Contes et légendes. 1re Partie - Hélène Guerber 3 стр.


Le chat accepta l'invitation, et au dîner Mademoiselle Renard dit: "Monsieur le bailli, êtes-vous garçon ou marié?"

"Je suis garçon," répondit le chat.

"Et moi, je suis demoiselle. Monsieur le bailli, épousez-moi!"

Le chat consentit à ce mariage, qui fut célébré avec beaucoup de cérémonie. Le lendemain du mariage, le chat dit à sa femme: "Madame Renard, j'ai faim; allez à la chasse et apportez-moi un bon dîner." Madame Renard partit. Elle rencontra le loup, qui dit: "Oh ma chère amie, je vous cherche depuis longtemps en vain. Où avez-vous été?"

"Chez mon mari, le bailli de la forêt, car je suis mariée!"

"Vous, mariée!" dit le loup avec surprise. "J'aimerais faire visite à votre mari."

"Très-bien," dit Madame Renard, "mais comme mon mari est terrible, je vous conseille d'apporter un agneau. Déposez l'agneau à la porte, et cachez-vous; sans cela il vous dévorera."

Le loup courut chercher un agneau pour le chat. Madame Renard continua sa route. Elle rencontra l'ours. L'ours dit: "Bonjour, ma chère amie. D'où venez-vous?"

"De la maison de mon mari," répondit Madame Renard. "Mon mari est le bailli Ivan."

"Oh!" dit l'ours, "permettez-moi de faire visite à votre mari."

"Certainement," répondit Madame Renard, "mais mon mari a la mauvaise habitude de dévorer tous les animaux qu'il n'aime pas. Allez chercher un bœuf. Apportez-le-lui en hommage. Le loup apportera un agneau."

L'ours partit; il alla chercher un bœuf. Il rencontra le loup avec un agneau. Le loup dit: "Mon ami l'ours, où allez-vous?"

"Chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un bœuf. Où allez-vous, mon cher loup?"

"Je vais aussi chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un agneau. Madame Renard dit que son mari est terrible!"

Les deux animaux continuèrent leur route; ils arrivèrent bientôt près de la maison du chat. Le loup dit à l'ours: "Allez, mon ami, frappez à la porte, et dites au mari de Madame Renard que nous avons apporté un bœuf et un agneau."

"Oh non!" dit l'ours, "j'ai peur. Allez vous-même!"

"Impossible," dit le loup, "mais voilà le lièvre, il ira pour nous."

Le lièvre alla à la cabane. Le loup se cacha sous les feuilles sèches, et l'ours grimpa sur un arbre.

Quelques minutes après Madame Renard arriva avec le chat, son mari. "Oh!" dit le loup à l'ours. "Le mari de Madame Renard est très petit."

"Oui!" dit l'ours avec mépris, "il est en effet fort petit!"

Le chat arriva. Il sauta sur le bœuf, et dit avec colère: "C'est peu, très peu!" "Oh!" dit l'ours avec surprise; "il est si petit, et il a un si grand appétit! Un taureau est assez grand pour quatre ours. Il est terrible en effet!"

Le loup, caché sous les feuilles, trembla. Le chat entendit un petit bruit dans les feuilles. Il pensa qu'une souris était cachée sous les feuilles, et il courut et enfonça ses griffes dans le museau du loup. Le loup pensa que le chat voulait le dévorer, et il partit vite, vite.

Le chat, qui avait peur du loup, sauta sur l'arbre.

"Oh!" dit l'ours. "Le chat m'a vu, il m'a vu, il va me dévorer!" Et l'ours descendit rapidement de l'arbre et suivit le loup. Madame Renard, qui avait tout vu, cria: "Mon mari vous dévorera, mon mari vous dévorera!" L'ours et le loup racontèrent leurs aventures à tous les autres animaux de la forêt, et tous les animaux avaient peur du chat. Mais le chat et Madame Renard étaient très heureux, car ils avaient beaucoup de viande à manger.

BLANCHE-NEIGE. 6

Il y avait un paysan appelé Ivan, sa femme se nommait Marie. Ces paysans n'avaient pas d'enfants, et ils étaient très tristes. Un jour, en hiver, le paysan était assis à la fenêtre. Il vit les enfants du village qui jouaient dans la neige. Les enfants étaient très occupés. Ils faisaient une bonne femme de neige.

