Ce qui a attiré mon attention, c'est que vous avez dit que vous prévoyez d'employer cet argent pour donner aux générations futures de votre famille la possibilité d'avoir une vie confortable. Et c'est pour cela que j'ai fait tout ce chemin en avion depuis la Virginie. Pour vous demander pourquoi vous faites cela. »
Il répondit : « Oh, je vois. » Je vérifiai que mon dictaphone était bien sous tension, et j'attendis simplement la réponse. « Avez-vous entendu parler du Free State Project, dans le New Hampshire ? »
« Non, je n'en ai jamais entendu parler. »
« Eh bien, cela a commencé le 1er septembre 2001. Le but du projet était d'amener 20 000 personnes à se déplacer vers un état à faible densité de population. Vous devez signer une déclaration qui stipule que vous envisagez de venir vous installer par ici. Le but du projet est de mettre en place, de la manière la plus pratique, des communautés en faveur de la protection de la vie, de la liberté et de la propriété.
J'étais stupéfait d'entendre cela. Il poursuivit. « Ici, nous voulions aider les autres à étendre les droits individuels, et à élargir les marchés libres Je viens dici, je suis originaire de Seabrook. Je suis né ici. Mon père et mon grand-père aussi. Et quand cela a eu lieu en 2001, le Free State Project, je me suis dit que cétait ce que je voulais pour les familles à venir de notre lignée. »
Juste à ce moment-là, Brent me demanda de bien vouloir éteindre le dictaphone. Je nen avais pas envie, mais je respectai sa demande. Je répondis « Bien sûr », et je léteignis.
« Ce que je suis sur le point de dire n'a pas besoin d'apparaitre dans le journal. » Il continua :
« Avant, je travaillais chez Lowe's. J'ai beaucoup appris là-bas, en voyant ce que les clients achetaient. Et jai beaucoup reçu aussi, lorsquon me donnait des conseils. Il y avait un client qui parlait à chaque fois du satellite qu'il avait acheté. Et il me disait que cela coûtait très cher. J'ai noté le modèle, et je me suis dit quun jour jen achèterais un pour mettre chez moi. Et ça a pu se faire, de manière inattendue. En remportant la Loterie, c'est la première chose que j'ai achetée. C'est le modèle KVH 01-0369-07 TracVision TV. Il prend en charge plusieurs récepteurs.
« Quelqu'un est venu me linstaller. Ma femme croyait que j'étais devenu fou ... Il y a une télécommande avec laquelle on peut pointer dans n'importe quelle direction, elle récupère toutes les chaînes. Un soir, j'ai pointé les coordonnées du satellite selon les instructions que mon oncle m'avait données ». Sa voix est devenue grave au fur et à mesure quil expliquait, et le ton avec lequel il expliquait ce quil sétait passé, semblait effrayant. « Cette chaîne affichait une balise de navigation océanique de couleur rouge et verte. Puis la caméra est allée sous l'océan. Sur le côté gauche, il était inscrit Galaxie du Triangle. Et j'ai vu des appareils, sous la mer, que je n'avais jamais vus de ma vie avant. »
Son visage est devenu pâle, et le mien aussi. Puis le canal s'est éteint...et je me suis figé à nouveau. Je pensais « Qui est votre oncle ? »
Je compris que c'était le moment pour moi de quitter les lieux. Je lui dis : « Merci de m'avoir parlé du projet Free State. » Et jajoutai : « Ce que vous mavez dit ensuite ne quittera pas cette pièce. »
Soudain, j'entendis cogner à la porte. C'était le garde du corps.
« Est-ce que tout va bien, monsieur Brooks ? » Brent hocha la tête, et lui demanda de laisser maintenant la porte ouverte.
