Contes et légendes. 1re Partie - Hélène Guerber 4 стр.


Après avoir pleuré longtemps, le prince se décida à couper le troisième citron, et une troisième princesse, plus belle que les deux autres, se présenta devant lui: "Prince," dit-elle, timidement, "j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît."

Le prince lui donna à boire immédiatement. Alors la princesse s'assit à côté de lui, et quand il lui demanda si elle voulait bien être sa femme, elle rougit, et dit, "Oui."

Le prince la regarda avec admiration, et dit: "Que vous êtes belle! Vous êtes la plus belle personne du monde, j'en suis sûr! Mais votre robe n'est pas belle. Elle est trop modeste. Attendez ici, et j'irai au château de mon père, chercher une belle robe de satin blanc et une voiture pour vous présenter à mon père comme une grande dame."

La princesse était très timide; elle avait peur de rester seule, mais enfin elle consentit à rester près de la fontaine, et le prince partit. Il alla au château de son père, dit qu'il avait trouvé une princesse, blanche comme la neige, belle comme le jour, et aimable et intelligente comme un ange, et promit de la présenter dans une heure.

Alors le prince alla demander une belle robe de satin blanc à sa sœur favorite, donna ordre de préparer la plus belle voiture, et fit tous les préparatifs nécessaires pour recevoir la princesse avec honneur. Quand tout fut prêt, il monta en voiture pour aller chercher la belle princesse qu'il était impatient de revoir.

Pendant son absence, la princesse, qui avait peur de rester là toute seule, grimpa dans un grand arbre, près de la fontaine, et se cacha dans le feuillage. Tout son corps était complètement caché, mais sa jolie figure était visible, et se reflétait dans l'eau pure de la fontaine, comme dans un miroir.

Quelques minutes après, une négresse arriva à la fontaine pour chercher de l'eau. Elle avait une grande cruche, elle se pencha sur l'eau, vit la jolie figure, et regarda à droite et à gauche pour découvrir la personne à qui cette jolie figure appartenait. Mais elle ne vit personne, et décida bientôt que l'image qu'elle voyait dans l'eau était celle de sa propre figure:

"Oh, que je suis jolie," dit-elle avec joie. "Que je suis jolie. Je suis aussi jolie qu'une princesse. Ma maîtresse dit toujours: 'Lucie, vous êtes laide, laide à faire peur,' mais ce n'est pas vrai. Je suis jolie, et ma maîtresse est jalouse parce que je suis plus jolie qu'elle. Je suis trop jolie pour porter de l'eau!" Et la négresse cassa sa cruche sur les pierres, et retourna chez sa maîtresse, qui attendait l'eau avec impatience.

"Où est la cruche?" demanda-t-elle. "Où est l'eau que je vous ai dit de m'apporter?"

"J'ai cassé la cruche, je suis trop jolie pour porter de l'eau," dit la négresse.

"Vous! Jolie!" dit la dame avec étonnement (surprise), "vous êtes laide à faire peur!" Et la maîtresse, en colère, battit la pauvre négresse, lui donna une autre cruche, et la renvoya, en pleurant à la fontaine.

La négresse retourna lentement à la fontaine, se pencha sur l'eau, vit la même jolie figure, et dit: "Oh, que je suis jolie! Je suis sûre que je suis la plus jolie personne du monde! Je ne porterai pas l'eau pour ma maîtresse," et elle cassa la seconde cruche et retourna à la maison sans eau.

"Où est l'eau de la fontaine, esclave?" demanda la maîtresse impérieusement.

"L'eau est dans la fontaine, et la cruche est cassée. Je ne serai plus votre servante. Je suis trop jolie. Je suis assez jolie pour épouser le prince."

Alors la maîtresse commença à rire, et dit: "Que vous êtes absurde, Lucie; vous êtes laide, laide à faire peur; retournez à la fontaine!"

La négresse retourna à la fontaine avec une troisième cruche et se pencha sur l'eau. Quand elle vit la jolie figure, réfléchie dans l'eau limpide, elle dit: "Oh, que je suis jolie!" et cette fois elle parla si haut que la princesse dans l'arbre l'entendit. Amusée par ces exclamations, elle se mit à rire. La négresse, surprise, leva la tête, et vit la jolie princesse: "Ah," pensa-t-elle, "c'est cette personne-là qui a causé tout mon malheur! Je me vengerai!"

Alors d'une voix bien douce, elle, dit: "Ma jolie dame, pourquoi êtes-vous dans cet arbre?"

"Pour attendre le prince, mon fiancé, qui est allé au palais du roi, son père, chercher une belle robe de satin blanc, et une voiture."

"Ma jolie dame, vos beaux cheveux blonds sont en désordre, voulez-vous me permettre de grimper dans l'arbre et de vous les arranger?"

