Absolution Providentielle - Pamela Fagan Hutchins


Absolution Providentielle

Table des matières

Free PFH Ebooks

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Chapitre 42

Chapitre 42

Chapitre 43

Chapitre 44

Chapitre 45

Chapitre 46

Chapitre 47

Chapitre 48

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Chapitre 1

LEldorado, Shreveport, Louisiane

Le 14 mars 2012

Lannée dernière avait déjà été nulle, et celle-ci sannonçait encore pire.

Lannée passée, lors du décès de mes parents dans un « accident » pendant leurs vacances aux Caraïbes, javais été trop occupée pour écouter mon instinct, qui criait « couillonnade » si fort que javais failli en devenir sourde de ma troisième oreille. Je me préparais pour la plus grosse affaire de ma carrière, javais donc une excuse qui me convenait tant que jétais à lheure pour lapéritif, mais la vérité, cest que jétais obsédée par le détective privé chargé de mon dossier.

Nick. Nick, le presque divorcé. Mon nouveau collègue Nick, qui menvoyait parfois des vibrations indiquant quil voulait arracher mon chemisier Ann Taylor avec ses dents, quand il ne passait pas son temps à mignorer.

Mais les choses avaient changé.

Je venais de recevoir le verdict de mon méga-procès, laffaire Burnside, un cas de licenciement abusif. Mon cabinet prenait rarement des affaires de plaignants, alors javais pris un gros risque avec celle-ci et javais gagné 3 millions de dollars pour M. Burnside, dont un tiers pour le cabinet. Cétait tout le contraire dune débandade.

Après mon coup déclat au palais de justice de Dallas, mon assistante juridique Emily et moi avions filé tout droit sur la I-20 jusquà lhôtel où lensemble de notre cabinet avait pris un congé mérité à Shreveport, en Louisiane. Shreveport ne figurait pas dans la liste des dix meilleures escapades dentreprise, mais notre associé principal se prenait pour un joueur de poker et aimait la cuisine cajun, le jazz et les casinos sur les bateaux à aubes. Ce congé était une excellente excuse pour que Gino sadonne à un peu de poker « Texas HoldEm » entre les sessions de consolidation déquipe, tout en passant pour un bon chef déquipe, mais cela impliquait un trajet de trois heures et demie dans chaque sens. Ce nétait pas un problème pour Emily et moi. Nous avions facilement comblé le fossé entre la parajuriste et lavocate et entre la collègue et lamie, en grande partie parce que ni lune ni lautre naimait vraiment Dallas. Ou même pas du tout.

Emily et moi nous précipitâmes à lintérieur pour nous enregistrer à lEldorado.

La réceptionniste nous demanda :

- Voulez-vous un plan des visites guidées hantées ? avec son accent texan, cajun et sudiste polyglotte qui donnait un ton « vizites guidays » à ses mots.

- Merci beaucoup, mais non merci, répliqua Emily.

Depuis dix ans quelle avait émigré, elle navait toujours pas réussi à faire disparaître lAmarillo de sa voix ni à renoncer aux courses de chevaux.

Je ne croyais pas non plus aux tours de sorcellerie pour touristes et je nétais pas fan des casinos, qui empestaient la fumée de cigarette et le désespoir.

- Vous avez un karaoké ou autre chose que des casinos sur place ?

- Oui, madame, nous avons un bar sur le toit avec karaoké, billards, et ce genre de choses. La jeune fille repoussa sa frange, puis balança la tête pour la remettre exactement à la même place.

- Ça ressemble plus à ce que nous voulons, dis-je à Emily.

- Karaoké, dit-elle. Encore ! Elle roula les yeux. Seulement si on fait moitié-moitié. Je veux jouer au blackjack.

Après avoir déposé nos sacs dans nos chambres et nous être rafraîchies, tout en continuant la conversation sur nos téléphones portables dune chambre à lautre, nous avons rejoint notre groupe. Tous nos collègues applaudirent lorsque nous entrâmes dans la salle de conférence. La nouvelle de notre victoire nous y avait précédée. Nous fîmes la révérence, et je pointais les mains vers Emily, dans le genre présentatrice de jeu télévisé. Elle me rendit la pareille

- Où est Nick ? Mécriai-je. Viens par ici.

Nick avait quitté la salle daudience lorsque le jury était sorti pour délibérer, il nous avait donc devancés à lhôtel. Il se leva dune table à lautre bout de la salle, mais ne nous rejoignit pas. Je lui fis quand même une courbette à longue distance.

Les applaudissements se turent et certains de mes partenaires me firent signe de masseoir avec eux à une table près de lentrée. Je mattablai avec eux et nous nous mirent tous au travail pour rédiger une déclaration de mission pour le cabinet pendant les quinze minutes suivantes. Emily et moi étions arrivées juste à temps pour la fin des sessions du premier jour.

