laTAPISSERIE VERRAGOSLACITÉRAVAGÉE Scott Kaelen 2019
La Cité Ravagée © 2019 Scott Kaelen La Tapisserie Verragos © 2019 Scott Kaelen Traduit par Fabienne Ranjalahy Snow Publié par TekTime Tous droits réservés
Le droit de Scott Kaelen à être identifié comme l'auteur de cette œuvre a été déposé par ses soins conformément à la Loi 1988 sur les droits d'auteur, les productions, modèles et brevets.
La CitéRavagée est une œuvre de fiction. Tous les personnages, événements et lieux sont fictifs. Toute similitude avec des personnes, des événements ou des lieux réels est fortuite.
À Electa
Bio de l'auteur
Scott Kaelen est un auteur fantastique, de science-fiction, d'horreur et de poésie. LaCitéRavagée est son premier roman. Ses différents domaines d'intérêts sont l'étymologie, la psychologie, la Terre à l'époque préhistorique, l'univers, lire et regarder des œuvres de science-fiction, de fantaisie et d'horreur. Ses émissions de science-fiction préférées sont Stargate, Farscape, Star Trek et Red Dwarf.
Blog / site web: authorscottkaelen.wordpress.com
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Déjà parus:La Tapisserie VerragosNight of the Taking (2015)La Cité Ravagée(2019)
Note au Lecteur
Merci d'avoir choisi LaCitéRavagée. J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire. Si c'est le cas, merci de penser à laisser un commentaire sur Amazon, Goodreads, etc. Le meilleur cadeau qu'un lecteur puisse faire à un auteur n'est pas tant l'achat et la lecture de son œuvre (peu probable que nous en ayons connaissance) que le partage en public de son expérience de lecture. Dans cette perspective, si votre expérience de LaCitéRavagée a été plaisante, merci de consacrer quelques minutes de votre temps pour en faire part. Ce partage est ce qui nous motive en tant qu'auteurs à écrire et nous donne l'envie de produire le prochain livre.
Vous pouvez laisser un commentaire en visitant la page de LaCitéRavagée sur Amazon http://mybook.to/theblightedcity. Encore une fois, merci.
Scott Kaelen
La terre d'Himaera a beaucoup appris depuis l'Époque des Rois, le plus important étant le prix de la cupidité et de l'ambition. Défier les dieux, c'est provoquer leur colère. La colère de Morta'Valsana s'abattit sur le Roi Mallak Ammenfar de Lachyla, maudissant l'ambitieux monarque et ses dévoués sujets. Pour l'éternité, le nom de Mallak fut synonyme d'avarice et d'excès et la ville de Lachyla ne fut plus connue que sous le nom de La Cité Ravagée. C'était un petit point sur la terre d'Himaera, depuis devenu léternel souvenir de la colère de la déesse. Un endroit à éviter coûte que coûte
In Codex des Temps, Vol. IV
"La mort guérit toute maladie transmise par des choses mortes."
Quatrième Ère, l'an 693, Saison de Vur Troisième semaine de Banaeloch
Chapitre Un
Le Contrat Chiddari
Lépreuve touche à sa fin. Cette pensée remplit Maros d'un honteux sentiment de triomphe alors qu'il contemplait son dernier défi. Au bout de la clairière, les fenêtres fermées du cottage lui offrait au regard un désintérêt prodigieux.
"Encore une centaine de mètres. Allez, secoue-toi," s'exhorta-t-il. Il planta ses béquilles dans le sol et une fulgurante douleur lui traversa la jambe. Serrant des dents, il s'engagea dans la clairière. Peu à peu, Maros finit par couvrir la distance qui le séparait du cottage, avec force grognements et autres invectives tout le reste du chemin.
"J'aurais dû envoyer un coursier," souffla-t-il. "Il y a encore un an, j'aurais pu faire ça en moins d'un quart de tout ce temps et livrer combat tout de suite après. Maintenant ?" Il aboya un rire ironique. Suant comme un cochon.
D'une grande enjambée, il parvint au bout de son chemin et étouffa un rugissement de jubilation. Son visage n'était qu'un masque de sueur, des rigoles s'écoulant jusqu'au sol poussiéreux baigné de soleil, vite asséchées sous le soleil de midi. Devant la porte, pour se donner une contenance, d'un regard en coin il surveilla le hameau en forme de croissant et au bout duquel une femme d'âge moyen était occupée à étendre son linge tout en le scrutant par-dessus les draps. Il dirigea son regard vers deux jeunes filles au milieu de la clairière. Sentant le regard perçant de Maros, elles cessèrent leur jeu de saute-mouton et le dévisagèrent avec une horreur non feinte. Il leur fit un grand sourire et celles-ci s'enfuirent vers la forêt toute proche.