Je me levai et mapprochai pour lui serrer la main. Je me dirigeai lentement vers la porte puis dun coup, en me retournant, je lui dis :
« Mr. Brooks, pourrais-je avoir votre numéro de téléphone, juste au cas où j'aurais plus de questions à vous poser ? »
« Bien sûr, c'est 603-236-7876. »
Je lécrivis sur mon bloc-notes et lui dis : « Merci de m'avoir permis de parler avec vous, monsieur. Cela a été pour le moins intriguant. »
Il hocha la tête J'ajoutai : « Je pense que je devrais rentrer en Virginie. »
Alors que je repartais en direction du hall, j'aperçus le garde du corps du coin de lœil, et je vis quelque chose dextraordinaire. Son fils, que javais aperçu sur le ponton de pêche, avait un double. Cétait bien ce que javais vu. Je dus me frotter les deux yeux pour vérifier si j'avais la vue nette. Je regardai encore une fois, et c'était bien cela. Il y avait des jumeaux, deux garçons, qui ne mavaient pas vu, mais je les repérai au moment où jétais sur le point de partir.
Margret me salua : « Merci d'être venu ici pour interviewer mon mari. »
« C'était très agréable », et je leur souhaitai beaucoup de bonheur. Je lui serrai la main, puis passai la double porte. Alors que je m'avançais vers la voiture, le garde du corps me lança un regard perçant en me faisant signe. Je fis signe à mon tour, je grimpai dans la voiture et me dirigeai vers la sortie ... Le portail souvrit à nouveau lentement, et je mis en route pour retourner au Holiday Inn Express.
Je n'arrêtais pas de penser : « Quel voyage...trois jours, qui mont semblé durer une semaine. »
Il était environ 15 h 30 quand je me suis dit que jallais devoir faire mes bagages et partir directement pour l'aéroport. Il métait arrivé des choses bizarres sur le parking de lhôtel, avec ces gens qui mavaient observé. Je ne voulais pas risquer de perdre mon matériel.
1 Chapitre 5
Jétais dans l'avion en direction de Hampton Roads, Virginie. Je venais de quitter le New Hampshire. Le vol sembla durer seulement quelques secondes, et jétais de retour chez moi, entre l'aéroport et Virginia Beach. J'appelai Sundara, pour lui dire que j'étais en route pour la maison. Jétais sur l'autoroute en direction de la plage.
Elle demanda : « Ça sest bien passé pour toi pendant le voyage ? »
Je répondis, prudemment, et avec une voix assurée, « Oui... j'ai beaucoup de choses à te raconter, chérie. »
Quand je sentis enfin les odeurs de locéan, je sus que je n'étais pas loin de chez moi. Je me garai sur le parking de la copropriété. Je pris mon matériel, et me dirigeai vers mon appartement. Ma femme était là, elle mattendait. Lorsque je saisis la poignée de la porte, elle s'ouvrit instantanément sur une étreinte de la part de Sundara. Cela avait été l'une des premières raisons, dailleurs, pour lesquelles je l'avais épousée.
Je vis alors ma fille Laura s'élancer vers moi, et s'agripper à ma jambe, pour me serrer ensuite contre elle. Je les embrassai toutes les deux, et leur dis combien elles m'avaient manqué.
Je remis à ma fille un tee-shirt et un bonbon au sel de mer du New Hampshire. Elle était heureuse. Je décidai de m'asseoir quelques instants, un peu épuisé par le voyage dont javais rêvé. Tout d'un coup le téléphone sonna, et je réalisai quil était autour de 20 h30. Cétait ma rédactrice en chef, qui mappelait du journal.
« Vous êtes revenu dans les temps » dit Amelia.
« Oui Amelia. Nous nous reparlerons bientôt par téléphone, quand mes vacances seront terminées. Je massurerai d'envoyer le reportage. »
« Daccord, envoyez-moi un SMS, ou appelez-moi si vous avez besoin de moi. On se voit dans quelques jours. »
« D'accord ». Et je raccrochai mon smartphone.
Je pensais « Je suis heureux d'être à la maison, simplement. » Sundara avait préparé un excellent repas, avec des brocolis, un pain de viande et de la purée de pommes de terre, avec un peu de thé Zum-Zea. Ce fut un excellent dîner... puis la nuit tomba rapidement.