À la pause, le groupe se rua de lhôtel vers la barge amarrée qui abritait le casino. En Louisiane, les jeux dargent ne sont légaux que « sur leau » ou sur les terres tribales. Sur une impulsion, je me dirigeai vers lascenseur plutôt que vers le casino. Juste avant que les portes ne se ferment, une main se coinça entre elles et elles se rouvrirent. Je me retrouvai à monter dans les étages des chambres de lhôtel avec nul autre que Nick Kovacs.

- Alors, Helen, vous nêtes pas non plus une joueuse, dit-il lorsque les portes de lascenseur se fermèrent.

Mon estomac se retourna. Cest ringard, oui, mais quand il était de bonne humeur, Nick mappelait Helen, comme dans Hélène de Troie.

Javais promis à Emily de la rejoindre au blackjack avant le karaoké, mais il navait pas besoin de le savoir.

- Jai la chance des Irlandais, répondis-je. Les jeux dargent sont dangereux pour moi.

Il répondit par un silence de mort. Chacun de nous regardait le plafond, le sol, les murs, et nimporte où pour séviter ce qui était difficile, puisque lascenseur était équipé de miroirs au-dessus dune main courante dorée et de panneaux de bois. La tension dans lair était palpable.

- Jai entendu dire quil y avait une table de billard au bar de lhôtel, et je serais partante pour ça, ai-je proposé, me jetant tête baissée dans le vide et retenant ma respiration pendant la descente.

Toujours un silence de mort. Un long silence de mort. Le sol allait faire mal quand jatterrirai.

Sans établir de contact visuel, Nick répondit :

- OK, je te retrouve là-bas dans quelques minutes.

Avait-il vraiment dit quil me retrouverait là-bas ? Juste nous deux ? Comme un rendez-vous ? Oh mon Dieu, Katie, quas-tu manigancé ?

Les portes de lascenseur souvrirent, et nous nous dirigeâmes dans des directions opposées vers nos chambres. Il était trop tard pour faire marche arrière maintenant.

Je marchais dans un état second. Hyperventilation. Les aisselles en sueur. Le cœur battant la chamade. Ma tenue ne convenant pas du tout, jabandonnais donc le chemisier Ann Taylor pour un jean, un haut blanc structuré et, oui, je ladmets, un sac à main Jessica Simpson multicolore et ses sandales à plateforme orange assorties. Le blanc allait bien avec mes longs cheveux roux ondulés tombant sur mes épaules, que je décoiffais et réarrangeais avec les doigts. Pas très professionnel, mais cétait le but. De plus, je naimais même pas mon boulot davocate, alors pourquoi voudrais-je en avoir lair guindé maintenant ?

Normalement, je suis Katie lImmaculée, mais je me contentai dun rapide brossage de dents, dune douche express et dun trait de rouge à lèvres. Javais envisagé dappeler Emily pour lui dire que jallais lui faire faux bond, mais je savais quelle comprendrait quand je lui expliquerai plus tard. Je trottinai jusquà lascenseurs et le maudissant de sarrêter à chaque étage jusquau bar La Grotte, sur le toit.

Ding. Pas trop tôt. Je fis une pause pour reprendre mon souffle. Je comptai jusquà dix, respirai profondément pour me donner du courage, et jarrivai sous les lumières tamisées éclairant le bar en pierre. Je me tenais près dun homme dont je pouvais sentir la masculinité palpiter à plusieurs mètres de distance. La chaleur enflamma mes joues. Mes hormones avaient allumé un feu de camp. Lhomme que jétais venu voir était déjà là.

Nick était dorigine hongroise, et cest à ses ancêtres gitans quil devait son teint sombre, yeux, cheveux et peau, et ses pommettes saillantes. Il avait une prestance musculaire que jaimais, mais il nétait pas beau au sens artistique du terme. Son nez était large et tordu, car il avait été cassé trop souvent. Il mavait dit une fois quune de ses dents de devant déviée venait dune planche de surf quil avait pris dans la tronche. Mais il était magnifique dune manière indéfinie, et je voyais souvent dans les regards rapides des autres femmes que je nétais pas la seule dans la pièce à le remarquer.

Il remarqua ma présence.

- Salut, Helen.

- Salut, Paris, répondis-je.

Il renifla.

- Oh, je ne suis absolument pas ton Paris. Paris était une mauviette.

- Hmmmmm. Ménélas, alors ?

- Um, bière.

- Je suis presque sûre quil ny avait pas de Bière dans lhistoire dHélène de Troie, dis-je en reniflant dun faux-air supérieur.

Nick sadressa au barman.

- Une St. Pauli Girl.

Il madressa finalement le « sourire Nick », et la tension de notre dernier trajet en ascenseur disparut.

- Quest-ce que tu prends ?

Javais besoin davaler un peu plus que de lair pour avoir du courage.

- Une Amstel Light.

Nick passa la commande. Le barman tendit deux verres de bières perlés de condensation à Nick, puis secoua leau de ses mains. Nick me tendit le mien que jenroulai dans une serviette en papier, alignant les bords avec la précision militaire que jadorais. Nick fredonnait « Honky-tonk Women », sa tête oscillant dun côté à lautre.

- Je crois que je te préfère à Shreveport quà Dallas, lui dis-je.

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