Victory Storm
Transgression
Transgression
Victory Storm
Copyright ©2020 Victory Storm
Editeur: Tektime
Traducteur (ita --> fr): Pascale Leblon
Cover: https://stock.adobe.com | Projet graphique de Victory Storm
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TRANSGRESSION
Easton était incrédule. Son père pensait-il vraiment pouvoir accueillir la fille de sa nouvelle compagne sans conséquences?
Et comme si ce nétait pas suffisant, la chère Alice croyait-elle sincèrement pouvoir entrer dans sa vie sans se soumettre à lui et à ses règles?
Quand Alice a accepté cette nouvelle vie aux côtés de sa mère et sa nouvelle famille pour aller à luniversité, elle se doutait que ce ne serait pas simple. Mais pas à ce point. Un baiser avait suffi pour transformer une expérience déjà difficile en véritable enfer. Malheureusement, elle na jamais eu peur de se brûler et, avant même de trouver sa place, elle est prête à déclarer la guerre et à détruire celui qui ne savoure quune chose: lhumilier et la soumettre. Sil est vrai quen amour comme à la guerre tous les coups sont permis, alors la lutte sera féroce!
1
ALICE
Je culpabilisais.
Avoir laissé mon père et Book seuls à Seattle pesait sur mon cœur comme une pierre.
Je me sentais comme une traîtresse, une vendue, une opportuniste, qui avait préféré sa carrière universitaire à sa famille.
Même les mots de mon père ne mavaient pas réconfortée :
Alice, ils toffrent ce que tu désires depuis toujours et que tu mérites. Ne pense surtout pas à tout laisser tomber pour moi. Si tu fais cela, je culpabiliserai de tavoir freinée, et davoir compromis ton avenir. »
Je savais quil avait raison mais je narrivais pas à positiver.
Lui et moi ne faisions quun depuis que ma mère avait accepté de déménager à Eugene, en Oregon, pour obtenir la promotion quelle désirait tellement.
Javais refusé de la suivre à cause de mon attachement pour mon père, notre chien, mes amis et mon lycée. Mais aujourdhui, les choses étaient différentes.
Javais obtenu mon diplôme, mes amis étaient partis dans les diverses universités du pays, mon père travaillait toute la journée et depuis que les voisins avaient adopté une petite chienne, Book traînait autour de leur maison.
Largent de mes études avait été englouti par les travaux dans la maison, qui tombait en morceaux, et ma mère avait trop de dépenses pour nous aider. Même si mon père et moi étions de toute façon lun et lautre trop orgueilleux pour lui demander une aide financière.
Depuis que ma mère était partie et sétait ensuite séparée de mon père, javais grandi avec le poids des responsabilités.
Javais pris en charge tout ce dont elle soccupait auparavant et métais toujours sentie comme un pilier pour mon père.
Aujourdhui, je ne savais plus que faire et je continuais à me demander si javais pris la bonne décision en labandonnant à son sort pour étudier à luniversité de lOregon, et séjourner temporairement chez ma mère et son nouveau compagnon, Mitchell Carson.
Ce dernier était aussi le frère du doyen de luniversité, à laquelle je pourrais accéder grâce à ses recommandations et son soutien financier. Apparemment, ma mère était tombée amoureuse dun homme très riche. Tellement riche quil navait pas remué un cil à lidée de me payer des études alors
quil ne me connaissait pas, et amoureux au point de tout faire pour réaliser le rêve de sa compagne davoir de nouveau sa fille à ses côtés.
Javais toujours voulu aller à luniversité et obtenir un diplôme en journalisme mais le prix à payer était élevé lorsque je pensais à mon père, et au fait de lavoir laissé pour lui préférer celle qui nous avait abandonnés pour parcourir le monde comme photoreporter pour un magazine.
La seule chose qui mavait convaincue de monter dans le bus et de supporter plus de six heures de voyage était de rendre mon père fier et dexploiter au maximum cette opportunité vraiment unique.
Jéclatai dun rire amer à ma descente du bus quand je reçus un message de ma mère mavertissant quelle était retenue par un reportage photo et ne pourrait pas venir me prendre.
Le contraire maurait étonnée Tu ne changeras jamais, pas vrai ? ça a toujours été trop difficile pour toi de faire une place à ta fille.
Sans perdre courage, je pris un taxi et macheminai vers ladresse quelle mavait envoyée. Il y aurait certainement quelquun pour mouvrir la porte et maider à minstaller.