Je réussis à me reposer, parce que nous allions nous rendre sur lîle de Chinconteague, qui se trouve en Virginie, pour y passer nos vacances en famille. Nous allions y passer quelques jours pour nous détendre, faire du cheval sur la plage et ne rien faire d'autre. L'île n'est pas trop éloignée de lendroit où nous nous trouvons. Je tombai sur une émission télévisée qui parlait de l'île sur la
chaîne Go Flavor Go TV, au moment où ma femme et moi faisions nos sacs. La porte de notre chambre était fermée, aussi je lui demandai à voix basse, « Tu as déjà entendu parler de la Galaxie du Triangle ? »
Elle se figea, laissa tomber la tasse de thé par terre, et me dit, dune voix étonnamment basse :
« Où as-tu entendu ces mots-là ? »
C'est une longue histoire, chérie. » Je décidai d'arrêter de parler, parce que ma femme semblait nerveuse après que j'ai eu mentionné la Galaxie du Triangle. J'essayai de changer rapidement de sujet, et de parler de nos vacances, mais il était trop tard. Son esprit s'était focalisé sur ces deux mots que j'avais prononcés.
« Marc. »
« Oui, » répondis-je.
Elle demanda à nouveau, tel un détective : « Où as-tu entendu parler de cela ? »
« Écoute, chérie, partons en vacances. Je te promets de ten dire plus pendant notre voyage. » « Ok Marc, c'est d'accord pour le moment, mais il va falloir que tu me le dises bientôt, chéri, d'accord ? »
Je répondis en levant les deux pouces.
Nous nous reposâmes, mais ma femme n'arrivait pas à dormir. Et le matin arriva sans même que nous nous en rendîmes compte. Tout le monde semblait heureux à propos de nos vacances. Ma fille était heureuse de s'en aller. Elle saisit sa valise, nous nous dirigeâmes vers la Jeep et plaçâmes nos affaires sur la galerie de toit. J'embrassai ma femme, nous étions prêts à partir. Nous avions besoin de ce voyage. J'allais pouvoir me détendre, sans trop travailler. Cette fois, j'étais avec ma famille . . . Sur lîle de Chincoteague, on peut faire du vélo, du bateau, on peut aller à la pêche, et il y a aussi un gros marché de producteurs. Pour ma fille il y a des arcades et des putts de golf. C'était l'une des nombreuses raisons pour lesquelles nous voulions venir ici en vacances.
Il y a aussi quelque chose que peu de gens savent. Il y a un centre de vols là-bas. Le Wallops Flight Centre de la NASA, doù sont lancés les projets spatiaux, se situe sur la Côte est de la Virginie. J'espérais pouvoir assister à un événement pendant nos vacances. Je savais que nous étions ici pour le repos et la détente.
Ma femme avait toujours le regard dans le vide suite à notre conversation dhier soir. Elle était présente physiquement, mais pas mentalement. Elle ne cessait de me regarder. Puis elle se détournait, et je me contentais de sourire et de mettre de la musique pour essayer de créer une bonne ambiance. Laura, à larrière, était si heureuse de ce voyage, quelle dansait assise dans la voiture, au fur et à mesure que nous approchions de l'hôtel où nous allions séjourner. Je n'allumai le chauffage à aucun moment. Il faisait suffisamment chaud à l'intérieur de la voiture pour nous trois... Je me disais que j'aimais profondément ma femme.
Un voyage en voiture de 16 km, avec le plein de carburant fait, et de merveilleux paysages. Nous nous enregistrâmes à notre arrivée, puis nous allâmes directement à la plage. Regarder et sentir l'océanune septième merveille. Mes pensées dérivèrent à nouveau vers le New Hampshire, M. Brooks, et ce qu'il avait vu sur la chaîne du satellite. Et je sus, à ce moment-là, que ma vie était sur le point de changer. Lorsque lon est journaliste, on écrit et on signale de nombreuses histoires, à la fois bonnes et mauvaises, intrigantes. Mais celle-ci était différente.
1 Chapitre 6
Il s'agissait de secrets sur ma propre famille, que javais conservés cachés, et dévénements à cause desquels toutes sortes de forces pouvaient sexercer, si je nen parlais pas aux bonnes personnes. Votre vie est sur le point de changer, M. Marc Dazet.