Ivan dit à sa femme: "Ma femme, regardez ces enfants, ils s'amusent, ils font une bonne femme de neige. Venez dans le jardin, amusons-nous à faire une bonne femme de neige."

Le paysan et sa femme allèrent dans le jardin, et la femme dit: "Mon mari, nous n'avons pas d'enfants; faisons un enfant de neige."

"Voilà une bonne idée!" dit l'homme. Et il commença à façonner un petit corps, de petites mains, de petits pieds. La femme façonna une petite tête et la plaça sur les épaules de la statue de neige.

Un homme passait sur la route; il les regarda un instant en silence, puis il dit: "Dieu vous aide."

"Merci," dit Ivan.

"Le secours de Dieu est toujours bon à quelque chose," répondit Marie.

"Que faites-vous donc?" demanda le passant.

"Nous faisons une fille de neige," dit Ivan. Et en parlant ainsi il fit le nez, le menton, la bouche et les yeux. En quelques minutes l'enfant de neige était finie. Ivan la regarda avec admiration. Tout à coup il remarqua que la bouche et les yeux s'ouvraient. Les joues et les lèvres changèrent de couleur, et quelques minutes après il vit devant lui une enfant vivante.

"Qui êtes-vous?" dit-il tout surpris de voir une enfant vivante à la place de la petite statue de neige.

"Je suis Blanche-Neige, votre fille," dit l'enfant, et elle embrassa l'homme et la femme, qui commencèrent à pleurer de joie. Les parents conduisirent Blanche-Neige dans la maison, et elle commença à grandir très rapidement.

Toutes les petites filles du village arrivèrent chez le paysan pour jouer avec la charmante petite fille. Elle était si bonne et si jolie. Elle était blanche comme la neige, elle avait les yeux bleus comme le ciel, sa longue chevelure dorée était admirable, et bien que ses joues ne fussent pas aussi roses que celles des autres enfants du village, elle était si douce que tout le monde l'aimait beaucoup.

L'hiver se passa très rapidement, et Blanche-Neige grandit si vite que quand le soleil du printemps fit verdir l'herbe, elle était aussi grande qu'une fille de douze ou treize ans. Pendant l'hiver Blanche-Neige avait toujours été très gaie, mais quand le beau temps arriva elle était toute triste. La mère Marie remarqua sa tristesse, et dit: "Ma chère enfant, pourquoi êtes-vous triste? Êtes-vous malade?" "Non, je ne suis pas malade, ma bonne mère," répondit l'enfant, et elle resta tranquille dans la maison.

Les petites filles du village arrivèrent et dirent: "Blanche-Neige, venez avec nous, venez avec nous, nous allons au bois cueillir des fleurs."

"Voilà une bonne idée!" dit Marie. "Allez au bois avec vos petites amies, mon enfant, allez et amusez-vous bien!"

Les enfants partirent. Elles allèrent au bois, elles cueillirent des fleurs, elles firent des bouquets et des couronnes, et quand le soir arriva elles firent un grand feu.

"Maintenant, Blanche-Neige, regardez bien et faites comme nous," dirent-elles, et elles commencèrent à chanter et à danser. Elles sautèrent aussi l'une après l'autre à travers le feu.7 Tout à coup elles entendirent une exclamation: "Ah!" Toutes les petites filles regardèrent, et un instant après elles remarquèrent que Blanche-Neige n'était plus là.

"Blanche-Neige, où êtes-vous?" crièrent-elles, mais Blanche-Neige ne répondit pas. Les petites filles cherchèrent en vain, elles ne trouvèrent pas leur petite compagne. Ivan, Marie et tous les paysans cherchèrent aussi en vain, car la petite Blanche-Neige s'était changée en une petite vapeur au contact du feu, et elle s'était envolée vers le ciel d'où elle était venue sous la forme d'un flocon de neige.

