Nibiru Approche - Danilo Clementoni 4 стр.


Un risque minimum ? et tu nous le dis comme ça, avec cette expression calme et sereine sur le visage ? Tu dois être fou, et nous encore plus.

Calme-toi, mon trésor, intervint Jack en la prenant par les épaules et en la regardant droit dans les yeux. Ils sont bien plus compétents et au point que nous, et sils ont décidé de suivre cette voie, nous ne pouvons rien faire dautre que de les seconder et de leur apporter toute laide possible.

Le Professeur poussa un long soupir, avant de dire :

Il faut que je massoie. Trop démotions aujourdhui. Si ça continue, je vais y laisser mes dernières plumes.

Jack la soutint par le bras et laccompagna vers le fauteuil le plus proche. Élisa sy laissa tomber de tout son poids, avec un léger gémissement.

On a peut-être un peu trop réduit le pourcentage doxygène dans lair, murmura Atzakis à son compagnon.

Jai essayé de le rendre le plus compatible avec les besoins de tous, et de nous éviter davoir à utiliser ces antipathiques respirateurs.

Je sais bien, compagnon, mais je crains quils ny soient excessivement sensibles.

Daccord, je vais essayer de modifier le mélange. On peut sadapter plus facilement, nous.

Le colonel, pour sa part, navait pas du tout lair dy être sensible, il était plus fringant que jamais. Laction et le risque étaient son pain quotidien, et il se trouvait parfaitement à son aise dans des situations de ce type. Il alla se placer exactement sous limage tridimensionnelle de Newark qui se détachait encore majestueusement au milieu de la pièce.

Bien. Cette chose pourrait tous nous sauver, ou nous conduire à la destruction totale.

Analyse synthétique mais efficace, commenta Atzakis.

Au point où nous en sommes, poursuivit le colonel dun ton sérieux et dune voix profonde, je crois que le moment est venu davertir le reste de la planète de la catastrophe imminente.

Comment penses-tu faire ? demanda Élisa, depuis son fauteuil. On prend notre téléphone, on appelle le président des États-Unis et on lui dit : Bonjour, Monsieur le président. Savez-vous que nous sommes en compagnie de deux extraterrestres qui nous ont dit que, dici quelques jours, une planète arrivera qui nous balaiera tous ?

Le minimum quil puisse faire, cest de faire intercepter lappel, denvoyer du monde pour nous récupérer et nous faire interner en asile, répliqua Jack en souriant.

Mais vous navez pas de système de communication globale comme notre Réseau ? demanda Pétri, intrigué, au colonel.

Réseau ? Quest-ce que tu veux dire ?

Cest un système général dinterconnexion en mesure de mémoriser et de distribuer le Savoir à léchelle planétaire. Nous pouvons tous y accéder, avec des niveaux de profondeur différents, par un système neuronal N^COM quon nous implante directement dans le cerveau à la naissance.

Super, sécria Élisa stupéfaite, avant de poursuivre : en fait, nous avons nous aussi un système de ce genre. Nous lappelons internet, mais nous nen sommes pas arrivés à votre niveau, bien sûr.

Et ce ne serait pas possible dutiliser votre internet pour envoyer un message à toute la planète ? demanda Pétri, curieux.

Eh bien, ce nest pas aussi simple, répondit Élisa. Nous pourrions introduire des informations dans le système, envoyer des messages à des groupes, peut-être même enregistrer des images et les diffuser le plus largement possible, mais personne ne nous croirait, et puis cela natteindrait pas tout le monde.

Elle réfléchit un peu, puis ajouta :

Je crois que la seule possibilité serait encore notre bonne vieille télévision.

Télévision ? demanda Atzakis, qui demanda à Pétri :

Ce ne serait pas ce système que nous avons utilisé pour recevoir des images et des films en venant ici ?

Je crois bien que si, Zak.

Et sur ces mots, il joua sur une série de commandes de la console centrale. En quelques secondes, il put faire apparaître sur lécran géant certaines des séquences quils avaient précédemment enregistrées.

Vous parlez bien de ça ?

Une multitude de films en tout genre se succédèrent rapidement : des spots publicitaires, des journaux télévisés, des matchs de foot, et même un vieux film en noir et blanc avec Humphrey Bogart.

Mais cest Casablanca, sécria Élisa, stupéfaite. Où avez-vous récupéré tout ça ?

Vos transmissions se propagent même dans le cosmos, répondit tranquillement Pétri. Nous avons dû modifier un peu notre système de réception, mais à la fin, on a réussi à les capter.

Et cest grâce à elles que nous avons pu apprendre votre langue, ajouta Atzakis.

Et même dautres nettement plus compliquées, commenta tristement Pétri. Jai failli devenir fou avec tous ces petits dessins.

Bon, coupa le colonel, cest bien de ça que nous parlons, mais je crois que ce nest pas non plus la meilleure solution.

