Zero Maladie - Angelo Barbato 5 стр.


Hippocrate a offert à la médecine une empreinte globale avec à son centre l’Homme et l’environnement, et devint ainsi le précurseur des théories environnementales modernes les plus évoluées, parmi lesquelles nous retrouvons les théories économiques et écologiques de notre économiste de référence, Jeremy Rifkin, qui nous a inspiré cette description du nouveau paradigme de la médecine avec ce livre que nous défendons : Zéro maladie.

Hippocrate introduit les premiers concepts de l’éthique médicale et c’est à son école que nous attribuons le serment du médecin :

 Â« Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants :

 Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon savoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement.

 Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre.

 Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice.

 Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif.

 Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille, je la laisserai aux gens qui s'en occupent.

 Dans quelque maison que j'entre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves. Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas.

 Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire ! »

L’hygiène, du grec « salutare », est la branche de la médecine qui s’occupe de la santé au sens large, de la conception la plus ancienne qui étudie la salubrité de l’air, du sol et des eaux, jusque sa conception moderne qui étudie l’organisation des services de soins pour la santé publique et privée de la manière la plus efficiente et efficace possible. L’hygiène s’est toujours occupée de la prévention des maladies.

Démocrite (460 av. J.-C. – 370 av. J.-C.) a développé la théorie es pores qui conditionna le manque de conditions d’hygiène au Moyen Âge. Pour l’école de Démocrite, le fait que les pores soient ouverts ou fermés entrainaient respectivement soit une condition de détente ou de tension. Selon cette théorie, il fallait chercher à maintenir les pores ouverts de façon naturelle, notamment en faisant attention à la manière de se laver et à la température de l’eau. Ce concept fut mal interprété au Moyen Âge et condamna l’eau comme responsable de la fermeture des pores.

Heureusement, les théories erronées de Démocrite ont été révisées seulement quelques siècles après (Moyen-Âge), tandis qu’au cours de l’époque grecque puis de l’époque romaine, l’hygiène a connu une évolution considérable. L’eau représentait un élément crucial dans la société romaine, et l’on vit son développement également grâce à la construction d’imposants aqueducs qui traversaient les rues de l’empire et qui permirent de développer considérablement les thermes et les saunas avec des systèmes avancés pour l’eau et les égouts.

La lutte contre les maladies notamment infectieuses a été menée au cours des siècles surtout grâce aux différentes techniques d’hygiène qui, comme nous le verrons, portèrent au développement de la médecine préventive jusqu’aux deux récents types de médecine, prédictive et personnalisée.

Pour combattre les maladies, au cours des derniers siècles des structures accueillant une haute concentration de médecins et de technologies se sont développées : les hôpitaux. Les origines de l’hôpital moderne peuvent remonter au début du XXe siècle lorsque les grands propriétaires terriens demandèrent dans leur testament des structures qui s’occuperaient des pauvres et malades moribonds. Des structures de charité presque toujours gérées et organisées par les religieux.

Bien que le XIVe et le XVIIe siècles aient connu des épidémies de peste catastrophiques et que la lèpre et la tuberculose aient fait rage, on n’avait pas conscience que la maladie pouvait contaminer d’autres organismes vivants. On ne connaissait pas les modalités de transmission des maladies infectieuses et la théorie la plus enracinée était que les odeurs portaient la contamination, mais personne ne savait de quelle manière. Au Moyen Âge, il n’y avait aucun concept d’hygiène et les malades étaient installés sur des lits avec des draps sales qui étaient réutilisés sans être lavés.

L’hôpital de la première révolution industrielle remonte au XVIIIe siècle, de grande dimension avec de multiples fonctions, entre le social et le sanitaire, où se trouvaient des malades hospitalisés fébriles, des femmes enceintes, des malades psychiatriques, des malades chirurgicaux portant un risque de gangrène nosocomiale, ainsi que des pauvres cherchant un toit et de la nourriture, et il n’était pas rare d’observer des religieuses déplacer des cadavres.

Avec l’augmentation des connaissances en hygiène de l’environnement, les hôpitaux pavillonnaires se développèrent pour lutter contre les maladies infectieuses et étaient constitués de bâtiments bas séparés entre eux afin de réduire au minimum la contamination entre les malades. Vers 1850, commencèrent les premières constructions des hôpitaux pavillonnaires, nous pouvons encore aujourd’hui les observer dans certaines aires métropolitaines anciennes, comme par exemple la polyclinique Umberto et l’hôpital San Camillo de Rome.

Jérôme Fracastor (1478-1553), médecin, mathématicien et poète, enseigna la logique à l’université de Padoue. Il écrivit le poème latin La Syphilis sive de morbo gallico (1530) dans lequel il est question d’un jeune et beau berger qui, après avoir offensé Apollon, se voit souffrir d’une maladie ulcéreuse comme punition. La syphilis, maladie vénérienne dont l’apparition était alors très récente, prend ainsi le nom de ce poème. Il fut parmi les premiers à considérer que les maladies épidémiques étaient transmises par une sorte de semence qui propageait la contamination (De Contagione et Contagiosis Morbis, 1546) 10 .

Carlo Francesco Cogrossi (1682-1769) est le premier à s’être rendu compte que dans la peste bovine étaient présents des organismes vivants qui transmettaient la peste, mais sa théorie est restée lettre morte.