La princesse consentit, la négresse grimpa sur l'arbre, prit une grande épingle, et perça la tête de la pauvre princesse, qui jeta un cri terrible et disparut. La négresse, surprise, leva la tête et vit un joli pigeon blanc qui s'envolait en poussant des cris plaintifs. Alors la négresse s'assit à la place de la princesse et attendit le retour du prince.

Quelques minutes après le prince arriva avec toute sa suite. Il regarda à droite et à gauche, et ne vit personne. Il commença à appeler:

"Ma princesse, ma belle fiancée, ma bien-aimée, où êtes-vous?"

"Ici," répondit la négresse.

Le prince courut à l'arbre avec empressement. Mais quelle ne fut pas sa surprise et son chagrin quand il vit la vilaine négresse, au lieu de sa charmante fiancée.

"Où est ma princesse, ma fiancée, une dame belle comme le jour et blanche comme la neige?" demanda-t-il.

"Je suis votre fiancée," dit la négresse; "je suis la belle princesse, je suis votre bien-aimée. Mais pendant votre absence une méchante fée est venue et m'a changée en négresse, comme vous voyez."

Le prince était un homme d'honneur, et comme il avait demandé la main de la jolie princesse, il pensa: "Je suis forcé d'épouser cette personne, parce qu'elle déclare qu'elle est ma fiancée."

Alors il aida la négresse à descendre de l'arbre et appela les dames d'honneur, qui regardèrent leur nouvelle souveraine avec dégoût. Le prince leur ordonna de vêtir la négresse, et elles lui donnèrent la belle robe de satin blanc, le voile de mariée, et la couronne de fleurs d'oranger. Mais toute cette belle toilette la faisait paraître plus laide que jamais.

Quand la toilette de la négresse fut complètement finie, le prince la conduisit à la voiture, prit place à côté d'elle, et alla au château. Le vieux roi, anxieux de voir la beauté de sa future belle-fille, la reçut à la porte. Il regarda la négresse avec surprise, se tourna vers son fils et dit avec colère:

"Mon fils, êtes-vous fou? Vous avez dit que la princesse que vous aviez choisie était plus blanche que la neige, plus belle que le jour, intelligente et aimable comme un ange, et maintenant vous arrivez avec une vilaine négresse, qui est laide à faire peur."

Le roi était si en colère contre son fils qu'il lui tourna le dos, et alla dans sa chambre, où il pleura de rage.

Le prince conduisit la négresse à l'appartement qui avait été préparé pour elle. Il plaça le château et tous les domestiques à sa disposition, et lui dit que leur mariage aurait lieu seulement le lendemain.

Alors le prince alla trouver son père, lui raconta toutes ses aventures, et déclara qu'il ne se consolerait jamais de la perte de la jolie princesse, mais, qu'étant un homme d'honneur, il ne pourrait jamais refuser d'épouser la négresse.

Pendant que le prince était avec son père, la négresse, heureuse de commander aux autres, alla partout dans le palais, donna des ordres à tous les domestiques, et arriva enfin à la cuisine, où elle dit au chef de faire beaucoup de bonnes choses à manger.

Pendant qu'elle donnait cet ordre, un joli pigeon blanc vint se poser sur un arbre, tout près de la fenêtre de la cuisine, et poussa un petit cri plaintif. La négresse vit le pigeon, le montra au chef, et dit: "Chef, prenez votre grand couteau, coupez la tête à ce pigeon, et faites-le rôtir pour mon souper."

Pendant qu'elle donnait cet ordre, un joli pigeon blanc vint se poser sur un arbre, tout près de la fenêtre de la cuisine, et poussa un petit cri plaintif. La négresse vit le pigeon, le montra au chef, et dit: "Chef, prenez votre grand couteau, coupez la tête à ce pigeon, et faites-le rôtir pour mon souper."

Le cuisinier prit son grand couteau, alla dans le jardin, et tua le pauvre petit pigeon blanc. Trois gouttes de sang tombèrent à terre, et le chef porta le pigeon à la cuisine pour le rôtir pour le souper de la négresse, sa nouvelle maîtresse.

Le prince avait quitté son père, et il s'était retiré dans sa chambre pour pleurer la belle princesse. Il était près de la fenêtre; il vit le cuisinier tuer le pigeon blanc, et il remarqua les trois gouttes de sang qui tombèrent à terre.

Quelques minutes après que le cuisinier fut parti, le prince remarqua trois petites plantes qui sortaient de terre à la place où les trois gouttes de sang du pigeon étaient tombées. Ces trois petites plantes poussaient avec une rapidité extraordinaire, et en quelques minutes le prince vit avec surprise trois arbres, tout couverts de fleurs.

Quelques minutes après les fleurs avaient disparu, et le prince remarqua trois fruits verts. En un instant les fruits étaient mûrs, et le prince vit avec surprise que ces fruits étaient trois citrons. Il descendit dans le jardin, cueillit les trois citrons, remonta dans sa chambre, remplit la coupe d'or d'eau fraîche, et prit le couteau d'argent.