Excuse-moi, Jack, intervint Élisa, mais tu ne crois pas quil faudrait avant tout avertir tes supérieurs à lELSAD ? Si jai bien compris, cest justement le président des États-Unis qui est à la tête de cette organisation, dans le fond, ou je me trompe ?

Et comment sais-tu ça ? objecta le colonel, étonné.

Eh, moi aussi, jai mes sources ! dit Élisa en rejetant dun geste espiègle une mèche de cheveux qui lui tombait sur la joue droite.

Chez vous aussi, les femmes font ça ? demanda Jack aux deux extraterrestres, qui suivaient cette petite scène dun air surpris.

Les femmes sont les mêmes dans tout lunivers, mon cher, répondit Atzakis en souriant.

Bref -poursuivit le colonel après cette réplique à risque- je crois que tu as parfaitement raison. Il faut une institution fiable et crédible pour diffuser une information aussi renversante. Je suis un peu inquiet, à cause de ce qui a filtré au général Campbell et aux deux types qui nous ont agressés. Mon supérieur direct, cétait le général, justement, mais on dirait que cest un traître corrompu.

Ça veut dire quon va vraiment devoir passer le coup de fil que nous évoquions ? demanda le Professeur.

Pour absurde que cela paraisse, cest peut-être la seule solution.

New York Île de Manhattan

Dans un luxueux bureau, au trente-neuvième étage dun imposant gratte-ciel situé entre la 5th Avenue et la 59th Street de Manhattan, à New-York, un homme pas très grand, dallure élégante et soignée, se tenait face à lune des cinq grandes fenêtres qui le séparaient de lextérieur. Il portait un costume gris foncé, italien à coup sûr, une voyante cravate rouge, et ses cheveux poivre et sel étaient coiffés en arrière. Ses yeux noirs et profonds fixaient, par-delà la vitre, le magnifique Central Park qui, souvrant presque à ses pieds, sétend sur quatre kilomètres de long et huit cent mètres de large, ménageant un îlot vert très précieux, source doxygène et lieu de détente pour les presque deux millions dhabitants de lîle.

Je peux entrer, Monsieur le sénateur ? dit un petit homme chauve au visage inexpressif, qui frappait timidement à lélégante porte dentrée de bois sombre laqué.

Sur le montant, une petite plaque dorée portait en italique linscription « Sénateur Jonathan Preston ».

Sur le montant, une petite plaque dorée portait en italique linscription « Sénateur Jonathan Preston ».

Quy a-t-il ? demanda lhomme sans même se retourner.

Une communication vidéo cryptée pour vous.

Cest bon, je vais la prendre dici. Fermez la porte en sortant.

L'homme se dirigea lentement vers son élégant bureau sombre et sassit sur le moelleux fauteuil de cuir noir. Dun geste automatique, il vérifia le nœud de sa cravate, enfila une oreillette dans son oreille droite et appuya sur un petit bouton gris placé sous le plateau du bureau. Un grand écran semi-transparent descendit du plafond dans un léger sifflement et se posa délicatement sur la surface de la table. Lhomme effleura lécran et le gros visage du général Campbell apparut devant lui.

Général, je constate avec plaisir que vous avez quitté nos geôles.

Sénateur, comment allez-vous ? Je voulais avant tout vous remercier pour lopération de récupération, rapide et efficace.

Je crois que tout le mérite en revient aux deux personnages que je vois derrière vous.

Le général se retourna instinctivement et vit le gros et son compère, qui essayaient de rentrer dans le cadre de la webcam, comme le fait généralement la foule qui se presse derrière un journaliste lors dun reportage en direct. Il haussa légèrement les épaules et poursuivit :

Ce ne sont pas des aigles, mais pour certains types de mission, ils sont vraiment efficaces.

Bien. Mais maintenant dites-moi tout. Jaurais dû recevoir votre rapport il y a plus de douze heures.

Disons que jai été un peu « pris » ces derniers temps, répondit le général avec humour. Quoi quil en soit, je peux vous confirmer que votre intuition sur le travail du Professeur Hunter était absolument juste, et que, grâce à sa découverte, jai pu assister personnellement à un événement incroyable, au bas mot.

Le général marqua une petite pause pour exciter encore davantage la curiosité de son interlocuteur, puis ajouta :

Monsieur le sénateur, je ne sais pas comment cela a pu se produire, mais lexhumation par notre Professeur du fameux vase au précieux contenu doit avoir dune façon ou dune autre activé un système qui a rappelé sur notre planète rien de moins que...

Il sarrêta, et, conscient que sa prochaine phrase serait un peu difficile à digérer, prit une grande inspiration, puis sans plus hésiter, sexclama solennellement :

Un vaisseau extraterrestre.

