Il essuya une larme qui avait réussi à s'échapper de ses yeux. Son toucher envoya comme une secousse à travers le corps de Tess, ainsi que le sien. Liés par leurs regards, il se pencha pour embrasser ses lèvres.
« Monsieur, Madame, vos chambres sont prêtes. » Le garçon d'étage avait interrompu le moment.
« C'est tant mieux, plaisanta Tess, je suis épuisée.
â Moi aussi », répondit Jake.
Ils se levèrent, sentant des courbatures à des endroits qu'il ne soupçonnaient même pas d'exister. Dans l'ascenseur, ils remarquèrent que leurs chambres n'étaient pas aux mêmes étages. Voilà qui leur donnait une raison d'avoir à se quitter. La chambre de Tess était au premier. Elle donna à Jake un baiser léger sur la joue et disparut.
â¦â¦â¦
Une fois installée dans sa chambre, Tess sortit de la salle de bain et enfila un peignoir léger fourni par l'hôtel. Elle se sécha et commença à coiffer ses cheveux. Ãa lui prit peu de temps. Elle se remercia d'avoir pris la pratique décision de garder ses cheveux courts. Elle ne pouvait supporter l'idée d'avoir à se faire les cheveux pendant toute une heure. Elle se sentait totalement épuisée, de corps et d'esprit, non seulement par la récente épreuve, mais aussi par la mort prématurée de Dan, et son impuissance de l'avoir empêchée. Elle se sentait immensément seule.
On frappa un coup à la porte, elle regarda par le judas et vit Jake. Elle ouvrit la porte. Jake se tenait sur le seuil, vêtu d'un T-shirt propre et d'un pantalon. Il avait aussi lâair triste et épuisé. Il ne dit pas un mot.
« Entre », dit-elle.
Jake franchit la porte lentement, comme s'il entrait dans un lieu sacré. Il restait silencieux, fixant Tess, son regard perçant le sien. Elle ressentait sa tristesse et son désarroi.
Le monde s'arrêta. Elle ferma la porte. Jake continuait à la regarder fixement, son envie d'elle palpable et écrasante, espérant de tout ses sens qu'elle ne le refuserait pas. Roger ne l'avait jamais regardée de cette façon. Cela fit fondre toutes ses défenses et Tess sentit dans son corps et dans son âme son propre besoin de contact, de réconfort et de refuge. Elle ne voulait pas non plus le refuser.
Elle alla vers lui, se lova dans ses bras et lâembrassa doucement, ouvrant ses lèvres, signifiant ainsi son acceptation et son abandon. Jake tremblait, s'efforçant de la toucher très doucement, plutôt que de se précipiter à la posséder et à plonger dans la magie de l'oubli dont il avait pourtant désespérément besoin.
Tess s'éloigna, le prit par la main et le fit asseoir sur le lit. Elle ouvrit son peignoir et se tint debout devant lui, fièrement, telle une déesse et dans son attente d'être adorée, elle cachait ainsi sa propre envie. Le cÅur de Jake battait à tout rompre. Il ressentit de la crainte et de l'émerveillement pour ce que la force de vie universelle avait créé, la Femme â cette femme â peut-être la seule bonne raison pour lui de continuer à vivre.
Jake retira ses vêtements, révélant un corps gracieux, mince et musclé. Toujours assis, il 'attira doucement à lui, admirant son corps. Il souffla doucement sur ses mamelons, entre ses seins, jusqu'à son centre, entre ses cuisses. Il saisit ses hanches et caressa légèrement son ventre de ses lèvres et de son visage. Il sentit les muscles de son abdomen, s'émerveilla à la pensée que bientôt, elle allait l'accueillir à l'intérieur d'elle.
Il se leva et l'embrassa, debout, savourant le merveilleux sentiment de son doux corps contre le sien. Il frotta doucement ses lèvres contre sa nuque. Il caressa ses oreilles, se frotta doucement contre ses joues et lui embrassa doucement les paupières. Il posa ses lèvres sur ses seins enveloppés d'une peau lumineuse et nacrée, si mince qu'il put deviner le tracé microscopique de ses veines. Son pénis se frotta à sa vulve et il la sentit chaude et humide. Elle commença à trembler.
Tess s'abandonna, s'allongea sur le dos, le souffle court, son corps mourant d'envie dâêtre touché et exploré. Une fois encore, elle laissa Jake goûter sa chair. Doucement, il embrassa chaque centimètre carré de sa peau veloutée, son cou, ses oreilles, ses seins, son ventre et le creux de son corps où se cachait le plaisir. Il n'en avait jamais assez.
Ils continuèrent de s'embrasser doucement jusqu'à ce que Tess prit les devants. Elle prenait toujours les devants. Elle le retourna sur son dos et commença à faire glisser sa langue sur son imposante érection, léchant la tête luisante et la hampe de son sexe.
Puis elle l'enfourcha, le faisant pénétrer dans sa cavité humide et invitant son sexe durci à progressivement entrer en elle. Elle commença à bouger en rythme, savourant cette invasion douce et profonde au creux de son corps. Elle eut un orgasme soudain.
