Zero Maladie - Angelo Barbato 2 стр.


Le communal collaboratif se base sur l’idée que les lois de la thermodynamique ne peuvent être ni ignorées, ni limitées, ni contournées, ni violées. La première loi de la thermodynamique nous montre clairement que rien ne se crée, rien ne se détruit, mais tout se transforme. Ainsi, la combustion d’un objet pour fermer le cycle des déchets ne signifie pas du tout qu’il ait été éliminé ou que l’on s’en soit libéré, mais simplement que l’on a réalisé un changement en passant d’un état solide à un état gazeux ce qui le rend d’autant plus dangereux, non seulement pour l’environnement mais également pour la santé humaine. La totalité de l’énergie de la deuxième révolution industrielle se base sur la violation des lois de la thermodynamique. L’utilisation de la combustion pour la propulsion des turbines est une folie thermodynamique et entraîne des conséquences létales pour la santé humaine. Changer de paradigme en passant d’un cycle fossile à un cycle solaire implique donc l’activation d’une économie produisant moins de risques pour la santé humaine, et donc plus conforme à une politique de prévention des maladies, plus proche de l’objectif zéro maladie.

La troisième révolution industrielle est en train de créer une société plus saine et plus propre, une agriculture sans pesticides et sans organismes génétiquement modifiés (OGM), un industrie collaborative et non plus centralisée à émissions réduites. Au contraire, la poursuite des logiques verticales entraînera inévitablement une pollution de la santé provoquée par la contamination de la terre, de l’eau et des décharges ainsi que par l’intoxication de l’air par les incinérateurs.

Mais Rifkin, avec son nouveau livre, progresse dans la réflexion en développant également les correspondances entre l’environnement et la santé, et nous éclaire sur la manière dont change la relation médecin/patient dans une dynamique de nouvelle communauté collaborative de la santé. Rifkin arrive également à ses résultats considérables en décrivant le « communal de la santé ».

En effet, pourquoi ne pourrions-nous pas imaginer, de la même manière que le communal de l’information ou que le communal de l’énergie, un communal de la Santé ? Un communal dans lequel les technologies modernes de l’information collaborative et interactive permettent au Dr. Gille Frydman, fondateur de l’ACOR (Association of Cancer Online resources, Association des ressources en ligne sur le cancer) de développer un modèle de médecine participative, au sein duquel, dans un unique communal, convergent des acteurs différents : des patients, des chercheurs, des médecins, des financeurs, des producteurs de matériel médical, des thérapeutes, des sociétés pharmaceutiques et des soignants, tous engagés dans cette collaboration pour améliorer les soins (Rifkin, La nouvelle société du coût marginal zéro, p. 363).

Il ne s’agit pas d’une hypothèse lointaine ni illusoire. Patientslikeme est un réseau social avec plus de 200 000 patients inscrits qui s’occupe de 1 800 maladies et a déjà, par exemple, dénoncé l’arnaque des médicaments à base de carbonate de lithium utilisés pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Une étude basée sur les données récupérées en ligne a permis de démontrer l’inefficacité totale de ce traitement pour la SLA. Cela démontre que cette approche « open source » peut également offrir des résultats importants, supplémentaires ou complémentaires à la recherche médicale, qu’elle soit interne ou partenariale, pour laquelle les données demeurent dans une logique verticale, c’est à dire limités et confidentiels.

Il n’y a que dans le secteur de la médecine qu’il soit indispensable de disposer de données de masse, le « big data », traitées avec des algorithmes adaptés, selon le modèle du financement participatif (crowdfunding), pour identifier des modèles sanitaires à bas coûts marginaux et à efficacité élevée. Dans le chapitre « Tout le monde est médecin » de son dernier livre, Jeremy Rifkin nous rappelle qu'Internet compte aujourd’hui des centaines de communaux sanitaires Open Source. Rifkin souligne ensuite que « ce nombre va certainement augmenter considérablement dans les prochaines années, car certains pays commencent à utiliser des archives électroniques pour rationaliser les services de santé. […] Le Big Data qui sera disponible dans un futur proche aux États-Unis et dans d’autres pays va fournir un réservoir d’informations ; utilisées sur des communaux de la santé pilotés par les patients avec des garanties de respect de la vie privée, elles pourraient révolutionner la médecine » (Rifkin, Ibid, p. 366).

À cet égard, le message lancé par ce travail collectif réalisé par des médecins sensibles interprétant de manière réfléchie le message rifkinien, tels que le docteur Angela Meggiolaro, le docteur Bruno Corda et le docteur Angelo Barbato, complète la vision d’une société à zéro émission, zéro déchet et zéro kilomètre et d’une économie à coût marginal zéro.

La vision « zéro » exprimée par le livre « Territoire Zéro », écrit par moi-même et par le professeur Livio de Santoli, dans lequel, grâce à la contribution d’Angelo Barbato, nous avons pu débuter la diffusion du concept de Zéro maladie, comme un scénario dans lequel l'Internet des choses et la troisième révolution industrielle permettront de rapprocher le centre de gravité des soins vers le territoire, avec la nécessité d’augmenter la prévention comme « pilier » du modèle collaboratif de la santé dans la médecine territoriale.

Cette nouvelle vision met en évidence la manière dont le modèle traditionnel, basé sur l’hôpital, devient inefficace pour le traitement des maladies chroniques de plus en plus présentes à cause des modes de vie et de travail imposés par la deuxième révolution industrielle, et qui peuvent être diminuées en renforçant le pilier de la prévention. La télémédecine, les soins à domicile, la lutte contre les maladies chroniques, l’action des médecins du territoire auprès des écoles, des administrations publiques et, surtout, la prise en charge du patient-citadin de manière proactive, révolutionnera de plus en plus la gestion sanitaire en déplaçant le centre de gravité, de l’hôpital au territoire.