Il secoua la tête. Les gens du hameau de Balen quittaient rarement leur pittoresque petit microcosme. Ils n'avaient pas l'habitude de voir quoi que ce soit qui sorte de l'ordinaire. La femme le prenait sans aucun doute pour un monstre de la nature ou, pire encore, une créature à plaindre, maudite par les dieux. Sa jambe estropiée n'arrangeait pas les choses. S'ils avaient jamais entendu parler de Maros la Montagne, ils ne le reconnaîtraient certainement pas dans cette créature épuisée, mi-homme, mi-jötunn à la porte du cottage l'homme dont on chuchote dans ces contes. Sa réputation appartenait au passé. Aujourd'hui, il était à peine plus qu'un gratte-papier gigantesque.
De son avant-bras, il s'essuya le front et frappa à la porte des jointures de ses doigts. Des bruits étouffés de pieds traînant au sol se firent entendre et la porte s'ouvrit sur une femme vieille et décharnée. Un regard embué, au milieu dun visage austère marqué de rides, le dévisagea. Elle le regarda des pieds à la tête, le sourcil froncé à la vue de ses béquilles et de sa veste trempée de sueur.
"Je suppose que le boucan que j'ai entendu d'ici, c'était vous ?" dit-elle. "On aurait pu croire que l'on abattait un bœuf. Par Verragos, qu'étiez-vous en train de faire ?"
"Je..." Étouffant un soupir, Maros désigna d'un geste vague le sentier au creux des bois derrière lui. Bravo ! Montre à la vieille dame comment tu sais traverser un terrain plat et dégagé. Comme ça, tu peux être sûr de l'impressionner.
"Hmmm... peu importe. Je dois dire que je n'en ai pas vu beaucoup de votre genre depuis des dizaines d'années."
Il fronça les sourcils. "De mon genre comment ? Un homme ? Un infirme ?"
"Un sang-mêlé." Ses yeux chassieux se rétrécirent, ne laissant que deux fentes. "Eh bien, que voulez-vous ? Je n'ai pas toute la journée."
"Je... euh..." Il se racla la gorge. "Un plaisir de faire votre connaissance. Maros. Officier des Sabreurs de la Folie de l'Aulne. Puis-je parler à Cela, euh..." Il farfouilla dans la poche de sa veste et en retira une feuille de papier moite de sueur et la porta à son visage. "Cela Chiddari ?"
"Vous pouvez. Officier, vous dites ? Mémoriser les noms de famille n'est votre fort, on dirait ? Hmmm. Eh bien, puisqu'ils m'ont dépêché le plus haut gradé, je suppose que je devrais me sentir honorée."
Le plus haut gradé s'est dépêché lui-même, vieille cinglée. Maros s'efforça doffrir un sourire sympathique. "Je suis sûr que tout le plaisir est pour moi."
"Permettez-moi de vous remercier d'avoir répondu à ma convocation. Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas du tout en état de faire toute la route jusqu'à la Folie."
Convocation ? Son sourire s'effaça. "Je ne fais pas dans les visites à domicile en personne mais quand j'ai lu votre lettre portée par le courrier, je me suis préparé à faire une exception."
"Je n'en doute pas." Cela lança un regard au-delà de la porte vers la maison de son voisin, de l'autre côté du croissant. "Vous feriez mieux d'entrer, jeune homme," murmura-t-elle, tout en reculant vers l'intérieur de la lugubre maison. "Notre discussion n'est pas destinée aux oreilles indiscrètes."
Maros se pencha plus bas sur ses béquilles et franchit le seuil. Il referma la porte d'un coup de talon et plissa des yeux, la pièce étant plongée dans l'obscurité. Quelques minces rais de lumière filtraient entre les volets fermés. Une vieille odeur de moisi flotta jusqu'à ses narines. Il étouffa une quinte de toux et regarda la vieille femme squelettique s'installer dans le fauteuil à côté du foyer vide. Alors qu'elle ajustait sa posture pour être assise bien droite, il l'imagina tomber sur le tapis en un poussiéreux tas d'os.
"Prenez donc un siège, sabreur." Elle fit un geste vague de la main. "Là où bon vous semble."
Maros balaya les sombres amas de meubles du regard, à la recherche de ce qui pouvait faire office de siège assez solide, puis boita jusqu'à un banc adossé au mur opposé à la cheminée. Il s'y assit lentement, étouffant un soupir tandis que les douleurs de sa jambe diminuaient.