LES TROIS CITRONS. 8

Il y avait une fois un prince beau comme le jour, riche et aimable. Le roi, son père, désirait beaucoup de le voir marié, et tous les jours il lui disait: "Mon fils, pourquoi ne choisissez-vous pas une femme parmi toutes les belles demoiselles de la cour?" Mais le fils regardait toutes les demoiselles avec indifférence, et refusait toujours de choisir une femme. Enfin, un jour, fatigué des remontrances de son père, il dit:

"Mon père, vous désirez me voir marié. Je n'aime pas les demoiselles de la cour. Elles ne sont pas assez jolies pour me plaire. Je propose de faire un long voyage, tout autour du monde, si c'est nécessaire, et quand je trouverai une princesse, aussi blanche que la neige, aussi belle que le jour, et aussi intelligente et aimable qu'un ange, je la prendrai pour femme, sans hésiter."

Le roi était enchanté de cette décision, dit adieu à son fils, lui souhaita un bon voyage, et le prince partit tout joyeux.

Il commença son voyage gaiement, et alla tout droit devant lui. Enfin il arriva à la mer, où il trouva un beau vaisseau à l'ancre. Il s'embarqua sur ce vaisseau, et quelques minutes après des mains mystérieuses et invisibles levèrent l'ancre, et le vaisseau quitta rapidement le port. Le prince navigua ainsi pendant trois jours. Alors le vaisseau arriva à une île.

Le prince débarqua avec son cheval, et continua son voyage, malgré le froid intense et la neige et la glace qui l'entouraient de tous côtés. Le prince était surpris de se trouver déjà en hiver, mais il continua bravement son chemin. Il arriva enfin à une toute petite maison blanche. Il heurta (=frappa) à la porte, et une vieille dame, aux cheveux blancs, ouvrit la porte.

"Que cherchez-vous, jeune homme?" demanda-t-elle.

"Je cherche une femme, la plus jolie au monde; pouvez-vous me dire où la trouver?" répondit le prince.

"Non, il n'y a pas de femme pour vous dans mon royaume. Je suis l'Hiver, je n'ai pas le temps de m'occuper de mariages. Mais allez visiter ma sœur, l'Automne, elle vous trouvera peut-être la femme idéale que vous cherchez."

Le prince remercia la belle dame aux cheveux blancs, remonta à cheval, continua son chemin et remarqua bientôt que la neige et la glace avaient disparu, et que les arbres étaient tout couverts de beaux fruits. Il arriva bientôt après à une petite maison brune, et frappa à la porte. Une belle dame, aux yeux et aux cheveux noirs, ouvrit la porte, et demanda d'une voix bien douce:

"Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous ici dans mon royaume?"

"Je cherche une femme," répondit le prince sans hésitation.

"Une femme!" répéta la belle dame avec surprise. "Je n'ai pas de femme pour vous. Je suis l'Automne, et je suis très occupée, je vous assure, car j'ai tous les fruits à cueillir. Allez faire visite à ma sœur, l'Été, elle aura peut-être le temps de s'occuper de vous et de vous trouver une jolie femme."

Le prince, ainsi congédié, continua son voyage. Il remarqua avant bien longtemps que l'herbe était haute, que le feuillage était épais, et que le blé était mûr. Il n'avait plus froid, au contraire il avait bien chaud, et il fut très content d'apercevoir une petite maison jaune, à peu de distance. Arrivé à la porte de cette petite maison, il heurta, et une jolie femme, aux cheveux bruns et aux joues rouges, ouvrit la porte en demandant:

"Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous dans mon royaume?"

"Madame," dit le prince avec la plus grande politesse, "j'ai eu l'honneur de faire visite à vos deux sœurs, l'Hiver et l'Automne. Je leur ai demandé de me trouver une femme, la plus jolie du monde, mais elles sont trop occupées et m'ont envoyé chez vous. Pouvez-vous me procurer la femme charmante que je cherche depuis si longtemps en vain?"

"Ah, mon prince," répondit la belle dame aux cheveux bruns et aux joues rouges, "je suis aussi fort occupée, et je n'ai pas le temps de vous trouver une femme. Mais allez faire visite à ma sœur, le Printemps, elle vous aidera certainement."