Edward Jenner (1749-1823) était un médecin et naturaliste britannique, connu pour l’introduction du vaccin contre la variole, et est considéré comme le père de l’immunisation.

L’utilisation de moisissures et de plantes particulières pour soigner les infections était déjà reconnue dans de nombreuses cultures anciennes (grecque, égyptienne, chinoise), leur efficacité était due aux substances antibiotiques produites par les espèces végétales ou par les moisissures. Il n’était pas possible de distinguer le composant réellement actif, ni de l’isoler. Vincenzo Tiberio, médecin natif du Molise ayant étudié à l’université de Naples, avait déjà décrit en 1895 le pouvoir bactéricide de certaines moisissures11 .

Les recherches modernes ont débuté avec la découverte, par hasard, de la pénicilline en 1928 par Alexander Fleming. Plus de dix ans plus tard, Ernst Chain et Howard Walter Florey réussirent à obtenir les antibiotiques en forme pure. Ils ont obtenu tous les trois le prix Nobel de médecine en 1945.

Bruno Corda Angelo Barbato Angela Meggiolaro

L’État providence, également appelé welfare state, se base sur le principe d’égalité et caractérise les États de droit modernes. Les droits et les services garantis par le welfare state sont essentiellement les soins de santé, l’éducation et la sécurité sociale. Les systèmes nationaux, avec une évolution majeure de l’État providence, prévoient des investissements plus importants ainsi que des programmes pour la défense de l’environnement et des indemnités de chômage (revenu de base).

Les modèles de soins de santé sont fondamentalement au nombre de deux : un système assurantiel (Bismarck) à caractère privé et un service national de santé (Beveridge) à caractère public et universel.

Pour le welfare state, l’Europe d’après-guerre, jusqu’aux années 80, relève de quatre grandes zones : les pays scandinaves, anglo-saxons, l’Europe continentale et l’Europe du Sud. Bien qu’il ne s’agisse que de généralisations, on peut affirmer que d’un point de vue historique le nord de l’Europe est caractérisé par le modèle universel (Beveridge) tandis que l’Europe continentale et l’Europe du sud sont essentiellement caractérisées par le système assurantiel (Bismarck).

La littérature scientifique et de vulgarisation offre une large variété de traités sur l’histoire de la santé publique, fournissant ainsi un panorama sans aucun doute varié sur les différents aspects et domaines d’intérêts. En 1989 Mullan a écrit sur l’histoire de la santé publique aux États-Unis. En 1998 Duffy s’est concentré sur le travail des aides-soignants, en 2002 Fee a donné suite à une grande variété d’articles sur les aspects historiques de la santé publique, tandis que Werner et Tighe, en 2006, ont mis en avant le lien entre la santé publique et la clinique12 .

Dans les cultures anciennes, la santé publique était axée exclusivement sur les mesures d’hygiène publique. Au cours de l’empire romain, les soins aux infirmes pauvres étaient confiés aux archiatres payés par les villes. La création des premières structures hospitalières remonte au Moyen Âge : il s’agissait de centres dont la valeur était plus caritative que sanitaire. En effet, les premières institutions de ce genre se développèrent à proximité des sièges apostoliques, des monastères, ainsi que le long des itinéraires de pèlerinage.13

La première tentative de classification méthodique des maladies a été menée durant la Renaissance, tandis que le siècle des Lumières voit se réaliser les premières recherches sur les maladies et l’état général de la population. 10 La révolution française et la première révolution industrielle (environ 1760 – 1870) avec l’urbanisation qu’elle a entraînée, ont favorisé des mesures d’incitation en matière de santé publique.

Le « mouvement sanitaire » est un produit de la seconde révolution industrielle, une nouvelle approche de santé publique développée en Angleterre entre 1830 et 1840. Avec la croissance de l’industrialisation et de l’urbanisation, la prise de conscience progressive de l’importance de l’hygiène personnelle et du traitement des déchets humains a conduit, comme choix stratégique pour la lutte contre les maladies infectieuses, à assainir et à nettoyer les villes. Cependant, comme cela a été remarqué par Edwin Chadwich, le nettoyage des villes, au sens littéral, a reçu au cours du temps un sens opposé, et a été perçu comme l’éloignement d’une menace potentielle pour la santé représentée par les « classes dangereuses ». D’autres villes européennes, telles que Paris et Naples, ont suivi l’exemple et ont entrepris des projets de reconstruction à grande échelle. Même si ces réformes technologiques ont constitué une étape importante incontestable pour la santé publique, elles ont souvent entraîné l’exclusion de réformes économiques et éducatives. 14

Le concept de santé publique a donc élargi ses champs d’application et ses domaines d’intérêt au cours du temps, se présentant d’abord comme une action qui s’adresse aux communaux afin d’éviter les maladies et les risques pour la santé et le bien-être des individus et de la population, et est ensuite parvenue à inclure aussi bien la promotion que la protection de la santé15 .

Au XVIIIe siècle, en Europe, l’organisation de la santé publique était réalisée exclusivement par les instances de justice et de police dont les tâches étaient limitées à la gestion des épidémies et des foyers infectieux.

L’Angleterre met en place le British factory act pour la règlementation des charges de travail dans les usines (1833), puis institue en 1948 le service national de santé (National Health Service), et désigne les médecins de santé publique, appelés les Medical Officer of Health13.

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