L'officier continua à fixer lécran, à la recherche dun signe de stupeur quelconque sur le visage du sénateur, mais celui-ci neut pas la moindre réaction. Il se limita à appuyer le coude sur le bureau sombre et, prenant son menton entre le pouce et lindex, il se mit à le pincer délicatement. Il poursuivit cette opération quelques instants, puis dit simplement :

Ils sont revenus, donc.

Le général ne put sempêcher décarquiller les yeux, de surprise.

Preston savait déjà tout sur les extraterrestres Comment était-ce possible ?

Le sénateur se leva lentement, et, les mains croisées derrière le dos, commença à tourner autour de son bureau. Le général et ses deux collaborateurs ne se hasardèrent pas à dire un mot. Attendant patiemment, ils se limitèrent à échanger des regards interrogateurs.

Tout dun coup, Preston revint à son bureau, y appuya les deux mains et, regardant le général droit dans les yeux, lui dit :

Vous aviez un drone avec vous. Dites-moi que vous avez réussi à filmer ce vaisseau.

Le général se tourna à la recherche désespérée dune réponse positive de la part des deux hommes qui se tenaient derrière lui. Le maigre ébaucha un petit sourire, prit la parole et, bombant le torse dorgueil, affirma, satisfait :

Bien sûr, Monsieur le sénateur. Jai plus dun film. Je vous montre ça tout de suite.

Sans trop de ménagements, il poussa le général sur le côté et, après avoir joué un moment sur le clavier qui était devant lui, fit apparaître les images du camp du Professeur Hunter dans une fenêtre de lécran du sénateur.

Preston planta ses deux coudes sur le bureau, posa son menton sur ses poings fermés et sapprocha le plus possible de lécran pour ne pas perdre une seule image de ce qui défilait sous ses yeux. Dabord les images nocturnes du récipient de pierre retrouvé enseveli dans le sol, puis celles de la mystérieuse sphère noire quil renfermait, et enfin le transport de cette dernière dans la tente laboratoire. Puis le cadre changea. Il faisait plein jour. Reposant en apparence sur quatre faisceaux de lumière rougeâtre provenant des quatre coins dun carré imaginaire dessiné au sol, une structure circulaire argentée trônait, dans toute sa splendeur. Lensemble ressemblait à un tronçon de pyramide qui avait tout lair dêtre la sœur de la Ziggourat dUr que lon apercevait au fond, majestueuse.

Le sénateur ne pouvait détacher ses yeux de lécran. Quand il vit les deux silhouettes dapparence humaine, mais nettement plus grandes et corpulentes que la moyenne, apparaître à louverture de la structure argentée et se planter solidement sur de qui devait être une plateforme de descente, il ne put sempêcher de sursauter et de sentir son cœur battre dans sa gorge.

Le rêve de toute une vie se réalisait. Toutes les études, toutes les recherches et, surtout, les importants capitaux quil avait investis dans ce projet donnaient enfin les résultats espérés. Ce quil voyait sur son écran, cétait réellement deux extraterrestres qui, à bord de leur vaisseau à la technologie avancée, avaient traversé lespace interplanétaire pour revenir sur Terre. Il allait maintenant pouvoir jeter à la figure de ceux qui lavaient toujours critiqué que ses calculs étaient parfaitement exacts. La mystérieuse douzième planète du système solaire existait vraiment. Après 3 600 ans, son orbite croisait à nouveau celle de la Terre, et il avait devant lui deux de ses habitants qui, profitant du « brin de conduite » que leur faisait leur planète, revenaient nous rendre visite, et influencer à nouveau notre culture et nos vies. Cétait déjà arrivé qui sait combien de fois au cours des millénaires, et lhistoire se répétait à nouveau. Mais cette fois il était là, et il nallait pas laisser cette prometteuse occasion lui échapper.

Excellent travail, dit-il simplement aux trois hommes qui regardaient lécran avec appréhension.

Puis, après avoir imprimé un tour complet au fauteuil où il était assis, il ajouta :

Le fait que vous vous soyez laissé surprendre, Général, compliquera un peu les choses. Nous naurons plus lopportunité davoir une « oreille » au sein de lELSAD mais ou point où nous en sommes, cela na plus dintérêt.

Que voulez-vous dire ?

Que notre objectif nest plus de découvrir si les suppositions du Professeur Hunter sont exactes ou pas, ni celui de nous emparer du précieux contenu .

Dautant plus quil était tout sauf précieux, murmura le gros.

Nous pouvons passer directement à la phase deux, poursuivit le sénateur, feignant de ne pas avoir entendu. Nous avons face à nous une technologie incroyablement avancée, et ils nous la servent sur un plateau dargent. Tout ce que nous avons à faire, cest de nous en emparer avant que quelquun dautre y arrive avant nous.

Si je puis me permettre, Monsieur le sénateur -le général hasarda une timide objection- nous avons eu loccasion de nous rendre compte que nos deux sympathiques extraterrestres nont pas lair dêtre tellement disposés à collaborer.

Назад Дальше