Quand la voiture stoppa devant une grande villa entourée de verdure, je restai émerveillée de tant de richesse.
A ma grande surprise, la grille en fer était ouverte, lallée bordée darbres était pleine de voitures et un tapage et une musique assourdissants séchappaient de la maison.
Je descendis du taxi étourdie et épuisée par le voyage, et me dirigeai vers la villa.
Hésitante, je mapprochai de cette structure cubique, couleur terre, qui se fondait dans son environnement naturel. Cétait une villa futuriste, divisée en cubes décalés qui rassemblaient les différentes pièces. Deux gros cubes, dont un doté dune grande baie vitrée, en constituaient la base. Létage comptait au moins six pièces plus petites, divisées en cubes elles aussi, qui créaient un jeu fascinant de renfoncements et de saillies, et dont les grandes fenêtres donnaient sur les jardins environnants.
Je mavisai rapidement dun va-et-vient continu de jeunes qui samusaient et couraient de tous les côtés. Certains buvaient de la bière, dautres, en maillot de bain, se séchaient
Le climat était encore très chaud pour un mois de septembre et je ne portais moi-même quune paire de leggings et un léger haut.
Désorientée et incapable de trouver quelquun pour maider, je tirai mon trolley à travers la villa, passant par au moins deux salons pour aboutir à larrière de la maison, qui souvrait sur un espace barbecue et la piscine.
Cest là que je tombai sur le cœur de ce qui semblait être une fête.
La piscine était pleine de gens de mon âge et la musique était encore plus bruyante.
Je regardai autour de moi.
Je savais que le compagnon de ma mère avait des enfants, Easton et Jake, dont un de mon âge, mais je ne les connaissais pas. Je navais même jamais vu une photo deux et ma mère mavait dit quils nhabitaient pas en continu chez leur père.
Étourdie par cette pagaille, épuisée et en sueur après le voyage, je posai ma valise contre un mur et tentai de minfiltrer dans cette frénésie pour demander de laide à quelquun.
Je navais jamais été douée pour briser la glace et engager la conversation avec des inconnus mais je pris sur moi.
Jallais mapprocher dune jeune fille en bikini qui buvait un Pepsi quand je vis arriver un garçon à peine sorti de leau.
Je me tournai et remarquai ses yeux bleu glacier fixés sur moi.
Je méloignai de la fille et me dirigeai vers lui, dans lespoir davoir face à moi un des fils du compagnon de ma mère.
Mon regard glissa sur lui. Il faisait sûrement vingt centimètres de plus que moi et ne portait quun bermuda bleu sur son corps élancé et sculpté.
Jétais fascinée par sa peau bronzée, si différente de la mienne, blanche comme du lait, mais surtout par le tatouage qui lui couvrait le bras droit jusquà lépaule. Cétait une reproduction de la lithographie Relativité dEscher, une succession descaliers qui partent dans différentes directions et donnent une impression dirréalité et de paradoxe. Cependant, les personnages étaient remplacés par des dragons qui survolaient la scène, jusquà son épaule sur laquelle sagrippait un dragon encore plus grand, aux griffes tellement longues et acérées quelles semblaient pouvoir pénétrer la chair. Des blessures sanglantes, tatouées à la base des pattes de lanimal, rendaient leffet encore plus réaliste.
Quest-ce qui peut bien pousser une personne à se faire tatouer des blessures et autres délires ?
Perturbée par cette image, je me concentrai sur son visage à la mâchoire carrée, aux pommettes hautes, au nez droit et à la bouche charnue incurvée dans un sourire énigmatique et insolent qui lui donnait un air arrogant.
Toutes les cellules de mon corps me criaient que ce garçon nallait mapporter que des ennuis.
Quand il fut à un pas de moi, je remarquai les gouttes deau qui continuaient à couler de ses cheveux châtains ondulés pour descendre sur son visage, et terminer leur course sur ses pectoraux parfaits et son ventre plat.
Il y avait quelque chose dintimidant chez ce garçon. Ou cétait juste la fatigue du voyage.
Je nétais pas une chiffe molle mais le fait est que je ne réussis pas à prononcer un mot.
Je restai là à attendre dentendre le son de sa voix, tandis que lespace entre nous était complètement aspiré par sa présence.
Il se pencha sur moi.
Nos regards restèrent enchaînés et, pendant un instant, jeus le sentiment de ne plus pouvoir méchapper.