Jake dévorait des yeux ce corps de femme magnifique qui vibrait de plaisir sur lui, mais il ne voulait pas encore y mettre fin. Il voulait la prendre à sa manière. Il l'installa sur son dos et la laissa guider sa virilité à l'intérieur d'elle. Il entra en elle et commença à imprimer un mouvement régulier, baisant amoureusement sa bouche et ses seins jusqu'à ce que, à nouveau, elle répondit. Il augmenta son rythme jusqu'à ce qu'elle se mettre à gémir de plaisir. Ses hanches se cabrèrent et il poursuivit ses profonds coups de reins, puis ils atteignirent lâextase mutuelle. Plus qu'un simple acte d'amour, c'était une réaffirmation à la vie, à l'amour, à l'espoir â une échappée d'un monde qui était souvent hostile et cruel. Ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre.
9 - Lutter pour un Autre Jour
Amir se réveilla avec l'un des pires maux de tête qu'il ait jamais connu. Il lui fallut plusieurs instants pour réaliser ce qui lui était arrivé. « La garce ! » bougonna-t-il, « Elle avait planifié ça depuis le début! » Il se leva péniblement et s'assit sur le bord du lit, encore étourdi par le coup quâil avait reçu à la tête.
« Kejal ! » appela-t-il, avec moins d'autorité que d'habitude toutefois. Le seul son de sa propre voix le lançait douloureusement. D'habitude, Kejal apparaissait dès qu'il l'appelait. Pas cette fois-ci. Amir parvint à se lever et partit à la recherche de la femme. Il ne trouva personne, pas même ses fidèles serviteurs. Il alla vers la porte d'entrée et c'est alors qu'il se rendit compte que sa plaie à la tête saignait. Il franchit la porte et une scène de chaos l'accueillit. Plusieurs de ses hommes étaient allongés au sol, morts, d'autres se bousculaient en courant et en criant et une épaisse fumée s'échappait de la geôle. Il demeura sur le palier quelques instants ; le sang coulant de sa tête tâchait le plastron de son magnifique peignoir et c'est alors qu'un de ses hommes le reconnut.
« Général, les prisonniers se sont échappés et ont causé beaucoup de dégâts !
â D'après ce que je vois, c'est un euphémisme. »
Il appela Kemal, le commandant de garnison, ainsi que deux de ses officiers supérieurs. Il exigea des explications.
Kemal brandissait un fusil d'assaut Kalachnikov AK-47, tentant de faire croire qu'il maîtrisait quelque peu la situation. Il n'éprouva cependant aucun plaisir à l'idée de mettre le général au courant des faits, mais il n'avait pas le choix.
« Général, les prisonniers se sont échappés et ont causé beaucoup de dégâts !
â D'après ce que je vois, c'est un euphémisme. »
Il appela Kemal, le commandant de garnison, ainsi que deux de ses officiers supérieurs. Il exigea des explications.
Kemal brandissait un fusil d'assaut Kalachnikov AK-47, tentant de faire croire qu'il maîtrisait quelque peu la situation. Il n'éprouva cependant aucun plaisir à l'idée de mettre le général au courant des faits, mais il n'avait pas le choix.
« Général, c'est cette femme aidée de sauveteurs américains qui est responsable ! Ils nous ont surpris. Trois hélicoptères américains nous ont tiré dessus ! »
Devant tant d'ineptie, Amir en perdit ses mots. « Et qu'avez-vous fait, imbécile ?
â Nous avons riposté, Général, mais ils avaient une grande puissance de feu. Devinant qu'Amir allait lui tirer une balle entre les yeux, il rajouta : La femme, Kejal, les a aidés mais je crois que j'ai réussi à l'abattre ! »
Amir porta sa main à sa hanche où, généralement, il gardait son arme attachée mais se souvint qu'il n'était pas habillé pour l'occasion. Il aurait tué le malheureux soldat mais se contenta de lui asséner un coup de poing au visage qui envoya l'homme au bas de l'escalier.
« Où est la femme ?! demanda-t-il.
â Ils l'ont emmenée avec eux à bord de l'hélicoptère, Général. Kemal, toujours sur le dos, leva les bras pour parer à d'autres coups. Le général lui donna un coup de pied.
â Serais-je donc maudit d'avoir des eunuques pareils ! » Un autre coup de pied.