Le pauvre prince coupa le premier citron, en tremblant; la première princesse parut, et demanda à boire, mais le prince dit: "Oh non, charmante princesse, ce n'est pas vous que je veux pour femme." Il coupa le second citron, la seconde princesse parut, et il lui refusa aussi à boire. Mais quand il coupa le troisième citron et que la troisième princesse parut, il lui donna à boire avec empressement, et elle resta avec lui, et il l'embrassa avec joie.

La jolie princesse raconta toutes ses aventures au prince, et il dit que la négresse serait punie. Mais le prince était si heureux de revoir sa chère princesse qu'il dansa de joie. Le roi, entendant le bruit dans la chambre du prince, arriva en colère, ouvrit la porte, et dit: "Mon fils, vous êtes décidément fou! Pourquoi dansez-vous maintenant?"

"Oh mon père," répondit le prince, "je danse de joie, parce que j'ai retrouvé la chère princesse, la plus jolie femme du monde!" et le prince présenta la princesse à son père, qui la regarda avec admiration, et dit: "Mon fils, vous avez raison, cette princesse est belle comme le jour, blanche comme la neige, et je suis sûr qu'elle est aussi bonne et intelligente qu'un ange!"

Alors le roi demanda au prince comment il avait retrouvé la princesse, où elle avait disparu, et quand il eut entendu toute l'histoire, il dit: "La négresse est une très méchante femme. Elle mérite une punition très sévère."

Alors le roi prit un grand voile, le jeta sur la tête de la princesse, et la mena dans la grande salle, où tous les courtisans étaient assemblés autour de la négresse, qui portait une robe de satin rose toute couverte de perles et de diamants.

Le roi s'avança vers la négresse et dit: "Madame, demain vous pensez être la reine de ce royaume. Donnez-moi votre opinion, et dites-moi quelle punition mérite la personne qui attaquerait la future femme du prince, mon fils?"

"Une personne qui attaquerait la femme de votre fils mériterait une mort terrible. Elle mériterait d'être jetée dans un grand four, rôtie toute vive, et je commanderais que ses cendres fussent jetées au vent."

Le roi répondit: "Madame, vous avez prononcé votre propre punition. Vous êtes une femme cruelle! Vous avez voulu tuer cette jolie princesse, la future femme de mon fils, et vous serez jetée dans un four, rôtie toute vive, et je commanderai que vos cendres soient jetées au vent!"

Alors le roi leva le voile de la princesse, et tous les courtisans et toutes les dames d'honneur s'écrièrent: "Oh, quelle jolie princesse!"

La pauvre négresse se jeta à genoux devant le roi, et dit: "Mon roi, mon roi, ayez compassion de moi, ayez compassion de moi, ne me faites pas rôtir toute vive dans un four. Pardon, mon roi, pardon!"

Mais le roi refusa de pardonner à la négresse; alors la belle princesse s'avança, et dit: "Votre majesté a promis de me donner un beau cadeau de noces. Donnez-moi la vie de cette pauvre créature si ignorante!"

Le roi consentit à la demande de la princesse, qui trouva une bonne place pour la négresse, et tout le monde déclara que la nouvelle reine était aussi bonne que belle.

Le mariage du prince et de la princesse fut célébré le lendemain avec beaucoup de pompe et de cérémonie, et le prince et la princesse furent heureux tout le reste de leur vie, et regrettés après leur mort de tous leurs sujets.

LA VILLE SUBMERGÉE. 9

Il y avait une fois, en Hollande, une grande et belle ville appelée Stavoren. Cette ville était située près de la mer, et les habitants étaient très riches, parce que leurs vaisseaux allaient dans toutes les différentes parties du monde chercher les trésors de toutes les différentes contrées.

Les habitants de Stavoren étaient très riches, et ils étaient fiers de leur or, fiers de leur argent, fiers de leurs vaisseaux, et fiers de leurs grands palais. Ils étaient fiers et égoïstes aussi, parce qu'ils ne pensaient jamais aux pauvres, qui n'avaient ni or, ni argent, ni vaisseaux, ni palais.

Il y avait une dame à Stavoren qui était plus riche et plus fière que tous les autres habitants; elle était aussi plus égoïste et plus cruelle envers les pauvres. Un jour, cette dame si riche appela le capitaine de son plus grand vaisseau, et dit:

"Capitaine, préparez votre vaisseau, et quittez le port. Allez me chercher une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde."

"Certainement, madame," dit le capitaine, "commandez, et j'obéirai. Mais que voulez-vous, madame? Voulez-vous une grande cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, ou d'étoffes? Que voulez-vous?"

"Capitaine," répondit la dame, "j'ai donné mes ordres. Je demande une cargaison de la chose la plus précieuse du monde. Il y a seulement une chose qui est plus précieuse que toutes les autres. Allez chercher cette chose-là et partez immédiatement."

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