Jaurais voulu réagir mais jétais si fatiguée que je cédai à cette proximité qui me rendait vulnérable et mal à laise.
Tu dois être Alice Preston, murmura-t-il. Le volume de la musique mempêchait presque de lentendre et je dus me rapprocher davantage de lui.
Je compris avec soulagement quil était plus que probablement un des fils du compagnon de ma mère.
Jébauchai un sourire et acquiesçai, reconnaissante davoir rencontré quelquun qui pouvait maider.
Quelque chose changea brusquement.
Dun geste rapide, sa main droite se posa sur mon visage tandis que son bras gauche mentourait la taille, me collant à lui.
Je ne fus pas assez rapide pour reculer. Jeus juste le temps de lever les mains et de les plaquer sur son torse mouillé et frais.
Ce saut de température du chaud au froid me fit frissonner.
Je tentai de comprendre ce quil se passait, mais sa main mobligeait à garder le visage tourné vers lui, les yeux fixés sur les siens et notre respiration qui fusionnait.
Je fis un pas en arrière mais mon geste intensifia sa prise sur mon corps, sa main gauche grande ouverte dans mon dos. Je sentais son corps humide mouiller mes vêtements à chaque point de contact. Cette fraîcheur me fit du bien mais le contact physique inattendu meffrayait, me poussant à chercher de lespace et de loxygène.
Mais quest-ce que ? je murmurai intimidée, essayant de comprendre la situation. Mais mes mots se perdirent sur ses lèvres soudainement collées aux miennes.
Ce garçon membrassait !
Je tentai de le repousser mais autant essayer de déplacer un mur, et je me retrouvai le dos contre la paroi, sa main en train de descendre vers mes fesses.
En colère et déstabilisée par ce quil marrivait, je lui bloquai la main. Pour toute réponse, il se colla encore plus à moi, ses lèvres obligeant les miennes à sentrouvrir et à répondre à son baiser.
Ce qui me chamboula le plus fut que, pendant tout ce temps, il continuait à me fixer comme sil voulait contrôler mes réactions et comprendre combien de temps je mettrais à céder.
Malgré la fatigue, je ne mavouai pas vaincue et restai raide sous ses assauts.
Je ne sais combien de temps nous sommes restés enlacés à nous embrasser.
Quand il se détacha de moi, jétais chancelante, les jambes en coton.
Ce fut son bras autour de mes épaules qui me tint debout, alors quil était tourné vers ses invités qui nous observaient, curieux et amusés.
Mes amis, je vous présente Alice, ma nouvelle sœur ! hurla-t-il euphorique, provoquant une explosion de rire parmi les personnes présentes, qui le complimentèrent sur laccueil quil mavait réservé.
Ils étaient excités davoir vu un des leurs embrasser de cette façon une fille qui était sa sœur. Apparemment, ce geste incestueux, loin de les choquer et de susciter leur mépris, avait au contraire fait monter de cent points la cote de popularité et lego de
Comment sappelle-t-il ?
Easton, tu nen rates jamais une, hein ? sexclama un garçon blond en topant dans la main de celui qui venait de membrasser et était retourné se jeter dans la piscine.
Easton.
Je regardai furieuse ce demi-frère acquis il y a moins dune minute.
Le sourire insolent et arrogant quil me retourna resta imprimé dans ma mémoire.
Je noublierais jamais cette expression triomphante et présomptueuse.
Une part de moi aurait voulu le gifler et le noyer dans la piscine mais jétais trop habituée à tolérer et à garder mon sang-froid. Jétais en outre épuisée par le voyage, et je me sentais seule sans ma famille et ma maison.
Éprouvée et anéantie par ce que je venais de subir, je pris mon trolley et me dirigeai vers la sortie, sans même accorder un regard à Easton et ses amis qui commencèrent à se moquer de ma fuite.
Javais envie de pleurer et je sentais grandir en moi la peur davoir commis une terrible erreur en acceptant cette proposition de venir en Oregon.
Jétais déjà dehors et sur le point dappeler un taxi quand je vis ma mère arriver au volant dune nouvelle voiture. Et quelle voiture ! Une Maserati de la dernière génération, labsolu opposé de lépave que mon père prenait pour aller travailler, quand elle démarrait.
Alice, excuse-moi de ne pas être venue te prendre à la gare des bus, sexcusa-t-elle de suite en me serrant fort dans ses bras.