chaque mise à jour. Il est difficile de croire que c'était un petit château autrefois.

— Pas tant que ça, répondit Ren en tournant la tête vers Storm pour le regarder. Où est le piège ?

— Los Angeles a besoin de toi, déclara Storm dans un haussement d'épaules, en s'avançant vers la bâtisse. Ne peux-tu le sentir ?

Ren ne répondit pas alors qu'il suivait Storm dans cet endroit. En vérité, son petit doigt lui soufflait de s'enfuir à toutes jambes. Los Angeles… jusque là, ça sonnait plutôt comme des vacances forcées.

Une fois à l'intérieur, il se retrouva dans un vaste espace circulaire serti d'un escalier en colimaçon qui se déployait à travers la pièce et montait jusqu'à l'étage supérieur avant de se séparer en deux volées de marches distinctes. Storm se dirigea vers les grandes portes sur la droite, et Ren poussa un soupir en le suivant.

— Là, c'est bien plus mon style, admira Ren dans un souffle, en regardant les systèmes de surveillance aux murs et un bureau en verre avec un ordinateur intégré à même sa structure.

— Je savais que tu apprécierais, répliqua Storm en s’étirant sur le sofa installé dans un espace vide de la pièce immense. Il regarda Ren se glisser derrière le bureau et commencer à observer l'appareil. Personne ne peut te tracer jusqu'ici, à l'exception de toi, peut-être... et heureusement, tu ne comptes pas.

Storm regarda les yeux de son ami pétiller tandis que ce dernier faisait planer ses mains à quelques centimètres au-dessus du clavier. C'était un étrange pouvoir qu'il avait là et il ne connaissait personne d'autre capable de faire ça, mais c'était de cette manière que Ren pouvait traverser les pare-feux de l'EEP, qui étaient d'une centaine d'années plus avancés que ceux que le gouvernement possédait déjà. Il aspirait littéralement toutes les informations de l'ordinateur et, de ce qu'il savait, lui apprenait une ou deux petites choses.

Назад Дальше