Elles avaient tellement d'énergie ces deux-là, ma femme et ma fille. Nous fîmes du cheval sur la plage. J'avais oublié à quel point ces animaux pouvaient être rapides, la puissance quils ont en eux, et leur humilité. Nous aimons tous les trois les chevaux. Je les aurais bien ramenés avec nous à Virginia Beach.
Entre deux balades sur l'île, je réussis à taper une partie du reportage. Alors que j'écrivais au sujet de Brent Brooks, Seabrook, New Hampshire, je remarquai que jétais resté stupéfait face à la dernière déclaration qu'il avait faite au sujet des balises de navigation océaniques. Je regardais par la fenêtre de notre chambre dhôtel, qui donnait sur locéan, et mes pensées se mirent à dériver« Qu'est-ce qui se passe, là ? »
Je me souviens d'avoir pensé à lun des reporters au journal, qui avait écrit un article au sujet de lavenir de l'océan, une nouvelle source d'énergie pour la terre. Je me souviens de l'en-tête « Turbine à énergie marine ». Il avait ensuite expliqué que cela aiderait à apporter de l'énergie aux villes. Et comment d'autres travaillaient à protéger l'océan et la turbine, de dégâts prévus par les ouragans. « Lénergie bleue ». Marc regardait les vagues en se disant, « Il se passe beaucoup de choses sous l'eau. »
Marc sortit de son rêve éveillé, et se reconcentra sur lhistoire quil était sur le point d'écrire.
Je décidai d'appeler M. Brooks. Sur mon bloc-notes, je notai quelques questions quil me paraissait important de lui poser. Puis, une fois que je me sentis prêt, je composai le numéro. Le téléphone sonna plusieurs fois, et une voix masculine plus jeune se fit entendre. « Bonjour, qui est à lappareil ? » On aurait cru entendre la voix de Brent, plus jeune, au téléphone.
« Bonjour, oui, je suis Marc Dazet, du Virginia Pilot. Comment allez-vous ? Puis-je parler avec votre père ? »
« Un instant, je vais le chercher. » Il y eut une pause, puis Brent décrocha un autre appareil depuis une autre pièce, et il remercia son fils, « Bonjour Marc, cest bien vous ? »
Je répondis en entendant la voix plus âgée de Brent au bout du fil. « Bonjour, comment allez-vous ? Je voulais vous poser quelques questions supplémentaires, si vous le permettez, au sujet de la première partie de l'entretien que nous avons eu ? »
Brent comprit tout de suite, lorsque je prononçai « la première partie » de l'entrevue. Je poursuivis : « Vous avez mentionné quelques motifs de léguer des parts de la Loterie aux générations futures. Si je comprends bien, cela est lié au Free State Project. Était-ce l'une des principales raisons ? »
Et je marrêtai pour prendre le temps d'écouter ce qu'il allait dire à travers le téléphone. Et il répondit : « Oui, et avec ce que j'ai vu sur mon téléviseur, j'ai décidé à ce moment-là, que je ferais mieux de moccuper de ma famille aujourdhui et à lavenir. Jai deux jumeaux auxquels je dois penser. »
Je dis à Brent que je les avais vus chez eux, lorsque je my étais rendu lors de ma précédente visite.
Brent continua : « Oui, ils s'appellent Jarid et Jarvis, ils ont seulement quinze ans. J'ai pensé qu'à l'avenir, ils auront besoin de toute l'aide que je pourrai leur apporter, grâce aux fonds que je leur transmettrai, ainsi quaux trois générations qui viendront après. Cela pourrait aider à faire en sorte que le nom de notre famille reste enraciné, et quelque peu préparé. » J'étais assis dans la chambre d'hôtel, et je réfléchissais. Brent devait savoir quelque chose au sujet de l'avenir, que la plupart dentre nous ne savions pas. Mon stylo écrivait « Il en sait davantage que quiconque. » Je n'arrêtais pas de réfléchir pendant quil écrivait.