Ce nouveau modèle sanitaire de la troisième révolution industrielle révolutionnera les paradigmes actuels des soins de santé en atteignant des résultats rapides et extraordinaires, notamment grâce à la prévention. Le nouveau modèle de soins est le cœur du livre Zéro maladie, qui nous parle d’un futur possible, dont la réalisation dépend de nous tous, en partant des administrations publiques et des organismes du système de santé, sans oublier les citoyens et la force motrice de l’agrégation de ses réseaux qui nous guident de plus en plus rapidement vers un mode de vie biosphérique, empathique, collaboratif et durable, tout cela dans chaque Communauté qui s’approche peu à peu du Territoire zéro.

Angelo Consoli

Angelo Consoli

Directeur du Bureau européen Jeremy Rifkin

Président du CETRI-TIRES (Cercle européen de la troisième révolution industrielle)

Coauteur avec Livio de Santoli du livre « Territorio Zero »

Bruno Corda, Angelo Barbato

Jeremy Rifkin, un des économistes les plus connus au monde, réaffirme dans ses derniers travaux1 2 qu’un nouveau système économique s’approche et remplacera le capitalisme d’aujourd’hui. Le fer de lance de cette transformation est la révolution numérique qui permet l’Internet des choses. Dans le secteur des télécommunications, l’Internet des choses (ou plutôt Internet des objets, IoT, acronyme de l’anglais Internet of Things) est un néologisme qui fait référence à l’extension d’internet au monde des objets et de la réalité 3 . L'Internet des choses est constitué d’un réseau entre l'Internet de l’énergie, l'Internet de la communication et l'Internet de la logistique.

Rifkin résume sa pensée économique dans les trois paradigmes fondamentaux (énergie, communication et logistique) en affirmant que, avec l’évolution de ces paradigmes, l’Homme devient protagoniste d’une nouvelle révolution industrielle.

La première révolution industrielle (environ 1760-1870) s’est présentée comme un processus d’évolution économique ou industrielle de la société qui, d’un système agro-artisanal-commercial, est devenue un système industriel moderne caractérisé par l’utilisation généralisée de machines fonctionnant grâce à l’énergie mécanique, et par l’utilisation de nouvelles sources d’énergie inanimée (par exemple les combustibles fossiles – machine à vapeur), tout cela favorisé par une forte composante d’innovation technologique et accompagné par des phénomènes de croissance, de développement économique et de profondes modifications socio-culturelles de même que politiques4 . Cette première révolution industrielle démarre dans l’industrie textile (coton), métallurgique (fer) et minière (houille).

La deuxième révolution industrielle (environ 1870-1970) démarre, par convention, en 1870 avec l’introduction de l’électricité, des produits chimiques et du pétrole.

La troisième révolution industrielle (à partir de 1970) fait référence aux effets de l’introduction massive de l’électronique, des télécommunications et de l’informatique dans l’industrie5 .

Au cours des dernières années, une nouvelle génération de chercheurs et de spécialistes a commencé à se rendre compte que la gestion et le contrôle centralisé du commerce cèdent le pas à une production égalitaire, collaborative et latérale, dans laquelle les échanges de droits de propriétés sur le marché deviennent moins importants que l’accès aux biens et services partagés sur les réseaux, avec une prise de conscience que la vraie valeur économique est de plus en plus comprise dans le capital social et de moins en moins dans le capital économique.

Il en résultera principalement une société plus juste basée sur le partage et la collaboration entre les citoyens, ainsi qu’un modèle économique durable notamment d’un point de vue environnemental.

Le nouveau paradigme portera à un déclin progressif du marché tel que nous le connaissons aujourd’hui et, dans le même temps, à une croissance de l’économie de partage (sharing economy) basée sur la collaboration du consommateur qui devient également producteur (proconsommateur). Il s’agit du premier nouveau modèle économique à apparaitre grâce à la naissance du capitalisme et du socialisme du début du XIXe siècle. Une économie libre et mixte se met en place, en partie capitalistique et en partie collaborative. Pour 2050, Jeremy Rifkin prévoit que le capitalisme soit encore présent, mais sans être le système économique exclusif. Les jeunes partagent déjà de nombreux choses, ils produisent et partagent leurs vidéos, leur musique et leurs informations.

Les programmes de formation en ligne ouverts et gratuits font tout cela avec des coûts marginaux proches de zéro. Si l’on produit une vidéo, le cout marginal pour la diffuser est pratiquement égal à zéro.

Nous voyons le début d’un nouveau système économique pour lequel il n’y a pas que des producteurs et des consommateurs, des propriétaires et des travailleurs, mais également des proconsommateurs, c’est-à-dire des millions de personnes qui accèdent aux plateformes de l'Internet des objets et qui peuvent produire, consommer et partager tout type de service virtuel : des informations, des connaissances et de la musique en contournant les grandes organisations du XXe siècle à un coût marginal presque égal à zéro, donc gratuitement, en grande quantité et en dehors du marché. Il s’agit bien d’une révolution.

Que se passera-t-il pour les multinationales ?

De nombreuses grandes multinationales verticales du XXe siècle ont été détruites de la même manière que dans le passé, dans le présent et que dans le futur dans l’industrie de la musique, de la vidéo, du livre et de la télévision.

Parallèlement, des milliers de nouvelles entreprises de l’économie de partage sont apparues, pas seulement Google, Facebook ou Twitter, mais des milliers d’entreprises lucratives ou non lucratives, qui construisent une économie de partage permettant aux jeunes de partager ce qu’ils créent.

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