"J'ai entendu dire que vous faites tourner la taverne d'Alderby à sa place," dit Cela sur le ton de la conversation.
"En effet."
"Vous êtes à la tête d'une guilde et d'une taverne. Ça fait beaucoup à gérer."
"Non, pas pour moi. Pour être honnête, c'était une aubaine que le vieil Alderby meure si peu de temps après mon... accident." Maros posa sa main sur son genou. "C'était triste, pourtant. La taverne avait toujours eu l'un ou l'autre Alderby à la barre."
"C'est ce que j'ai cru comprendre. Bien, parlons peu, parlons bien." Les yeux de Cela n'étaient plus que des reflets dans l'obscurité. Un mince sourire traversa son visage flétri. "Parlons affaires."
"Oui, parlons affaires. Même la banque de Brancosi lèverait le sourcil devant le montant de la prime que vous offrez. Sans vouloir vous offenser, Madame, quand je regarde ce cottage, je ne trouve rien ici qui vaille cinq cents pièces d'argent."
"Vous auriez raison, si c'était ma maison que je mettais à prix. Vous aurez vos pièces d'argent, sabreur, rassurez-vous. Mes économies ne me serviront à rien à moins que vous n'obteniez ce qui revient de droit aux Chiddari."
"Bien," dit Maros avec prudence. "D'où vous vient votre nom de famille, sachant que cette pratique est tombée en désuétude depuis des siècles ?"
Cela poussa un rire aigu et brandit un doigt en sa direction. "Que de questions, sang-mêlé, que de questions. Tenons-nous en à ce qui nous préoccupe, voulez-vous ?"
"C'est de bonne guerre. Le montant de la prime mis à part, votre lettre était pour le moins vague..."
"Et pour une bonne raison. Je suis sûre que vous saurez appréciez la délicatesse de l'information."
"Je vous en prie, dites-moi ce que vous voulez de la guilde, ensuite je vous répondrai."
"L'héritage de ma famille a été usurpé pendant de nombreuses générations." Cela le regarda intensément. "Perdu... Et pourtant je connais l'endroit exact où il se trouve. Il est dans un cimetière datant de l'époque où les morts étaient encore enterrés intacts."
"Ces lieux ont été engloutis sous le désert. Il ne reste pratiquement rien des anciens royaumes."
Cela retrouva son mince sourire. "À l'exception, bien entendu, d'un seul endroit."
"Attendez, attendez. Écoutez-moi bien. Si vous dites ce que je pense que vous dites, alors vous me demandez d'envoyer des sabreur dans le territoire de la Tête de Mort."
"Je ne demande pas. Je vous offre un contrat moyennant une grande récompense. Si vous ne voulez pas du travail, j'irai trouver des mercenaires à la renommée un peu moindre..." Elle remua dans sa chaise tout en gardant sur lui un regard perçant.
Sans aucun doute une mission vouée à l'échec, pensa-t-il. Mais pour une prime de cet ordre... "Je dois vous rappeler que la guilde s'attaque à de vrais problèmes, pas à des légendes. Il n'y a qu'un cimetière qui n'ait jamais été exploré. Si c'est de celui-là dont il s'agit, alors arrêtons de tourner autour du pot. Où exactement se trouve cet héritage?"
Cela soupira. "Dans une crypte dans les Jardins des Morts à Lachyla, la Cité Ravagée."
La dernière once de politesse de Maros s'évapora et il rigola à gorge déployée. "Je le savais ! Que je comprenne bien. Vous voulez que mes gars et mes filles traversent une vaste région abandonnée des dieux et des hommes depuis des siècles. Vous attendez d'eux qu'ils risquent leur vie à passer le cimetière d'une ville maudite au peigne fin à la recherche d'un soi-disant trésor que vos ancêtres auraient laissé moisir au fond d'une crypte ?" Il renâcla. "Madame, soit vous avez perdu la tête, soit"
Cela le dévisagea dans un silence de pierre.
Soit vous êtes sérieuse. Il secoua la tête, le regard penché vers le plancher, un sourire amusé sur le visage. "Bon, cet héritage, il ressemble à quoi exactement ?"
"C'est une pierre précieuse."
"Mais encore. Quiconque prendra le boulot, il devra savoir ce qu'il doit chercher."
"Personnellement, je ne l'ai jamais vue. Tout ce que je sais c'est qu'elle est décorée de runes funéraires et que c'est une pierre plus grande que la normale. Il la trouveront dans la tombe de mon ancêtre le plus ancien."
"Et qui est-il ?"
"Aucune idée," dit Cela brièvement. "Connaissez-vous votre lignée, sang-mêlé ?"