Le prince la remercia et partit. Quelques minutes après il remarqua que l'herbe était d'un vert plus tendre, que tous les arbres étaient couverts de fleurs, et vit une petite maison verte, au milieu d'un jardin, où il y avait une grande quantité de belles fleurs: des tulipes, des jacinthes, des jonquilles, des violettes, des lilas, des muguets, etc., etc.

Notre héros heurta à la porte de cette petite maison, et une dame aux cheveux blonds et aux yeux bleus parut immédiatement. "Que cherchez-vous, jeune homme," demanda-t-elle?

"Je cherche une femme. Vos trois sœurs, l'Hiver, l'Automne et l'Été étaient trop affairées pour m'en procurer une, mais j'espère bien que vous aurez compassion de moi, et que vous me trouverez la personne charmante que je cherche depuis si longtemps en vain."

"Oui, mon prince, je vous aiderai," répondit la jolie jeune femme. "Entrez dans ma petite maison, asseyez-vous là, à cette petite table, et je vous donnerai à boire et à manger, car vous avez sans doute bien faim et bien soif."

Le prince accepta cette invitation, entra, s'assit à table et mangea et but avec plaisir. Quand il eut fini son repas, le Printemps lui apporta trois beaux citrons, un joli couteau d'argent et une magnifique coupe d'or, et dit:

"Prince, voici trois citrons, un couteau d'argent et une coupe d'or. Je vous donne ces objets magiques. Quand vous arriverez tout près du château de votre père, arrêtez-vous à la fontaine.

"Prenez ce couteau d'argent, coupez le premier citron, et au même instant une belle princesse paraîtra. Elle vous demandera à boire. Si vous lui donnez immédiatement à boire dans la coupe d'or, elle restera avec vous et sera votre femme; mais si vous hésitez, même un instant, elle disparaîtra, et vous ne la reverrez plus jamais.

"Si vous avez le malheur de la perdre, coupez le second citron, et une seconde princesse paraîtra, qui vous demandera aussi à boire. Si vous ne lui donnez pas immédiatement à boire, elle disparaîtra aussi.

"Alors vous couperez le troisième citron, une troisième princesse paraîtra; elle demandera à boire, et si vous lui permettez de disparaître, aussi, vous n'aurez jamais de femme, et vous n'en mériterez pas, parce que vous aurez été trop stupide."

Le prince écouta les instructions de la jolie dame avec beaucoup d'attention; il prit le couteau d'argent, la coupe d'or et les trois citrons, monta à cheval, et partit. Il passa à travers le royaume du Printemps, de l'Été, de l'Automne, de l'Hiver, arriva au bord de la mer, trouva le vaisseau, s'embarqua, et arriva au bout de trois jours, au port où il s'était embarqué. Quelques jours après il arriva à la fontaine près du château de son père.

Il descendit de cheval, prit les trois citrons et le couteau d'argent, remplit la coupe d'or d'eau pure à la fontaine, et quand ces préparatifs furent tous finis il coupa le premier citron d'une main tremblante. Au même instant une princesse, belle comme le jour, se présenta devant lui, et dit timidement: "Prince, j'ai soif, voulez-vous, s'il-vous-plaît, me donner à boire?"

Mais le prince était si occupé à l'admirer, qu'il oublia la recommandation du Printemps, et ne lui donna pas à boire. La princesse le regarda un instant d'un air de reproche, et puis elle disparut. Le prince, au désespoir, pleura et se lamenta. Il dit cent fois, au moins, qu'il était bien stupide de laisser échapper une si belle princesse, et enfin il se décida à couper le second citron.

Une seconde princesse, plus belle que la première, se présenta aussitôt, et dit: "Prince, j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît." Mais le pauvre prince était si surpris de sa beauté, qu'il resta là, la bouche ouverte, et oublia de lui donner à boire. La seconde princesse le regarda d'un air de reproche, et disparut aussi. Alors le prince pleura et se lamenta, et dit au moins deux cents fois: "Je suis stupide, très stupide," mais la princesse avait complètement disparu.

Après avoir pleuré longtemps, le prince se décida à couper le troisième citron, et une troisième princesse, plus belle que les deux autres, se présenta devant lui: "Prince," dit-elle, timidement, "j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît."

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