Absolution Providentielle - Pamela Fagan Hutchins 3 стр.


Comme cétait ridicule. Je nétais pas Cendrillon. Jétais Glenn Close avec le lapin bouilli dans Liaison fatale. Et il était Michael Douglas cherchant un moyen de séchapper.

Je ne savais pas comment récupérer les choses. Ses yeux devenaient plus hostiles à chaque seconde. Sans madresser un mot de plus, il sen alla avec sa fichue serviette à la main.

Chapitre 3

LEldorado, Shreveport, Louisiane

Le 15 mars 2012

Je me réveillai avec une méchante gueule de bois qui provenait autant de lhumiliation que de lAmstel Light et du vin du mini-bar, puis je me souvins de Nick dans ma chambre et de la façon dont javais agi. Il semblait peu probable davoir fait pire, mais au moins je ne lui avais pas ouvert la porte nue avec une rose entre les dents. Jallais me lever et me ressaisir. Jallais être séduisante dans mon ensemble Ellen Tracy vert mousse. Jallais réparer tout ça.

Mais dabord, je voulais lire mes textos parce que mon téléphone vibrait. À cette heure matinale ?

- Où diable es-tu ?

Cétait Emily.

- ?? Je me prépare.

Ce nétait pas totalement vrai, mais la règle cardinale des textos étant dêtre brefs, javais omis les détails révélateurs.

- Nous avons commencé. Dépêche-toi !

Peut-être que ce nétait pas aussi tôt que je le pensais.

- Jarrive.

Eh bien, avoir lair sexy et professionnelle étaient hors de question maintenant, bien que je ne sache pas si jaurai pu réaliser cela dans ces circonstances, peu importe le temps dont je disposais. Je me ressaisis en respectant les minima hygiéniques et esthétiques et je men allais rejoindre la session de consolidation déquipe du deuxième et dernier jour de ce séjour. Jespérais pouvoir assez bien simuler pour berner mes collègues.

Je marrêtai devant la porte ouverte de la salle de conférence et jécoutai le présentateur. Lentreprise avait engagé un consultant en expression émotionnelle pour nous aider à résoudre les problèmes que nous avions les uns avec les autres de manière positive et constructive.

Bonne chance avec ça, pensais-je. Je me demandais sil maiderait à résoudre mon « Je veux coucher avec mon collègue de travail qui est peut-être encore marié et qui, en fait, me déteste ».

Ce nétait pas une session du genre de celles qui sentent la violette, cependant, le consultant était en fait assez bon. Aujourdhui, il nous apprenait à parler de ce dont nous avions besoin de plus et de moins de la part des autres. Il nous demanda de nous associer à la personne avec laquelle nous avions le plus besoin dentretenir une relation de travail efficace.

Jentrai dans la salle de conférence aux fleurs criardes. En quelques secondes, presque tous les couples se formèrent. Je balayai la pièce du regard à la recherche des long cheveux blonds texans dEmily, espérant quelle mavait attendu, mais elle était avec lassistant juridique principal, prenant lactivité beaucoup trop au sérieux. Je lui lançai un regard furieux et elle haussa les sourcils, comme pour dire : « Ce nest pas ma faute si tu me poses un lapin et que tu ne peux pas sortir du lit avant midi. » Tout en grommelant dans ma barbe, je cherchai un partenaire dans la pièce.

Alors que je scannai lespace, le regard terne de Nick se fixa lentement sur le mien. Pas bon. Je conservai également un visage sans expression, un effort gargantuesque si lon considère que le mélange de fruits secs du minibar de la veille semblait vouloir remonter. Je me détournai, puis je réalisai quil marchait vers moi. Je mattendais à ce quil continue son chemin, jusquà ce quil sarrête devant moi.

Comme il restait silencieux, jouvris la bouche. Je ne pouvais pas men empêcher. Jai toujours pris les reines. Pas étonnant que mon grand frère mait dit que je repoussais les hommes.

- Alors, tu veux finir les restes ?

Je tentais un sourire dautodérision.

Il ne me retourna pas mon sourire.

- Cest le meilleur moyen déclaircir tout ça et de nous mettre daccord avant de retourner au bureau.

Il faisait aller et venir sa main entre nous. Ça me rappela la nuit dernière, et pas dans le bon sens.

Nous nous assîmes. Les fleurs sur le papier peint et le sol ne faisaient pas grand-chose pour me remonter le moral. Les lianes du tapis se mirent à onduler et senroulèrent autour de mes chevilles, me ligotant aux pieds de ma chaise. Non, imbécile, cest ton imagination et une bonne gueule de bois. Ugh. Troublant. Je passai mes mains sur mes avant-bras, essayant datténuer ma chair de poule.

Nick lisait les instructions à haute voix. Nous allions devoir suivre la liste dexercices à tour de rôle. Tout dabord, nous allions devoir énoncer ce que nous trouvions de positif chez lautre ; ensuite, les choses dont nous avions besoin en plus ou en moins ; et enfin, ce que nous allions nous engager à faire en plus ou en moins pour lautre. Au cas où nous aurions oublié ces instructions en cours dexercice, elles étaient inscrites en caractères gras en couleur sur les tableaux de conférence tout autour de la salle. Je vous remercie, tableaux, dinterrompre ce cauchemar fleuri, pensais-je.