Amir pivota sur ses talons et monta à l'étage pour regagner sa suite et se changer. Il ne voulait pas se l'admettre à lui-même mais il s'était pris d'affection pour Kejal. Elle était froide comme la glace, obstinée et pleine de colère. Il lui avait brisé sa superbe et l'avait forcée à le servir et le rejoindre au lit chaque fois qu'il en éprouvait l'envie. Il aimait cette hostilité et ce mépris passifs qu'elle affichait. Son sentiment de domination n'en était que plus grand â imposer son corps à sa volonté, sans aucun semblant d'affection ni de préliminaires. Il sentait son silence et sa résistance quand il la possédait, savourant sa soumission et le sentiment quâil nâutilisait les vaincus que pour se faire plaisir et sans avoir à en donner. Pourtant, il s'était habitué à sa présence et avait commencé à apprécier sa beauté et son élégance. l avait fini par nourrir l'espoir qu'elle finirait par accepter ce qui était arrivé à sa famille, que rien nâétait tout noir ou tout blanc. Maintenant elle avait disparu à cause de ces analphabètes abrutis, eux et cette perfide garce américaine. C'est de ma faute, se dit-il. J'aurais du la prendre sur le champ, cette salope, au lieu dâavoir prétendu vouloir la séduire.
Il nettoya sa blessure, revêtit son uniforme, enfila sa ceinture de cuir à laquelle son arme était attachée et alla remettre de l'ordre au chaos à l'extérieur. En enjambées rapides, il évalua les dégâts, ordonna que les morts soient enterrés, que les blessés soient expédiés à l'hôpital voisin, espérant que ce dernier tint encore debout.
Après avoir remis de l'ordre dans le domaine, il convoqua une réunion du personnel dans son bureau.
Sur ordre immédiat, ses hauts commandants retournèrent des lignes de bataille, assemblés autour de la longue table en compagnie d'Abdul Tek, le chef du groupe fedayin affecté aux unités d'Amir.
Amir était assis en bout de table et demanda une mise à jour tactique. Un colonel résuma la situation. Les Britanniques avaient pris Bassora. Les Américains traversaient le désert à une vitesse incroyable et détruisaient tout sur leur passage. Il était évident quâils se dirigeaient vers Bagdad, et il nây avait pas grand chose que les Irakiens puissent y faire.
Le reste des officiers était d'accord avec l'évaluation de la situation et ils se tournèrent vers Amir en attente de conseils, d'ordres, de tout ce qui pût leur donner de l'espoir.
Amir resta silencieux. 'C'est une répétition de la Guerre de 1991, mais en pire', pensa-t-il. à lâépoque, Amir était aux commandes d'une unité de chars. Il se sentait fier de faire partie de la quatrième plus grande armée du monde et fier de son bataillon de T-55 de fabrication russe. C'était un armement efficace â un fait établi par plusieurs victoires sur les iraniens en 1980.
Mais au cours de la guerre du Golfe, les Irakiens avaient gravement sous-estimé lâefficacité des forces de la Coalition dirigée par les Américains.
En très peu de temps, en 100 heures, l'ennemi domina par une attaque au sol d'une rapidité surprenante, déchaîna une puissance de feu phénoménale et réduisit la résistance irakienne à sa désintégration. La plupart des unités irakiennes capitulèrent, alors que d'autres avaient été détruites ou battaient en retraite. De ces dernières, les équipements furent abandonnés et les hommes s'enfuirent vers Bassora.
Dans une tentative désespérée pour ralentir lâennemi, certains éléments de la Garde Républicaine s'étaient engagés dans des combats contre les forces de la Coalition. Mais sans commandement central, ces éléments épars agissaient isolément et avaient perdu toute cohésion.
Les unités d'Amir tentèrent courageusement de retarder l'envahisseur pour permettre à autres unités de battre en retraite. Ses hommes et lui-même se mesurèrent contre les Américains mais la portée de leurs canons n'était pas comparable à celle des chars Abrams et des armes de l'ennemi. Tous les tirs provenant des T-55 vieillissants d'Amir tombaient court. L'attaque des unités américaines fit subir l'enfer aux positions irakiennes, détruisant 61 chars et 34 blindés de la Division Médina en moins d'une heure. à la fin de la bataille, Amir gisait blessé à l'extérieur de son char en feu. Les Irakiens furent dépassés par la puissance de feu de la plus formidable des forces armées que le monde ait jamais vu. L'ensemble de son unité était en flammes. Partout, des chars déchiquetés, certains encore en feu, explosaient sous l'intensité des flammes qui les engloutissaient. Mais le plus horrifiant était l'odeur de chair brûlée et les hurlements des membres survivants d'équipage qui tentaient de sortit de leurs chars en feu, créant un spectacle surréaliste.
Amir n'avait aucune illusion de victoire cette fois. Abdul, le commandant fedayin, était partisan d'un combat à mort. « Quelle plus grande gloire que de mourir pour l'Islam et pour le Grand Leader Saddam ? »
Amir garda le silence. Il avait horreur d'Abdul, un fanatique révoltant. Lui et sa bande de barbares avaient été affectés aux unités d'Amir ainsi qu'à d'autres, non pour se battre, mais pour s'assurer que les commandants et soldats de terrain le fassent. Au moindre doute, ils étaient autorisés à tirer les réticents d'une balle dans la tête. Abdul et ses hommes s'étaient déjà livrés à un petit nombre de ces exécutions pour marquer les esprits. Quand Amir l'apprit, il avait attrapé Abdul par la gorge et lui avait promis de le détruire s'il osait faire une telle chose sans son autorisation, et au diable les ordres de Saddam.