- Tu commences, Nick. Je pense que tu dois énoncer ce que tu apprécies chez moi.

Dis-je dun ton enjoué.

Il commença très sérieux, sans hésiter.

- Japprécie que tu sois professionnelle, tu fais un bon travail et tu travailles dur. Tu es importante pour le cabinet.

Pas vraiment chaleureux.

- Merci, Nick. Autre chose ? Tu peux continuer à faire des compliments si tu veux. Jessayais un autre sourire, inclinant la tête vers la droite. Mon meilleur profil.

- Cest tout.

Ça ne se passait bien.

- Bon, alors, ce que japprécie chez toi, cest...

Alors quil avait pris la voie strictement professionnelle, je refusais dêtre aussi impersonnelle,

- Ta créativité et ta perspicacité, et la façon dont nous avons travaillé ensemble sur laffaire Burnside.

Je canalisais la langue de bois de latmosphère, une version légale dun mauvais épisode de Dr Phil.

- Et japprécie que tu naies pas de serviette en papier avec toi aujourdhui.

Clin dœil mental - Nick, dépassons ça.

Aucune chance.

- Maintenant nous faisons la partie suivante, plus et moins.

Il passa ses mains dans ses cheveux. Oh oh.

- Ce que je veux, cest que tu fasses plus souvent savoir à Gino que tu as besoin de mon soutien, et lui et moi nous pourrions faire le nécessaire. Ce que je veux que tu fasses moins, cest...

Il hésita, puis continua,

- Me piéger.

Est-ce que javais mal entendu, ou est-ce que Nick venait de me larguer ? Et maccusait de le harceler ? En si peu de mots. Même après la fin difficile de notre soirée, le coup de pied professionnel semblait extrême. Suggérait-il que je lavais harcelé sexuellement ? Je passai de zéro à soixante sur le compteur de rage en moins dune seconde. Oups.

- Tu ne veux plus travailler avec moi ? Je te PIÈGE ? Nous avons eu une seule conversation personnelle difficile, et tu refuses de travailler avec moi ?

- Peux-tu baisser dun ton ? siffla-t-il.

Je levais les mains en lair. Il prit ça pour un oui et continua.

- Peux-tu baisser dun ton ? siffla-t-il.

Je levais les mains en lair. Il prit ça pour un oui et continua.

- Je veux juste minimiser nos contacts, dit-il. Sa voix était aussi froide que ses yeux.

- Cest absurde.

La main de Nick se leva, et je montais le volume.

- Nous faisons une bonne équipe. Cest un énorme avantage pour cette entreprise quand nous travaillons ensemble. Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. Cest à cause dhier soir ?

Une centaine dyeux me regardaient meffondrer dans un tas de débris émotionnel. Non, cétait juste ma paranoïa. Mes mains remontèrent vers mon col et tentèrent de le desserrer davantage.

- Je ne vais pas parler du pourquoi. Jai juste besoin dun peu despace. Si tu as un problème avec moi, tu devras aller voir Gino.

Moment de décision et de contrôle de soi. Si je faisais une scène plus importante, je lembarrasserais, et ensuite je ne pourrais jamais revenir en arrière. Javais passé la moitié de la nuit dernière à me réconcilier avec le fait quil ny aurait jamais de « nous », pas de Nick et Katie. Je naimais pas pratiquer le droit, mais lannée dernière, javais adoré travailler avec Nick. Travailler avec lui, cétait mieux que rien. Cela pourrait même être suffisant. Mais sil menlevait cette partie, il ne me resterait que moi avec des pensées que je ne voulais pas avoir.

Je devais aussi être réaliste. Jétais importante pour le cabinet, mais le futur ex-beau-père de Nick était notre plus gros client. Ce fossé devait rester entre Nick et moi. Il ny aura pas de « aller voir Gino » pour moi. De plus, quest-ce que je lui dirais ? « Gino, Nick ne veut pas travailler avec moi parce quil pense que je veux coucher avec lui. Fais en sorte quil soit gentil avec moi ou je vais faire un caca nerveux. »

Je repris la parole avec des mots mesurés.

- Je suppose que je nai pas le choix. Je vais honorer tes souhaits, mais laisse-moi être claire à cent pour cent : Cest ta décision. Je ne comprends pas, et ce nest pas ce que je veux. Je promets également dêtre honnête avec toi. Je vais commencer par ça tout de suite.

Ça semblait être un bon point de départ, puisque je lui avais menti hier soir et quil le savait.

- Cela me fait mal. Tu me traites comme si tu me détestais. Nous avons eu un moment regrettable ce week-end. Je pense que nous devrions reparler de tout ça au bureau.

- Ça ne fera aucune différence, ici ou là-bas, dit Nick. Il se leva, mais je larrêtai.

- Attends. Jai le droit de dire ce que je voudrais que tu fasses de plus ou de moins.

Il se rassit. Jignorais la douleur lancinante dans mon estomac et je commençais.

- Jaimerais que tu fasses davantage preuve douverture desprit et de moins juger et prendre moins de décisions irréfléchies.

- OK.

- OK, tu tengages à le faire ?

- OK, je tai entendue.

Nous nous sommes regardâmes fixement pendant quelques secondes de plus. Puis Nick se leva. Les pieds de sa chaise firent un horrible bruit strident contre le tapis dhôtel en laine dacier. Je grimaçai. Vu le resserrement de ses lèvres et de ses sourcils, il interpréta ma grimace de travers. Il séloigna sans un mot.

Je restai collée à ma chaise.

Un peu plus tard - quelques secondes, quelques minutes - Emily interrompit mon interprétation de sculpture de glace.

- La Terre à Katie. Cest lheure de la pause. Tu viens ? demanda-t-elle. Sa voix était hargneuse, mais moins que ses textes précédents.

Je levais les yeux vers elle. Elle avait de longues jambes, des bottes de cow-boy et un jean quelle avait complété par une veste de chez Gap et une chemise violette en coton tricoté.

- Hum, merci, non, je vais te retrouver plus tard, lui répondis-je.

Emily sortit de la salle de conférence avec un groupe de parajuristes. Je me dirigeai vers le bar. Quelle boisson était respectable à dix heures du matin ? Je commandai un Bloody Mary, un cocktail que je navais jamais essayé. Qui savait que les Bloody Marys étaient si bons ? Le premier étant bien descendu, jen commandai un autre. Avec laide de mon nouvel ami le Bloody Mary, je décidais que je pouvais réparer les choses avec Nick. Seulement, je narrivais pas à le trouver.

De retour de la pause, je coinçai Emily.

- Tu as vu Nick ? Lui demandais-je

Emily soupira.

- Il est parti. Je lai entendu dire à Gino quil avait une urgence familiale.

La guigne.

Le reste de la journée se déroula dans le brouillard. Je ne me rappelle pas grand-chose. Je pense avoir fait des expressions faciales et des commentaires appropriés lorsque cela était nécessaire. Ou peut-être que non. Mon cerveau en tambour de machine à laver était agité par des pensées à propos de Nick.

Cet après-midi-là, Emily me reconduisit chez moi dans ma vieille Accord argentée. Le jour se transforma en nuit, et la nuit se transforma en jour, et le lendemain, me réveillant au son de la voix de mon frère, jétais étalée sur le canapé de mon salon.

Chapitre 4

Appartement de Katie, Dallas, Texas

Le 16 mars 2012

- Tu nas pas de meilleure excuse que ça pour ne pas répondre à mes appels ?

Dit Collin sur son ton sévère de grand frère. Je forçai mes yeux à souvrir assez longtemps pour le voir gesticuler dans ce qui fut un jour le beau salon de mon appartement. Collin était mon jumeau irlandais, mon frère aîné de onze mois. Nous avions cependant terminé le lycée la même année, car mon père, en bon Texan, avait insisté pour faire redoubler Collin dune année pour lui permettre dacquérir un avantage physique sur le terrain de football. Nous étions donc des camarades de classe ainsi que des frères et sœurs. Malgré cela, Collin avait toujours agi de manière paternelle envers moi, surtout lannée dernière après la perte de maman et papa.

Jouvris un peu plus les yeux, assez pour voir le désordre. Je suppose que ça navait pas lair présentable. Je suis généralement très pointilleuse sur mon environnement. Collin avait toujours insinué que javais des troubles obsessionnels compulsifs, mais je nétais pas daccord. Je passais laspirateur en marchant à reculons parce que je ne voulais pas laisser de traces de pas sur le tapis. Je classais mes vêtements par saison et les sous-catégories par fonction et par couleur, car qui ne le fait pas ? Et si les autres ne peignaient pas la frange de leurs coussins, je pense quils le devraient. Une frange emmêlée. Quelle horreur.

Ces dernières semaines, cependant ? Eh bien, pas tant que ça.

Il y avait des emballages de casse-croûtes sur la table de la cuisine et quelques bouteilles vides de jus de tomate et de vodka Ketel One sur le comptoir. Ce nétait pas insalubre selon les normes de Dennis la Menace, mais, daprès mon frère, cétait troublant. Mon pyjama était mon uniforme de travail de la veille, et les vêtements des jours précédents gisaient en tas à côté du canapé - canapé sur lequel la frange du coussin me narguait avec ses nœuds. La télévision diffusait « Runaway » de Bon Jovi sur une station de musique rock des années 80 de Direct TV. Un Bloody Mary presque vide me narguait depuis la table basse, où il trônait à côté de mon ordinateur portable Vaio rouge, dune bouteille dExcedrin et de mon iPhone.

Je massis dune manière aussi digne que possible et je lissai mes vêtements.

Назад Дальше